mercredi 30 décembre 2020

Si le Covid ...en 1960

 

Les nerfs des Français sont soumis à rude épreuve : montagnes russes et "stop and go" . La "petite lucarne " comme l'appelait le Canard enchaîné vient chaque jour conseiller, exhorter , ordonner avec un emballement de courbes ...et un foisonnement d'opinions qui , comme autant d'oursins , viennent alimenter les plateaux de télévision .

On peut (en souriant) se poser la question : qu'aurait été l'épidémie de Covid en 1960 ? D'abord , les frontières auraient été plus étanches et le virus chinois n'aurait pas fait (jusqu'à Orly à l'époque) un aussi bon et rapide voyage . Ensuite, le brassage des populations aurait été limité : les autoroutes moins nombreuses (et le parc de véhicule plus clairsemé ) auraient moins invité au voyage . Le virus aurait été plus longtemps sous cloche et il n'aurait pas lu le poème de Baudelaire .

L'unique chaîne de télévision aurait probablement (d'une voix mélodieuse) distillé quelques conseils sans se permettre d'apostrophe (Pivot n'était pas encore là) . Les Français qui possédaient la télévision (à peine 10 % des ménages) se laissaient bercer par "Le petit conservatoire " ou s'oubliaient avec les exploits de "Thierry la Fronde" ...avant d'aller se coucher au son de  "Bonne nuit les petits ..." . L'actualité (la guerre d'Algérie) était - dans la rue et dans les journaux - la première préoccupation des Français et les réseaux n'étaient pas tous "sociaux" .  

En 1960 les personnes âgés n'auraient pas été parquées dans des Ehpad et , entourées de leurs enfants , elles auraient fait front . Si le gouvernement (celui de Michel Debré ) avait déclaré la guerre au virus , les préfets auraient agi en militaires et le couvre-feu aurait été déclaré au son du tocsin . 

Que vaut la comparaison ? Probablement pas grand chose . Une simple réflexion sur notre société bien fragile , celle de l'époque MeToo ...et de ses autres déclinaisons .

mardi 29 décembre 2020

Michel Barnier /2022 : atout ou concurrent d'E. Macron ?

 

Michel Barnier , après avoir mené avec succès la négociation sur le Brexit , a visiblement envie de retrouver ses racines hexagonales . Certains suggèrent qu'il pourrait être candidat à l'élection  présidentielle si des vents favorables le poussent .

La déliquescence de LR sans personnalité marquante ou consensuelle va dans ce sens . L'on considère , en effet , qu'un nombre non négligeable d'électeurs Les Républicains pourraient être tentés , redoutant le multiculturalisme ambiant , de voter pour Marine Le Pen ...à défaut de pouvoir voter pour Marion Maréchal, encore trop jeune pousse bien que prometteuse (cf. Bruno Roger-Petit ) . 

Michel Barnier a sûrement les qualités requises : volonté , loyauté, courage . Bref l'ancien Commissaire européen a "du poil de la bête " et le caractère qui fait un Président ...ou bien un Premier ministre . Finalement c'est là où le bât blesse : Emmanuel Macron pourrait être tenté d'en faire , à la mi-2021 , son Premier ministre ...plutôt que de l'affronter en 2022... à moins de lui laisser la place . 

samedi 26 décembre 2020

Affaire Navalny : la Russie est-elle fréquentable ?

 

C'est la question que l'on peut se poser : les méthodes russes (qu'elles viennent du Président ou qu'il s'agisse d'une initiative propre du FSB ) ne paraissent pas compatibles avec les valeurs démocratiques occidentales . Certes on dira que les Etats-Unis en ont fait autant jadis : Allende au Chili , Présidents de républiques à l'époque dénommées "bananières " (Guatemala , Nicaragua etc. ...), exfiltration de Mossadegh en Iran .

 Mais ce temps paraissait révolu comme le démontre la levée de boucliers partout dans le monde lors de l'assassinat au Consulat saoudien d'Istanbul de l'opposant Jamal Kashoggi . La Russie - en dépit des dénégations - paraît embarrassée car la tentative d'assassinat est , comme l'on dit , désormais "documentée " par l'hôpital de Berlin et confirmée par des entretiens téléphoniques soutirés "à de bonnes sources".

Peut-on , dans ce contexte , faire confiance à la Russie et - comme elle le souhaitait jadis - l'accompagner dans le camp occidental ? Ou bien doit-on considérer que , finalement, la Russie est plus asiatique qu'européenne ? Et qu'elle a davantage sa place dans le "gang" des démocratures ?  Il est encore trop tôt pour se prononcer sauf à considérer que la Russie se serait tirée volontairement une balle dans le pied ... 

jeudi 24 décembre 2020

Chine /Japon/Australie : recomposition économique

 

Il semble bien que des antagonismes anciens s'estompent : la nouvelle administration japonaise du Premier ministre Suga souscrit désormais à l'initiative chinoise "Route de la Soie" tout en maintenant des relations privilégiées avec les Etats-Unis . De la même manière l'Australie (pourtant l'un des "five eyes") voit tout l'intérêt qu'il y a à développer les échanges commerciaux avec la Chine , échanges profitables à son économie . 

D'ailleurs certains Etats australiens piaffent d'impatience : ainsi l'Etat du Victoria a signé , dès 2018 , un "mémorandum d'entente" avec la Chine et la Nouvelle Galles du Sud qui bénéficie de 50 % des investissements chinois en Australie ne devrait pas être en reste . Cela explique que le gouvernement fédéral australien semble "mettre de l'eau dans son vin" ...taxé par la Chine . Le Premier ministre Scott Morrison a , tout récemment , fait quelques ouvertures appréciées par Pékin . 

Ainsi des considérations économiques sont sur le point de l'emporter sur d'autres considérations géopolitiques . D. Trump se mord peut-être les doigts de s'être retiré du TPP (Trans Pacific Partnership ) âprement négocié par B. Obama . Désormais la balance économique penche sérieusement du côté de la Chine ... et sur l'autre plateau le Japon , la Corée du Sud , l'Australie semblent suivre le mouvement .

mardi 22 décembre 2020

Covid-19 : retards à l'allumage ...

 

Mon voisin Edouard (82 ans) me fait encore part de ses doléances et multiples interrogations . Il vient de consulter son médecin généraliste (visite de routine) . Il rentre "tout retourné " chez lui : le médecin n'a reçu aucune instruction , aucun protocole concernant les vaccinations qui débutent pourtant dans quelques jours , à partir du 27 décembre . Il ne sait si - au-delà des EPHAD - les vaccinations du "public " seront effectuées dans des centres ou bien , au cas par cas , par chacun des médecins " de famille". Il déplore ces retards à l'allumage  et il entend secouer son Agence Régionale de Santé . 

Edouard est tout de même satisfait : son généraliste l'a rassuré à propos de la mutation du virus . Il devrait dit-il perdre de sa virulence en proportion du long chemin  qu'il a fait depuis l'Afrique du Sud  (!) . Mais son médecin ne le lui a pas  juré sur Hippocrate et il n'est pas exclu que ce soit là une plaisanterie de mauvais goût .  

Cela , me dit Edouard , s'accorde à ce qu'il a constaté hier en faisant ses courses de Noël : une  hausse vertigineuse des prix dans un hypermarché (dont il tait le nom mais me dit que l'on y joue parfois à la roulette  ) . 

vendredi 18 décembre 2020

Yémen : le conflit oublié


On ne s'émeut guère du conflit au Yémen qui se traduit par un désastre humanitaire . D'un côté, les Houthis soutenus par l'Iran (1) de l'autre , le Gouvernement de Sanaa soutenu par une croisade que " prêche" l'Arabie Saoudite en compagnie des Emirats Arabes Unis . 

Alors que les morts se comptent par dizaine de milliers et que des enfants meurent de faim ou sous les bombes , les ventes d'armement viennent alimenter chaque camp . Parmi les exportateurs : les Etats-Unis, le Canada et ...la France . Les Etats-Unis (D. Trump) se sont désengagés en 2019 du Traité international sur le commerce des armes (TCA) mais la France est signataire et l'a ratifié . Elle est donc directement concernée .Or l'un des objectifs majeurs du TCA est d'interdire les ventes d'armes lorsque les Droits Humains sont menacés . A juste titre Amnesty International fait valoir que les massacres se poursuivent et que des dizaines de milliers d'enfants meurent de faim ou sous les bombes . L'Unicef ne cesse d'alerter le monde ...en vain ?

Est-ce une nouvelle " guerre du Biafra" puisque  comme jadis au Nigéria il y a le risque d'une sécession et , par ailleurs ,  les considérations stratégiques dominent (en l'occurrence accès à la Mer Rouge)  ? Qu'en pensent les Emirats Arabes Unis qui affichent une entente (de façade) avec l'Arabie Saoudite et qui encouragent une sécession ? l'histoire du Biafra au Nigéria comme celle du Soudan du Sud se répète ...dans une zone à forte odeur de pétrole .  

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(1) Les Houthis sont de confession musulmane chiite et sont en lutte contre le gouvernement dirigé par Mansour Hadi de confession sunnite .Les Houthis sont majoritairement au nord et progressivement étendent leur influence au sud du Yémen (jadis - avant 1990 - Sud-Yémen ) .

mercredi 16 décembre 2020

Liban / Constitution : A revoir ...

 

Le président Macron devrait se rendre à Beyrouth pour tenter d'aider à trouver une solution à l'impasse politique actuelle . Il aura assurément fort à faire tant l'émiettement des partis politiques , reflet des confessions religieuses , empêche un consensus . Certains se demandent s'il ne faudrait pas - préalablement à de nouvelles élections - modifier la Constitution (dont l'esprit sinon le texte remonte à l'époque du mandat français) à l'aide d'une loi organique .

En effet le préambule de la Constitution exprime sans détours la nécessité d'en finir avec le modèle religieux : "la suppression du confessionalisme politique constitue un but national essentiel ..." . Or l'article 24 précise "...les sièges parlementaires sont répartis conformément aux règles suivantes : a) à égalité entre chrétiens et musulmans b) proportionnellement  entre les communautés de chacune de ces deux catégories c) proportionnellement entre les régions . 

Certes , il est indiqué dans le préambule de la Constitution que l'abandon du confessionnalisme devra se faire par étape , il n'empêche : cela fera bientôt 100 ans (cf.1926)  que le texte a été adopté . Il est donc grand temps de laisser la place au Parlement à d'autres représentants que des chefs de clans . A défaut , la définition et la recherche de l'intérêt général ne seraient qu'une perspective lointaine  ...sauf à revenir sur le désormais fameux article 24 (!) .  

lundi 14 décembre 2020

Tous connectés , tous aliénés ?

 

Le philosophe et biologiste Henri Laborit analysait , dans les années soixante dix , le fonctionnement de nos sociétés en fonction d' un modèle dans lequel les hiérarchies seraient essentiellement fondées sur la capacité à intégrer ou non l'information et à s'en prévaloir . Celle-ci devenait l'axe central des structures sociales et était à la base des leaderships à l'intérieur des groupes , des partis , des pays .  

Si Laborit était encore parmi nous (1) il constaterait combien nous sommes aujourd'hui guidés - voire téléguidés - par les connexions d'où qu'elles viennent . Dans son ouvrage "La nouvelle grille"(1974 / Ed. Robert Laffont) Laborit mettait en garde à propos du risque d'aliénation résultant de cet excès .

Actuellement , notre société connectée transfère ses besoins et envies à des "horloges" qui vont évaluer , proposer , chronométrer ...et diffuser en permanence de l'information vrai ou fausse . A défaut d'en  connaître la source nos contemporains vont tourner en rond et danser sur la petite musique que les Gafsa ou d'autres sources distilleront ...Aliénés , nous risquons de l'être : mais de gré ou de force ?  

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(1) Henri Laborit (1914 -1995 ) chirurgien et philosophe , spécialisé en biologie comportementale .

samedi 12 décembre 2020

Climat / Cop 21 : rien ne va plus ...

 

En ce jour anniversaire de l'accord de Paris de décembre 2015 il faut bien admettre "que rien ne va plus ..." puisque l'objectif de limiter la hausse de température fin de siècle à + 1,5 à 2 degrés n'est plus (selon les experts du GIEC ) atteignable . Au rythme actuel d'émission du gaz à effet de serre , c'est une augmentation de + 3 degrés (au minimum) qui est probable . C'est dire qu'il faut que nos petits enfants s'attendent à voir inondées des îles et des franges de continent . Les îles du Pacifique (Micronésie en particulier) sont en première ligne ainsi que le craignait (cf. COP de Bonn ) le représentant des FIDJI

Certes la sensibilisation existe et le prochain retour des Etats-Unis dans l'accord va certainement renforcer cette sensibilisation . Il n'empêche que l'objectif de la COP 21 ne sera pas tenu ...à moins d'un revirement (trop tardif  ) lors de la COP 26 l'an prochain à Glasgow . Que faire ? Renforcer probablement le protocole de Kyoto en rendant obligatoires les notifications de réduction de gaz à effet de serre (qui , actuellement , ne concernent que les pays industrialisés parties à l'OCDE ) . 

Mais cela ne suffira pas . Faut-il finalement espérer que la Covid-19 soit un levier pour une nouvelle et forte prise de conscience ? A quelque chose malheur est bon dit l'adage ...qui sait ? 

jeudi 10 décembre 2020

France : Blues plutôt que Blitz

 

C'est une sorte de brouillard qui empêche les Français de bien voir . Cela concerne tant la situation politique (le "en même temps" est quelque peu dévalorisé ) qu'économique (les licenciements à venir vont être - pour certains - une tragédie et - pour d'autres - une aubaine en raison de son impact sur la productivité) . Le brouillard concerne évidemment la pandémie  : difficile - par exemple - de trancher entre la sincérité du ministre Olivier Veran et le regard acéré du professeur Eric Caumes qui émet quelques  réserves  .

Le gouvernement fait de son mieux mais il navigue à vue dans un contexte insaisissable qui trouble la "nation-disciple" de Descartes dans laquelle coule - tout de même - une pinte de sang de Robespierre-Mélenchon . Pour autant , il ne faut pas sombrer dans la vision apocalyptique du Time qui fait de 2020 une "annus horribilis " (1) . Mieux vaut avoir le Blues plutôt que d'avoir à subir un Blitz ...

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(1) La "Une" du Time du 5 décembre fait de 2020 "la pire année de l'histoire" ...

mardi 8 décembre 2020

Chine / Australie : la guerre "en dentelle" ...

 

L'Australie est associée au vaste accord commercial (RCEP) négocié il y a quelques semaines par la Chine (avec plusieurs pays d'Asie dont le Japon ) et - dans le même temps - des représailles sont lancées depuis Pékin contre l'Australie . 

La raison ? Sa participation à la mi-novembre à des exercices navals en mer de Chine méridionale  (avec les USA , l'Inde  et le Japon ) . S'y ajoute l'attitude réservée de Canberra à propos de Huawei (risques d'espionnage ) . Ainsi Pékin menace de mettre fin aux importations de charbon australien et d'avoir "la dent dure" à l'égard de la viande australienne . 

En fait , il se joue actuellement une partie de "poker menteur" : d'une part , la Chine considère que l'Australie est le cheval de Troie des Etats-Unis (1) du fait de la participation à des manœuvres navales et - d'autre part  - on évalue les avantages économiques et le risque de désagréments politiques . Quelle option va l'emporter ? Dans un monde en recomposition stratégique ce duel (à fleuret moucheté) entre la Chine et l'Australie devient un cas d'école pour l'avenir : les avantages commerciaux primeront-t- ils ?

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(1) cf. lecourrieraustralien . com du 7 décembre 2020 publie l'image postée par le journal chinois "globaltimes. cn " : 'un kangourou dont le reflet est un aigle (cf. liens entre les USA et l'Australie ) .   

dimanche 6 décembre 2020

Iran / Israël : la confrontation ?

 

La tension est palpable et l'on s'interroge : l'Iran va -t-il réagir après l'assassinat de son "pilier" nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh  ? Une confrontation est certes possible mais elle s'insère dans un calendrier politique plus que resserré : les élections présidentielles en Iran et de probables législatives en Israël qui sonneront le départ de Benjamin Netanyahu . 

Plus important encore : l'investiture de Joe Biden en janvier . La question est , actuellement , celle des initiatives :  Les Etats-Unis vont-ils revenir de suite dans l'accord nucléaire (JCPOA) ou bien vont-ils attendre un signe concret de l'Iran ? Autre question (qui impacte la première ) : l'Iran aura-t-il la sagesse de ne pas mettre le "feu aux poudres" en voulant venger la mort de son "plus - qu'expert " ?

Sauf à vouloir qu'implose le Moyen-Orient  le vœu de Noël - ou de Nouvel An - est , bien entendu , que la sagesse l'emporte .

vendredi 4 décembre 2020

Venezuela : élections en trompe - l'oeil

 

Les élections législatives de dimanche (6 décembre) n'ouvrent guère de perspective puisque les partis d'opposition n'y participeront pas . Ces partis mettent en avant une possible fraude électorale et l'absence d'observateurs internationaux (pourquoi d'ailleurs ? ) . Ainsi l'opposition à Nicolas Maduro se retire sur son Aventin en appelant à un sursaut de la communauté internationale , à un soutien du parlement européen et des Etats qui ont jadis reconnu Juan Guaido , le président "autoproclamé " ...

Les élections , dans cette configuration , vont probablement tourner au plébiscite ; elles ne règleront cependant rien de la crise économique (3000 % d'inflation ) et de la crise humanitaire ( absence de produits alimentaires et de médicaments ) . 

Il faut bien le constater : le président Juan Guaido n'a pas un très large soutien (celui de Donald Trump est désormais démonétisé ) et l'armée reste largement fidèle à Nicolas Maduro . Politique et économie ne font  décidemment pas "bon ménage " ... pour le plus grand malheur du peuple vénézuélien .

mercredi 2 décembre 2020

Afghanistan : la poudrière

 

Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan décidé - avant son départ - par Donald Trump va laisser le champ libre aux talibans . La situation risque de se trouver , d'ici peu , totalement explosive (c'est un euphémisme) et l'incendie risque , si l'on y prend garde , de se propager au Pakistan . Dans cette zone qui a jadis vu naître Al-Qaïda les risques de propagation du djihadisme sont évidentes .

L'Inde , à proximité , surveille ; mais elle est plus souvent victime qu'acteur et gardien , plus souvent préoccupée du " marquage" des frontières contestées d'avec le Pakistan ou la Chine . Pékin - qui surveille par réciprocité l'Inde - est certainement plus attentive à la situation : la Chine craint que le nord-ouest ne s'enflamme par contagion . La Russie , toute proche , nourrit la même  crainte que certaines des anciennes républiques socialistes ne soient touchées , venant ainsi déstabiliser son " étranger proche " . 

Dans une région ultrasensible (cf. nucléaire ) chacun finalement s'observe pendant que bout la chaudière . La Chine ,  d'observateur ,  est-elle en passe de devenir acteur ... et prendre - à terme - la place des Etats-Unis ?

vendredi 27 novembre 2020

IRAN / USA : Une "fenêtre " pour des négociations sur le nucléaire

 

La nouvelle administration américaine souhaite probablement revenir dans l'accord nucléaire de 2015 que le Président Trump avait jeté aux orties en 2018 misant sur un embargo maximal sur Téhéran . Mais - en dépit de sanctions qui ont affaibli l'Iran et appauvri la population - le pays est debout et des échéances majeures approchent : les élections présidentielles auront lieu dans 7 mois en juin prochain . Il serait certainement dommage que le nouveau président soit un tenant de l'aile dure et rejette toute négociation .

On peut donc penser (et espérer) que le retour à la table de négociation intervienne dès février ou mars . Cette date - hasard des calendriers- coïncidera probablement aussi avec le démarrage des vaccinations contre la covid-19 qui a dramatiquement touché l'Iran . La France , comme l'Union, est certainement attentive à l'évolution de la situation et au "créneau " qui se présente ...à condition que de part et d'autre aucune initiative (1)  hasardeuse ne soit prise qui compromettrait les opportunités qui se présentent . 

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(1) Actualisation au 28 /11/ 2020 : il est clair que l'assassinat  le 27/11 du scientifique iranien spécialiste du nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh , ne va pas dans le sens d'un apaisement . A juste titre le Conseil de Sécurité ONU est saisi .

mercredi 25 novembre 2020

Espagne / Canaries : un nouveau Lampedusa

 

Les migrants s'entassent sur l'ile de Grande Canarie  après une traversée périlleuse à bord de pirogues ou de gabares (1) . Le ministre de l'intérieur espagnol tente de trouver une solution auprès de son collègue marocain qui ne montre qu'un enthousiasme bien relatif : le Maroc est , en effet , aux prises avec les indépendantistes du Front Polisario dans l'ex-Sahara espagnol et recherche la caution de l'Union pour affirmer sa souveraineté sur la zone . Pression de la part du royaume chérifien ? 

Quoi qu'il en soit c'est plus de 15 000 migrants qui , depuis le début de l'année , sont arrivés en Grande Canarie venant du Maroc, de Côte d'Ivoire , de Mauritanie , du Sénégal et plus largement du Sahel . Les autorités espagnoles semblent divisées : faut-il les renvoyer au Maroc ou faut-il les accueillir en Europe ? Théoriquement le gouvernement penche pour la première solution mais le Maroc regimbe ...et l'extrême droite espagnole (Vox) pousse des hurlements . 

L'Union européenne se trouve ainsi face à un nouveau "Lampedusa" , situation qui devient ingérable : d'un côté les humanitaires , les ONG et , de l'autre , les trafiquants et les passeurs . Entre les deux des dizaine de milliers d'Africains à la recherche...d'un bouée de sauvetage et d'un mythique Eldorado . Triste situation .

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(1) Ce que les espagnols nomment "Pateras "  .

mercredi 18 novembre 2020

Enjeux économiques , enjeux sociaux

 

La reprise économique sera là en 2021 (+ 6 à 8 % de PIB) après le plongeon de 2020 (-10%) mais le tissu industriel doit faire l'objet de toutes les attentions au-delà de l'apport en fonds propres de 20 milliards  aux entreprises prévus par le plan de relance . Car du fait du plongeon des chiffres d'affaire dans la plupart des secteurs les capitaux propres des entreprises se sont taris et les investissements envisagés seront retardés d'autant  en dépit d'un rebond probable de la demande en 2021/22 : l'offre ne sera pas au rendez-vous et la demande risque de se reporter sur les produits importés (de Chine et d'ailleurs) . 

Si nous voulons que notre économie ne se heurte à un "plafond de verre" en raison des investissements différés , il serait utile de renforcer l'apport en fonds propres (aide directe ou bien prêts participatifs garantis par l'Etat ) . Les enjeux sociaux sont évidemment liés aux décisions des entreprises qui pourraient licencier pour maintenir un (faible ) niveau de productivité . Cela d'autant que le télétravail aura peut-être suscité des réactions de la part de certains entrepreneurs enclins à arbitrer parmi les taches confiées aux personnels . 

Un lien (à imaginer) entre aides , prêts garantis et absence de licenciement est bien sûr souhaitable si l'on ne veut pas être confronté à une crise sociale qui risque de prolonger la crise économique ... et de l'amplifier . 

mardi 17 novembre 2020

IRAN / TRUMP : la tentation du feu aux poudres

 

Selon le New York Times (1) Donald Trump aurait convoqué jeudi dernier une réunion de son état-major (avec le vice-président Pence et le secrétaire d'Etat Pompeo) afin d'évaluer l'option d'une frappe sur le site nucléaire iranien de Natanz (où les centrifugeuses enrichissent l'uranium) . 

Au-delà du paradoxe qu'une telle option ait pu intervenir en pleine période de transition il est clair qu'un bombardement de Natanz aurait immédiatement mis le "feu aux poudres" au Moyen-Orient (Israël , Arabie Saoudite) et plus largement dans le monde (Russie, Chine ) . Heureusement ses conseillers ont dissuadé le " Président - en- fonctions" d'allumer la mèche . Pour autant il ne faudrait pas timidement se "cacher derrière son petit doigt " : les stocks d'uranium enrichi augmentent (en volume et en qualité) ainsi que l'a constaté l'A.E.I.A. et l'Iran se trouve au bord de la falaise , à bout de souffle du fait de l'embargo américain . 

A quelques mois des élections présidentielles l'Iran a besoin d'une porte de sortie , celle qui a été violemment refermée par Donald Trump en se désengageant en 2018 de l'accord sur le nucléaire civil du 14 juillet 2015 . Il est grand temps que Joe Biden réintroduise les Etats-Unis dans l'accord de 2015 et négocie sans faiblir avec l'Iran . Dans une région incandescente ( crainte légitime d'Israël , volonté de leadership de l'Arabie Saoudite et de la Turquie , Iran exsangue ) il serait absurde que la seule voix à entendre soit celle des canons . A souhaiter que se fasse entendre la voix de l'Union européenne aussi .

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(1) The New York Times du 16 novembre 2020  

lundi 16 novembre 2020

Asie : la Chine comble le vide

 

En janvier 2017 Donald Trump refusait d'entériner l'accord TPP (1) négocié par Barak Obama qui ambitionnait , face à la Chine, de créer une vaste zone de libre échange entre divers pays asiatiques (dont le Japon , le Vietnam , la Malaisie , Singapour , l'Australie et d'autre part le Chili , le Mexique , le Perou etc..) . Certains considéraient alors que les Etats-Unis avaient plus à perdre (financièrement) qu'à gagner et ils se désengagèrent en revenant sur l'accord négocié (mais non ratifié) .

Et voici que , devant le vide laissé par les Etats-Unis , la Chine vient d'annoncer aujourd'hui la conclusion d'un vaste accord de libre-échange entre les 10 pays de l'Asean et le Japon, la Corée du sud , l'Australie et la Nouvelle Zélande . Ce partenariat économique concerne 2 milliards d'habitants et 30 % du PIB mondial (2) . Qui plus est l'Inde envisage de rejoindre l'accord en faisant fi des dissensions existant avec Pékin . 

Leçon à tirer : lorsque les Etats-Unis se désengagent la Chine prend le relais selon le vieil et désuet adage "qui va à la chasse perd sa place etc..." . Qu'en sera-t-il pour le Moyen-Orient lorsque la Chine écartant le rideau décidera de sortir vraiment de l'ombre ... et qu'un vaste accord de libre-échange sera (éventuellement bien sûr) conclu avec l'Union européenne ?

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(1) accord commercial Trans Pacific Partnership négocié pendant plusieurs années par l'adminsitration Obama .

(2)  Quotidien en ligne Le Monde .fr du 16/11/20

Covid-19 : voyage en Absurdie


Mon voisin Edouard enrage : il me dit qu'il n'a pu se faire tester faute de symptômes de covid-19 ou de certificat médical . Il regrette que la mairie de son village n'ait pris aucune initiative alors que le gouvernement n'a eu de cesse de proclamer que l'épidémie devait être combattue grâce au couple "maire-préfet ". Il me dit que ce couple a dû probablement divorcer...

Edouard (jeune retraité) voulait , en courant , tenter de faire baisser sa grogne mais le bois où il se rend habituellement se trouve à 3 km de son domicile : il ne peut donc courir dans les sous-bois puisque - du fait du confinement - le rayon de sa liberté n'est que d'1 km . 

Il ne comprend pas que les parcs des grandes villes soient ouverts aux promeneurs et joggeurs (dans le rayon d'1 km) alors que les bois soient " enclos " s'ils sont - dans les bourgs - à 2 ou 3 km du domicile . Edouard me dit que , dans ces condition, il va tenter de faire son jogging sur l'autoroute proche ...tout en regrettant bien sûr de ne pouvoir cueillir des champignons sur les bas-côtés .

J'ai tenté de calmer Edouard en lui racontant comment l'ex-ministre Douste-Blazy s'était fait piéger par les réalisateurs du pseudo-documentaire complotiste "Hold-Up" . Il ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit que le professeur Christian Péronne avait pourtant donné sa bénédiction : il attend - me dit-il - maintenant celle de Dieudonné ! 

mercredi 11 novembre 2020

Populismes : les extrêmes droites échaudées

 

Ce n'est pas une nouvelle que d'entendre Marine Le Pen apporter son soutien à Donald Trump et ne pas reconnaître sa défaite (1) . Ce n'est pas non plus une nouvelle que d'entendre le Premier ministre hongrois Viktor Orban vitupérer contre Biden et les démocrates qui voudraient instaurer - selon lui- un "impérialisme moral " . Ce n'est pas , aussi , une nouvelle que d'entendre le leader de l'extrême droite espagnole , Santiago Abascal (parti Vox) tenir le même langage . Il n'empêche ; cela amuse que d'entendre , en même temps , les leaders européens d'extrême droite chanter tous en cœur , avec tambours et trompettes , une ode à Trump . Cela , finalement, donne le ton . 

Il est cependant un dirigeant de par le monde qui ménage la chèvre et les choux (les sous ?) c'est Benjamin Netanyahou (3) : après avoir apporté un soutien sans ambages à Trump , voici qu'il affirme que "Biden est un grand ami d'Israël " . Il est vrai qu'il faut se prémunir contre un changement de stratégie des Etats- Unis au Moyen-Orient . 

Dans ce contexte où des chefs d'Etat observent et craignent de se mouiller , Trump est désormais à même de reconnaître les siens et de constater de quels côtés frétillent les extrêmes droites ...échaudées .

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(1) Le Figaro en ligne + AFP du 11/11/20

(2) El Pais du 22/10/20 "Abascal un candidato sin programa con la bandera de Trump " (un candidat sans programme avec le drapeau de Trump ) 

(3) Le Parisien + AFP du 8/11/ 20 : Netanyahou félicite Biden "le grand ami d'Israël ".


samedi 7 novembre 2020

Biden : vers un "New deal " au Moyen-Orient ?

 


Avec l'élection de Joe Biden les Etats-Unis vont pouvoir revenir sur la scène internationale en mettant fin à la déconcertante posture Trumpienne qui a donné , depuis 4 ans ,  une allure kafkaïenne à la politique extérieure américaine . Cela concerne tout particulièrement le Moyen-Orient . Certes il ne s'agira pas d'un revirement à 180 degrés mais d'une clarification que la France et l'Union attendent .

1-Ainsi le retour des Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015 devient désormais possible . On aurait cependant tort de prendre cela pour une marque de faiblesse car les américains n'accepteront jamais que l'Iran se dote d'une arme nucléaire . Par contre une négociation concernant les missiles semble possible si les iraniens "jouent le jeu " et donnent suffisamment de garanties concernant le nucléaire civil (verrouillage de l'enrichissement , limitation du nombre de centrifugeuses etc...) . 

2-Il faut s'attendre au Moyen-Orient à ce que les relations avec Israël soient moins complaisantes (cf. les colonies en Cisjordanie) . Cependant les Etats-Unis ne remettront pas en cause le transfert de l'ambassade à Jérusalem (Joe Biden ne peut se mettre à dos le courant évangéliste aux Etats-Unis ) . La reprise des négociations avec les Palestiniens est aussi une éventualité ...si l'Union européenne et la Russie soutiennent l'initiative et si -notamment - le Hamas reconnait l'Etat d'Israël et ne cherche pas à marginaliser les dirigeants du Fatah de Cisjordanie (qui parle au nom de la Palestine ? ) .

3-Il est par ailleurs douteux que les relations avec l'Arabie Saoudite changent non pas en raison de la seule préoccupation d'un approvisionnement en pétrole puisque les USA sont désormais autosuffisants mais  pour ne pas laisser la place , à terme,  à la Chine qui , mine de rien , avance ses pions au Moyen-Orient . 

4-On peut également espérer une clarification des relations avec la Turquie dans le cadre de l'OTAN , la position de Donald Trump ayant été jusqu'à présent des plus ambiguës , Washington donnant le sentiment d'encourager une renaissance d'un leadership ottoman .

                      Ces évolutions s'inscrivent dans le cadre d'un retour au multilatéralisme puisque les Etats-Unis auront besoin de tous leurs partenaires et , notamment , de l'Union Européenne qui doit évidemment être en capacité de répondre si Washington lui tend la main . 


jeudi 29 octobre 2020

Islamisme : ne pas baisser la garde

 

Ce nouvel attentat à Nice ponctue le "sentier de la guerre" sur lequel nous sommes désormais engagés . A ceux qui pointent la responsabilité de caricaturistes je rappelle ceci : les caricatures ne sont pas nées spontanément pour le plaisir de s'en prendre à une religion et avec la volonté d'offenser . Elles sont la réponse à une série meurtrière d'attentats que la France connaît en particulier depuis 2012 (1) . La dérision est en effet , depuis Voltaire , une arme contre les dogmes et la violence aveugle . Et cette arme  n'est pas un couteau de boucher mais un vaccin .

Il y a , bien sûr , les états d'âme de ceux qui craignent de faire le jeu des islamistes : on tomberait dans le piège tendu par les islamistes , celui d'une division au sein de notre société . Evidemment il ne faut pas tomber dans ce panneau : d'où l'appel à l'unité lancé par le Président Macron . En tout état de cause il ne faut pas baisser la garde en prenant peur et en reniant nos principes républicains qui sont à l'origine de nos démocraties . Et nos démocraties occidentales ne peuvent s'accommoder de l'esprit de conquête et de soumission que véhicule l'islamisme radical (2) . L'éveil est urgent et indispensable . 

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(1) 2012 vient chronologiquement... après 2011 , début de la vague des "Printemps arabes" (objets d'une relative complaisance de la part des Etats-Unis) .

(2) Le vocable "islamisme " n'est nullement une critique de l'islam . Or beaucoup confondent les 2 termes . L'islam est une religion aussi respectable que le christianisme ou l'hindouisme . L'islamisme (et non l'islam) est une dénaturation de la religion transformée en volonté de conquête et de domination culturelle /politique . 

dimanche 25 octobre 2020

Turquie : un pion des Etats-Unis sur l'échiquier mondial ?

 

Les Etats-Unis utilisent-ils la Turquie pour contrer à la fois la Russie et , aussi , la Chine ? Cela apparait à première vue ubuesque ...et pourtant . Ce n'est pas la première fois que Washington semble "donner la main" à Ankara : on se souvient du retrait des forces américaines de Syrie et - juste après - de l'intervention de la Turquie pour pilonner les zones Kurdes , menace existentielle (depuis Atatürk) pour le régime .

La Turquie poursuivant le "rêve Ottoman" assoit son emprise sur le Moyen-Orient et retrouve les couleurs de la puissance qui , jadis , avait freiné (du temps des Tsars) l'expansion Russe . L'histoire serait-elle en passe de se reproduire ? Les Etats-Unis ont-ils lâché la bride au cou de la Turquie afin qu'elle tienne la dragée haute à la Russie de Poutine dont l' expansionnisme au Moyen-Orient est perçu comme une menace  ?  C'est une possibilité tout comme les Etats-Unis cherchent à isoler l'Iran  en édifiant tout autour un "cordon sanitaire " dont les maillons sont Israel , l'Arabie Saoudite ,les Emirats ...et la Turquie . Derrière ce cordon pourrait bien être la Chine qui attend son heure et que les Etats- Unis tentent de freiner .

Il y a - apparemment - un paradoxe à imaginer que la Turquie pourrait devenir (comme jadis l'Iran d'avant 1979) un gendarme des Etats-Unis au Moyen-Orient . Et pourtant l'histoire n'est-elle pas faite de paradoxes ... comme jadis la France de François 1er s'est alliée - en 1536 - à Soliman le Magnifique pour contrer les Habsbourg ? 

Pandémie : le tohu-bohu

 

Certainement comme le dit le P.M. Jean Castex la situation sanitaire est grave et la France est l'un des pays les plus atteints . Mais - outre les médias qui sonnent le glas et le tocsin en même temps qu'ils scrutent l'audimat - les voix sont dissonantes et tirent à hue et à dia . Le corps médical , profondément divisé entre "Raoultiens' et Delfraissystes", admet maintenant qu'il s'agit d'une seconde vague tout en ne sachant si elle sera "pire que la première" comme on le lit sur des bandeaux de TV qui - malgré eux - se veulent racoleurs  . 

Certains se veulent rassurants à l'image de tel présentateur TV qui tente de "modérer" les plateaux télévisés . D'autres tiennent un discours pessimiste de quasi fin du monde . A la différence d'autres chaines de TV européennes les chaines françaises en continu ne cessent de ressasser les "derniers chiffres" d'entrée en réanimation et de décès comme s'il s'agissait d'un concours ou , plus encore , d'une roulette russe . 

Dans ce tohu-bohu il manque une voix sage , dans cette fanfare désaccordée il manque un chef d'orchestre . Le Président Macron s'échine et Olivier Veran comme Jean Castex font de leur mieux mais le tohu-bohu l'emporte . Dans cette situation de crise où l'on dit tout et son contraire , où Marseille rebelle n'est finalement pas mieux lotie que Paris , on a plus besoin d'une boussole que de chevaux qui tirent à hue et à dia .

jeudi 22 octobre 2020

BREXIT: Adieu à Balmoral ?

 

Les négociations reprennent ce jour avec l'Union européenne après que Boris Johnson ait tenté de nous faire prendre "des vessies pour des lanternes" à propos des échanges avec l'Irlande du Nord (1) . On peut cependant douter - dans les 3 mois qui restent - qu' un accord soit trouvé tant les dossiers sont nombreux .

Dans ce contexte , le commerce entre la Grande-Bretagne et l'Union ne se ferait plus que sous les hospices de l'OMC (avec des droits de douane plus élevés) , la pêche donnerait lieu à des contentieux multiples et la Grande-Bretagne ne serait plus protégée par le Règlement de Protection des Données (RGPD) . Cela conduirait à une fracture numérique qui précèderait une fracture sociale , l' Ecosse faisant bande à part .

S'il y avait référendum et sécession de l'Ecosse ce ne serait pas faire un cadeau à la Reine ni au futur Roi : le château de Balmoral serait ,alors, en terre étrangère .

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(1) A propos d'un blocus "alimentaire" qu'aurait envisagé l'Union et qu'a colporté mensongèrement Boris Johnson .

lundi 19 octobre 2020

France / islamisme : L'éveil

 

Il aura fallu ce lâche assassinat pour que la France s'éveille (1) . Désormais on évoque sans tabou - en dépit  des litotes des bien-pensants  - la nécessité de neutraliser le salafisme , l'idéologie des Frères musulmans et d'expulser les prédicateurs qui prêchent la haine de l'Occident .

Le Président semble avoir décrété l'état d'urgence (tout comme pour le Covid-19) . Avant que l'émotion ne retombe et que l'horreur nous rattrape dans notre quotidien et que l'on "fasse avec " , il n'est que temps d'agir . Emmanuel Macron a compris qu'il s'agit là d'un tournant du quinquennat . Au moins pourra-t-on désormais évoquer le "non dit " et faire état des troubles ressentis par des professeurs de collèges et lycées dans plusieurs métropoles françaises . 

On pourra aussi s'interroger sur les trous dans la raquette de notre politique d'immigration et d'asile sans éprouver de complexe de culpabilité par crainte d'être assimilé à l'extrême droite lepéniste . Le ministre de l'intérieur Gérard Darmanin semble se saisir de la situation... au delà des mots et des "bougies" allumées . Souhaitons que la même conviction nous amène si nécessaire à réviser notre Constitution si ces "trous dans la raquette" déformaient notre vue et nous conduisaient à rejoindre , tête dans le sable , le parti des autruches .

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(1) Ce sommeil est décrit dans l'hebdomadaire Le Point (n° 2512 du 15/10/2020) :  "L'affaire Mila , Récit d'une défaite française" .

samedi 17 octobre 2020

Islamisme : combattre et resserrer les rangs

 

Il n'est pas nécessaire d'en rajouter dans l'indignation tant les réactions sont unanimes après le meurtre sauvage d'un professeur. Mais au-delà de l'indignation il y a , désormais, l'action . Le gouvernement semble tâtonner quand bien même Emmanuel Macron a trouvé les mots justes pour stigmatiser . En attendant la loi "Laïcité, Combat , République" on ne peut plus se satisfaire de mots et des sentiments qui vont avec . 

Les plateaux de télévision regorgent de gens intelligents et de spécialistes qui s'accordent à dire , "il n'y a cas ". Or - au-delà des mots - si nous sommes en guerre contre le terrorisme nous devons engager le combat dans l'action sans faiblesse et sans excessives commisérations . Même si "l'esprit des Lumières" nous porte à tenter de comprendre (et parfois d'excuser) certains comportements . Car à trop vouloir disséquer les "ressors" de la montée en puissance de l'ensauvagement et des séparatismes nous faisons du sur place .

Il est essentiel de savoir que les terroristes islamistes nourrissent l'espoir de nous diviser afin que , dans le chaos , ils puissent tirer les marrons du feu . Comme jadis à l'époque de Clemenceau "l'Union Sacrée " de droite à gauche est indispensable : c'est dans la désunion que les islamistes nous attendent...au coin du feu ! 

jeudi 15 octobre 2020

La " Chine - Afrique "

 

Ce n'est plus la "France-Afrique" de Jacques Foccart qui se profile mais bien la "Chine-Afrique" de Xi Jinping et du ministre Wang Yi (qui a fait le tour de la quasi totalité de la cinquantaine de pays de l'Union Africaine) . La Chine qui avait jadis , au temps de Mao , tenté d'exporter le communisme en Afrique poursuit désormais , non pas un objectif idéologique , mais un objectif à la fois économique et politique . 

La base navale Chinoise de Djibouti est bien la preuve que Pékin souhait renforcer la dimension économique de son avancée (stratégie "Route de la Soie ") par un appui sécuritaire ...à toutes fins utiles . La coopération recherchée par la Chine avec les forces militaires de plusieurs pays du Maghreb (Algérie , Maroc ) et d'Afrique sub-saharienne (Soudan , Tanzanie , Nigeria etc...) va également dans le sens d'une "O.P.A" à caractère politique dans le domaine de la défense . Il faut dire que la Chine n'est pas regardante quant au système politique des pays en question ...tout comme la France ne l'a pas été jadis à l'époque de la "France-Afrique" . 

Morale et politique ne faisant pas bon ménage , la Chine avance à grands pas dans le continent Africain au rythme des forums économiques (tous les 3ans) et des forums , plus récents , de défense . La Chine poursuit son chemin tant du côté de l'Asie centrale vers l'Europe qu'en direction du Moyen-Orient et de l'Afrique . Le continent africain espère beaucoup d'une coopération économique pendant que la Chine de Xi Jinping poursuit le rêve de la Chine impériale . Mais ce n'est plus un rêve .

lundi 12 octobre 2020

Hôpitaux / gouvernement : une communication défaillante

 

Ma voisine Hortense , 70 ans , pose des questions auxquelles on ne peut répondre . Pourquoi le gouvernement qui paraît si attentif à notre santé est-il dans l'incapacité de communiquer sur les investissements réalisés dans les hôpitaux pour augmenter le nombre de lits ? Elle trouve - à juste titre probablement - que nous ne sommes pas à la hauteur (des Chinois mais aussi des Allemands) quand bien même nous nous gargarisons de notre soi-disant "système de santé , le meilleur du monde ... "  .

Hortense - jadis infirmière - assène quelques vérités : les plans "hôpital 2007 " et "hôpital 2012 " se sont préoccupés de la modernisation des Etablissements .Ils ont eu pour objectif de rationaliser les dépenses afin de limiter l'endettement . L'accroissement du nombre de lits ne figurait pas dans les priorités .

Elle s'interroge : alors que la crise sanitaire est là , alors que le nombre de lits de réanimation est insuffisant le gouvernement demeure muet sur les investissements réalisés en matière de lits ...et de formation de personnels (quand bien même le "retour" ne serait acquis que dans le moyen terme) . 

Comme le "Ségur de la Santé " qui a - bien tardivement - donné des gages (a minima)  au personnel soignant en matière de rémunération , un plan "hôpital 2020 " tarde à sortir . Le P.M . Jean Castex , si pédagogue , devrait éclairer notre lanterne ...afin de rassurer Hortense. 

samedi 10 octobre 2020

Mali : le Malaise

 

On ne peut que se réjouir de la libération d'un otage après 4 ans de captivité quand bien même Mme Pétronin assure avoir été bien traitée et avoir éprouvé de l'empathie pour ses ravisseurs . Certains évoquent - peut-être à juste titre - le syndrome de Stockholm . 

Mais au-delà de cette dimension psychologique probablement difficilement maîtrisable  ce sont les "termes de l'échange" qui posent problème et entretiennent un certain malaise : combien de djihadistes sont dans la nature ? a-t-on bien mesuré en les libérant les risques pour nos soldats de Barkhane ? Les djihadistes libérés en échange  sont-ils 100 , sont-ils 200 ? 

Certes , l'on dira que c'est la junte militaire qui a négocié (ou repris les négociations) après le coup d'Etat d'Aout dernier . Difficile cependant d'imaginer que la Junte ait fait cavalier seul . Cependant de bonnes âmes se réjouissent de la libération d'un otage et des effusions émouvantes entre une mère et son fils après 4 longues années  . 

Quoi qu'il en soit le malaise néanmoins demeure ...

jeudi 8 octobre 2020

Islamisme: loi "laïcité et combat pour l'intégration"

 

Ainsi , le Président hésiterait à labelliser dans la future loi l'expression " séparatisme islamique" qu'il a pourtant utilisé à plusieurs reprises . On imagine que le gouvernement a dû faire gros dos et subir les doléances - voire les remontrances - de l'intérieur et aussi de l'extérieur (Turquie, Arabie Saoudite ?) . Mais en réalité c'est probablement à juste titre que le Président hésite : non pas que sa main tremble mais parce que il s'agit d'intégrer la future loi dans une politique dont la finalité est l'intégration plus qu'un rejet a priori .

Dès lors , il s'agit de mettre en avant 3 choses : affirmer le principe de laïcité qui exclut la suprématie religieuse (charia) , ensuite de l'intégrer non dans une politique à " petits pas" mais dans un combat puisque il s'agit non pas de "faire avec" l'islamisme radical mais de l'éradiquer . Enfin inclure ces 2 objectifs dans un 3 ème: celui de l'intégration (qui légitime les deux premiers) . Peut-on assembler ces 3 objectifs ? je n'en doute pas : le Conseil d'Etat sait le faire tout aussi bien que les agences de communication .

A ceux qui considèrent qu'une loi ne sert à rien et que l'arsenal juridique actuel suffit , on répondra qu'une loi exprime une volonté et appelle à une mobilisation . Elle a pour objet de sonner le glas des petites lâchetés : combattre au lieu de gémir et aussi affirmer un principe plutôt que de vitupérer en tournant désespérément les pages du code pénal .

vendredi 2 octobre 2020

E. Macron /séparatisme islamique : appeler " un chat un chat "

 

Nommer les choses par leur nom sans tourner en rond : c'est ce qu'a fait ce matin Emmanuel Macron . Cela faisait plusieurs semaines que l'on attendait un discours sur les "séparatisme(s)" tout en se demandant à quoi se référait le (s) puisque jadis l'on évoquait les "séparatismes " catalan , breton ou occitan . Le président a eu ,enfin , le courage de préciser qu'il s'agissait du séparatisme islamique véhiculé par les Frères musulmans , les salafistes et wahabites de tout poils .

Les "piliers" du projet de loi (dont celui , essentiel , de la scolarisation obligatoire ) constituent une réponse cohérente et coordonnée . Plus que les contorsions de Jean-Luc Mélenchon ou la "danse du scalp " récurrente de Mme Le Pen , ils sont une réponse républicaine à la menace de sécession (mais aussi de conquête) des islamistes . C'est une politique qui prend le contrepied de la "soumission" qu'illustrait le récent roman de Houellebecq , provocation plus - à souhaiter - qu'anticipation .

Plus difficile sera d'éradiquer les tentatives d'entrisme plus ou moins finement  téléguidés par des Etats qui , dans l'ombre , apportent leur soutien financier aux structures-support de l'islamisme radical  en France . Cela impactera probablement notre politique extérieure quand bien même nos ventes d'armement devraient en souffrir .

jeudi 1 octobre 2020

Etats-Unis : la fin d'un mythe ?

 

Le combat de coqs (1) entre Trump et Biden laisse un goût amer et l'on se demande à quoi en est désormais réduite l'Amérique . Les "Pères fondateurs " se retourneraient aujourd'hui dans leur tombe et Lafayette , tout comme Tocqueville , s'interrogeraient sur leur engagement et leurs louanges  . Pourrait-on en 2020 réécrire "De la démocratie en Amérique " ?

Triste spectacle que celui du débat d'hier . Probablement à l'image de la société américaine : fracturée et championne d'une "contre-culture" charriant une Charia puisque tabous et interdits deviennent la nouvelle religion .

Et pourtant les Etats-Unis , dans un monde de rapports de force , demeurent un élément majeur du balancier géopolitique...sauf à vouloir tomber dans les bras que nous tend la Chine . Si , comme du temps de Rome , nous assistons à un déclin de l'empire , il faudra nous éveiller .

 Quand l'Europe s'éveillera-t-elle ?


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(1) Attitude pitoyable de Donald Trump avec ses attaques "ad hominem " alors que Joe Biden tentait (avec difficulté) de parler stratégie .

lundi 28 septembre 2020

L' Espagne en proie à ses démons

 

Rien ne va plus en Catalogne : le président de la Generalitat, Joaquim Torra , vient d'être destitué de ses fonctions par la Cour Suprême espagnole qui confirme ainsi un jugement de première instance du Tribunal de Justice (18 /11/19) . C'est évidemment une onde de choc qui se propage jusqu'en  Belgique puisque l'on évoque un retour possible de l'ancien président Puigdemont ...en exil à Waterloo. Des mauvaises langues se demandent si M. Puigdemont sera accompagné de ses gardes du corps qui - cela a fait jaser les Catalans - étaient , en Belgique , payés par le contribuable espagnol . 

Pendant ce temps , le gouvernement central essaye de "tenir la bride " aux régions autonomes pour tenter d'unifier une stratégie dans la lutte contre le coronavirus . Des confinements par quartiers à Madrid suscitent des réactions : le Sud de Madrid (défavorisé) contre le Nord (bourgeois) de Madrid ...tout comme, en France , Marseille se dresse contre Paris . Risque de séparatisme ?

Bien ailleurs et bien à l'abri , le Roi émérite Juan-Carlos coule des jours heureux à Abu-Dhabi , devenu terre d'exil à la mode ...ce qui fait grincer des dents le Président du gouvernement Sanchez et plus encore son vice-président Pablo Iglesias du parti Podemos (l'équivalent de LFI de Mélenchon ) .

L'Espagne en proie à ses démons n'a heureusement plus la main sur la "Sainte Inquisition !".

dimanche 27 septembre 2020

Premier ministre pakistanais / ONU : de l'huile sur le feu

 

Après l'attentat qui a eu lieu devant l'ancien siège de Charlie hebdo on a souligné l'intervention , les jours précédents , du ministre des affaires étrangères du Pakistan qui semblait inciter à des "représailles" et à les couvrir en raison du caractère qu'il considérait blasphématoire des caricatures parues dans ce journal . 

On a moins relevé le discours (1) prononcé le jour même de l'attentat  par le Premier ministre pakistanais , M.Imran Khan , devant l'assemblée des Nations Unies (75ème session ). Dans ce discours il a stigmatisé l'islamophobie qui , selon lui , règnerait dans le monde . Il s'en est violemment pris au gouvernement indien mais , auparavant, il a regretté la "liberté d'expression" et dénoncé les caricatures en indiquant qu'elles constituaient un appel à la haine et une provocation.

On sait que quelques jours auparavant le drapeau français avait été brûlé par des manifestants qui conspuaient ces "chiens de français " (2) Certains réclamaient la rupture des relations diplomatiques avec la France . La position - donc officielle - du gouvernement pakistanais qui vient de réclamer à l'ONU une journée internationale (3) contre l'islamophobie a-t-elle été relayée par les ondes , l'internet ou le "bouche à oreille " ...jusqu'à Pantin ? 

Le torchon brûle - diraient certains - et les autorités pakistanaise , au plus haut niveau , ont jeté de l'huile sur le feu . On est en droit de se poser la question : de quel côté se trouve la haine ? 

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(1) Discours publié sur le site des Nations Unies . Séance du 25 Septembre . Document à en-tête de la mission permanente du Pakistan à l'ONU page 5 sur 9 .  

(2) Huffpost + AFP du 3 septembre 2020

(3) le Pakistan célèbre-t-il la journée internationale des droits de la Femme ? Qu'en pense la chrétienne Asia Bibi ?

mardi 22 septembre 2020

Création : sens, faux-sens, contre-sens

 

La finalité de la création est l'objet d'un des livres du philosophe Claude Tresmontant (1) . C'est aussi l'interrogation de l'humanité depuis bien des siècles . Tresmontant , comme d'autres philosophes ou scientifiques , insiste sur le fait que la création du monde s'inscrit dans un processus continu (expansion des galaxies , complexification des espèces etc...) . Dans ces conditions , la finalité de la création échappe totalement à notre compréhension . Au point qu'en désespoir de cause Claude Tresmontant en est réduit à interroger le prophétisme hébreu afin de percer le mystère du sens .

Pourtant - et c'est une réflexion naïve - il y a une donnée cosmique , sur une autre échelle de temps , que l'on doit admettre : la finalité de la création cosmique ne peut être notre humanité terrestre puisque dans 2 ou 3 milliards d'années notre soleil , devenu géante rouge , se sera effondré en "avalant" la Terre . Pendant ce temps , il n'y a pas de raison que le cosmos en expansion (depuis 18 milliards d'années)  disparaisse en dépit de la fin de notre planète Terre et de son humanité …à moins qu'elle n'ait émigré depuis longtemps en d'autres planètes .

Claude Tresmontant a eu beau se tourner vers l'Ancien Testament , il n'est pas sûr qu'il y ait trouvé de réponses plus convaincantes que dans les romans de science-fiction et le récit de navigations intergalactiques à venir, finalement tout aussi crédibles que les récits des prophètes . 

Mais cela nous entraine bien loin, dans un futur impensable : plus loin que le Covid , les démêlées de Trump ... ou les récentes défections au bureau de LaREM (!).

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(1) Claude Tresmontant : L'histoire de l'Univers et le sens de la création . Editions O.E.I.L. 2006 (3ème édition) 

jeudi 17 septembre 2020

Moyen-Orient / Israel : vers quelle paix ?

 

On ne saurait tenir pour nuls et non avenus les accords signés ces jours derniers entre Israel et les Emirats Arabes Unis tout comme avec Bahreïn . Pour autant pourquoi ne s'accompagnent-ils pas d'un vrai enthousiasme comme pour les accords de Camp David ou bien les accords d'Oslo ? Cela tient en partie à la date de signature , à peine 2 mois avant les élections présidentielles américaine et au sentiment que tout est calculé en fonction de l'échéance du mandat de Donald Trump . Le timing est équivoque . 

A cela s'ajoute un sentiment d'inachevé ou de précipitation : Les Emirats Arabes Unis ne sont pas l'Egypte des accords de 1978 et les Palestiniens (pourtant directement concernés) brillent par leur absence du plan de paix proposé . Sentiment donc d'un accord partiel (en attendant peut-être l'Arabie Saoudite ) et partial (le sort de la Palestine n'est pas réglé) . Certes une "brèche " est ouverte au sein des pays le la Ligue Arabe mais on perçoit que , derrière le plan préparé par les Etats-Unis, le but véritable est d'instaurer et de formaliser un rapport de force destiné à isoler l'Iran dont la menace perçue par Israel s'avère prioritaire . 

Néanmoins on aurait tord de dénigrer ces traités : ils ont le mérite de rompre l'isolement d’Israël qui a le droit de vivre "dans des frontières sûres et reconnues " (1). Cependant le problème Palestinien n'est pas réglé et un kyste demeure au Moyen-Orient pour ne pas dire "une plaie ouverte" que les Etats-Unis n'ont pas réussi à refermer ...ni l'Union européenne d'ailleurs .

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(1) cf. résolution 242 du 22 novembre 1967 du Conseil de Sécurité . Cette disposition concerne aussi bien la Palestine qu’Israël :" the soveignty, territorial integrity and political independence of every State in the area  and their right to live in peace with secure and recognized boundaries free from threats of act or force ".

mercredi 16 septembre 2020

Juppé / présidentielle : candidat non déclaré ?

 


Alain Juppé est un homme secret . En cacherait-il un ? Interviewé par David Pujadas (1) à l'occasion de la sortie de son livre "Mon Chirac" il a eu , à un moment, un étrange silence : le journaliste , faisant allusion à l'âge avancé de Trump (74 ans) et de Biden (77 ans) lui a demandé s'il n'envisagerait pas de se présenter dans le cas où "un vaste élan populaire " se manifesterait en sa faveur . Juppé (75 ans ) est resté silencieux lorsque Pujadas l'a relancé .

L'ancien premier ministre a cité certains hommes d'Etat poussés par une ambition démesurée (Chirac , Sarkozy ) et a affirmé qu'il n'avait pas eu , lui,  cette même flamme . Alain Juppé en tout cas est demeuré étrangement silencieux . Serait-il un recours face au vide du parti "Les Républicains " partagé entre ralliements à LREM et tentations de "cavalier seul " ?

Alain Juppé demeure vraisemblablement un recours si la situation , face au Rassemblement National , devenait tout à coup désespérée et si Emmanuel Macron se désistait . Mais bien sûr ce scénario demeure hautement improbable ...sauf dans un roman de science fiction encore non écrit .

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(1) Sur la chaine LCI le 15/09/20

dimanche 13 septembre 2020

Ségolène Royal : on l'a échappé belle !

 

La naïveté de S. Royal a de quoi surprendre . Lors d'une interview ce matin sur BFM TV l'ex-candidate à la présidence de la République a donné sa solution radicale pour en finir avec le contentieux Grèce / Turquie et le risque de confrontation . Selon elle , il suffit que l'Union européenne , s'abritant derrière les conclusions de la COP 21 sur le climat , enjoigne aux 2 Etats de cesser de songer à l'exploitation de pétrole en méditerranée dans des zones maritimes controversées .

 Mais cela est plus facile à dire qu'à faire :

Comment Mme Royal peut-elle être aussi naïve ? Ni la Grèce ni la Turquie ne possèdent de ressources pétrolières ou gazières et il est légitime que les 2 pays songent à leur avenir énergétique à moins qu'à  défaut de pétrole ils ne souhaitent s'équiper en centrales nucléaires . En tout état de cause l'Union européenne n'a pas de légitimité pour interdire à la Grèce d'exploiter un gisement off shore . Et encore moins pour l'interdire à la Turquie , non membre de l'Union (sous réserve qu'elle respecte le droit maritime international ) .

Cela évidemment n'autorise aucunement une confrontation navale - ou aérienne - entre ces deux "frères ennemis " . Mais le contentieux devrait se régler non en fonction des conclusions de la COP 21 mais dans le cadre de l'OTAN ...ou du Conseil de sécurité s'il apparaissait que M. Erdogan , pris de fièvre soudaine , envisage de mettre le feu aux poudres . En tout cas , on l'a "échappé belle " : la médiation de Ségolène Royal - si elle avait été Présidente de la République - aurait fait Psitt ...                            

vendredi 11 septembre 2020

Partis de l'ordre , partis du désordre


Dans une France à bout de souffle (pandémie , violence , emploi) 2 partis soufflent sur les braises : LFI de Mélenchon et le Rassemblement national de Marine Le Pen . L'un se veut quasiment insurrectionnel regrettant la France de 1792 , l'autre se veut "parti de l'ordre" alors même qu'en appuyant en sous-main les mouvements de rue (du style gilets jaunes...) il fait preuve d'incohérence . 

L'on peut sourire en écoutant les délires mélenchoniens mais on ne doit pas rire en prêtant l'oreille à Marine Le Pen et à ses discours enflammés . Car la montée de la violence en France peut inciter certains à trouver refuge dans ses jupes . Sauf qu'ensuite il faudrait boire la coupe jusqu'à la lie : il y aurait certes un hallali (probablement justifié) à propos de l'islamisation qui s' oppose à nos valeurs républicaines et à nos lois mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg .

En épousant les thèses ultranationalistes le Rassemblement national nous reléguerait dans l'arrière cour de la scène internationale et nous couperait d'une Union européenne en construction qui aura un rôle majeur dans le nouvel ordre mondial qui se met en place (face à la Chine) . A se laisser emporter par l'émotivité , les faux semblants et les apparences les Français ouvriraient un boulevard à l'extrême droite .

 Et le parti soi-disant de l'ordre deviendrait, s'il brisait "le plafond de verre ",  le parti du désordre pendant que M. Mélenchon prierait sans doute pour le retour de Saint-Just, Robespierre ...ou Marat . Et ce ne serait pas là des hologrammes ...

jeudi 10 septembre 2020

Trump prix Nobel ? Alfred Nobel se retourne dans sa tombe ...

 

C'est une surprenante nouvelle : Donald Trump serait " nominé" pour le prochain prix Nobel de la Paix . On peut se demander à quel titre : Cette proposition n'arriverait-elle pas bien à propos au moment où le président se trouve malmené dans les sondages et dès lors désireux de faire flèche de tout bois ?

Il faut croire que M. Christian Tybring , délégué norvégien à l'assemblée parlementaire de l'OTAN, qui l'a proposé pour le Nobel n'en a cure . Il est vrai que ce thuriféraire de M. Trump serait "un partisan des politiques anti-immigration" (1) . Ainsi le mur avec le Mexique aurait pesé de tout son poids dans la balance , plus sans doute que la contribution de Donald Trump à la paix . D'ailleurs M. Tybring est un fidèle du genre puisqu'il a déjà proposé M. Trump en 2018 et 2020 ... sans pouvoir se prévaloir alors d'une action signifiante pour la paix (l'accord Israel/Emirats Arabes Unis était dans les limbes) . 

Alfred Nobel n'a probablement pas lu encore le livre de Bob Woodward à propos de la gestion erratique et opaque de la pandémie par M. Trump tout comme il n'a pas parcouru les ouvrages évoquant les relations particulières de l'intéressé du temps où il gérait casinos et programmes immobiliers (avec quelque(s) tour(s) dans son sac) .

Du haut de son nuage Alfred Nobel s'interroge : Cette éventuelle nomination ne serait-elle pas de la dynamite ...au profit de qui finalement ? 

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(1) journal LADEPECHE.fr (9 septembre 2020) + article Wikipedia " He (M. Tybring) is most widely known for his opposition to immigration , especially Muslim immigation ...In foreign policy he has supported Vladimir Putin... he has also said the west should recognize the Russian occupation and annexation of Crimea ".

vendredi 4 septembre 2020

Sécurité / insécurité : un sentiment ?

S'agit-il seulement d'une bataille de mots ou bien d'une divergence d'appréciation entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ? Le premier évoque "l'ensauvagement " de notre société , le second met davantage l'accent sur un "sentiment d'insécurité" qui amplifierait la situation réelle . Cela rappelle des débats d'il y a 20 ans où , dans certaines villes et dans certains "quartiers " ,  des élus refusaient d'appeler un "chat un chat " de crainte de détourner des investisseurs ou bien de provoquer la migration de familles devenues méfiantes et préférant voir ailleurs . D'autres , pendant ce temps , tiraient la sonnette d'alarme en tentant de mettre en avant - pour juguler ce qu'ils pressentaient - les idéaux de la "politique de la ville " défendus avec ardeur et conviction par Jean-Louis Borloo .

Mais le malaise était plus profond : des populations nouvelles refusaient ce que l'on appelle "l'intégration" et s'enfonçaient dans un communautarisme de dépit ou de rejet . L'intégration c'est à dire l'acceptation des lois et des idéaux de la République était devenu un "gros mot " et certains ricanaient lorsque de bonnes âmes y faisaient vaillamment référence . J'en ai été le témoin direct à Argenteuil où j'ai pu observer les replis identitaires en dépit de l'effort des architectes urbains et des services sociaux . Pendant ce temps les salafistes , eux , faisaient leur miel de la situation , dans l'ombre et sans trop faire de vagues en considérant qu'ils avaient le temps pour eux .

Au-delà des "territoires perdus de la République " c'est une évidence que notre société est devenue plus violente : M.Dupond-Moretti aurait-il oublié les boutiques saccagées et les voitures incendiées sur les Champs-Elysées l'an passé ? aurait-il oublié les dégradations commises sous le mémorial du "soldat inconnu" ? Certes tout cela est désormais relayé en continu par les chaines de TV qui ont trouvé là du "grain à moudre " . Il n'empêche : la violence ne saurait être masquée ou niée parce qu'elle porte un masque . Les blacks blocs le savent ...quand bien même le Garde des Sceaux aurait quelque trou de mémoire . 

mardi 1 septembre 2020

Biden : Retour du multilatéralisme ...et du bon sens .



Les élections américaines ne laissent pas le monde indifférent : bien qu'en passe de perdre leur rang de "premier de la classe" et d'être détrônés d'ici 5 ou 6 ans par la Chine , les Etats -Unis continuent à occuper la scène internationale  . Mais il existe une différence notable entre Trump et Biden : l'âge n'est pas un déterminant (74 ans et 77 ans) , leurs prises de position dans le domaine économique ne sont pas fondamentalement différentes (Biden est loin d'être un socialiste-marxiste comme l'affirment certains propagandistes Républicains ) .

C'est sur la scène internationale que le marquage sera certainement différent : Biden recherchera davantage un consensus multilatéral et ne considérera pas les européens comme des alliés de "seconde zone". 'Biden ne devrait pas non plus remettre en cause les accords longuement négociés (accord climat , nucléaire iranien , accord transpacifique etc...) . A la différence de Trump dont le comportement est erratique (sciemment ou pas) on peut penser que Biden se prêtera mieux à un partenariat à l'intérieur du "camp occidental "face à la Chine . Il y a aussi un parallèle que l'on peut faire avec le Président Woodrow Wilson à l'origine de la Société des Nations : Biden et lui ont eu une formation universitaire et ont été professeurs de droit constitutionnel : c'est un marqueur de comportement (quoi que l'on pense de l'idéalisme de Wilson ) . 

Les prises de position de Biden seront certainement  différentes sur des dossiers sensibles : relations au sein de l'OTAN , décrispation des relations avec l'Iran , avec la Chine , avec l'Union européenne . Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille "baisser la garde " et que Biden devienne , comme Wilson , le pacifiste utopiste de service .

On peut par contre souhaiter que , dans un monde quelque peu à la dérive et à la recherche de sens , Joe Biden apporte un peu de bon sens

dimanche 23 août 2020

Ensauvagement : le paradoxe du "temps des barbares"



Notre société est sur la pente glissante d'un "ensauvagement " ainsi que le constate à juste titre Gérald Darmanin . Le temps des "sauvageons" (selon l'expression de JP Chevènement d'il y a 20 ans) monte en puissance au rythme des dérèglements qui ne sont pas seulement climatiques : un match de gagné ou de perdu ensauvage les champs Élysées ,  un rappel à propos des gestes "barrières" devient un appel au meurtre ...et la séquence pourrait continuer car elle n'a pas de fin . 

Pour autant notre société baigne dans une totale inconséquence : ainsi que l'écrit Peggy Sastre dans sa chronique du Point (1) les journalistes n'ont jamais été aussi précautionneux et les relais d'opinion n'ont jamais autant pris garde à ne point blesser (par la plume) ...alors même que la haine et les trop pleins de bile se déversent sur les réseaux sociaux . 

C'est bien là le paradoxe du "temps des barbares" : la violence d'un côté et de l'autre les "cocons" qui se multiplient à l'envie pour éviter de heurter les groupes , les minorités , les individualités . C'est un paradoxe de constater que l'aménité devient faiblesse et fait le lit de "sauvageons" que Chevènement disqualifierait désormais en faisant le même constat que Darmanin . Ce constat n'est sûrement pas nouveau mais le contraste est plus que jamais saisissant .


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(1) Hebdo Le Point du 13 Aout 2020 p. 97 . Intitulé de la chronique "Ne blesser personne, le nouvel impératif " .

jeudi 20 août 2020

Steve Bannon : Tel est pris qui croyait prendre



Steve Bannon , ex - conseiller de Donald Trump et son ancien directeur de campagne en 2016 , vient d'être inculpé de détournement de fonds récoltés à l'occasion d'une campagne pour aider à l'édification du mur "anti-immigrants" à la frontière mexicaine (1) . Ces sommes auraient servi à couvrir ses dépenses personnelles  . Ce ne serait qu'un épisode de plus de corruption qui touche d'anciens dirigeants (cf. l'ex-roi d'Espagne) si ce n'est que M. Bannon nous a inlassablement abreuvé d'un discours hyper- moraliste (2) .

Par ailleurs , M . Bannon qui se voulait patriote et d'une probité virginale incitait - tout comme à la frontière mexicaine - à " dresser des murs " en Europe afin de tuer dans l’œuf l'émergence d'une Union européenne qui aurait pu porter ombrage aux Etats-Unis  . On se souvient de ses harangues à côté des gouvernants populistes d'Europe centrale (Viktor Orban) et , à l'époque, avec les dirigeants italiens (Matteo Salvini)  . On se souvient aussi de ses conciliabules avec , alors , le Rassemblement national à la recherche de fonds . Ces éventuels fonds seraient-ils liés au financement du mur mexicain pour lequel M. Bannon doit maintenant rendre des comptes ?

Bien pris qui croyait prendre ou , à tout le moins , nous surprendre avec ses discours "main sur le cœur " et les prêches qui allaient avec au moment où M. Bannon , membre du Tea Party , dénonçait la corruption et le pourrissement de la vie politique à Washington  . Mais en l'absence de tweets du locataire de la Maison Blanche - dont le bail pourrait ne pas être renouvelé - on ne sait pas encore si l'inculpation de M. Bannon , son ex-directeur de campagne ,   a ou non  surpris Donald Trump ... Mais son tweet ne saurait attendre ...

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(1) journal Le Monde du 20 Aout (lemonde.fr)

(2) cf. le  discours prononcé le 27 Juin 2014 par M. Bannon lors d'un congrès au Vatican . Il appelait à un sursaut de l'Eglise dans un monde sans foi  et pourfendait le "capitalisme de Davos " responsable de la paupérisation de nos sociétés : tout un programme !

vendredi 14 août 2020

Israël / E.A.U : vrai accord ou miroir aux alouettes ?



L'accord qu'annonce D.Trump avec "tambours et trompettes" est , il faut l'espérer , peut-être le début d'un plan de paix plus large où seraient réellement impliqués les Etats de la Ligue Arabe , au-delà des seuls Emirats . Toutefois il y a , dans cet accord , un absent : la Palestine . Certes , un des termes de l'accord est la suspension par Israël de l'annexion d'une partie de la Cisjordanie , situation qui aurait rendu impossible un plan de paix avec la perspective de 2 Etats (Israël , Palestine) conformément aux décisions et recommandations de l'ONU . 

Les uns (Netanyahu  ) et les autres (Trump , Kushner) vont pousser des "cocoricos" . Peut-être ont-ils raison de se féliciter des succès de la diplomatie en renonçant aux épreuves de force ? peut-être cet accord est-il une heureuse escalade en direction d'accords de paix plus larges au moyen-orient ? 

Espérons qu'il ne s'agisse pas , simplement, d'un habillage pour justifier la suspension de l'annexion de la Cisjordanie ...et donner un bol d'air à Donald Trump au moment où le ticket démocrate semble le prendre de court . Mais , plus vraisemblablement , cet accord constitue les prémisses d'une triangulation Etats-Unis /Israël / Arabie Saoudite + Emirats afin d'ôter à l'Iran toute ambition de leadership dans la région .

jeudi 13 août 2020

LIBAN : une épine dans le pied d'Erdogan


Erdogan semble trouver ridicule que le Président Macron se soit immédiatement rendu à Beyrouth après la dramatique explosion du port le 4 août  . Et pourtant il est normal que la France "sœur" des Libanais bien avant le mandat de la Société des Nations de 1920 ait affirmé sa solidarité (précédant d'ailleurs de peu Charles Michel , président du Conseil européen ) . 

C'est que la Turquie dans ses rêves de califat au Moyen-Orient ne peut encore "vassaliser" le Liban écartelé entre plusieurs tendances (maronites , sunnites, chiites) . Il est d'ailleurs improbable que l'Iran (et le Hezbollah libanais ...) laisse la Turquie avancer ses pions dans la "Suisse du Moyen-Orient" . Plus que jamais les initiatives de l'Union européenne sont attendues .

 La Chine a , aussi , des intérêts économiques dans la région . L'Union , elle , a plus que des intérêts économiques et financiers .

lundi 10 août 2020

Sahel : que fait l'Union Africaine ?



L'assassinat de plusieurs ressortissants français , hier, au sud-Niger pose à nouveau la question de l'implication des forces internationales . On sait , qu'outre la France (opération Barkhane) , quelques Etats européens et les Etats-Unis tentent de neutraliser les djihadistes . Mais - outre les djihadistes venus de Libye - il y a en Afrique sub-saharienne un terrain favorable ( pauvreté, corruption, déliquescence des Etats ) sur lequel surfent les "terroristes fous " . 

Dans la mesure où il existe un terrain d'accueil pour les djihadistes les réformes , l'action économique sont prioritaires ...et elles ne dépendent pas que du FMI ou de la Banque mondiale . Certes, l'Union Africaine a promis en février dernier d'apporter un soutien logistique aux forces du G5 mais - outre les 3000 hommes attendus - on attend une implication plus substantielle de l'Union Africaine

Le récent sommet de l'U.A. à Addis-Abeba a démontré les craintes des responsables politiques africains à l'égard d'une gangrène de l'Afrique par les djihadistes déracinés du moyen-orient . Mais il ne suffit probablement pas d'exprimer des craintes . Puisse le dramatique évènement du sud-Niger non pas provoquer un désengagement mais accentuer l'implication de tous : la France certes, l'Union européenne , les Etats-Unis ...et l'Union Africaine , chez elle .

mardi 4 août 2020

Espagne : orage sur la monarchie



Le Président du Conseil , Pedro Sanchez , s'est défaussé sur la "Maison du Roi " (Casa Real ) en éludant les questions posées par les journalistes . Il a invoqué la confidentialité des échanges avec le Palais de la Zarzuela mais il n'a pu démentir que le roi émérite Juan-Carlos 1er avait quitté l'Espagne sans dire où . De fait , la communication gouvernementale apparaît brouillée : effet Larsen ?

Les commentaires , à Madrid , vont bon train : le roi Juan-Carlos aurait trouvé refuge chez un ami  en République Dominicaine ou bien il serait au Portugal où il a passé son enfance (1) . En tout état de cause ce départ de l'ex-monarque a fait l'objet d'un accord entre le Président du gouvernement et la "Casa Real" . C'est la solution qui est apparue "la moins pire" car l'étau se resserre concernant le présumé don de 100 millions $ par l'Arabie Saoudite qui aurait transité par la Suisse, le Panama ou les Bahamas .

Dans la réalité si le Président du gouvernement garde le silence c'est que cette affaire est grave et peut dégénérer en crise constitutionnelle : le Président de la Generalitad catalane , Quim Torra ,  réclame l'abdication du roi Felipe et la gauche radicale (Iglesias , leader de Podemos ) se démarque déjà en regrettant "la fuite" du roi . Car ce départ , pour certains , ressemble à des aveux .

Les Espagnols sont partagés : les plus de 50 ans gardent en mémoire le monarque qui au début des années 80 , a facilité la transition démocratique et fait front en des moments difficiles . Les jeunes espagnols , eux ,  assimilent Juan-Carlos à Tartarin de Tarascon (cf. la partie de chasse au Botswana qui a contribué à le discréditer ) ou aux porteurs d' "euro-valises " depuis la Suisse alors même que son action en faveur de la démocratie a jadis été déterminante . Faiblesse , dérapage ? L'Histoire le dira .

Le roi Juan-Carlos rentrera-t-il un de ces jours au bercail pour - comme il l'assure - se mettre à la disposition de la Justice ? Rien n'est moins sûr dit-on sous les frondaisons du Retiro  ou , s'il revient , assure-t-on  , ce sera masqué . Cependant , plus qu'une comédie , c'est l'acte I d'une tragédie qui s'écrit en ce moment .

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(1) actualisation au 7/08/ . En fait et selon le quotidien espagnol ABC (monarchiste) le roi Juan-Carlos serait à ABU-DHABI (Emirats Arabes Unis) ...tout proche de l'Arabie Saoudite .

jeudi 30 juillet 2020

L'occident désorienté ...cherche boussole



"L'occident désorienté " est un livre (1) écrit il y a 14 ans ...au moment de la crise des subprimes . Au-delà de la crise financière qui s'amorçait en 2006 c'était une réflexion autour du "déclinisme " ambiant de l'époque : crise des valeurs d'une société de consommation dont les réponses n'étaient que partielles , cela sur un air de Spengler et de René Guénon .


Mais voici qu'en 2020 avec la corona pandémie et un vent qui souffle de Chine l'occident se trouve  plus que jamais bousculé et désorienté : la Chine poursuit sa marche en avant et l'on ignore quelles seront les prochaines étapes de sa Longue Marche . La Route de la Soie ne sera probablement pas le Chemin de Damas ...ou bien son sens nous échappe encore .

Ce n'est plus seulement une interrogation sur l'avenir de nos valeurs (les racines chrétiennes , les Lumières , la République etc...) mais c'est un renversement de l'ordre mondial auquel nous assistons, celui auquel nous étions habitués : un leadership américain sans partage à la fois sur le plan politique , économique voire culturel . Mais , depuis , l'eau a coulé dans le lit de la rivière Potomac et l'Amérique de Donald Trump n'est plus celle que chantait Joe Dassin en 1970 . A quand une chanson sur le fleuve Yang-Tsé ...qui fasse tout autant rêver ?


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(1) L'occident désorienté , Enjeux , défis et espérance ( Jean-Maurice Devals . Editions François - Xavier de Guibert . 2006 . )

mardi 21 juillet 2020

Europe / Plan de relance / fédéralisme : un "chiffon rouge" pour les partis extrêmes



Alors qu'à juste titre on applaudit à l'accord historique (1) qui vient d'être conclu dans la nuit , LFI et le RN se rejoignent dans leurs critiques . Pour Mme Le Pen cet accord serait le "pire accord" négocié par la France . On a envie de rire tant le RN persiste dans sa posture habituelle de déni ...surtout lorsqu'il s'agit d'avancée vers un fédéralisme européen .

L'extrême gauche et l'extrême droite se rejoignent . C'est un signal pour Emmanuel Macron : en 2022 une part de l'électorat d'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon  se reportera sans doute sur Mme Le Pen , 10 % ou 20 % ,  ? difficile à dire mais la perspective d'une situation comme jadis en Italie devient possible.

Il faut dire que cet accord marque une étape importante dans la solidarité européenne : l'Union européenne pourra  emprunter sur les marchés et non se borner à racheter les obligations des Etats émises lors de la souscription d'emprunts par chacun  . C'est un grand pas en avant très concret dans la solidarité européenne quand bien même la pointure de chaque Etat n'est pas la même . Ainsi se mettent progressivement en place les Etats-Unis d'Europe.

Sur le plan national , en revanche , la perspective d'une Europe fédérale est le chiffon rouge : LFI lèche déjà l'os que le RN tient entre ses dents ...


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(1) accord "plan de relance " de 750 milliards dont 390 de subvention . Avec l'innovation majeure d'emprunt direct de la Commission sur les marchés (en bénéficiant d'un AAA) .

jeudi 16 juillet 2020

Espagne : le crépuscule d'un roi



Les Espagnols sont révoltés : l'ex-roi Juan-Carlos 1er est en passe d'être rattrapé par la justice espagnole (1) pour un délit présumé de corruption . Il aurait perçu une "commission" de 100 millions $ , don du roi d'Arabie Saoudite en 2008 . Cette "royale commission" aurait plusieurs origines : la conclusion d'un marché (TGV La Mecque /Medine emporté par un consortium espagnol) , la remise de la Toison d'Or à l'ex - roi Abdallah en 2007 pour lui conférer une onction "démocratique" . Cela , dans le contexte de la Conférence mondiale sur le dialogue inter-religieux organisée par la Ligue islamique mondiale et présidée par le roi Abdallah ( Madrid juillet 2008) .

Les Espagnols qui se rappellent encore le rôle joué par le roi après la mort de Franco en 1975 (Transition démocratique , nouvelle constitution) sont , me dit-on , particulièrement choqués : ils se souviennent d'un chef d'Etat qui a été le garant de la stabilité de l'Etat et de son évolution démocratique (Pacte de la Moncloa, intervention personnelle lors de la tentative de coup d'Etat de 1981 du colonel Tejero ) .

Ils s'interrogent : "et si tout cela n'avait été que théâtre et pantomime , le roi se bornant chaque fois à prendre le train en marche ?" . Le roi Felipe VI , son fils , est dans l'embarras : on le serait à moins , les 100 millions de $ ayant transité par les paradis fiscaux (dont Panama ) et fait aussi une promenade ...de santé ...en Suisse (qui a saisi les autorités espagnoles ) . Des bribes de solutions sont actuellement ébauchées : retrait du titre honorifique de "roi émérite" faisant suite à la suppression en mars dernier de la dotation budgétaire qu'il percevait et que son fils lui a retiré . La "Casa Real" , aux dires de quelques uns , évoque même - et souhaiterait - un départ à l'étranger voire un exil (Italie ?) . Triste fin ...

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(1) Le parquet anticorruption s'est déclaré compétent et a saisi le Tribunal Suprême (plus haute juridiction de l'ordre judiciaire ) pour s'assurer de la responsabilité de l'ex-roi (qui a abdiqué en 2014) et qui - jusqu'à cette date - bénéficiait de l'immunité . 

mercredi 15 juillet 2020

Chine / Iran : le pari risqué de Donald Trump




Le Président Trump , en se retirant de l'accord sur le nucléaire de juillet 2015, entendait mettre à genoux l'Iran , sanctions économiques à la clé . Mais un nouveau partenaire , la Chine , s'affirme au Moyen-Orient et fait les "yeux doux" à Téhéran . 

L'accord "secret" (mais il ne l'est plus désormais depuis quelques jours ) prévoit des investissements considérables - plusieurs centaines de milliards de $ - de la Chine en Iran portant sur les infrastructures (routières , portuaires ) et la fourniture de pétrole iranien à un prix "d'ami" . 

Cet accord qui paraît surprendre de par son ampleur n'est , en fait , que la déclinaison de la stratégie "Nouvelle Route de la Soie" . Finalement la Chine a su tirer son épingle du jeu : face à la pression de Donald Trump sur l'Iran voici que Pékin vient opportunément à son secours et tend la main . Téhéran aurait-il d'autre alternative que de la saisir ? 

lundi 13 juillet 2020

Septembre noir : attacher les ceintures et souffler dans les voiles !



Alors même qu'un vent d'insouciance caresse la joue des Français des voix retentissent pour annoncer une "rentrée" horribilis . Sans tomber dans un catastrophisme aigu il est clair que les mois prochains seront plus que difficiles sur le plan de l'emploi ...sans parler d'une reprise éventuelle (non certaine bien sûr ) de la pandémie . 

Le Président de la République dira-t-il demain 14 Juillet ce à quoi il faut s'attendre : 800 000 chômeurs de plus en septembre , des jeunes sans boussole (quoiqu’ayant un Bac - don de la République - en poche) ? Il est temps de confronter les Français à ces vérités : même s'il ne s'agit pas encore du "grand tournant" la Roue tourne et on ne sait encore en quel sens .

Emmanuel Macron , s'il nous assène quelques vérités , devra aussi nous donner quelque espoir : dans un environnement international trouble (fébrilité des Etats-Unis , Chine qui tombe le masque , Afrique en proie aux contorsions et aux convulsions , Moyen-Orient qui perd la foi en son pétrole et cherche un chef de file ) l'Europe trouve désormais un espace politique ...à condition qu'elle résolve ses problèmes économiques . 

Macron et Angela Merkel sont à la barre ...Il faudra veiller à ce qu'il s'agisse davantage d'une Caravelle plutôt que d'une galère . Pour cela il faudra souffler fort dans les voiles ...quitte à attacher les ceintures .

vendredi 10 juillet 2020

Turquie/Union : "Un petit tour et puis s'en va "



L'ex-basilique Sainte Sophie devient mosquée (1) . C'est le signe que la Turquie a désormais choisi sa "sphère d'influence " : ce ne sera pas dans l'Union européenne (peut-être est-elle de guerre lasse ?) mais au Moyen-Orient . Cependant ce ne sera pas facile car il y a au moins 2 autres prétendants : l'Iran et l'Arabie Saoudite . 

Cependant le trépied est un peu bancal et il y a de fortes chances pour qu'un 'triumvirat" ne voit jamais  le jour .  Aussi la position de la Russie sera déterminante : la Turquie ne peut avancer seule en poussant son pion sur l'échiquier . Il lui faudra le soutien (politique et militaire à défaut d'économique) de Moscou . Mais il ne peut-être exclu que la Chine cherche aussi à pousser un cavalier : lequel des 3 prétendants ? Il faut se souvenir aussi de ce que la Turquie comme l'Iran sont "en approche" de l'Organisation de Coopération de Shanghai dont la Chine assure le leadership . Dans ce contexte quelle carte jouera Pékin ?

Entre-temps la Turquie qui , par le symbole de Sainte-Sophie , a choisi son camp prendra-t-elle du champ par rapport à l'OTAN ? Sa coopération militaire avec la Russie va dans ce sens . A qui profiterait un désengagement de la Turquie de l'OTAN ? Ce serait , en tout cas, un sérieux coup de botte "dans le train" de l'Union et de sa politique européenne de Défense (qui reste virtuelle ) .

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(1) La basilique était devenue musée en 1934 lorsque Kemal Atatürk avait voulu laïciser la Turquie .
Mais , depuis , Erdogan a "retourné sa veste "... 

samedi 4 juillet 2020

Jean Castex : nouveau Pompidou ?



Avec son faux air provincial et une rondeur qu'atténue le "pointu " de son expression , le nouveau Premier ministre fait penser à Georges Pompidou également tout en rondeur apparente . Mais dans les deux cas il y a un chat "Raminagrobis" qui , mine de rien , garde un oeil bien ouvert . Jean Castex étonnera et les mots d'Edouard Philippe lors de la passation de pouvoir "Soyez bon ! " ne sonnent pas creux . 

Le nouveau Premier ministre possède le don du "parler vrai " avec - comme Georges Pompidou - un évident sens de l'Etat , qualité morale personnelle plus que manière d'habiller les opportunités . Mieux que quiconque il est à même d'écarter les foutriquets politiques qui tenteraient de le mordre aux mollets . Mieux que quiconque il est à même de donner un sens nouveau à la décentralisation et à la réhabilitation des Territoires .

Amateur de musique , fier de son festival de Prades (1) Jean Castex sait à l'évidence jouer, en politique , du violoncelle .  Sera-ce l'air de la Flûte enchantée qu'avait envie d'entendre  Emmanuel Macron pour tirer enfin un son de la cacophonie ambiante ? Restons à l'écoute ...

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(1) dont le violoncelliste Pablo Casals fut l'initiateur en 1950 

samedi 27 juin 2020

L'Oréal met de l'eau dans son vin ...blanc



 L'Oréal supprime les mots "blancs" ,"blanchissant" et "clair" de ses produits de beauté . C'est ce que révèle aujourd'hui Le Figaro avec l'AFP (1) .

 Cette annonce fait pâlir mon voisin qui se nomme Jacques Blanc . Il me demande , tout inquiet , s'il devra désormais s'appeler Jacques Noir et faire ainsi abandon de son nom de naissance . Je l'ai quelque peu calmé en lui assurant que l'on n'allait pas débaptiser le Mont Blanc et que Blanche Neige demeurerait en sa couleur ...tout au moins provisoirement .

Mon voisin n'est tout de même pas rassuré : il me dit que l'on va probablement changer le nom de la Rue Blanche et que la "Revue Blanche " va  disparaître des bibliothèques ou bien retrouver la couleur mauve du Mercure de France dont elle voulait - en blanc - jadis se démarquer ...tout comme certains  se démarquent en se flagellant tout en gardant leur habit de Pierrot. 

Cela est révélateur d'une chose : le mariage (blanc) de l'opportunisme et de l'hypocrisie .

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(1) Le Figaro en ligne avec AFP du 27 juin 2020