mercredi 31 octobre 2012

Bonne nouvelle : Trop d'échelons administratifs !

J'apprends (cf.Le Point) que 69% des Français - sondage CSA à paraître demain jeudi- considèrent qu'il y a trop d'échelons administratifs (communes, intercommunalités, conseils généraux, conseils régionaux). La bonne et belle nouvelle que voilà ! cela fait des années que ce problème est posé  : rapports de Jacques ATTALI (2008) et  Édouard Balladur (2009).

Mais -pour cela - il ne faut pas un gouvernement timoré ou complaisant (qu'il soit d'ailleurs de droite ou de gauche). Les uns et les autres comptent des amis qui, parfois, font fi du non-cumul des mandats et profitent des avantages de telle ou telle présidence de Conseil général ou régional. L'on sait, par ailleurs, que les postes de vice-présidents (voir ce qui se passe dans les intercommunalités) se multiplient aussi rapidement que les amibes . Cela, par "népotisme" et rarement en fonction des compétences.

 Au moment où il faut dire la vérité (toute la vérité) aux Français, le temps est venu de percer plusieurs abcès. Quitte à accepter d'être impopulaire (c'est le pari qu'ont fait et Schroeder et - plus récemment - Rajoy).

Mais , s'agissant de la suppression d'échelons administratifs , l'impopularité ne sera pas celle des Français (voir le sondage) mais celle des amis politiques (ou de certains d'entre eux). Et, au demeurant, un "toilettage de ces structures" permettrait de réaliser environ 15 milliards d'euros d'économies.

Le "parler vrai" est-il compatible avec une présidence "normale"? Je le crois car nul est besoin de monter sur les tréteaux pour faire son numéro. La vérité se suffit à elle seule si l'on sait éviter "l’esbroufe". Je gage que le Président Hollande peut y arriver : c'est là son défi et -peut-être-,après tout, son "chemin de vie".

dimanche 28 octobre 2012

Russie : un si Proche Moyen-Orient...

La Russie n'a jamais été vraiment absente du Moyen-Orient considéré, jusqu'ici, comme  "chasse gardée" américaine. L' Union européenne qui s'efforce de gérer sa sortie de crise économique a , pour l'heure, d'autres préoccupations même si elle demeure attentive à la situation en Syrie et , aussi, aux risques générés par l'embrouillé nucléaire iranien. Il n'est donc pas absurde que Moscou tente de reprendre pied dans une zone stratégique  ( ressources + "pont" avec l' Extrême-Orient.)

Dans ce contexte on ne peut être surpris par la prochaine rencontre Russie/Conseil de Coopération du Golfe qui aura lieu en novembre prochain en Arabie Saoudite. Tout comme la prochaine visite de M. Lavrov, Ministre russe des Affaires étrangères au Caire .

 Dans une zone stratégique au milieu d'un gué entre guerre et paix , la Russie semble se poser en interlocuteur incontournable. Faut-il redouter ces " retrouvailles " ou bien s'en féliciter?

Dans une zone géographique en possible éruption, nous avons besoin de bons vulcanologues à condition qu'ils sachent réellement évaluer la situation et aussi... détourner les coulées de lave (ou de bave) des djihadistes qui attendent leur heure, l'arme au poing. Menace tout aussi sombre et réelle que le nucléaire iranien.

vendredi 26 octobre 2012

Gouverner = communiquer

Cela m'attriste de voir (ou d'entendre) les lazzis auxquels est en butte le gouvernement. Il faut dire qu'il donne dans ce domaine du "grain à moudre". Le contexte économique est évidemment difficile mais les attaques sont désormais ciblées et des flèches parthes volent vers le Président et le Premier ministre.

Même en Espagne où l'austérité gagne le dernier cran de la ceinture , le Président du Gouvernement, M. Rajoy ne fait pas l'objet d'autant d'attaques ad hominem . Probablement parce que les "couacs" (je ne sais comment on dit cela en espagnol) sont moins nombreux. Et aussi parce que M. Rajoy n'hésite pas à descendre - on apprécie cela en Espagne - dans l'arène. 

Je me garderai de donner quelque conseil au Gouvernement, mais j'ai l'esprit républicain et les banderilles actuelles m'exaspèrent. Sans pour autant suggérer de rétablir les "causeries au coin du feu" du Président Roosevelt en 1933, il me semble que le Président de la République devrait s’adresser bien plus souvent aux Français . Je ne sais de quelle manière . Probablement de manière moins solennelle et en évitant les circonvolutions journalistiques.

 La situation actuelle , sans être dramatique, est difficile et ce n'est ni aux ministres (dont la langue fourche parfois) ni au Premier ministre d'intervenir pour décrypter la situation et donner confiance. Donner confiance, c'est ce que le Président souhaitait en début de mandat. Mais les Français comprennent mal la crise, les impératifs de désendettement, les avancées de l'Union etc...

 C'est au Président - comme le fait aux États-Unis le Président Obama - d'expliquer, de convaincre , de maintenir le lien avec la Nation . Ce lien ne peut s'exprimer ni par le biais de Mme Duflot ou de M. Montebourg, ni - malgré sa côte et son excellent travail - par Manuel Valls. Ce lien passe désormais par le Président.

 Plutôt que de "battre en retraite" ( c'est ce que pensent certains) sous les coups de boutoirs (car silence = battre en retraite), le Président Hollande devrait s'adresser périodiquement aux Français dans nos "étranges lucarne" qui , désormais, sont notre horizon quotidien.

 Les conférences de presse d'après Sommet sont des exercices trop convenus. Elles endorment nos compatriotes que des propos sincères et directs  sauraient probablement éveiller ou rendre attentifs et...réchauffer les baromètres quand bien même il ne s'agirait pas de "causerie au coin du feu".

Ne les éveillent en ce moment que les glapissements de certains qui se gaussent...comme des gosses endiablés par un sucre d'orge qui leur semble- croient-ils - à leur portée.

jeudi 25 octobre 2012

Pour un "réemploi" de Pôle Emploi

Le chômage constitue la première des préoccupations et des Français et aussi des Européens. Mais demeurons , pour l'instant, dans l'hexagone. Je ne doute pas de l'ardeur et de l'implication des agents de "Pôle emploi". En fait, c'est dans les méthodes et procédures que le bât blesse.

  J'ai pu constater qu'une personne s'inscrivant à Pôle Emploi doit préciser quelle a été sa formation, quels sont ses diplômes : jusque là rien que de très normal. Mais la suite est, disons,...moins heureuse. Car c'est en fonction de ses diplômes et de sa formation que le demandeur d'emploi est inscrit dans une catégorie ou sous catégorie à l'intérieur d'un Code ROM. 

Les (rares) propositions d'emploi que l'organisme va faire au demandeur demeurent ainsi à l'intérieur de cette sous-catégorie dont il devient en quelque sorte le prisonnier.Ces offres d'emploi se situent parfois à 150 ou 200 km de son domicile.

 Dans ce contexte, je connais des personnes qui - mises au courant de ces méthodes pseudo-cartésiennes - ont sciemment caché leur(s) diplôme(s) afin de recevoir de Pôle emploi des offres plus larges et plus proches de leur domicile.

 Est-il normal que l'on doive ainsi "passer du blanco" sur son C.V. ou sa carte de visite ? Ce système, pervers, fait que les formations qui sont proposées sont le plus souvent liées au Code ROM que le demandeur d'emploi porte "au revers de son veston" . Alors même que le chômeur pourrait recevoir une formation opérationnelle dans d'autres secteurs que celui de sa qualification première .

 Dans la situation présente, il serait bienvenu de lubrifier les procédures: elles sont trop rigides et enferment le demandeur d'emploi dans un carcan dont il a peine à sortir. De guerre lasse, il collectionne les CV dans un classeur et montre - lors de ses contacts avec Pôle Emploi- ses multiples lettres et sollicitations comme gage de sa bonne foi. Il reviendra ensuite "actualiser" sa demande 1fois par mois (ou bien le fera depuis son domicile par téléphone ou internet).

 Alors que l'on sait que des entreprises peinent, dans certains métiers, à recruter, cette situation "à la française" est paradoxale. Fort heureusement, de nombreux demandeurs d' emploi "court-circuitent" cet organisme (dont la "part de marché " - dans le jargon utilisé - n'excède pas 35%) et, plus pugnaces, ne vivent pas dans l'attentisme en espérant qu'un miracle se produise.

 Il est tout de même triste de voir de bonnes volontés ainsi rebutées parce qu'elles n'entrent pas dans le moule .  Assouplir les procédures, les aérer, cela suppose un "réemploi" de Pôle emploi dont les collaborateurs sont, j'en suis persuadé, volontaires, pugnaces et aussi...inquiets.

dimanche 21 octobre 2012

Quelle Europe voulons-nous ?

L' Union - ou à tout le moins la zone euro - a repris sa marche en avant : c'est là le mérite des "crises" que d'amener à rebondir. La supervision bancaire, le budget spécifique pour la zone euro sont autant de raisons de se réjouir: c'est un pas en avant vers l'intégration. Et je suis convaincu qu'elle se réalisera véritablement dans les dix ans qui viennent.

Pour autant, cette "marche en avant" est avant tout une réponse à une crise économique exceptionnelle. Ce n'est qu'en partie une réponse de nature politique ou "stratégique". Sauf, bien sûr, les préoccupations (tout autant politiques qu'économiques) pour ne pas laisser à l'ultra - périphérie les États du Sud. Le débat, d'ailleurs, ne fait que commencer sur le risque - ou le souhait- d'avoir une Europe à 2 vitesses : Union ou "Zone euro".

 Cependant - tout au moins dans les 3ème ou 4ème cercles d'opinion- une réflexion me paraît absente: quelle attitude à l'égard de l'Ukraine? Certes, certains diront que le régime n'a pas encore fait preuve d'ouverture démocratique, que Mme Ioula Timochenko végète dans sa cellule (ou bien étroitement surveillée dans un hôpital). Certes. Cela peut ne pas enthousiasmer plusieurs pays de l'Union (dont l'Allemagne) et l'on peut considérer que l'association à l'Union peut encore traîner...rien ne presse pense-t-ils. 

Sauf que pendant ce temps la Russie va de l'avant avec son projet d' Union eurasienne avec le Belarus et le Kazakhstan...et, pense-t-elle, avec l'Ukraine d'ici peu .Faute d'avoir pu ou su amarrer Kiev à l'Union, cet Etat peut voguer vers d'autres horizons. Je ne sais si c'est ce que nous voulons.

 Évidemment, pour l'heure,nos préoccupations sont économiques et les citoyens de l'Union ne voient dans le court terme d'autres enjeux que l'emploi, les mesures de rigueur etc...Cela dit, le problème se pose en termes plus "stratégiques": quelle Europe voulons-nous? Celle du Général de Gaulle (de l'Atlantique à l'Oural)? ou bien une Union pugnace, plus resserrée et plus affirmée...autour de la Zone euro?

 Au fond, je ne sais. Sauf à considérer que les choix devront,un jour,se faire et qu'il ne faut pas trop tarder.
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NB- La question se pose d'une coexistence en Europe de deux "Unions" : l'une à dimension politique (de l'Atlantique à l'Oural), l'autre d'une Union plus resserrée et plus intégrée , celle de la "Zone Euro" qui en serait le noyau. A cet égard, je trouve pour le moins ridicule la suggestion de certains de pousser le Royaume-Uni hors de l'Union. Une Union politique sans Londres serait moins une rose sans épine qu'une fleur sans étamines.

vendredi 19 octobre 2012

UMP : Fillon ou Copé ?

Ce ne sont pas mes "affaires" et j'ai un peu hésité à écrire ce post. Mais , à la veille du Week-end, il faut bien se détendre...

En clair : pour moi, les "patronages " ne font pas de doutes. Il y a un ''axe'' Nicolas Sarkozy- Brice Hortefeux- Jean-François Copé et (comme on vient de le voir ce soir )... Henri Guaino. En dépit de la complicité Claude Guéant/Nicolas Sarkozy , la récente prise de position de l'ancien ministre de l'intérieur en faveur de François Fillon ne m'étonne guère en raison de la fibre "gaulliste" (ou au moins ''gaullienne'') de l'ex-Secrétaire général de l’Élysée.

 Quant à moi, avec tout le respect que j'ai pour le Général de Gaulle et sa mémoire, je n'oserai faire parler ses mânes. Je note seulement que François Fillon demeure peu ou prou dans une tradition "gaullienne" inscrite dans ses gènes et que Copé , équilibriste, navigue entre récifs et clochers.

A qui va ma préférence ? je n'en ai cure sauf à considérer au passage que l'un me semble avoir le caractère et la vision d'un possible homme d’État, l'autre,astucieux, cherche encore - comme tout renard - le bon terrier (et la portée de lapins qui va avec).

Paradis fiscaux : entre louvoiements et inaction

Je me suis étonné cette semaine que le gouvernement décide, finalement, de ne pas inclure les œuvres d'art dans l'assiette de l' I.S.F. Il paraît que cela aurait pu nuire à la "Place de Paris". Cela nuit surtout à la cohérence et à la crédibilité des Pouvoirs publics en période de crise: les œuvres d'art sont autant de "paradis fiscaux". Il aurait été pourtant aisé de distinguer les œuvres d'art "patrimoniales" (dans les familles depuis des générations) des achats d'opportunité pour échapper à l’impôt. Bref, un couac de plus assez troublant.

Mais j'ai fait un bond lorsque j'ai appris (1) que de considérables capitaux grecs avaient été "prendre l'air" dans les banques suisses : 200 milliards d'euros ! Cette somme équivaut à 60 % du PIB de la Grèce et représente 40% de toute la dette publique de ce pays. Au moment où le peuple Grec est à genoux , cette évasion fiscale est tout aussi troublante (et bien davantage) que l'exonération des "Paradis fiscaux/œuvres d'art". Le gouvernement grec (qui a connaissance de cette évasion fiscale) saura-t-il réagir? Le pourra-t-il?

Il est grand temps que l'Union (et singulièrement la "zone euro") revoie sa fiscalité  au moment où la rigueur (ne parlons pas d'austérité) est considérée comme indispensable pour sortir de la crise économique . 

Un peu plus d'équité est sans doute nécessaire . Elle passe par le "toilettage" des Paradis fiscaux : les " îles Caïmans " sont plus nombreuses que ce que l'on imagine et il est peut-être temps de mettre le nez - sinon le bras - dans ce marigot.

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(1)  Ignacio Escolar  : "La crisis en 100 apuntos." (P 217etc...) Éditions Debate. Barcelone 2012.

mercredi 17 octobre 2012

Moyen-Orient/Iran : l' heure de vérité

Tout le monde (ou à peu près) sait que l'Iran possède les connaissances scientifiques lui permettant de fabriquer une bombe atomique. Les documents qu'ont pu compulser en 2006 les experts de l'A.I.E.A. ne laissent guère de doutes : ils contiennent des indications précises quant au moulage de l'uranium métal (permettant de réaliser les 2 demi-sphères). Cela dit, il y a un assez large écart entre le "savoir" et le "savoir faire". 

Mais il s'agit d'une "épée de Damoclès" qui n'est pas acceptable . Ce n'est pas - notamment - supportable pour Israël et il ne fait pas de doute que d'autres États du Moyen-Orient s'engageraient alors dans une course proliférante si l'Iran possédait l'arme atomique. L' Arabie Saoudite et aussi l’Égypte trouveraient probablement (comme le Pakistan dans les années 1975/80) de généreux "facilitateurs". 

Il semble que "l'heure de vérité" pourrait comporter 4 importants "quart d'heures"

a) ratification par l'Iran du Protocole additionnel à l'accord de garanties conclu avec l'A.I.E.A (protocole signé en 2003 mais toujours pas ratifié). Ce serait là un signe tangible de bonne volonté et de transparence.

b) participation et propositions lors de la Conférence d'Helsinki de décembre 2012 sur la création d'une Zone Exempte d'Arme Nucléaire (Z.E.A.N.) au Moyen-Orient. La reprise des négociation avec les 5+1 d'ici fin novembre devrait préparer le terrain.

c) renoncement à l'enrichissement de l'Uranium dès avant le seuil de 20% en échange d'un accord lui garantissant la fourniture de matière fissile (UHE) pour la production d'isotopes médicaux (réacteur de Téhéran). Mais seulement à la hauteur des besoins de ce réacteur de recherche.

d)  clarification de l'usage du réacteur à eau lourde d'Arak à même de produire du plutonium à partir du seul U 238.

Le Président Ahmadinejad devant achever son mandat en juin 2013, il lui appartient de donner d'ici là des gages tangibles de bonne foi : c'est désormais son heure de vérité.
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NB- J'ajoute que la signature du T.N.P par Israël (seulement lié par un"accord de garantie" limité avec l'A.I.E.A.) serait plus que bienvenue. Seuls l'Inde, le Pakistan, Israël (parmi les États possédant l'arme nucléaire) n'ont pas signé le T.N.P avec, bien sûr, la paranoïaque Corée du Nord qui l'a quitté en 2003 avec "armes et bagages".

samedi 13 octobre 2012

Moyen-Orient: quelle stratégie américaine?

Le Moyen-Orient est devenu une poudrière et certains n'hésitent pas à comparer la situation à celle des Balkans avant 1914. Certes, il n'y a pas d'alliance formelle comme à l'époque de la Triple Entente et de la Triplice. Pour autant, la Russie et la Chine observent. Mais se contentent-elles d'observer? 

A la différence de la situation à la veille de 1914, on a le sentiment qu'intérêts politiques , commerciaux , stratégies industrielles sont intimement mêlés. D'où la difficulté que nous avons à décrypter une situation porteuse à la fois d'élan démocratique mais aussi de haines et de rivalités. Puissions nous éviter de connaître les épisode sanglants d'une nouvelle "Terreur", celle de 1793...D'autant plus que les missiles ont, désormais, remplacé haches et fourches.

Évidemment - comme l'indique notamment Mme Clinton - la démocratisation est une nécessité pour le Moyen-Orient. Comment pourrait-on dire le contraire? Mais encore faudrait-il que ce souffle démocratique soit partagé par l'ensemble des États du Moyen-Orient. Certes, cela concerne la Syrie, l'Iran, probablement aussi la Jordanie mais, tout autant,les autres régimes autoritaires producteurs de pétrole. Miraculeusement la plupart d'entre eux sont épargnés par le ''printemps'' arabe ou bien dans tel Émirat les rebellions sont rapidement réprimées. Le Golfe - et le pétrole- génèreraient-ils une sorte de saint Chrême? 

 Je ne doute pas de la bonne volonté des États-Unis et , en dépit des évènements actuels, j'ose espérer que la démocratisation est en marche . C'est un vœu. Ce mouvement vers plus de liberté, de solidarité, d'égalité des sexes est celui (puis-je en douter?) soutenu par l'Amérique (1). C'était en tout cas la doctrine du '' Grand Moyen Orient '' qui a accompagné ou précédé le ''printemps Arabe''.

 Mais si stratégie il y a, conjuguant démocratisation et aussi ''garanties'' pétrolières je me dis que les plateaux de la balance doivent être de poids équivalent. La démocratie ne pèse pas moins près des champs de pétrole.

 J'espère que la stratégie américaine est celle de la recherche d'une véritable démocratie dans le Moyen-Orient et que, dans ce bouillonnement de cultures, une impulsion sera donnée au projet de création d'une Zone Exempte d'Arme Nucléaire (ZEAN) au Moyen-Orient. Si les cartes sont mises sur la table à la conférence d'Helsinki, il serait curieux (et aussi tragique) de voir tels ou tels États s'y opposer. Cela est loin d'être incompatible avec le processus de démocratisation que revendiquent, à juste titre, les États-Unis.

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(1) cf.  Donald Rumsfeld à l’hebdomadaire Valeurs actuelles (1er Novembre 2002):
"il n'y aura pas de victoire (contre le terrorisme ) sans démocratisation...Le maintien des modes traditionnels de vie devient de plus en plus problématique : les populations concernées cherchent à bénéficier en même temps des avantages de la civilisation moderne. C'est dans cette situation ambigüe , intermédiaire, où le monde traditionnel sert toujours de référence et où le monde moderne n'est pas encore en place, où le ressentiment est généralisé, que naît l'interprétation extrémisme de l'islam" (entretien accordé à Michel Gurfinkiel ).

lundi 8 octobre 2012

Qatar : un Etat philanthrope ?

Les investissements du Qatar en France (et aussi un peu partout en Europe) sont importants et nous n'avons pas - a priori - à faire la fine bouche. Au nom de quoi empêcherait-on d'ailleurs ce richissime Émirat d'investir? Sauf, bien sûr, s'agissant de secteurs stratégiques (comme le nucléaire). 

Ainsi, le Qatar fait son marché : immobilier, prises de participation, club de football etc...Et, il y a quelques semaines, a été officialisé un Fonds investissement pour les banlieues doté de 150 M d'euros. Ce fonds a pour objet d'aider à la création d'entreprises dans ce que nous appelons pudiquement "les quartiers". 

Il est possible que cet investissement (à la différence des autres) relève de la pure philanthropie et que l’Émirat n'attende pas un "retour sur investissement". D'ailleurs pourquoi se méfier puisque le Qatar a su , à droite comme à gauche, se créer un réseau de "meilleurs amis"?

 On dira évidemment que nous ne pouvons avoir que des relations amicales avec un Etat si richement doté par la nature de considérables réserves de gaz et d'un non moins considérable (85Milliards$) Fonds d'investissement souverain (Qia).

 Il n'empêche : tout le monde (ou à peu près) connaît les liens étroits (religieux et financiers) que le Qatar entretient avec les Frères musulmans dont on sait que l'application de la chari'a est l'un des objectifs. Il n'est pas, non plus, incongru de s'interroger sur l'aide apportée par l'Émirat aux mouvements islamistes au nord-Mali. Altruisme?

Mais ne faisons pas de procès d'intention sauf à apparaître comme farouchement sceptique. Je souhaite ardemment que le Fonds d'investissement banlieues relève de la pure philanthropie...

Pourquoi douter? Les "meilleurs amis" de l’Émirat sont là pour nous assurer que toute idée préconçue est hors de propos. Je le crois volontiers puisque des hommes et des femmes au-dessus de tout soupçon nous l'assurent.
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NB- Dans un article récent (inspiré par qui?) vu sur le net, les Français -selon les Qatari-  seraient racistes et encore empreints d'une idéologie colonialiste (sic). Cet article plaidait l'action totalement désintéressée (resic) du Qatar en particulier dans les "quartiers". .. Qu'il en soit ainsi !

mardi 2 octobre 2012

Iran/nucléaire : Uranium enrichi à 20 % ou 70% ? Où est la vérité?

Difficile d'y voir clair dans le programme nucléaire iranien : à l'Assemblée Générale des Nations Unies, le Premier ministre israélien vient d'affirmer (croquis à l'appui) que l'Iran enrichissait désormais son uranium à hauteur de 70% c'est-à-dire près du seuil de 90 % (qui est le niveau d'enrichissement nécessaire pour fabriquer une arme atomique). Cela m'a surpris , cette information n'ayant - à ma connaissance - été donnée par aucune autre source. S'agissant, en particulier, du site controversé de Fordo (sous une montagne,près de la ville sainte de Qom), on a évoqué une production d' U enrichi à 20 %.

 Dans le même temps M.Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur iranien auprès de l'A.I.E.A. aurait indiqué que son pays accepterait de ne pas aller au-delà d'un enrichissement à 20% (compatible avec les isotopes requis pour la recherche médicale) si l'Occident levait les sanctions économiques.

Je pense que ces propos - s'ils ont été correctement rapportés- ne sont pas tombés "dans l'oreille d'un sourd" : est-ce une piste de négociation?  Ce point est à explorer.

Par contre si l'Iran en est au seuil de 70% comme le prétend le Premier ministre israélien, on est dans un "jeu de dupes".

 Alors, qui dit vrai?

L'A.I.E.A. doit savoir : 20% ou 70 % ? La différence est essentielle.

 Cela d'autant plus que filtrent en ce moment des rumeurs (réalité ou "intox"?) selon lesquelles l'Iran pourrait enfin ratifier le Protocole additionnel à l'Accord de garanties (A.I.E.A), document signé en 2003. Mais tout cela demande à être vérifié , recoupé, décrypté ... tant le double langage est désormais devenu la règle. D'où l'intérêt de l'approche "conférence d'Helsinki" sur la dénucléarisation du Moyen-Orient (en décembre) qui devrait permettre de mieux cerner le jeu (double jeu ? ) des acteurs.

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NB- Je me demande pourquoi M.Netanyahou a marqué d'une ligne rouge le seuil de 90% : si le seuil de 20% d'enrichissement de l'U est sensiblement dépassé cela signifie que le programme nucléaire est ostensiblement à vocation militaire. Si "ligne rouge" il y a ce n'est pas à 90 % mais bien avant. C'est là la différence entre la bonne foi mise en avant par l'Iran et l'éventuelle mauvaise foi. (A moins que les 70 % se réfèrent au chemin "virtuellement" parcouru et non au degré d'enrichissement).


lundi 1 octobre 2012

Espagne/austérité : ils dorment dans des boîtes en carton...

Des dizaines de personnes dorment dans des cartons : pourtant ce ne sont pas des SDF que j'ai vus à Madrid : Hommes,femmes, enfants se couvrent de cartons pour s'abriter pendant la nuit sous les arcades de la Plaza Mayor. En plein jour, j'ai vu la tête d'une femme surgir d'une boîte en carton. C'était là sa "maison"...C'est bien la première fois que je vois , en Espagne , la misère ainsi apparente.

 Pendant ce temps , 3000 personnes manifestaient leur colère et leur peur devant le Parlement, près de la Place de Neptune. Il faut dire que le gouvernement de M. Mariano Rajoy en est à son énième plan de rigueur (coupes sombres dans les budgets de la Santé, de l’Éducation... et même une taxe sur les gains à la loterie nationale). 

L' Espagne souffre: des milliers de familles ont été jetées hors de leur appartement, ne pouvant rembourser les prêts hypothécaires largement octroyés par les banques avant la crise. Non seulement les banques ont récupéré leur appartement mais ces pauvres gens doivent rembourser intégralement le montant de leur prêt majoré des frais de justice...Les banques s'engraissent tout en dégraissant! Aberration.

 Cela n'empêche pas les madrilènes de paraître gais. Je dis bien, de paraître. A deux pas de la Plaza Mayor (le coeur de Madrid), la Puerta del Sol est noire de monde : Les madrilènes tentent d'oublier la crise tout en sachant que nombre d'entre eux sont sur le fil du rasoir, pouvant à tout moment perdre leur emploi.

 Ils me disent que l'on a trop aidé les banques, que l'on a fait preuve de trop de mansuétude à leur égard alors même que ces banques n'ont aucun scrupule à jeter des familles à la rue tout en les obligeant  à  rembourser leur crédit . Pourtant leur appartement ou leur maison leur ont été repris...

Le gouvernement espagnol tient le cap de la rigueur mais les madrilènes sont las de ne pas voir la moindre lueur d'espoir. Comment marier austérité et croissance, rigueur et créations d'emploi? Les "oubliés" (qui n'ont plus la force d'être "indignés") de la Plaza Mayor ne font plus de rêve : ils se heurtent aux parois de leur maison...en carton.