Et Prigojine "fila à l'anglaise"...

 

Sans faire de bruit Prigojine - chef de guerre mais non pas homme d'Etat - disparut des écrans et des réseaux . Que retenir de cette offensive d'un "condottiere" ? Certainement la fragilité du pouvoir russe et , tout autant , l'impotence de son armée aux prises avec des dissensions diverses . 

L'autre considération - tout aussi importante - est que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a agi comme un révélateur . Sont apparues en négatif les failles du pouvoir . Prigojine , avant de quitter - provisoirement - la scène a été l'agent révélateur (et perturbateur) d'une Russie qui se cherche et qui hésite entre occident et orient (via la Turquie et avec "l'amitié sans faille" de Xi Jinping...) . 

L'épisode du week end dernier ressemble à une farce (dont les dindons seraient , hélas, les populations russes) .

Rififi à Matignon

 

Des échos parviennent en sourdine de divers horizons qui - tels un sonar - amplifient les bruits de fond qui règnent à Matignon .  Le cabinet de la Première ministre prendrait l'eau ...et semblerait prêt - tel le Titan - à imploser à bas bruit .  Elisabeth Borne aurait du mal à rebondir et ses valises (disent certains) seraient quasi prêtes .

Ses proches - dit-on - n'osent plus l'approcher tant ils appréhendent ses colères et son peu d'aménité . Bref , Matignon semble un fief à prendre ...ou à négocier avec , en toile de fond , les élections européennes de 2024 . 

L'Elysée referait les comptes en se demandant s'il convient de presser , tel un citron , l'hôte de Matignon . Emmanuel Macron a ,en fait , d'autres chats à fouetter et laisse , pour l'heure , un "cerbère" à Matignon ...quoi qu'en disent les cabinets ministériels qui anticipent une redoutable - ou excitante - "chasse à courre" .

Senatus populusque ...

 

Le Général de Gaulle avait, en 1969, le Sénat "dans le collimateur" au point qu'il se demandait si la Haute assemblée représentait encore le Peuple français ou si elle  n'était qu'un "lobby" de la France "du seigle et de la châtaigne" . Son sentiment serait aujourd'hui tout autre en constatant que le Sénat , notamment au travers de ses commissions d'enquête , participe réellement à l'équilibre des pouvoirs . De Gaulle , c'est vrai aussi , s'en mordrait les doigts et Gaston Monnerville s'en réjouirait .  

Quoi qu'il en soit la vigueur et la rigueur des commissions d'enquête du Sénat (comme on a pu le constater ce matin lors de l'audition de Marlène Schiappa) sont le symbole d'une démocratie assumée , loin des silences des régimes totalitaires . 

Ce nouveau rôle du Sénat comme gardien "du temple" ne fait pas de l'ombre au Conseil constitutionnel . Il tire dans le même sens ...au nom du peuple (populusque ...)

Iran nucléaire : quelles garanties ?

 

Un vent de paix souffle sur le Moyen-Orient venant de Riyad et du Golfe persique avec , sous-entendue , l'aide de la Chine . Il reste cependant à stopper le risque de conflit entre l'Iran et Israel . Au centre du risque il y a le nucléaire (après la dénonciation de l'accord de 2015 par D. Trump et la reprise de l'enrichissement d'uranium par Téhéran ) .

 Au cœur des négociations en cours ou à venir , il y a le nucléaire militaire lié au degré d'enrichissement (plus de 80 %) mais aussi à la confection de la tête nucléaire équipant le missile . C'est sur ces points qu'il conviendrait d'être prudent (portée des missiles balistiques et de leur armement ) et de définir une vraie ligne rouge .

 Apparemment Washington souhaite un vrai accord (mieux "ficelé" que celui de 2015) . Téhéran de son côté souhaite que prennent fin les sanctions financières et commerciales qui paralysent le pays . Les 2 perspectives peuvent se rejoindre si les Etats-Unis et l'Iran y mettent "du leur" ...et la Chine , "du sien" ...Riyad aidant .

Vers un axe Riyad / Pékin

 

L'Arabie Saoudite - et son prince héritier particulièrement - joue à fond la carte chinoise . C 'est la conséquence d'un retrait progressif des Etats-Unis du Moyen-Orient : au moment où les USA se tournent vers la Chine et l'Indo-Pacifique   , la Chine - elle -  se tourne vers le Moyen-Orient et la méditerranée .

La géopolitique n'est-elle que la recherche de nouveaux équilibres ? Quoi qu'il en soit c'est Pékin qui a appuyé (et accompagné) la reprise de relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite : l'ambassade vient d'ailleurs juste de rouvrir mardi dernier , 6 juin . 

Dans cette situation apaisée (grâce à la Chine et - il ne faut pas l'oublier - grâce aux "accords d'Abraham " de l'ère Trump ) une incertitude demeure : le "dossier " Palestinien . L'Iran mettra-t-il de l'eau dans son vin ou demeurera-t-il  ferme dans son soutien aux mouvements radicaux ? Riyad pèsera ou non sur la position de Jérusalem /Tel Aviv ? Paradoxalement une part de la réponse se trouve à Pékin ...quelque part à l'ouest de la Cité interdite .

George Orwell : taxer les bassins à poissons ?

 

Ma voisine Odette , 72 ans , est toute retournée : l'administration fiscale aurait constaté - grâce à un drone , un hélicoptère ou un satellite - qu'elle possédait une piscine et qu'elle était sûrement imposable . En fait , ce n'est pas exactement une piscine mais plutôt une sorte de pataugeoire d'une dizaine de mètres carrés . 

Odette vit modestement et s'interroge : pourquoi le gouvernement ne s'en prend-t-il pas plutôt aux paradis fiscaux et aux  vrais fraudeurs ...non pas à ceux qui ont une "pataugeoire " ? Elle me dit "mi-figue mi raisin " qu'elle va retirer de son jardin une table de ping-pong (dont profitent ses neveux ) de peur que - photos à l'appui - elle ne soit bientôt taxable ...(1)

Odette décidemment est en verve ( ou bien très contrariée ) car elle réprouve que l'on s'en prenne au "menu fretin "  plutôt qu'aux gros poissons . Je la rassure : Bruno Le Maire va , aussi , à la "pêche aux gros " ... la preuve :  les drones tournent au-dessus des ports de plaisance !

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(1) Ne serions-nous pas à l'heure de George Orwell  et de Big Brother , celle d'une surveillance généralisée aussi bien dans l'espace privé (un jardin) que dans l'espace public ? 2024 annonce-t-elle le "modèle" 1984 avec seulement quelques années de retard? Cela pendant que la CNIL dort sur ses deux oreilles ...

Décivilisation : un mal français ?

 

Depuis qu'Emmanuel Macron a utilisé le mot "décivilisation" (emprunté à Jérôme Fourquet) les commentateurs s'interrogent . Comme l'indique J. Fourquet (cf. Le Point n°2652 du 1/06/2023) il s'agit d'une montée en puissance ,  en France , de la violence "tous azimuts" ( dans les lycées et collèges , à l'égard des maires, des policiers , des pompiers etc...) . Et Jérôme Fourquet de conclure à une crise de l'autorité et à une fin des "rites" civilisationnels (d'où la "décivilisation" en cours qui serait - ni plus ni moins - qu'une déconstruction de notre civilisation). 

Mais E.Macron tout comme J. Fourquet oublient une chose ( ou ne l'évoquent pas) : la comparaison avec nos pays voisins . Ainsi, pour bien connaître l'Espagne et en y ayant de la famille, rien ne me remonte sur des violences systématiques (à l'égard des "autorités" ou dans la société civile ) . Rien de cela , non plus au Royaume-Uni . 

La cause de la montée de la violence en France est à rechercher dans la fragmentation sociale de notre société qui gomme les valeurs traditionnelles de respect et/ou d'entraide . La fragmentation que nous vivons ici touche l'ensemble des "modèles" : culturels, religieux , comportementaux , familiaux etc.. Et je ne pense pas qu'il faille chercher plus loin ...sauf à susciter une récupération par le Rassemblement National . Mais, on le sait , l'arbre cache souvent la forêt ; surtout si l'on évoque des problèmes sociétaux . A la différence de  Roland Garros , le risque est de trop bien renvoyer la balle .Chut ?