mardi 30 janvier 2018

L'Espagne duale



La Catalogne n'était pas la première préoccupation du chauffeur de taxi qui me conduisait il y a 3 jours dans les rues de Madrid : Puigdemont es un payaso  ("Puigdemont est un clown") me disait-il . 

En revanche le chauffeur de taxi m'a parlé des "deux Espagne" : celle des personnes aisées et celles que j'ai vues  avaler une soupe devant une " Casa para todos " (Maison pour tous) dans un quartier (celui de Chuecas) qui fait lien entre la zone cosmopolite de la Gran Via (les "champs Elysées " madrilènes)  et le quartier huppé de Salamanca et de Serrano  . 

Dans ce quartier les voitures de luxe (et les restaurants sophistiqués) abondent . Madrid ici ressemble au quartier anglais de Kensington. La crise semble avoir été ignorée et les soupes populaires font "mauvais genre" . D'ailleurs je me demande si le leader d'extrême gauche, Pablo Iglesias s'y est jamais aventuré. 

A un journaliste étranger qui me demandait où se trouvait le Tribunal Supremo  (1) j'ai eu envie de lui parler de ces  "deux Espagne " pour lui suggérer un reportage . Mais je me suis dit que - Français - je n'avais aucune légitimité pour ergoter à propos des contrastes entre la "Maison pour tous" / soupe populaire et les potages bio du quartier de Salamanca . 

D'ailleurs le journaliste vénézuélien était à l'affût de Puigdemont et Puigdemont n'était pas (je l'aurais reconnu) dans la file indienne de ceux qui attendaient la soupe ...à la Maison Pour Tous . Pourtant le chauffeur de taxi m'avait bien dit que M. Puigdemont n'allait pas tarder,  lui aussi, à aller à la soupe ...

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(1) Le Tribunal Supremo , plus haute juridiction espagnole , se trouve Plaza de Paris, à deux doigts du consulat de France .

mardi 23 janvier 2018

hyper-présidence et "solitude" ministérielle


Le président Macron est - comme le furet de la fable - partout à la fois : c'est probablement sa force car il ne laisse aucun espace à l'opposition : même la plus "insoumise" semble avoir épuisé tous les stratagèmes de communication y compris les hologrammes  .

Qui se plaindrait d'ailleurs des initiatives d'Emmanuel Macron pour ragaillardir l'Union européenne , convaincre les chefs d'entreprise ou jeter un "pont japonais"en direction de la Chine ?

En revanche l'hyper-présidence a son revers : le premier ministre quelque sérieux et appliqué qu'il soit demeure peu visible par absence , peut-être, de marge de manœuvre .  N' étant pas la doublure du président, il lui reste à se tailler un costume . 

La Garde des sceaux , bien seule en ce moment , doit amèrement le constater .

samedi 20 janvier 2018

2040 : les cartes rebattues



2040 est le terme que se fixe Xi Jinping pour accomplir le "rêve chinois " : la Chine devenue première puissance mondiale renouerait alors avec la gloire impériale et réaliserait la version chinoise du "rêve américain" (société d’hyper-consommation en moins et valeurs confucéennes en plus) . 

Face à cette échéance - bien que lointaine - des analystes, sinologues et commentateurs divers s'interrogent : la Chine est-elle portée - comme les Etats-Unis - par un courant messianique , celui de la "destinée manifeste" américaine, courant  hégémonique qui amènerait à des confrontations  ?

La montée en puissance de l'armée populaire chinoise (parité avec les USA vers 2035)  montre que le probable leadership économique chinois ambitionne aussi de se décliner en "hard power". D'où deux hypothèses :

1-Se préparer à faire front avec un bloc Inde - Japon - USA ....A moins que l'Europe (au sens large avec Russie ) n'émerge et ne se positionne comme puissance du "Milieu".

2- Considérer que la Chine serait alors vieillissante et dépassée par l'Inde (ce qui est déjà le cas sur le plan démographique). Son "imperium" se limiterait à l'Asie centrale et du sud-est et ses efforts consisteraient à desserrer l'endiguement américain. 

Cette dernière hypothèse n'est probablement pas ce qu'envisage Xi Jinping dont le "rêve chinois " vient d'alimenter et de tenir bien éveillé le 19 ème Congrès du parti communiste chinois . Jusqu'en 2040 ?

vendredi 19 janvier 2018

Catalogne : vers une présidence virtuelle ?



C'est un casse-tête pour les juristes espagnols : M. Puigdemont semble envisager de solliciter son investiture par visio-conférence depuis Bruxelles afin d'échapper à la prison où il irait dès son retour.

Les "letrados" du parlement catalan  épluchent en ce moment les textes afin de vérifier si - comme l'on dit à Madrid - une "Présidence Télématique " de la région autonome de catalogne est ou non acceptable . 

Dommage que la remarquable Inès Arrimadas , chef de file du parti Ciudadanos (1) de Catalogne (qui a remporté les élections en nombre de voix) n'envisage pas de se présenter : à quatre ou cinq voix près elle pourrait obtenir l'investiture... en étant, elle, présente "en chair et en os"pour présenter son programme devant le parlement catalan.

La différence entre les deux (Puigdemont et Arrimadas) tient à ce que le premier n'obtiendra jamais l'indépendance catalane et que la seconde n'envisage évidemment pas de la demander ...


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(1) parti de centre droit dont le leader espagnol est Albert Rivera . Ciudadanos est le parti majoritaire en catalogne (bien devant le PSOE socialiste, Podemos d'extrême gauche ou le Parti Popular, droite...)

jeudi 18 janvier 2018

NDDL : reculade ou " repli stratégique " ?



Au delà de sa dimension passionnelle l'abandon du projet de l'aéroport "Notre-Dame-des-Landes" par le gouvernement interpelle : Comment un président s'arc- boutant sur l'affirmation "je fais ce que dis " (1) a-t-il pu cautionner ce qui est perçu par certains comme une reculade du gouvernement ?

Evidemment on dira qu'il s'agit d'un projet régional mais il a acquis  une dimension nationale puisque il met en évidence la capacité ou non des pouvoirs publics à faire prévaloir l'intérêt national . Dans ce contexte il était légitime que nos concitoyens puissent se faire une opinion.

Or , force est de constater que les Français n'ont eu droit , pour comprendre,  qu'à des sons de cloche en ignorant la partition musicale  . Il est dommage que l'ancienne DATAR n'ait pu se faire entendre . Sur un dossier complexe et technique elle aurait pu donner un avis qui échappe au citoyen lambda .

Au moment où les "Zadistes" croyant avoir gagné la partie envisagent ailleurs la même mise en scène (Larzac, chèvres, économie de troc, etc...) il est utile d'avoir une boussole permettant de passer outre les barrages routiers improvisés....et de guider à l'occasion de "replis stratégiques ".

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(1) Emmanuel Macron avait , à plusieurs reprises, pris position en faveur de ce projet durant la campagne électorale en arguant de la consultation démocratique et des décisions de justice.

samedi 13 janvier 2018

Etats-Unis : nos meilleurs alliés ...pour l'instant



Le détricotage par Donald Trump de la politique de son prédécesseur , Barack Obama , amène (au-delà de l'improbable et parfois incongrue personnalité de l'actuel président) à se poser la question de la pérennité et de la crédibilité de nos alliances . Entre un bloc euro-asiatique qui semble se mettre en place (Russie, Chine) et un bloc occidental qui se lézarde faudra-t-il un jour choisir ou bien faire émerger une nouvelle alternative ?

Bien sûr ce n'est pas pour demain : la question se posera réellement d'ici 15 ou 20 ans lorsque la Chine sera a parité avec les Etats-Unis et que le positionnement de l'Inde sera clarifié . Il faut , par ailleurs, dépasser les affects et  la personnalité ébouriffante de M. Trump dont le mandat n'a qu'un temps . 

Le "monde occidental" possède , au-delà des alliances , une réalité en dépit de l'uniformisation des comportements. Mais,au sein de cet ensemble, l'Europe est - tout autant que Washington , New York ou Los Angeles - porteur et moteur d'une civilisation occidentale . Entre l'Eurasie et le continent américain l'Union européenne est une réalité qui politiquement prend forme.

Pour l'heure les Etats-Unis demeurent nos meilleurs alliés . Mais il n'est pas interdit de garder un oeil ouvert sur le "rêve chinois " ...à toutes fins utiles .

vendredi 12 janvier 2018

Ryanair : une "aventure" à petit prix



Le nom de Ryanair renvoie aux avantages du "low cost"  qui ouvre - pour les moins argentés -  de nouveaux horizons . Mais ils comportent aussi des désagréments : retards , annulation de vols , bagage à main mis en soute . Bref l'aventure commence dès avant l'embarquement .

Cela renvoie à notre société de consommation et à ses chimères : un "nouveau monde" apparemment ouvert mais où l'individu courbe l'échine sauf à payer les multiples suppléments de ses aises (ou de ses rêves)  .

Car l'aventure (même low cost ) a un prix :  Heureux qui comme Ulysse ... a pris - à l'avance - un billet "premium" chez Ryanair .

mardi 9 janvier 2018

Wauquiez / Le Foll : Hors de combat ?


La droite (Laurent Wauquiez) et la gauche (Stéphane Le Foll, Olivier Faure) tentent de réunir leurs troupes mais le clairon a du mal à retentir et semble plutôt sonner la retraite que la charge . 

Depuis la Chine Emmanuel Macron n'en a que faire : le message politique délivré va au-delà des chicanes partisanes . La préoccupation est "civilisationnelle" : quelles relations entre la France - Europe et la Chine ? Une nouvelle donne peut-être, profitant de l'extinction de voix américaine . 

Pendant ce temps le ring dans lequel s'ébattent au sein de leur camp  L. Wauquiez /S.Le Foll et  O . Faure) paraît si étroit que l'arbitre  crie  "hors de combat " ... au son d'un gong qui vient de Chine  .

dimanche 7 janvier 2018

Qui a peur de Donald Trump ?



Les Etats-Unis semblent rejouer la pièce de théâtre "Qui a peur de Virginia Woolf ? " tant les amitiés politiques se défont au gré des "révélations " journalistiques  sur les rivalités au sein de l'appareil d'Etat . Il est vrai que les récents tweets du Président Trump ont une étrange connotation : Est-il , comme il le prétend, un génie et un homme exceptionnel ou bien joue-t-il la provocation ?

L'un de mes amis me remémore l'épisode d'octobre 1961 lorsque l'URSS initia le blocus de Berlin : On soumît à l'époque au Président Kennedy plusieurs options dont une option nucléaire de "premier degré " détruisant des bases de missiles et une option de "second degré " dans laquelle les victimes civiles auraient été considérables  . Le Président Kennedy écarta d'emblée ces options . 

En serait-il de même - dans un contexte géopolitique différent - si un président équilibriste menaçait d' appuyer sur son "plus gros bouton" ? Il est certainement politiquement incorrect de poser la question mais la poser - bien qu'incorrect - est probablement légitime car cela - autant que le réchauffement climatique - concerne notre monde .

mardi 2 janvier 2018

Iran : déstabilisation ?


Le caractère spontané et imprévisible des manifestations interpelle d'autant plus qu'elles tournent à l'émeute et font plusieurs victimes . Certains font état de mouvements orchestrés depuis l'extérieur : Pourtant il paraît difficile de soulever des foules en une douzaine de villes différentes et cela en même temps . Quelle coordination ?

Cela étant , trois Etats au moins doivent se réjouir (au delà de l’affliction envers les victimes) : les Etats-Unis, Israël, l'Arabie Saoudite . Car si la situation intérieure en Iran se dégradait elle ne pourrait s’accommoder d'une ambition de leadership au Moyen-Orient : En effet on ne saurait concevoir un Etat tentant d'asseoir une prééminence régionale alors qu'il serait contesté en son intérieur.

 L'Arabie Saoudite, on peut le supposer, observe ...sous le regard des Etats- Unis ?