vendredi 27 septembre 2019

Chirac : Requiem pour un " homme bien "



Comme d'autres sans doute , je veux apporter ma (petite) pierre aux hommages qui pleuvent en ce moment sur le Président Chirac . Au delà de la nostalgie et des affinités politiques il y a - cela a été dit et redit - l'homme . 

A titre d'exemple (un parmi d'autres) je me souviens de l'appel téléphonique de Jacques Chirac alors que j'étais en poste en 1995 à la préfecture de région du Limousin  .  Le Président , inquiet , appelait depuis l'avion qui le ramenait à Paris : il voulait s'enquérir de l'état de santé du fils de l'un des membres de son cabinet qui venait d'avoir un grave accident de circulation . Il a demandé qu'on le tienne personnellement au courant et a , lui-même , téléphoné à deux reprises .

Certains de ses proches ( ceux du "petit cercle " autour de son ex-directeur de cabinet à l'Elysée) ont brossé avec discrétion son caractère . Je retiens pour ma part son regard capté à 2 ou 3 reprises : un mélange de hardiesse, de curiosité et - paradoxalement - d'une pointe d'inquiétude   .

C'était Jacques Chirac ...

mardi 24 septembre 2019

Greta Thunberg en "surchauffe" ...



La jeune Greta a interpellé , au siège de l'ONU , les dirigeants politiques mais elle a dérapé en opposant préoccupations environnementales et développement économique : c'était là une reprise du  langage utopique du Club de Rome en 1970 , celui du souhait d'une croissance zéro à l'époque où la croissance dépassait les 6 % . 

Tel n'est plus le cas aujourd'hui puisque la croissance mondiale n’excédera pas 3 % . D'ailleurs , à défaut de croissance , les plans de lutte contre la pauvreté demeureraient des coups d'épée dans l'eau  . D'où le concept de "développement durable " qui , depuis la fin des années 1980 (1) , associe développement économique et respect de l'environnement . 

Comme l'a souligné Emmanuel Macron il faut se méfier des positions par trop radicales et trop bien "mises en image " ...et "en émotion" .

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(1) cf . le rapport Brundtland (ONU 1987)

dimanche 22 septembre 2019

Climat : l'ONU sur le pied de guerre



Le Secrétaire Général de l'ONU , Antonio Guterres a bien raison de vouloir "secouer" les chefs d'Etat lors de l'Assemblée Générale qui s'ouvre demain . Le GIEC et nombre d'experts sont , plus que jamais , pessimistes : au rythme actuel d'émission de CO2 , la température en 2100 serait de + 3 degrés par rapport à ce que l'on dénomme " l' ère pré-industrielle"(1850 - 1900 ) . Alors même que la COP 21 s'était fixée un objectif de + 2 degrés à ne pas dépasser et la COP 22 , un objectif de +1, 5 sous peine de dérèglement climatique majeur. 

Certains experts considèrent même que les émissions de gaz à effet de serre actuelles se traduiront par une augmentation de + 5 degrés d'ici la fin du siècle . Cela ne signifie peut-être pas grand chose pour les "profanes" mais cela implique la disparition d'Etats insulaires (du Pacifique et des Caraïbes) dont les populations frapperont à nos portes . 

Parmi les points à résoudre ou sur lesquels s'interroger :

1- Quelle peut-être la place du nucléaire (1) dans le monde (les centrales n'émettent pas de CO 2 ) sachant que les énergies renouvelables (éoliennes , photovoltaïque) ne sont pas à même de prendre encore la place du pétrole ou du charbon ? 

2- Comment rendre obligatoire , pour tous les Etats , l'obligation de notifier leur programme de diminution de gaz de serre et de s'en tenir à leurs engagements (2) ?

L'ONU (sous la pression du GIEC notamment ) a sensibilisé les opinions . Depuis le Sommet de la Terre (Rio, 1992) nous savons que la "Maison brûle" (Jacques Chirac l'avait dit au sommet de Johannesburg en 2002) . Désormais il appartient à M. Guterres de veiller à ce que l'on ne noie pas le poisson dans l'eau des voeux pieux . Dernière chance ?

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(1) Alors que la France va réduire le nombre de ses centrales nucléaires , celles-ci vont augmenter dans le monde (passant de 400 environ actuellement à 700 d'ci 2050 )

(2) Le protocole de Kyoto (1997) qui prévoit l'obligation, pour les Etats signataires, de diminuer leur émission de gaz à effet de serre ne concerne en fait que les pays dits industrialisés . 

jeudi 19 septembre 2019

USA / Arabie Saoudite : le Quincy ne répond plus ...



Le " Pacte du Quincy " est tombé dans les oubliettes ou a sombré dans le lac Amer : quand bien même les historiens s'interrogent encore sur l'existence d'un "Pacte" en bonne et due forme , il est probable que Roosevelt, en février 1945 et à bord du navire Quincy, a donné au roi Ibn Saoud des assurances quant au soutien des Etats-Unis en cas d'attaque visant l'Arabie Saoudite : les "majors " américaines avaient négocié cela en amont de la rencontre .

Ce soutien était - il va de soi à l'époque - lié à une garantie d’approvisionnement en pétrole . C'est sur la base de ces considérations que les USA intervinrent lors de la guerre du Golfe : l'Irak ayant envahi le Koweit menaçait l'Arabie Saoudite . 

Ce n'est plus -  après les récents tirs de missiles sur les installations pétrolières de Riyad -  l'heure de discours et actes belliqueux et l'on doit se féliciter que la diplomatie l'emporte : le Président Trump fait-il preuve de sagesse ou bien considère-t-il que la campagne électorale 2020 , désormais ouverte , ne peut prendre le risque d'un enlisement (en Iran ) ? Difficile de faire la part des considérations politiques (élection présidentielle) et économiques (exploitation du pétrole de schiste américain et moindre dépendance à l'égard du Moyen-Orient) .

Il n'empêche , le constat est là : les Etats-unis , au-delà des sanctions économiques , entament peut-être un désengagement du Moyen-Orient . Laisseront-ils pour autant la porte ouverte à une avancée Russe via la Syrie et l'Iran et ouvriront-ils la route (de la Soie ... ) à la Chine ? Trop tôt pour répondre mais pas trop tard pour s'interroger .

jeudi 12 septembre 2019

USA / ISRAËL: chaud et froid ou simple pirouette ?



Le limogeage de John Bolton , conseiller spécial de Donald Trump , jusqu’au-boutiste notoire et proche des milieux évangélistes , pourrait signifier que M. Trump met désormais "de l'eau dans son vin " s'agissant de sa conception binaire du moyen-orient . 

Mais , apparemment , le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ne l'entend pas de cette oreille : son engagement , à l'avant-veille des élections législatives, d'annexer une part de la Cisjordanie (vallée du Jourdain) est un propos belliqueux qui tranche avec le renvoi dans les coulisses de John Bolton . Or il est peu probable que le Premier ministre israélien ait fait cette annonce sans tâter le pouls de la Maison Blanche . 

Cela accrédite l'idée que les Etats-Unis fonctionnent en ce moment (en politique étrangère tout au moins ) selon le régime de la douche écossaise : tout et son contraire .

Certains analystes "complotistes" évoquaient , jadis, la théorie du chaos à propos de la recomposition du moyen-orient : auraient-ils finalement raison ou n'est-ce qu'une pirouette de plus du Président américain ?

jeudi 5 septembre 2019

Nucléaire/Moyen-Orient : bombes à retardement ?



Alors que l'Iran , sous le coup des sanctions américaines, persiste à s'affranchir de l'accord sur le nucléaire de juillet 2015 en matière d'enrichissement d'uranium c'est , désormais, la Turquie (1)qui déplore que le Traité de Non Prolifération l'empêche de se doter d'un armement nucléaire . 

On serait tenté, dans les 2 cas, de parler de "bluff " : Pour l'Iran , faire monter les enchères avant une nouvelle (re)négociation (si les sanctions américaines sont levées) et pour la Turquie , réaction "épidermique" après son exclusion, par les Etats-Unis, du programme de l'avion de chasse F 35 (2). 

Mais - au-delà des apparences - il n'est pas besoin d'être grand clerc pour s'interroger sur une possible prolifération nucléaire au moyen-orient lorsque , par ailleurs, on constate que l'Arabie Saoudite affiche d'égales ambitions en se dotant d'un premier réacteur nucléaire . Ce réacteur serait certes civil mais il pourrait être l'amorce d'un programme militaire si , comme l'a dit le Prince héritier Ben Salmane , l'Iran poursuivait une "marche en avant " nucléaire . 

Dans ce contexte de risques de prolifération il est urgent lors de la prochaine conférence d'examen du TNP (en 2020)  de prévoir, au moyen-orient, une zone exempte d'arme nucléaire (ZEAN ) comme cela est envisagé depuis plusieurs années mais à chaque fois reporté à la demande des Etats-Unis .

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(1) discours du Président Erdogan à Sivas le 4 septembre 2019
(2) possible mesure de rétorsion après l'acquisition de missiles S 400 par la Turquie auprès de la Russie .

lundi 2 septembre 2019

Pari pour Paris ( élections 2020)



Des amis me disent qu'en dépit des sondages qui lui sont favorables ils hésitent à "parier" pour Benjamin Griveaux aux prochaines élections à Paris : non pas qu'il n'ait pas l'étoffe mais , au delà de la couleur de l'étoffe, il y a les accrocs :  l'habit fait peut-être le moine mais rarement le pape ... et le mépris affiché par l'ancien ministre à l'égard d'autres candidats  demeure un lourd handicap .

Comme on le sait,  la "guerre " avec Cédric Villani est désormais déclarée et le médaillé "Fields" n'emploiera pas des fleurets mouchetés pour résoudre l'équation à plusieurs inconnues qu'il garde cachée sous sa lavallière .

La droite n'ayant pas de candidat adoubé (et suffisamment auréolé) , Anne Hidalgo , l'actuelle maire PS ne devrait pas - me dit-on - avoir de grand souci à se faire ...sauf , bien sûr,  en cas de candidature d'Edouard Philippe .