lundi 31 juillet 2017

ZEAN au Moyen-Orient : fin ou enfin



Au moment où le Congrès américain vote des sanctions contre l'Iran en raison de son programme balistique il n'est pas inutile de s'interroger sur la proposition (datant de 1995) de l'Assemblée Générale de l'ONU (1) quant au projet de créer au Moyen-Orient une Zone Exempte d'Arme Nucléaire (ZEAN). Une réunion était prévue à Helsinki en 2012 mais les Etats-Unis l'ont  - en 2011 - déprogrammée. 

Il semble que la Russie et l'Egypte souhaitent relancer le débat vieux de plusieurs décennies . Il sera intéressant d'observer la position des Etats-Unis : saisiront-ils (et de quelle manière ) la balle au bond afin de ne pas se trouver - comme en Corée du Nord - mis devant le fait accompli (2) ?

Doit-on désormais enterrer le projet de ZEAN ou bien se demander si - enfin - en raison du contre-exemple  nord - coréen une reprise du dialogue est possible ?

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(1) Conférence de révision du TNP de 1995. La prochaine aura lieu en 2020

(2) La Corée du Nord s'est retirée du TNP en 2003 et a procédé à un premier essai nucléaire 3 ans après sans que l'ONU et l'AIEA aient pu réussir entre temps à obtenir - en dépit de multiples pressions et sanctions - la cessation du programme .

dimanche 30 juillet 2017

Chine : gendarme de l'Asie



A juste titre les Etats-Unis s'étonnent du manque de  réactivité - voire de la passivité - de la Chine à l'égard de la Corée du Nord dont les pieds de nez prennent désormais la forme peu humoristique de missiles balistiques . Les menaces islamistes en Afghanistan, au Pakistan , en Indonésie , en Inde sont également et tout autant des sujets de préoccupation . 

Dans ce contexte il n'est pas absurde d'imaginer (voire de souhaiter) l'avènement d'un monde bipolaire dont les pôles seraient Washington et Pékin qui s'impliquerait davantage dans la pacification de l'Asie (Corée du Nord, lutte contre le djihadisme qui menace également Pékin) . 

Mais cela supposerait un accord de part et d'autre pour asseoir et légitimer des sphères d'influence (dont le souhait de la Chine en "mer de Chine méridionale  " ne serait que l'un aspects ).

Tout comme l'on a défini nos priorités au Moyen-Orient : combattre et neutraliser le groupe Daesch plutôt que le gouvernement de Damas, de même il nous faut peut-être définir nos priorités en Asie : neutraliser le terrorisme islamisme aussi bien que mettre fin aux gesticulations de Pyongyang. 

Cela suppose-t-il , à terme, l'avènement d'un monde bipolaire USA/Chine ? C'est probable si non possible . Cela ne briderait pas pour autant l"influence de la France au sein de l'Union, celle aussi de l'Inde ...mais probablement sur un autre registre où les champs du terrorisme  (auquel on peut aussi adjoindre la Corée du Nord ) auraient été préalablement déminés.

La Russie , de son côté, fera-t-elle un pas vers l'Occident ou bien deux vers l'Empire du Milieu ?

vendredi 28 juillet 2017

J. C. Rufin : écrire et conter l'Histoire



Cela fait plusieurs années que Claude Malhuret m'avait incité à lire Jean-Christophe Rufin (qu'il ne faut surtout pas confondre avec François Ruffin , le "dandy" des Insoumis). Je viens de réparer cette négligence qui m'a fait passer à côté d'un écrivain de talent .

L'implication humanitaire de J.C. Rufin est bien connue, son passé de diplomate probablement moins, et l'on ignore souvent son appartenance à l'Académie française. Mais aurions-nous oublié que J.C. Rufin est un écrivain ?

Ses copieux romans (quelques 600 pages) se lisent en quelques jours tant  ils associent avec bonheur culture, et poésie ( l'Abyssin, Le grand Coeur ...). Ainsi Jacques Coeur revit après avoir tiré sa révérence dans l'île grecque de Chio.

A sa manière de réécrire l'Histoire et de la faire jaillir des livres et des parchemins l'ancien de Médecin Sans Frontières est - aussi - un insoumis (sans qu'il soit besoin d'ajouter un i majuscule...).




lundi 24 juillet 2017

Un ami Catalan m'a dit ...


A juste titre l'Europe s'interroge sur le projet de sécession de la Catalogne : le Président de la Generalitat, Carles Puigdemont, souhaite proclamer l'indépendance à l'issue du référendum prévu le 1er octobre prochain et cela quelle que soit la décision du Tribunal constitutionnel espagnol. 

Mais les indépendantistes restent pour l'heure minoritaires : un ami Catalan me fait part du harassement d'une part importante de la population : selon lui le jusqu’au-boutisme de Puigdemont aurait pour effet de dresser les autres régions espagnoles contre la Catalogne entamant ainsi la construction d'un "mur psychologique" isolant désormais sa population.

Isolée en Espagne, la Catalogne ne rencontre pas à l'extérieur de soutien : aucun pays européen ne veut favoriser un démembrement de l'Etat en cautionnant cette aventure. L'auto-proclamé "ministre des affaires extérieures" de Catalogne , Raul Romeva Rueda rentre d'une tournée de "reconnaissance " dans l'Union . Il en revient fort marri (1).

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(1) Quotidien espagnol ABC du 23 juillet 2017 (article de Mariano Calleja).

samedi 22 juillet 2017

Vers un budget de la Zone euro



Pas à pas, l'idée  - et aussi  la volonté - progressent . Nos amis allemands de quelque parti qu'ils soient semblent acquis à la proposition française d'avoir un ministre des finances de la zone euro et aussi un budget de la zone euro . Nos proches voisins espagnols souscrivent également à ce projet .

Ce budget pourrait être l'occasion de concevoir un vrai plan d'investissement notamment dans les énergies renouvelables et les infrastructures numériques . Au-delà de la politique monétaire ( Q.E. notamment) ce serait là un levier pour conforter une relance économique . 

Ce serait aussi l'occasion de relancer le "volet politique " de l'Union à partir du noyau dur des 19 .

Il est amusant (et déconcertant à la fois) de voir, en France, le Front national " s'étriper" sur la question de l'euro au moment même où un consensus s'affirme autour de la monnaie unique : les chiens aboient et la caravane passe ...

samedi 15 juillet 2017

"Affronter" l'Iran : idée saugrenue ou suivisme ?



Une tribune récente (1) appelle le Président Macron à se positionner face à l'Iran et à se préparer à l'affronter (sic) en '' incitant l'Europe à faire de même '' ...

Surprenant appel qui - on peut l'espérer - ne relève que de la seule rhétorique. Car  s'il n'en était pas ainsi - il s'agirait alors d'emboîter le pas aux Etats-Unis en contribuant à marginaliser l'Iran ... Pour que relève la tête l'Arabie saoudite et qu 'avance à pas feutrés la Turquie de M. Erdogan ?  

En fait derrière les mots se profile la vision que l'on veut avoir du Moyen-Orient : celle d'une surenchère sans fin entre puissances régionales ou bien crainte que la Russie - s'appuyant sur l'Iran - n'avance ses pions en des champs pétrolifères redevenus champs de bataille ?

Adopter cette position revient à rejeter la perspective d'un équilibre régional en choisissant de diaboliser l'Iran ...alors même que l'Arabie saoudite serait - elle - en odeur de sainteté ... puisque M. Trump l'a dit .
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(1) La Libre. be du 14 juillet 2017 (rubrique "opinion")

mercredi 12 juillet 2017

Syrie/Irak : le jour d'après...



Ne pas recommencer l'intervention en Libye de 2011, ne plus recommencer la "gestion" de l'Irak telle qu'effectuée en 2003/04 par les Etats-Unis (qui avaient alors - inconsciemment - ouvert la porte au groupe Daesh à la suite des répressions inconsidérées dans l'entourage de Saddam), telle est aujourd'hui la question . 

A Astana ou à Genève les parties concernées doivent bien se poser cette question quant "au jour d'après", après le départ du "groupe Daesh " . 

Le risque est celui de voir l'éclatement des Etats et une poudrière prenant la place d'un puzzle . Des forces "centrifuges" risquent de détruire ce qu'il reste de l'armature des deux Etats . 

Tomberont-ils sous une influence russo-iranienne ? Les Etats-Unis tenteront-ils de reprendre la main avec le concours de l'Arabie Saoudite ?

La Turquie profitera-t-elle du chaos pour réduire les "bastions " Kurdes (au moment où s'engagera un référendum , en septembre, portant sur l'indépendance du Kurdistan irakien) ? 

Autant d'interrogations aiguisées par des dissensions religieuses et les appétits de pouvoir . C'est peut-être là qu'on attend la voix de la France ...et celle, bien sûr, de l'Europe.

lundi 10 juillet 2017

DAESH : mauvais Etat ...



La chute de Mossoul - et bientôt de Raqqa - ne sonne probablement pas encore le glas de la "lutte finale " mais c'est plus qu'un revers : en ce sens la dénomination "Etat islamique " n'est plus d'actualité puisque "calife " et "califat" ont fait (ou font) leurs valises . 

Il demeure certes des groupes terroristes mais en aucune façon (si tel a jamais été le cas ) un Etat constitué administrant une nation et parlant en son nom.

Un changement sémantique pourrait d'ailleurs nous aider à faire la part des choses en relativisant sans pour autant baisser la garde : l'islamisme radical est notre adversaire mais ce serait lui faire trop d'honneur que de continuer  - même avec un acronyme - à le citer devant l'Histoire en tant qu'Etat. 

vendredi 7 juillet 2017

numérique : informatique "pour tous" , vraiment ?


La transition numérique dans l'économie est d'actualité : un secrétariat d'Etat est en charge de l'impulsion et de l'accompagnement . Mais il reste qu'un pan important de la population est loin d'assumer cette transition qui s'apparente à une course de haies contre la montre.

Au moment où notre société prend le parti - et le pari - du  " tout numérique " (banques, impôts, emploi , services divers ...) des personnes âgées n'utilisent encore leur i pad que pour téléphoner ...

A défaut d'un "tutorat" de membres de leur famille ces personnes demeurent sur le banc de touche de notre société dont la transition numérique avance désormais à une vitesse  TGV . 

Il serait utile que cette transition s'effectue certes au regard d'impératifs économiques mais aussi avec un doigté social (ou sociétal) en s'appuyant sur des structures associatives par exemple.  

Ce serait en quelque sorte un replay d'un plan "informatique pour tous " tel que conçu dans les années 80-90 pour les écoliers ...mais cette fois pour un public plus âgé, en transit en quelque sorte ...

lundi 3 juillet 2017

E.Macron / feuille de route : nation et raison



Le Président de la République n'a pas parlé pour ne rien dire au Congrès de Versailles contrairement à ce qu'ont répété certains députés aigris, calculateurs ou soi-disant "insoumis" . C'est une "feuille de route" qui a été déroulée et qui servira de boussole pour nos concitoyens qui se sentiraient égarés.

La "feuille de route " s'adresse à la nation pour en appeler à la solidarité, à l'union, à la fraternité par référence aux valeurs des Lumières . La "feuille de route " s'adresse aussi à la raison : un Parlement qui ne légifère pas à tour de bras mais qui contrôle davantage , des assemblées plus resserrées et plus représentatives (proportionnelle), suppression de privilèges de juridiction (Cour de Justice de la République), recours au référendum etc... 

On doit aussi retenir la volonté de ne pas baisser les bras devant le terrorisme islamiste et cela sans passer outre les principes qui fondent notre démocratie . E. Macron comprend que les terroristes tentent de diviser en terrorisant . Comme souligné hier à Bamako ce serait bien faire honneur aux terroristes que de les assimiler à une puissance avec laquelle nous serions en guerre alors qu'ils ne sont guère que les mercenaires d'un "califat " dont on a oublié le nom.

La "feuille de route" du Président s'intègre dans un chemin : celui de l'Europe qu'il faut refonder d'un commun accord avec l'Allemagne ; une Union plus politique et moins administrative et tatillonne. 

Qu'importe donc si des sans-culotte (ou plutôt des sans-cravate) ont séché les bancs du Congrès  : Versailles en valait la chandelle , bien plus qu'un jeu d'eau qui aurait pu les mouiller .

IRAN/ISRAËL : doutes , suspicion, étincelles



Plus que jamais Israël suspecte l'Iran d'avoir une vision hégémonique de son rôle au moyen-orient - ce qui est possible - mais le doute va au-delà : le Premier ministre israélien semble convaincu que Téhéran cherche à mettre en place un ''corridor'' lui permettant , au travers de l'Irak et de la Syrie , d'obtenir une base navale en méditerranée. 

Tel-Aviv (ou du moins un certain nombre de politiques) estime qu'un axe chiite (via le Hezbollah) servirait ce ''corridor'' et , à terme, enclaverait Israël. 

Au-delà donc de "l'Etat islamique'' en déliquescence cela signifie qu'une mèche demeure allumée au moyen-orient qu'alimente le programme balistique iranien . 

Les Etats-Unis ont-ils acquis cette conviction et quelle est leur réelle stratégie de marginalisation de l'Iran puissance régionale bien émergeante ? Soufflent-ils à dessein sur la braise ?That is the question .