ONU : où est le "chef" ?

 

Les médias parlent souvent de "chef " des Nations Unies comme si le Secrétaire Général de l'ONU n'était finalement qu'un "chef de bureau " . Cela en dit long sur le déclin des Nations Unies . Jadis assimilé à un chef d'Etat (U Thant , Waldheim, Boutros-Ghali , Kofi Annan , Ban Ki-moon) , le Secrétaire Général ne fait figure que de personnage secondaire . M. Guterres n'est pas en cause : il reflète le déclin de l'Organisation . En ces temps où la paix et la sécurité sont compromises (Afghanistan , Sahel ...) le silence de l'ONU est assourdissant . 

Alors que l'assemblée générale annuelle va se tenir bientôt on attend vainement . Certes on peut imaginer que le Conseil de Sécurité soit en ce moment paralysé et que l'on craigne un veto de la part de la Chine ou de la Russie . Mais l'Assemblée Générale (cf.la résolution Acheson) est susceptible de faire bouger les lignes ...si tant est que le Secrétaire Général le veuille . 

Ancien Premier ministre portugais , ancien Haut Commissaire aux réfugiés, ancien président de l'Internationale socialiste , M. Antonio Guterres devrait avoir plusieurs cordes à son arc . Encore faudrait-il qu'il accepte de le tendre et - sur la scène internationale - d'aller au-delà de son rôle de "chef"' de l'instance que  le Général de Gaulle , en 1960 , qualifiait (à tort) de "machin" .

Présidentielles 2022 : Un si " brillant jeune homme"

Personne ne paraît actuellement à même de battre le "brillant jeune homme " qu'est le Président  Macron . Ce ne sont pas les candidatures Ciotti , Dupont-Aignan ou Philippot ou celle du professeur de médecine Philippe Juvin qui modifient la donne . Le fait que Laurent Wauquiez jette l'éponge est un non évènement tout comme l'éventuelle candidature d'Eric Zemmour qui mettra du piment dans le débat mais  ne troublera pas le jeu politique .

 Inutile d'évoquer les autres candidatures certaines ou probables  : Jean-Luc Mélenchon, Anne  Hidalgo . Il ne reste , au fond du panier , que Marine Le Pen , Xavier Bertrand et Valérie Pécresse , les deux dernières étant à départager car de même substance (1) . De son côté, Michel Barnier a d'éminentes qualités et ferait un excellent Premier ministre ; il lui manque néanmoins une once de charisme . Quant à Jean Lassale il  détendra le débat et nous fera rire (à moins qu'il ne soit recruté par une chaîne de télévision ) .

Les coups bas seront - comme à l'habitude  -  nombreux (cf. costumes de Fillon) et l'élection , on s'en doute , se jouera sur la sécurité, l'immigration et la pandémie . Une incertitude tout de même :  les votes "pour" l'emporteront-t-ils sur les votes "contre" ?  Si tel n'était pas le cas l'élection du " si brillant jeune homme" pourrait bien être compromise et ne pas se faire "dans un fauteuil" ,   fauteuil  que Marine Le Pen empoignerait au risque de devenir bancal . A Dieu ne plaise ! 

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(1) Valérie Pécresse possède un avantage "stratégique" : son directeur de campagne Patrick Stéfanini est remarquablement expérimenté et connecté aux réseaux "lourds" (Nicolas Sarkozy , Brice Hortefeux ...) .

Etats-Unis : fin de l'hyperpuissance ...et après ?

 

A la fin des années 1990 Hubert Vedrine , ministre des affaires étrangères , évoquait "l'hyperpuissance américaine" . De son côté - en 1992- Francis Fukuyama publiait "La fin de l'Histoire et le dernier homme " : l'URSS venait de s' effondrer et - avec elle - l'idéologie communiste . Mais aujourd'hui la réalité ,après la débandade afghane, est plus proche de Samuel Huntington qui (cf. "le choc des civilisations"-1997) conçoit un monde dans lequel  facteurs religieux et culturels  prédominent. 

Nous y sommes .

De deux choses l'une : ou bien l'Union européenne se ressaisit et se construit autour de valeurs humanistes et civilisationnelles mais aussi autour d'une vraie Défense ou bien nous recherchons - mais toujours dans le cadre de l'Union - un espace de dialogue avec la Chine et/ou l'Inde ...ainsi qu'avec la Russie (qui rejoindra un jour l'Union ) . Ce sont d'ailleurs ces 3 pays qui ont leur mot à dire face aux Talibans (qui ne sont tout de même pas la horde de Gengis Khan et que la Chine peut aisément stopper) .

Certes , beaucoup diront que la France a sa propre carte à jouer . Peut-être . Mais la géopolitique n'est pas un concours de belotte ...et la manille n'est pas le poker . En tout cas le désastre de Kaboul rebat aujourd'hui les cartes .

Antivax, Gilets jaunes, anti-linky : L'ère du soupçon

 

Frondes , frustrations et calculs politiques se croisent ou se donnent la main pour pousser chaque samedi des mécontents  dans la rue . Parmi eux il y a bien sûr des personnes de bonne foi ou bien naïves mais il s'agit d'une minorité . L'instrumentalisation est évidente : extrême-gauche et extrême-droite copinent avec des "complotistes" persuadés que le gouvernement les manipule . Dieu sait à quelle fin !

Alors même que des plaintes sont lancées contre tel ou tel ministre pour atteinte aux libertés du fait du pass-sanitaire on peut se demander si des instances judiciaires d'une autre nature ne pourraient pas avoir un autre objet : celui de viser les meneurs qui , de fait,  mettent en danger la vie de ceux qui hésitent encore à se faire vacciner et que les cris ,les pancartes et les vitupérations n'incitent pas à bouger . 

Mais la France n'est heureusement pas l'Afghanistan et , comme font les vaches, il faut , pour l'heure , regarder les trains passer ...

Etats-Unis et " Destinée manifeste " : sortie de scène , fin du messianisme

 

La déconfiture des Etats-Unis en Afghanistan pose problème : ils ne sont plus désormais l'hyperpuissance qui était le "gendarme du monde" . Au-delà du constat bien réel il y a désormais les leçons à en tirer : l'Extrême-Orient n'est plus à l'abri (Taïwan en particulier ) tout comme l'Europe sans parler de l'Afrique .

La situation de retrait américain devrait inciter l'Union européenne à mettre sur pied une Défense autonome et à se poser une question : celle des partenariats à développer avec la Russie et avec la Chine . Au-delà de la concurrence Washington / Pékin il y a probablement un espace de coopération que l'Union européenne peut mettre à profit en dialoguant avec la Russie et la Chine ...afin de s'assurer qu'en cas de tension ou de périls les Etats-Unis ne "plieront pas leur parachute" et ne nous laisseront pas gérer seuls les situations extrêmes . 

Sans pour autant fustiger les américains et leur président , il faut bien en convenir : le retrait soudain d'Afghanistan est l'indice d'une sortie des Etats-Unis de la scène internationale . Que reste-t-il du slogan de la "Destinée manifeste " , Dieu conférant aux Etats-Unis la mission d'aider à la prospérité , à la démocratie dans les Nations ? Bien peu de choses .

Faut-il prendre contact avec les Talibans ?

Un éditorialiste - ancien diplomate - suggère (1) que la France prenne contact avec les Talibans . La proposition a probablement un mérite : celui de sonder des " d'interlocuteurs " et - à la différence des américains - de trouver les moyens d'anticiper . Mais il semble plus judicieux , en raison des enjeux locaux  et aussi des rapports de force , que d'abord des contacts soient pris avec la Chine et la Russie  au niveau de l'Union européenne ( dont la France va assurer bientôt la présidence) .

Ces deux Etats sont actuellement dans une position "neutre" et ils peuvent contenir les Talibans (que ce soit ou non dans le cadre de l'O.C.S.) . Ils peuvent au plus près veiller à ce que cette part de l' Asie ne soit pas déstabilisée et , sur le plan de la sécurité et de la lutte anti-terroriste, qu'aucune action ne soit entreprise depuis l'Afghanistan .Vœux pieux ? Peut-être ; mais ils s'inscrivent dans une logique de rapport de force dans laquelle la voix dominante en Asie est Chinoise avec , aussi , l'aide "logistique" et le "savoir-faire " de la Russie .

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(1) article "actu.lepoint. fr du 18 Aout 2021  

Afghanistan : une mèche allumée aux portes de l'Inde

 

La prise de pouvoir inattendue dans sa rapidité des Talibans à Kaboul peut modifier l'ensemble de l'équilibre géopolitique en Asie . On s'est déjà demandé quelle sera l'attitude de la Chine : faire "ami-ami" avec les Talibans pour mieux les endiguer et les étouffer ? C'est une option mais il faudra du temps .

En revanche l'Inde ne peut actuellement que se sentir oppressée par le "compagnonnage" entre le Pakistan et le désormais Etat islamiste d'Afghanistan . L'Inde de Narendra Modi acceptera difficilement d'avoir une mèche islamiste allumée à ses portes . Tout autant que la Chine (et pour des raisons différentes) l'Inde est appelée à réagir et , en tout cas , à se tenir prête si le Pakistan se sentait désormais "pousser des ailes " .

Talibans / Chine : points d'interrogation

 

Les Etats-Unis se mordent probablement les doigts d'avoir à la hâte (1) quitté l'Afghanistan laissant le champ libre aux talibans . Evidemment c'est la conséquence des accords passés par Donald Trump (Doha , février 2020) avec ces mêmes talibans (qu'il envisageait d'inviter à la Maison Blanche) . C'est aussi un manque de vigilance à l'égard du Pakistan dont les services (ISI) ont apporté leur aide aux talibans , ce que les Etats-Unis ne pouvaient ignorer . Quoi qu'il en soit il s'agit d'une déroute occidentale : le berceau du djihadisme (l' Afghanistan) est en passe de faire le lit de l'islamisme radical en Orient . 

C'est la raison pour laquelle Pékin pourrait bouger (2)  . Cela se ferait discrètement car jusqu'à présent la Chine a ménagé les talibans , refusant de choisir entre la "chèvre et le choux" . Pour autant , ce serait une belle leçon que la Chine pourrait donner aux Etats-Unis (3) et à l'Occident en se plaçant sur le terrain des libertés tout en réaffirmant , par ailleurs , son hostilité au séparatisme Ouïgour . L'intervention de la Chine (ouvertement ou en "déminage" ) semble inéluctable ...quand bien même cela donnerait de la fièvre à Washington . Certes la diplomatie chinoise semble encore hésiter imaginant que les talibans pourraient être des "alliés objectifs" . Mais le pragmatisme chinois devrait à terme l'emporter : l'Afghanistan islamiste n'est pas la Corée du Nord , pion sur l'échiquier asiatique .

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(1) Echec évident pour les services de renseignement américain visiblement pris de court . Leurs interlocuteurs de l'I.S.I (Pakistan) seraient-ils demeurés silencieux ? 

(2) En 2018 Xi Jinping avait évoqué la nécessité d'une "Grande Muraille d'acier" dans la région du Xin Jiang proche de l'Afghanistan . Mais certains prétendaient que la menace de Daesh était surestimée . Tel n'est plus le cas aujourd'hui .

(3) " America is back " (Joe Biden) . Really ?

Vaccination : Des "trous dans la raquette"

 

Ma voisine Hortense, 82 ans , s'étonne que l'une de ses parentes (88 ans) ne soit pas vaccinée . Elle me dit que l'infirmière "libérale " qui  est en contact avec elle , refuse de se faire vacciner et n'incite aucunement les personnes âgées qu'elle côtoie à le faire . Selon Hortense, cette infirmière serait même une militante anti-vacc ayant incité des connaissances à se joindre à une instance judiciaire contre les autorités au motif d'atteinte aux libertés . C'est dire !

Ma voisine me dit qu'il ne faut pas que le gouvernement s'étonne de ce que 25 % des plus de 80 ans (la tranche d'âge la plus fragile ) ne soient pas encore vaccinés . Je lui dis qu'il s'agit probablement d'un cas isolé et que l'attitude de cette infirmière rurale reste certainement exceptionnelle . Mais Hortense n'en démord pas : dans les territoires ruraux (et aussi en ville ) les maires et leurs services sociaux se doivent d'aller au devant des personnes âgées la "seringue sous le bras " en déployant convictions et - s'il le faut - gâteries . 

C'est un vrai quadrillage qu'il convient de faire ...en souhaitant qu'infirmières et infirmiers portent la bonne parole et ne véhiculent pas les inepties qui abondent sur les réseaux sociaux . Hortense a probablement raison : quand bien même elle ne manie plus la raquette les balles qu'elle renvoie sont parfaitement ajustées et peu de trous lui échappent .

Printemps arabes : les USA se sont-ils trompés ?

 

Il y a 10 ans les "Printemps arabes" fleurissaient . Un nouveau monde se mettait en place et l'on attendait l'heureux printemps des démocraties . Peine perdue si l'on regarde le chemin parcouru depuis 2011.  Ce fut un chemin pourtant pavé de bonnes intentions . Parmi celles-ci , le discours du Président Obama prononcé en juin 2009 à l'université du Caire . Il en appelait "urbi et orbi" à un renouveau des relations avec le monde musulman . Cet "appel du pied" avait été relayé copieusement par la cellule "communication / internet" de la Maison Blanche et du Département d'Etat . Les Etats-Unis soutinrent (cf; Hillary Clinton ) ardemment les réseaux sociaux de ces pays  (et l'Union Européenne fît de même) . Or, 1 an après (le 17 décembre 2010) , en Tunisie, s'immolait Mohamed Bouazizi et se déclenchait - dès janvier 2011 - la tempête printanière . 

On a évoqué les calculs de l'administration américaine qui voulait soutenir les mouvements "dégagistes" et avoir de nouveaux interlocuteurs qui auraient chassé les despotes . On a aussi évoqué les fantasmes des "néocons" (les nouveaux conservateurs) de l'administration Bush qui imaginaient reconstruire le Moyen-Orient après qu'il ait été remodelé à l'issue d'un grand chaos . 

La Russie et l'Iran pensent - notamment - qu'il en est ainsi (idem pour les révolutions de couleur en Europe centrale ) . Difficile à dire : il faut se méfier des approches qui ont un relent complotiste . Certains affirment que les Etats-Unis - en 1979 - ont volontairement abandonné le shah d'Iran et imaginaient s'entendre et pactiser avec les islamistes (cf. la carte jouée en Afghanistan avec les moudjahidines afin d'affaiblir l'URSS) . Qui sait ?

 L'Histoire ne peut être écrite a posteriori mais il n'est pas exclu que les Etats-Unis se soient en diverses occasions lourdement trompés . Autant de leçons (possibles) ...et de remords (improbables ) . 

Afghanistan : la Chine , sentinelle

 

Le retrait américain d'Afghanistan est un "coup dur" pour ceux qui redoutent à juste titre l'avancée des talibans et la déstabilisation d'une partie de l'Extrême-Orient .  On sait que l'Afghanistan a été le berceau des djihadistes et la "base " d'Al-Qaïda . Devant l'Occident qui baisse quelque peu les bras et se dit qu'il a probablement d'autres "chats à fouetter" , la Chine évidemment surveille . 

Dans le cadre de l'Organisation de Shangaï , la Chine est frontalière de l'Afghanistan et il est évident qu'elle ne peut se laisser déborder par des talibans qui tenteraient de prendre appui dans les ex- républiques soviétiques d'Asie centrale . La préoccupation de Pékin à l'égard du séparatisme Ouïgour dans la province du Xinjiang ne s'accommodera pas de ce que l'Afghanistan vienne déconstruire l'édifice de l'O.C.S. avec sa dimension économique (gaz) mais aussi politique et sécuritaire .

 Le départ des forces américaines est susceptible d'éveiller la Chine (qui n'est plus le "tigre de papier " des années 60) . D'autant que les Etats-Unis peuvent s'accrocher à leurs bases dans certaines des ex-républiques soviétiques dans le cadre du "pivot " asiatique . Auquel cas la zone demeurera sous-tension avec l'oeil de Pékin "en sentinelle" . Faut-il s'en féliciter ?     

IRAN : Qui attend quoi ?

 

La situation est malaisée à décrypter : a-t-on laissé passer une chance de négociation avant qu'un "dur" soit élu président (Ebrahim Raïssi) ou bien laisse-t-on - sciemment - pourrir la situation ? D'aucuns (l'ex-prince héritier Reza Palhavi par exemple ) appellent à "en finir" avec le régime et le ministre de la défense israélien Benny Gantz se dit prêt à intervenir . Cela sur fond de tensions (maritimes , terrestres , aériennes) et de cyber-attaques sur les installations nucléaires iraniennes . 

Mais , au-delà des messages véhiculés et des Fake news , la réalité pourrait bien être différente et se déporter vers d'autres considérations stratégiques : pendant ce temps la Chine , soutenue par la Russie , avance et , mine de rien , grignote l'espace et négocie des arrangements économiques de grande ampleur . A juste titre on peut se demander "qui attend quoi ? " ...en sachant que pendant ce temps ...

"LUTETIA" : Un époustouflant roman sur la France des années 40

 

Ce n'est pas en fait un roman mais un compte rendu "au jour le jour" de l'attitude des Français (hésitants, passifs, craintifs, collabos mais - aussi - résistants) au travers de la petite histoire d'un grand Palace parisien lors de l'occupation allemande .

 A vrai dire je ne connais l'auteur (Pierre Assouline) ni d'Eve ni d'Adam : je suis tombé sur ce livre (1)  par hasard (2 euros chez un brocanteur) et je l'ai lu "jusqu'à plus soif " . Bien écrit , plume légère pour décrire des moments tout aussi légers mais aussi des moments dramatiques : des Français contre des Français et des Allemands (il faut évidemment lire "nazis") méprisants , révérant Hitler ou bien - comme des prussiens - contempteurs du désordre "franchouillard" .

Les circonstances du quotidien retracées - dont certaines sont autant de révélations sur les compromissions - s'inscrivent dans l'Histoire . Pour , comme l'on dit , qu'il n'advienne "plus jamais ça " . A ce titre c'est un excellent vaccin que les "anti - Pass" ne condamneront pas . 

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(1) "Lutetia" , roman  de Pierre Assouline (Editions Gallimard 2005 )