vendredi 27 novembre 2020

IRAN / USA : Une "fenêtre " pour des négociations sur le nucléaire

 

La nouvelle administration américaine souhaite probablement revenir dans l'accord nucléaire de 2015 que le Président Trump avait jeté aux orties en 2018 misant sur un embargo maximal sur Téhéran . Mais - en dépit de sanctions qui ont affaibli l'Iran et appauvri la population - le pays est debout et des échéances majeures approchent : les élections présidentielles auront lieu dans 7 mois en juin prochain . Il serait certainement dommage que le nouveau président soit un tenant de l'aile dure et rejette toute négociation .

On peut donc penser (et espérer) que le retour à la table de négociation intervienne dès février ou mars . Cette date - hasard des calendriers- coïncidera probablement aussi avec le démarrage des vaccinations contre la covid-19 qui a dramatiquement touché l'Iran . La France , comme l'Union, est certainement attentive à l'évolution de la situation et au "créneau " qui se présente ...à condition que de part et d'autre aucune initiative (1)  hasardeuse ne soit prise qui compromettrait les opportunités qui se présentent . 

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(1) Actualisation au 28 /11/ 2020 : il est clair que l'assassinat  le 27/11 du scientifique iranien spécialiste du nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh , ne va pas dans le sens d'un apaisement . A juste titre le Conseil de Sécurité ONU est saisi .

mercredi 25 novembre 2020

Espagne / Canaries : un nouveau Lampedusa

 

Les migrants s'entassent sur l'ile de Grande Canarie  après une traversée périlleuse à bord de pirogues ou de gabares (1) . Le ministre de l'intérieur espagnol tente de trouver une solution auprès de son collègue marocain qui ne montre qu'un enthousiasme bien relatif : le Maroc est , en effet , aux prises avec les indépendantistes du Front Polisario dans l'ex-Sahara espagnol et recherche la caution de l'Union pour affirmer sa souveraineté sur la zone . Pression de la part du royaume chérifien ? 

Quoi qu'il en soit c'est plus de 15 000 migrants qui , depuis le début de l'année , sont arrivés en Grande Canarie venant du Maroc, de Côte d'Ivoire , de Mauritanie , du Sénégal et plus largement du Sahel . Les autorités espagnoles semblent divisées : faut-il les renvoyer au Maroc ou faut-il les accueillir en Europe ? Théoriquement le gouvernement penche pour la première solution mais le Maroc regimbe ...et l'extrême droite espagnole (Vox) pousse des hurlements . 

L'Union européenne se trouve ainsi face à un nouveau "Lampedusa" , situation qui devient ingérable : d'un côté les humanitaires , les ONG et , de l'autre , les trafiquants et les passeurs . Entre les deux des dizaine de milliers d'Africains à la recherche...d'un bouée de sauvetage et d'un mythique Eldorado . Triste situation .

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(1) Ce que les espagnols nomment "Pateras "  .

mercredi 18 novembre 2020

Enjeux économiques , enjeux sociaux

 

La reprise économique sera là en 2021 (+ 6 à 8 % de PIB) après le plongeon de 2020 (-10%) mais le tissu industriel doit faire l'objet de toutes les attentions au-delà de l'apport en fonds propres de 20 milliards  aux entreprises prévus par le plan de relance . Car du fait du plongeon des chiffres d'affaire dans la plupart des secteurs les capitaux propres des entreprises se sont taris et les investissements envisagés seront retardés d'autant  en dépit d'un rebond probable de la demande en 2021/22 : l'offre ne sera pas au rendez-vous et la demande risque de se reporter sur les produits importés (de Chine et d'ailleurs) . 

Si nous voulons que notre économie ne se heurte à un "plafond de verre" en raison des investissements différés , il serait utile de renforcer l'apport en fonds propres (aide directe ou bien prêts participatifs garantis par l'Etat ) . Les enjeux sociaux sont évidemment liés aux décisions des entreprises qui pourraient licencier pour maintenir un (faible ) niveau de productivité . Cela d'autant que le télétravail aura peut-être suscité des réactions de la part de certains entrepreneurs enclins à arbitrer parmi les taches confiées aux personnels . 

Un lien (à imaginer) entre aides , prêts garantis et absence de licenciement est bien sûr souhaitable si l'on ne veut pas être confronté à une crise sociale qui risque de prolonger la crise économique ... et de l'amplifier . 

mardi 17 novembre 2020

IRAN / TRUMP : la tentation du feu aux poudres

 

Selon le New York Times (1) Donald Trump aurait convoqué jeudi dernier une réunion de son état-major (avec le vice-président Pence et le secrétaire d'Etat Pompeo) afin d'évaluer l'option d'une frappe sur le site nucléaire iranien de Natanz (où les centrifugeuses enrichissent l'uranium) . 

Au-delà du paradoxe qu'une telle option ait pu intervenir en pleine période de transition il est clair qu'un bombardement de Natanz aurait immédiatement mis le "feu aux poudres" au Moyen-Orient (Israël , Arabie Saoudite) et plus largement dans le monde (Russie, Chine ) . Heureusement ses conseillers ont dissuadé le " Président - en- fonctions" d'allumer la mèche . Pour autant il ne faudrait pas timidement se "cacher derrière son petit doigt " : les stocks d'uranium enrichi augmentent (en volume et en qualité) ainsi que l'a constaté l'A.E.I.A. et l'Iran se trouve au bord de la falaise , à bout de souffle du fait de l'embargo américain . 

A quelques mois des élections présidentielles l'Iran a besoin d'une porte de sortie , celle qui a été violemment refermée par Donald Trump en se désengageant en 2018 de l'accord sur le nucléaire civil du 14 juillet 2015 . Il est grand temps que Joe Biden réintroduise les Etats-Unis dans l'accord de 2015 et négocie sans faiblir avec l'Iran . Dans une région incandescente ( crainte légitime d'Israël , volonté de leadership de l'Arabie Saoudite et de la Turquie , Iran exsangue ) il serait absurde que la seule voix à entendre soit celle des canons . A souhaiter que se fasse entendre la voix de l'Union européenne aussi .

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(1) The New York Times du 16 novembre 2020  

lundi 16 novembre 2020

Asie : la Chine comble le vide

 

En janvier 2017 Donald Trump refusait d'entériner l'accord TPP (1) négocié par Barak Obama qui ambitionnait , face à la Chine, de créer une vaste zone de libre échange entre divers pays asiatiques (dont le Japon , le Vietnam , la Malaisie , Singapour , l'Australie et d'autre part le Chili , le Mexique , le Perou etc..) . Certains considéraient alors que les Etats-Unis avaient plus à perdre (financièrement) qu'à gagner et ils se désengagèrent en revenant sur l'accord négocié (mais non ratifié) .

Et voici que , devant le vide laissé par les Etats-Unis , la Chine vient d'annoncer aujourd'hui la conclusion d'un vaste accord de libre-échange entre les 10 pays de l'Asean et le Japon, la Corée du sud , l'Australie et la Nouvelle Zélande . Ce partenariat économique concerne 2 milliards d'habitants et 30 % du PIB mondial (2) . Qui plus est l'Inde envisage de rejoindre l'accord en faisant fi des dissensions existant avec Pékin . 

Leçon à tirer : lorsque les Etats-Unis se désengagent la Chine prend le relais selon le vieil et désuet adage "qui va à la chasse perd sa place etc..." . Qu'en sera-t-il pour le Moyen-Orient lorsque la Chine écartant le rideau décidera de sortir vraiment de l'ombre ... et qu'un vaste accord de libre-échange sera (éventuellement bien sûr) conclu avec l'Union européenne ?

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(1) accord commercial Trans Pacific Partnership négocié pendant plusieurs années par l'adminsitration Obama .

(2)  Quotidien en ligne Le Monde .fr du 16/11/20

Covid-19 : voyage en Absurdie


Mon voisin Edouard enrage : il me dit qu'il n'a pu se faire tester faute de symptômes de covid-19 ou de certificat médical . Il regrette que la mairie de son village n'ait pris aucune initiative alors que le gouvernement n'a eu de cesse de proclamer que l'épidémie devait être combattue grâce au couple "maire-préfet ". Il me dit que ce couple a dû probablement divorcer...

Edouard (jeune retraité) voulait , en courant , tenter de faire baisser sa grogne mais le bois où il se rend habituellement se trouve à 3 km de son domicile : il ne peut donc courir dans les sous-bois puisque - du fait du confinement - le rayon de sa liberté n'est que d'1 km . 

Il ne comprend pas que les parcs des grandes villes soient ouverts aux promeneurs et joggeurs (dans le rayon d'1 km) alors que les bois soient " enclos " s'ils sont - dans les bourgs - à 2 ou 3 km du domicile . Edouard me dit que , dans ces condition, il va tenter de faire son jogging sur l'autoroute proche ...tout en regrettant bien sûr de ne pouvoir cueillir des champignons sur les bas-côtés .

J'ai tenté de calmer Edouard en lui racontant comment l'ex-ministre Douste-Blazy s'était fait piéger par les réalisateurs du pseudo-documentaire complotiste "Hold-Up" . Il ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit que le professeur Christian Péronne avait pourtant donné sa bénédiction : il attend - me dit-il - maintenant celle de Dieudonné ! 

mercredi 11 novembre 2020

Populismes : les extrêmes droites échaudées

 

Ce n'est pas une nouvelle que d'entendre Marine Le Pen apporter son soutien à Donald Trump et ne pas reconnaître sa défaite (1) . Ce n'est pas non plus une nouvelle que d'entendre le Premier ministre hongrois Viktor Orban vitupérer contre Biden et les démocrates qui voudraient instaurer - selon lui- un "impérialisme moral " . Ce n'est pas , aussi , une nouvelle que d'entendre le leader de l'extrême droite espagnole , Santiago Abascal (parti Vox) tenir le même langage . Il n'empêche ; cela amuse que d'entendre , en même temps , les leaders européens d'extrême droite chanter tous en cœur , avec tambours et trompettes , une ode à Trump . Cela , finalement, donne le ton . 

Il est cependant un dirigeant de par le monde qui ménage la chèvre et les choux (les sous ?) c'est Benjamin Netanyahou (3) : après avoir apporté un soutien sans ambages à Trump , voici qu'il affirme que "Biden est un grand ami d'Israël " . Il est vrai qu'il faut se prémunir contre un changement de stratégie des Etats- Unis au Moyen-Orient . 

Dans ce contexte où des chefs d'Etat observent et craignent de se mouiller , Trump est désormais à même de reconnaître les siens et de constater de quels côtés frétillent les extrêmes droites ...échaudées .

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(1) Le Figaro en ligne + AFP du 11/11/20

(2) El Pais du 22/10/20 "Abascal un candidato sin programa con la bandera de Trump " (un candidat sans programme avec le drapeau de Trump ) 

(3) Le Parisien + AFP du 8/11/ 20 : Netanyahou félicite Biden "le grand ami d'Israël ".


samedi 7 novembre 2020

Biden : vers un "New deal " au Moyen-Orient ?

 


Avec l'élection de Joe Biden les Etats-Unis vont pouvoir revenir sur la scène internationale en mettant fin à la déconcertante posture Trumpienne qui a donné , depuis 4 ans ,  une allure kafkaïenne à la politique extérieure américaine . Cela concerne tout particulièrement le Moyen-Orient . Certes il ne s'agira pas d'un revirement à 180 degrés mais d'une clarification que la France et l'Union attendent .

1-Ainsi le retour des Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015 devient désormais possible . On aurait cependant tort de prendre cela pour une marque de faiblesse car les américains n'accepteront jamais que l'Iran se dote d'une arme nucléaire . Par contre une négociation concernant les missiles semble possible si les iraniens "jouent le jeu " et donnent suffisamment de garanties concernant le nucléaire civil (verrouillage de l'enrichissement , limitation du nombre de centrifugeuses etc...) . 

2-Il faut s'attendre au Moyen-Orient à ce que les relations avec Israël soient moins complaisantes (cf. les colonies en Cisjordanie) . Cependant les Etats-Unis ne remettront pas en cause le transfert de l'ambassade à Jérusalem (Joe Biden ne peut se mettre à dos le courant évangéliste aux Etats-Unis ) . La reprise des négociations avec les Palestiniens est aussi une éventualité ...si l'Union européenne et la Russie soutiennent l'initiative et si -notamment - le Hamas reconnait l'Etat d'Israël et ne cherche pas à marginaliser les dirigeants du Fatah de Cisjordanie (qui parle au nom de la Palestine ? ) .

3-Il est par ailleurs douteux que les relations avec l'Arabie Saoudite changent non pas en raison de la seule préoccupation d'un approvisionnement en pétrole puisque les USA sont désormais autosuffisants mais  pour ne pas laisser la place , à terme,  à la Chine qui , mine de rien , avance ses pions au Moyen-Orient . 

4-On peut également espérer une clarification des relations avec la Turquie dans le cadre de l'OTAN , la position de Donald Trump ayant été jusqu'à présent des plus ambiguës , Washington donnant le sentiment d'encourager une renaissance d'un leadership ottoman .

                      Ces évolutions s'inscrivent dans le cadre d'un retour au multilatéralisme puisque les Etats-Unis auront besoin de tous leurs partenaires et , notamment , de l'Union Européenne qui doit évidemment être en capacité de répondre si Washington lui tend la main .