Affichage des articles dont le libellé est IRAN. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est IRAN. Afficher tous les articles

mardi 16 avril 2024

Iran / site nucléaire de Fordow : "cache-cache" et "double protection "

 

L'actualité (conflit Israel / Iran) pointe sur le nucléaire iranien (qui a démarré en 1974 sous les "auspices" de la France et de l'ex-Shah d'Iran ) . Parmi la dizaine de sites où tournent les centrifugeuses permettant d'enrichir l'uranium il y a le site de Fordow à une centaine de kilomètres de Téhéran mais - plus symboliquement - à 30 km de la ville sainte de Qom (où est le mausolée de la sœur du huitième iman) .

C'est (consciemment ou pas ) la volonté de protéger le site en le mettant sous double protection ...Car il faut  observer que cette usine d'enrichissement (dont l'existence a été révélée en 2006) se trouve sous une montagne de granite rendant son accès particulièrement difficile comme le soulignent en ce moments les experts . Le site de Fordow rassemble les centrifugeuses les plus performantes en complément du site nucléaire de Natanz .

Rappelons tout de même que l'Iran a signé le Traité de non prolifération (TNP) et son protocole additionnel permettant un contrôle plus fin de la part de l'AIEA . Mais l'AIEA a , aujourd'hui , des doutes : pourquoi enrichir de l'U à 60 % alors que la centrale civile de Busher (au bord du détroit d'Ormuz) n'utilise que de l'U à moins de 5% ? Certes , en dépit des informations fournies en 1989/90 par le Pakistan (Abdul Qader Khan) , l'Iran n'est pas encore à même de fabriquer une bombe nucléaire mais le sable s'écoule aussi - peut-être à moindre vitesse que dans les centrifugeuses - dans le sablier du temps . 

jeudi 28 décembre 2023

IRAN : "faire la bombe " ?

 

Quelques jours avant le début de l'année prochaine certains  pensent à "faire la bombe" (expression consacrée) le soir du réveillon . Mais , au premier degré , on peut s'interroger sur la capacité de l'Iran à faire une bombe nucléaire . Les stocks qui commencent à s'accumuler d'uranium enrichi à 60 % sont certes un indice de méfiance car on sait qu'il n'y a qu'un petit pas entre 60 % et l'uranium de qualité militaire c.-à-d. d'environ 85/90% . 

Pour autant il est difficile d'imaginer que l'Iran puisse se doter à brève échéance d'une bombe nucléaire : cela à la fois pour des raisons techniques (conception d'une tête nucléaire ) et , aussi, de politique internationale . La Chine , désormais bien présente au Moyen-Orient ne laisserait pas faire , sa préoccupation étant l'intégration de Taïwan . La Russie - sauf à imaginer que le Kremlin  veuille sonner le glas de l'Occident et déclencher un "Armageddon " - n'a aucun intérêt à laisser le Moyen-Orient s'embraser .Par ailleurs les Etats-Unis tout comme Israel (désormais bien échaudé)  auraient "le doigt sur la gâchette " si une menace de cette nature se présentait. 

Il n'en reste pas moins qu'il faille être d'une extrême vigilance à l'égard du programme nucléaire iranien et garder les deux yeux ouverts non seulement quant aux décisions officielles mais , aussi , quant aux possibilités de détournement de l'uranium enrichi à un niveau qui dépasse largement les besoins d'une centrale nucléaire civile .  

dimanche 14 août 2022

Nucléaire /Iran : du "plomb dans l'aile"

 

La tentative d'assassinat de Salman Rushdie pourrait remettre en question la conclusion de l'accord sur le nucléaire iranien qui était sur le point d'être "bouclé" à Vienne . Sans que l'on puisse apporter la  preuve de ce que l'actuel gouvernement iranien est partie prenante dans la tentative de meurtre de l'écrivain , il faut bien admettre que l'assassin se voulait l'exécuteur de la fatwa décrétée en 1989 par le défunt ayatollah Khomeiny , chef d'Etat - de fait - de l'Iran depuis 1979 .

L'admiration d'Hadi Matar (le meurtrier présumé) pour l'ancien Guide suprême tout comme sa complaisance à l'égard des islamistes chiites iraniens établissent un lien d'autant plus tangible que la presse conservatrice iranienne n'a pas tardé à encenser le meurtrier  . Cela - pour certains - est susceptible de remettre en cause l'accord sur le nucléaire que les 5+1 essaient de remettre sur pied  : comment faire confiance à un pays qui a poussé au meurtre d'un écrivain quoi que l'on pense de ses écrits ?

Les autorités iraniennes qui sont depuis 1987 en possession des connaissances théoriques (1)  de fabrication d'une bombe nucléaire sont-elles crédibles - dans le contexte évoqué - lorsqu'elles affirment que l'uranium enrichi est destiné aux centrales de production de l'électricité ? Sont-elles crédibles lorsqu'elles affirment que les missiles balistiques dont l'Iran dispose n'ont qu'une vocation défensive ? L'assassinat (ou du moins sa  tentative ) remet , effectivement , la question sur la table . L'accord sur le nucléaire pourrait ainsi avoir quelques " plombs dans l'aile " .

_______________

(1) Négociations menées en 1987 à la fin du conflit Irak/Iran par l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi . Acquisition probable des connaissances technologiques auprès d'Abdul Qader Khan ("père " de la bombe nucléaire pakistanaise après avoir subtilisé chez Urenco les données concernant le fonctionnement des centrifugeuses) .

samedi 25 juin 2022

IRAN/ Nucléaire : L' imbroglio

Les négociations tournent dans le vide tant que les sanctions économiques n'auront pas été levées. Pendant ce temps les centrifugeuses tournent et les stocks d'uranium enrichi augmentent . La récente désactivation de 26 cameras de surveillance de ces centrifugeuses plonge l'AIEA dans le doute . 

Certes, l'Iran n'a pas encore les moyens de confectionner une bombe (même si depuis longtemps il en connait les étapes) mais Téhéran possède les vecteurs et le "carburant ". Il lui reste -semble-t-il - à franchir le saut technologique des têtes nucléaires . Israel est convaincu qu'il faudrait 1 an tout au plus pour mettre au point son arsenal . 

Dans un monde qui plus que jamais (cf. Russie, N Corée ...) évoque sans retenue l'utilisation de l'arme nucléaire , il est urgent de parvenir à un accord qui ne laisse pas à l'Iran le loisir d'accumuler de l'U enrichi à 50 ou 60 % . Il y a un seuil  à partir duquel tout pourrait déraper .

samedi 26 mars 2022

IRAN/NUCLEAIRE : Accord en ligne de mire

 

Après que la Russie (qui menaçait de faire capoter l'accord tout près d'être conclu il y a 2 semaines) ait , finalement, reçu les assurances que les sanctions prises à son égard n'auraient pas d'incidence sur les relations économiques bilatérales avec l'Iran , la conclusion des négociations est imminente . 

Il faudra évidemment veiller à ce qu'il adviendra des stocks d'uranium enrichi à plus de 20 % constitués (dont certains à 60 %) On sait que Téhéran a donné des assurances et qu'elle n'envisage pas de bombe nucléaire mais ...dans le monde sous-tension dans lequel on est entré depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie , il faut se méfier des alliances qui pourraient , à tout moment , surgir . 

Comme on le sait , l'accord qui sera reconduit n'a pas pour objet d'empêcher - techniquement - l'Iran d'avoir une bombe nucléaire mais - seulement - de retarder les délais d'acquisition si Téhéran un jour franchissait la ligne rouge , ce qui donnerait à Israel et aux USA , la possibilité (durant ce laps de temps ) d'intervenir préventivement  .Il faudra compter ,évidemment, sur le regard acéré de l'A.I.E.A ...afin de ne pas être pris au dépourvu . 

samedi 12 mars 2022

IRAN / Nucléaire : Veut-il d'un accord ?

 

Alors qu'un accord sur le nucléaire était , il y a une semaine, envisagé après de laborieuses négociations à Vienne , la situation semble désormais gelée : la Russie a introduit de nouvelles exigences tenant à la compatibilité entre sanctions occidentales (cf. Ukraine) et possibilités de commerce avec l'Iran . Curieusement Téhéran ne semble pas surpris et paraît à la limite "compréhensif" .

Est-ce que l'Iran qui voulait rapidement d'un accord afin d'obtenir la levée des sanctions financières américaines , se ferait à l'idée qu'un accord n'est plus possible ...et engrangerait , pendant ce temps, des stocks d'uranium hautement enrichi ? 

Plus simplement : y aurait-il une entente entre l'Iran et la Russie pour que Téhéran considère qu'il y a une autre carte à jouer ...avec le soutien du Kremlin . Cela est bien étrange car si l'Iran trouvait bon de jouer cette carte dans le court terme, dans le long terme la carte ne serait pas gagnante ...à moins bien sûr que la Chine ne soit , aussi , tacitement partenaire auquel cas le jeu serait savamment "pipé".

lundi 29 novembre 2021

IRAN/NUCLEAIRE : Il y a urgence

 

Les réunions de Vienne tournent autour du pot . Pendant ce temps Israël fait donner "le tocsin" en se disant prêt à une intervention militaire d'anticipation . Il est vrai que les stocks d'uranium enrichi à 20 % s'accumulent à Natanz ou ailleurs ...Cela ne signifie pas pour autant que l'Iran soit en capacité de construire une bombe et , a fortiori , d'équiper ses missiles d'une tête nucléaire . Mais la marmite boue et il est grand temps d'éteindre le feu . Or deux demandes paraissent devoir être prises en considération :

 1- celle de l'Iran dont la population vit une situation très difficile et qui souhaite que soient levées le plus vite possible les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis .

2-celle des Etats-Unis légitimement préoccupés par l'arsenal de missiles balistiques dont se dote l'Iran quand bien même ils ne seraient pas pourvus de têtes nucléaires .

Un accord pourrait-il lier ces deux préoccupations en les conditionnant ?   

mercredi 21 avril 2021

Nucléaire iranien : un accord en vue ?

 

Différentes sources font état de progrès notables dans les négociations de Vienne . Contrairement à ce que prévoyait Israel en bombardant le site de Natanz , les iraniens , poussés à la faute , ne sont pas tombés dans le piège des représailles qui auraient pu torpiller les négociations en cours . 

Il est grand temps - estime-t-on - qu'un accord soit trouvé gelant l'enrichissement de l'uranium (cf .le seuil risqué de 60 %) : les élections présidentielles iraniennes vont se tenir dans 2 mois et , à défaut d'accord, les "Gardiens de la évolution" pourraient accéder à la présidence . 

Et , par ailleurs , dans le cas de maintien des sanctions économiques du fait de l'absence d'accord , la porte de l'Iran serait grande ouverte à la Chine (Pékin vient de conclure avec Téhéran un accord de partenariat stratégique sur 25 ans) . Personne n'a d'intérêt - du moins en Occident - au basculement de  l'Iran dans le camp asiatique (ou chinois) . D'où , probablement , les signaux qui apparaissent ça et là indiquant qu'un accord est - presque - "sur la table" ...à condition que des initiatives intempestives - comme à Natanz -  ne viennent soudainement renverser les  quilles .

mardi 12 janvier 2021

IRAN : Pompeo verse de l'huile sur le feu


Le Secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo affirme que l'Iran serait la "base" actuelle d'Al - Qaïda . Il semble de la sorte légitimer une action (militairement offensive ou non ) à l'encontre de l'Iran . Ces propos sont troublants quelques jours avant la fin du mandat de l'actuel Président Donald Trump . A moins qu'il ne "savonne la planche " du Président élu , Joe Biden et l'empêche , de la sorte , de revenir dans l'accord du 14 juillet 2015 sur le nucléaire . 

Il n'est certes pas impossible que des terroristes aient trouvé refuge en Iran (tout comme en Arabie Saoudite par exemple ) . Rien ne permet , en revanche , d'affirmer aujourd'hui que la base d'Al-Qaïda se trouverait en Iran ...plutôt, par exemple , qu'en Afghanistan où l'organisation djihadiste a pris jadis racine . 

Il ne s'agit pas évidemment de donner le "bon dieu sans confession" à l'Iran qui dispose de missiles et d'uranium enrichi ...tout comme Israel a , dans son arsenal et à titre défensif , des têtes nucléaires et des vecteurs . Pompeo a-t-il bien réfléchi aux conséquences de ses affirmations ? ... à moins qu'il les tienne de bonne source ou qu'il ne cherche à faire diversion .

vendredi 27 novembre 2020

IRAN / USA : Une "fenêtre " pour des négociations sur le nucléaire

 

La nouvelle administration américaine souhaite probablement revenir dans l'accord nucléaire de 2015 que le Président Trump avait jeté aux orties en 2018 misant sur un embargo maximal sur Téhéran . Mais - en dépit de sanctions qui ont affaibli l'Iran et appauvri la population - le pays est debout et des échéances majeures approchent : les élections présidentielles auront lieu dans 7 mois en juin prochain . Il serait certainement dommage que le nouveau président soit un tenant de l'aile dure et rejette toute négociation .

On peut donc penser (et espérer) que le retour à la table de négociation intervienne dès février ou mars . Cette date - hasard des calendriers- coïncidera probablement aussi avec le démarrage des vaccinations contre la covid-19 qui a dramatiquement touché l'Iran . La France , comme l'Union, est certainement attentive à l'évolution de la situation et au "créneau " qui se présente ...à condition que de part et d'autre aucune initiative (1)  hasardeuse ne soit prise qui compromettrait les opportunités qui se présentent . 

__________

(1) Actualisation au 28 /11/ 2020 : il est clair que l'assassinat  le 27/11 du scientifique iranien spécialiste du nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh , ne va pas dans le sens d'un apaisement . A juste titre le Conseil de Sécurité ONU est saisi .

mardi 17 novembre 2020

IRAN / TRUMP : la tentation du feu aux poudres

 

Selon le New York Times (1) Donald Trump aurait convoqué jeudi dernier une réunion de son état-major (avec le vice-président Pence et le secrétaire d'Etat Pompeo) afin d'évaluer l'option d'une frappe sur le site nucléaire iranien de Natanz (où les centrifugeuses enrichissent l'uranium) . 

Au-delà du paradoxe qu'une telle option ait pu intervenir en pleine période de transition il est clair qu'un bombardement de Natanz aurait immédiatement mis le "feu aux poudres" au Moyen-Orient (Israël , Arabie Saoudite) et plus largement dans le monde (Russie, Chine ) . Heureusement ses conseillers ont dissuadé le " Président - en- fonctions" d'allumer la mèche . Pour autant il ne faudrait pas timidement se "cacher derrière son petit doigt " : les stocks d'uranium enrichi augmentent (en volume et en qualité) ainsi que l'a constaté l'A.E.I.A. et l'Iran se trouve au bord de la falaise , à bout de souffle du fait de l'embargo américain . 

A quelques mois des élections présidentielles l'Iran a besoin d'une porte de sortie , celle qui a été violemment refermée par Donald Trump en se désengageant en 2018 de l'accord sur le nucléaire civil du 14 juillet 2015 . Il est grand temps que Joe Biden réintroduise les Etats-Unis dans l'accord de 2015 et négocie sans faiblir avec l'Iran . Dans une région incandescente ( crainte légitime d'Israël , volonté de leadership de l'Arabie Saoudite et de la Turquie , Iran exsangue ) il serait absurde que la seule voix à entendre soit celle des canons . A souhaiter que se fasse entendre la voix de l'Union européenne aussi .

_____________

(1) The New York Times du 16 novembre 2020  

vendredi 14 juin 2019

USA/IRAN : point(s) d'interrogation ...



En dépit des affirmations du Secrétaire d'Etat américain on ne peut encore - selon ce qu'il semble  remonter de la "communauté du renseignement " - rien affirmer à propos des actes de sabotage sur deux pétroliers à proximité du golfe d'Ormuz . Ce que l'on sait est, qu'à la suite de l'embargo américain , l'Iran est au bord de l'asphyxie et que , dans le passé, il s'est dit en capacité de bloquer le détroit d'Ormuz (30% des flux pétroliers mondiaux) . 

A première vue la responsabilité de l'Iran semble probable . En "seconde vue" il semble aussi possible que l'on ait (on ?) monté un scénario qui pourrait , aux yeux de la communauté internationale , justifier une intervention . On sait qu’Israël , l'Arabie Saoudite ne seraient pas mécontents d'une intervention américaine ...en compagnie des "faucons " d'outre-atlantique . 

Certes il faut se garder des théories complotistes mais il faut aussi se rappeler que ce qui paraît trop évident n'est pas à prendre "au pied de la lettre " : on se souvient évidemment du contexte de l'intervention américaine en Irak (et des affirmations à l'ONU (1) de pseudo préparatifs nucléaires de Bagdad) . On se souvient aussi - cela remonte à 1981 - de l'affaire dite Irangate (2) : la réalité n'est pas toujours simple !

D'autant plus que l'un des tankers attaqué est japonais alors même que le Premier ministre japonais , Shinzo Abbe se trouvait, ce jour là , en visite à Téhéran ...

Quoi qu'il en soit un scénario est en préparation soit pour l'escalade militaire soit pour obtenir que l'Iran vienne à résipiscence à la table de négociation ....pour renégocier l'accord de 2015 ? 

______________

(1) cf. la fiole de poudre blanche brandie par le Secrétaire d'Etat Colin Powell devant le Conseil de Sécurité de l'ONU le 5 février 2003

(2) vente d'armes par les USA à l'Iran (en dépit de l'embargo officiel ) pour financer une opération au Nicaragua (cf. les contras) .

mercredi 25 avril 2018

Usa - Iran/nucléaire : quitte ou double ?



Donald Trump sait que l'accord de Vienne (2015) sur le nucléaire iranien  est un accord multilatéral dans lequel la Russie et la Chine sont partenaires aux côtés de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni . En "déchirant" l'accord le 12 Mai prochain les Etats-Unis risquent de mettre le feu aux poudres .

 Emmanuel Macron évoque un "nouvel accord" qui se substituerait à l'accord du 14 juillet 2015 ...sauf que ce nouvel accord n'est pas encore négocié et que l'Iran n'est pas prêt de s'asseoir à la table .

Donald Trump estime-t-il que des sanctions économiques reconduites voire aggravées amèneront Téhéran à "passer à table " ? Table-t-il sur un soulèvement populaire en Iran ? Envisage-t-il une action conjointe Arabie Saoudite / Israël ? Tout cela est un pari et aussi un bluff qui peut être dangereux : l'Iran acculé possède des cartes ( le détroit d'Ormuz notamment) qu'il peut utiliser si , notamment, il recueille le soutien de la Chine et de la Russie ( 1).

Il n'empêche : le problème posé par l'accord de Vienne de 2015 n'est pas tant celui de l'enrichissement de l'uranium puisque l'A.I.E.A. considère que Téhéran applique les dispositions de cet accord (pas d'enrichissement supérieur à 5 % , diminution des centrifugeuses etc...) .

Non, le vrai problème se situe au niveau du programme balistique non mentionné (du moins explicitement) dans l'accord du 14 juillet 2015 et qui sera , cependant, évoqué quelques jours plus tard au Conseil de sécurité ONU .

Ainsi, plutôt que de parler d'un "nouvel accord" (2) succédant à un accord devenu caduc de par l'oukase des Etats-Unis il aurait été plus astucieux de parler d'un "complément " à l'accord. 

C'est toute l’ambiguïté de l'unilatéralisme Trumpien  que de porter des estocades en espérant que le taureau courbe la tête  ; ce qui n'est pas certain .

______________

(1) A noter : le tout récent accord pétrolier entre l'Iran et la Russie ainsi que la probable entrée de l'Iran dans l'Union économique eurasiatique (dont le chef de file est Moscou) .

(2) "nouvel accord" pourrait - en jouant sur les mots - s'entendre de 2 manières : soit un nouveau texte succédant au premier et à renégocier totalement soit un texte amendé par les "piliers" suggérés par Emmanuel Macron qui serait donc "nouveau " de par cette adjonction (nb: consulter Talleyrand !). 

vendredi 19 mai 2017

Présidentielles Iran : modernité à "petites doses"



Il ne fait guère de doute : Hassan Rohani sera reconduit dans ses fonctions de Président de la République iranienne à l'issue du scrutin de ce jour 19 Mai. Le paradoxe est évidemment que son concurrent Ebrahim Raissi, conservateur, se prévaut du soutien du Guide Suprême Ali Khamenei.

 En fait l'Iran est dans un jeu d'équilibre permanent où les dosages sont fréquents au point qu' un "soutien" n'équivaut pas à un "appui" (peut-être d'ailleurs l'accent tonique diffère-t-il en langue farsi).

L'un des enjeux de cette élection - outre la pérennité de  l'accord de juillet 2015 sur le programme nucléaire - concerne les jeunes gens : quasiment deux tiers de la population , la plupart du temps instruits mais qui tournent en rond à la recherche d'un emploi (le chômage des moins de 30 ans se situe dans une fourchette 25- 30 %). Ces jeunes gens - et notamment les jeunes filles - sont en quête d'un avenir dans une société encore rigide où le poids du clergé dans la vie sociale demeure prédominant. 

L'autre considération a trait à la place de l'Iran dans le Moyen-Orient car les iraniens sont aussi farouchement nationalistes et fiers de leur civilisation . D'où , à l'extérieur , des suspicions à l'égard du programme de missiles balistiques iranien symbole de puissance mais qui effarouche tout autant Israël, que l'Arabie Saoudite ...et les Etats-Unis (dont le Président s'envole - hasard - vers Riyad). 

A ceux qui craignent la constitution d'un"arc chiite" jusqu'au Liban , peut-être M. Trump pourrait-il faire valoir le rôle du Hezbollah dans la lutte contre Daesh...

Mais ira-t-il jusqu'à cautionner une vérité évidente alors que l'Arabie Saoudite et Israël redoutent l'emprise d'une force militaire qui enfoncerait un coin et opérerait une "triangulation" redoutée entre Etats Chiites ? 

lundi 25 juillet 2016

IRAN : ouverture ou fermeture ?



Alors que l'Iran - après l'accord sur le nucléaire d'il y a un an - semblait sortir de l'ombre et retrouver sa place de grande puissance régionale , on a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles les autorités iraniennes ont décidé (1) de détruire quelques 100 000 antennes paraboliques. 

Paradoxalement cette décision intervient peu après - en juin - que l'E.I. ait demandé (2) que soient supprimées , dans les zones que Daesh contrôle encore, des antennes satellites qui permettraient de le localiser .

 Evidemment il n'y a aucun rapport entre les mots d'ordre de l'E.I. et les récentes décisions iraniennes basées sur de soi-disant considérations morales . L'Iran est, on le sait, un combattant de première ligne contre Daesh.

Il n'empêche que l'on comprend mal comment (et par qui ) cette décision a été prise alors même que le Président Rohani estimait que cette mesure allait à contre courant.

On peut s'interroger : s'agit-il d'une salve des conservateurs dans la guerre souterraine qu'ils se livrent avec les libéraux ? Le mandat du Président Rohani s'achève dans 1 an : il faut souhaiter que cette échéance n'ait pas pour prélude un repli sur soi ...

A moins que l'Iran ne redoute plus que tout autre un danger saoudien et ne se raidisse (cf. missiles sol-air russes S 300 récemment livrés) en anticipant un possible conflit régional.

L'ouverture économique éprouve-t-elle des limites sur l'échiquier complexe du moyen- orient?

____________

(1) europe 1. fr du 24 juillet 2016
(2) rt. com (en français) du 1er Juin 2016

dimanche 12 juillet 2015

Iran /nucléaire : à quelques heures d'un accord ?



Les discussions semblent traîner en longueur. Apparemment... car les considérations stratégiques vont certainement prendre le pas sur tout autre considération : l'Iran est au Moyen-Orient le seul solide recours contre le pseudo "Etat islamique".

 Certes l'Arabie Saoudite est un partenaire économique majeur mais le régime sunnite n'a pas les mêmes raisons que Téhéran d'éradiquer Daech.

 Evidemment il faut aussi donner des assurances à Israël qui - à juste titre - se méfie.  Mais un accord fondé sur des contrôles minutieux de l'A.I.E.A. est de loin plus important que l'absence d'accord qui aurait pour effet de laisser l'Iran (qui possède la connaissance théorique et pratique de toute la filière nucléaire) aller de l'avant comme jadis la Corée du Nord . 

Les considérations stratégiques vont l'emporter et un accord raisonnable sera probablement trouvé d'ici peu.

________________________

NB -actualisation mardi 14 juillet : voilà qui est fait !

mercredi 24 juin 2015

Nucléaire : l'Iran tient-il ses engagements ?



Dernière ligne droite probable avant un accord. C'est cependant à juste titre que les 5 +1 s'interrogent sur la validité des engagements pris par l'Iran afin d'assurer qu'il n'y a pas de "dérapage" militaire du nucléaire . 

Ainsi en 1998 l'Iran - pour montrer sa bonne foi - a-t-il signé un document dénommé "protocole additionnel au TNP ". Ce faisant, Téhéran acceptait l'accès de l'A.I.E.A à ses différents sites avec un très bref préavis. Il s'agissait là d'un geste de bonne volonté et de transparence.

 On peut , en effet, croire en la bonne volonté de l'Iran mais à condition que les engagements pris et souscrits soient effectivement  respectés : Or le "protocole additionnel" signé il y a plusieurs années n'a toujours pas été ratifié par le Parlement iranien. Bien au contraire , on semble assister (depuis quelques jours) à un raidissement de Téhéran.

 A juste titre on se pose la question : veut-on cacher quelque chose...sur le site militaire de Parchin ou ailleurs ? Au moment où la désinformation tente de semer le doute et de faire échec aux négociations il est urgent que Téhéran choisisse son camp...vraiment.

vendredi 3 avril 2015

Iran : un nouvel allié au moyen-orient?


L'accord-cadre sur le nucléaire signé hier à Lausanne met fin à une longue période d'incertitude. Les parties ont su faire la part du réalisme et des pressions exercées de toutes parts. Car l' Iran a - dans le passé - beaucoup menti ou éludé les questions posées. Tout comme d'autres pays pour lesquels la transparence était peu compatible avec une diplomatie de l'ombre.

 Ainsi le protocole additionnel au TNP (dont on reparle à juste titre à nouveau ) a bien été signé il y a plus de 10 ans par l'Iran ...mais il n'a pas été ratifié jusqu'ici par le Parlement . Or c'est - en effet - un "verrou"  majeur qui doit permettre aux experts de l'A.I.E.A de se rendre sur place à tout moment pour s'assurer que l'accord est bien appliqué dans ses moindres détails ...et, ainsi, rassurer Israël légitimement inquiet.

 Mais - si les engagements pris sont bien respectés- cela constituera un nouvel axe majeur de la diplomatie occidentale : dans le chaos qui règne au moyen-orient il est bien utile de pouvoir compter sur une puissance régionale émergente qui n'a aucun intérêt à promouvoir ou cautionner le désordre. Cela n'irait pas dans le sens que souhaitent les iraniens qui aspirent à plus de liberté, de dignité et à avoir leur "place au soleil" sans avoir à s'abriter derrière tel ou tel parasol.

 Une "Nouvelle donne" ainsi apparaît pour le moyen-orient et les analystes qui gobergeaient sur une pseudo stratégie du chaos en sont pour leur frais . 

samedi 7 février 2015

Iran/nucléaire : quelles chances d'aboutir à un accord ?


A Vienne,Munich, Genève ou Istanbul les négociations se poursuivent (officielles dans le cadre du groupe 5+1 ou bien plus bilatérales et donc plus discrètes) . Derrière ces négociations il y a l' ambition de l'Iran de devenir une puissance régionale reconnue 

Le fait d'être un pays du "seuil " c'est-à-dire d'être à même - selon les circonstances - de mettre au point une arme nucléaire mettrait l'Iran en "pôle position" alors même que d'autres pays ont la même ambition , celle de devenir une puissance régionale dominante au Moyen-Orient : c'est le cas de la Turquie, de l’Égypte...et de l'Arabie Saoudite (qui , par ailleurs, nourrit une détestation à l'égard de l'Iran chiite). 

Cet arrière plan est important pour comprendre la position de l'Iran : il s'agit à la fois de ne pas "perdre la face" vis à vis des autres puissances qui émergent ou croient émerger et dans le même temps de donner des gages - sur le plan interne - aux conservateurs qui sont en embuscade. Tout cela au moment où l'Iran subit de plein fouet des sanctions économiques. 

Cela pour dire que - derrière les négociations en cours - et dont le terme est juillet prochain (au-delà de l'échéance "politique" de fin mars) se joue une partie d'échec sur le plan régional (Israël, Turquie, Arabie Saoudite, Egypte...tous aux aguets) et aussi au niveau national : les "gardiens de la révolution" (les Pasdarans) ne sont pas sur l'avant scène mais non loin, juste derrière le décor. Tout comme Israel qui compte bien - devant le Congrès américain - prochainement exposer ses craintes. 

La voie est donc étroite pour trouver un accord : permettre (1) à l'Iran de disposer d'UFE (2) pour ses centrales nucléaires produisant de l'électricité tout en ayant la certitude que ne sera jamais franchi le seuil à partir duquel le niveau d' enrichissement devient un piège .

____________

(1) C'est un des paradoxes du TNP que de vouloir (à juste titre) s'opposer à la prolifération nucléaire et - dans le même temps - encourager le nucléaire à des fins civiles (électricité) alors même que la frontière entre les deux est quasi inexistante (réacteurs dits de recherche, centrifugeuses, réacteurs à eau lourde produisant du plutonium...).

(2) = Uranium faiblement enrichi (ne dépassant pas 5%).

lundi 19 janvier 2015

Iran / nucléaire : demeurons vigilants



Les négociations viennent de reprendre : faut-il désormais jeter le voile sur les intentions prêtées à l'Iran de se doter d'une bombe nucléaire derrière le paravent du nucléaire civil ? Finalement 2 thèses s'affrontent:

1- L'une soutient que l'Iran est une puissance régionale (actuelle ou en devenir) et qu'il ne convient pas de marginaliser un Etat (théocratique ou pas) qui possède un rôle stabilisateur dans un moyen-orient en proie à des bouleversements ou des basculements possibles (successions difficiles en Arabie Saoudite). Selon les défenseurs de cette thèse ce serait une ineptie de maintenir des sanctions économiques qui (avec la baisse du prix du pétrole) risquent de faire sombrer le pays et lui ôter tout rôle de médiateur ou de "partenaire d'équilibre ". Il conviendrait donc de faire confiance à l'Iran et de considérer que l'uranium n'alimentera que les centrales produisant de l'électricité (telle le site de Busher sur le Golfe Persique). Le "compromis" trouvé supposerait, bien entendu, des investigations soutenues (sur la base du protocole additionnel au T.N.P.).

2- L'autre met l'accent sur le risque majeur que présenterait une bombe nucléaire qui pourrait tomber dans les mains de "fous de Dieu" , de djihadistes dans le contexte actuel de déchaînement contre l'Occident assimilé au mal.  Cette thèse s'appuie sur des éléments de doute bien connus : pendant longtemps l'Iran a dissimulé son programme nucléaire et les milliers de centrifugeuses qui tournent à Natanz ou à Fordo. Les partisans de cette thèse s'interrogent également sur le réacteur à eau lourde d 'Arak pouvant produire du plutonium. Ils soulignent que l'Iran possède (outre les missiles à moyenne portée dont serait doté le Hezbollah) des missiles balistiques d'un rayon d'action de 2500 km (pouvant atteindre l'Europe et justifiant donc le bouclier anti missile envisagé en Europe de l'Est).

Quelles considérations vont l'emporter dans les négociations ? Ce qui est certain c'est que les attentats  récemment commis à Paris ont contribué à faire douter et , peut-être, à ouvrir les yeux quant aux risques islamistes .

 Et si l'Iran - dans son discours - s'abritait derrière la taqiya (mensonge autorisé par le Coran )  étant entendu que - depuis 1988 - il a connaissance (théorique au moins) de la technologie nucléaire militaire (fournie par Abdul Qader Khan, le "père" de la bombe nucléaire Pakistanaise) ?

 Au-delà du risque de prolifération émerge le risque de " non contrôle" de l'arme si l'Iran parvenait à s'en doter (en utilisant comme "socle " l'uranium hautement enrichi - 20 % - destiné à l'un des réacteurs de Téhéran "à usage médical").

Pourquoi Arak , Pourquoi Fordo caché sous les montagnes près de  la ville sainte de Qôm ?

Serait-ce... dans  l'attente de la venue du 12 ème Iman ?