mardi 26 juillet 2016

Terrorisme : Fatwa de dignitaires musulmans ?



Le nouvel attentat , ce matin , dans une église près de Rouen montre qu'un cap a été franchi : un prêtre âgé de 86 ans vient d'être égorgé pendant la messe. Le danger est grand d'une fracture ouverte entre communautés ainsi que le redoutait le responsable de la DGSI il y a quelques jours.

Comme je l'ai déjà écrit , afin d'éviter une déstabilisation de notre société occidentale (ce que recherche Daesh), il est urgent que les dignitaires religieux sunnites, chiites etc... de par le monde condamnent au nom du Coran ces attentats : il ne faut pas que les djihadistes imaginent que ces massacres leur ouvrent les portes de leur paradis. Cela vaut autant pour Saint-Etienne - du - Rouvray que pour Kaboul, Istanbul, Tunis ou Islamabad...la question est : peut-on tuer ,massacrer au nom d'Allah ?

Muftis, Imans , Mollahs pourraient exprimer auprès du Pape François leur indignation .Le dialogue inter-religieux acquerrait alors un sens.

Devant l'horreur on ne peut chuchoter , se taire ou seulement appeler à la compassion ou à la prière : les dignitaires musulmans doivent condamner sans équivoque.

On attend en particulier les réactions en provenance d'Arabie saoudite (1) ou du Qatar qui appuyèrent Daesh quitte maintenant à s'en mordre les doigts.

_____________

(1) Il serait intéressant de connaître la position du prince Turki (ex responsable des renseignements saoudiens) qui vient d'appeler à un changement de régime en Iran : L'Arabie saoudite craint-elle davantage l'Iran que l "Etat islamique " ?

lundi 25 juillet 2016

IRAN : ouverture ou fermeture ?



Alors que l'Iran - après l'accord sur le nucléaire d'il y a un an - semblait sortir de l'ombre et retrouver sa place de grande puissance régionale , on a du mal à comprendre les raisons pour lesquelles les autorités iraniennes ont décidé (1) de détruire quelques 100 000 antennes paraboliques. 

Paradoxalement cette décision intervient peu après - en juin - que l'E.I. ait demandé (2) que soient supprimées , dans les zones que Daesh contrôle encore, des antennes satellites qui permettraient de le localiser .

 Evidemment il n'y a aucun rapport entre les mots d'ordre de l'E.I. et les récentes décisions iraniennes basées sur de soi-disant considérations morales . L'Iran est, on le sait, un combattant de première ligne contre Daesh.

Il n'empêche que l'on comprend mal comment (et par qui ) cette décision a été prise alors même que le Président Rohani estimait que cette mesure allait à contre courant.

On peut s'interroger : s'agit-il d'une salve des conservateurs dans la guerre souterraine qu'ils se livrent avec les libéraux ? Le mandat du Président Rohani s'achève dans 1 an : il faut souhaiter que cette échéance n'ait pas pour prélude un repli sur soi ...

A moins que l'Iran ne redoute plus que tout autre un danger saoudien et ne se raidisse (cf. missiles sol-air russes S 300 récemment livrés) en anticipant un possible conflit régional.

L'ouverture économique éprouve-t-elle des limites sur l'échiquier complexe du moyen- orient?

____________

(1) europe 1. fr du 24 juillet 2016
(2) rt. com (en français) du 1er Juin 2016

dimanche 24 juillet 2016

Addictions romanesques : Enard, Lodge


Deux auteurs qui , apparemment, n'ont pas de point commun : Mathias Enard et David Lodge . Si ce n'est que dès que l'on a lu l'un de leurs ouvrages on a envie d'en lire un autre ...et un autre encore. 

Pourtant ces deux écrivains diffèrent : Mathias Enard c'est l'écriture originale, une ponctuation aléatoire, une musique des mots, une érudition discrète. David Lodge c'est aussi - sans la même originalité d'écriture - une musique : celle de la relativité des rencontres, des destins entrecroisés, du temps, du détail Balzacien qui crée une atmosphère.

Ces deux auteurs "accrochent" et cela devient une addiction (bénigne) . Ce sont tous deux des compagnons de voyage (dépaysement pour Mathias Enard, ancrage symbolique et voyage dans le temps pour David Lodge).

A lire, de  Mathias Enard : Boussole, Rue des voleurs, Zone, Parle-leur de batailles...etc...

de David Lodge :Jeu de société, Un tout petit monde, la Chute du British Museum, la vie en sourdine etc...

mardi 19 juillet 2016

Bruno Le Maire : islam politique ?



Sur France 2, Bruno Le Maire a répété hier soir : "il faut lutter contre l'islam politique ". Le candidat à l'élection présidentielle fait , à mon sens, confusion : l'islam politique a presque un siècle puisque c'est en 1928 qu' Hassan El-Banna (1) fonda la société des Frères musulmans ,organisation politique islamique.

Les Frères musulmans ont, en effet, pour ambition d'unir dans un même élan convictions religieuses et politiques . Pour cela il faut être au pouvoir ou bien le conquérir : c'est, de nos jours, la "vague " des printemps arabes qui a submergé en 2011 l'Egypte et la Tunisie. C'est également l'idéologie des Palestiniens du Hamas. 

Bruno Le Maire semble mettre sur le même plan islam politique et islamisme terroriste issu de Daesh qui est le vrai défi qu'il nous faut relever .Certes les leaders de l'islam politique défient les conceptions occidentales mais ce ne sont pas des djihadistes aveugles tels ceux qui commettent des attentats poussés par les pseudos califes d'un pseudo Etat ... et ce serait faire trop d'honneur au groupe E.I. que de l'adouber comme tenant d'un "islam politique".
____________

(1) Hassan El - Banna est le grand père de Tarik Ramadan

dimanche 17 juillet 2016

La Turquie n'est pas prête pour l'Union

Les exactions se sont multipliées au lendemain du coup d'Etat avorté. Des soldats turcs ont été lynchés par des civils turcs (1). Cette violence est le signal que la Turquie n'est pas encore prête à rejoindre l'Union européenne... si tant est qu'elle le souhaite vraiment.

 M. Erdogan semble faire fi des recommandations de la communauté internationale : un coup d'Etat suppose évidemment des réactions fermes et des condamnations mais les actes barbares sont un "coup d'Etat" contre le droit et n'ont pas leur place dans un pays qui sollicite son admission dans l'Union . 

Un nouveau chapitre dans les  négociations d'adhésion a été ouvert il y a quelques semaines mais sitôt ouverte une autre porte pourrait bien se refermer.

___________

(1) source :  images mises en ligne par  Les - Crises.fr du 15 juillet 2016

vendredi 15 juillet 2016

Nice :" Jean, pero qué pasa en tu pais ? "


Un coup de fil d'une amie madrilène ("Jean, mais que se passe-t-il dans ton pays ?") exprime et l'indignation et l'incompréhension : pourquoi la France est-elle ainsi et pour la troisième fois en quelques mois la cible d'attaques terroristes majeures?

Ma correspondante ne comprend pas comment - alors que la France est en état d'urgence  - un camion de 19 tonnes a pu parcourir 2 km et foncer sur la promenade des Anglais en ce soir de 14 juillet.

Que penser? D'abord que ce type d'action terroriste est difficile à anticiper soit qu'il s'agisse d'islamistes radicaux revenus de Syrie avec leur "mot d'ordre" (cf. déclarations récentes du directeur de la DGSI ) ou bien d'individus agissant de leur propre initiative et sous couvert du coran. On admettra aussi que tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais - il faut en convenir - que tous les terroristes sont musulmans. C'est probablement là le piège qui nous est tendu : tomber dans l'amalgame et faire ainsi le jeu de l'extrême droite. 

Que souhaiter ? Dans cette nuit où tous les chats sont gris il est urgent que les imans, ayatollahs et autres dignitaires sunnites, wahhabites, chiites de par le monde condamnent au nom du coran ces attentats . Cela afin que nul ne trouve dans un verset l'absolution à son geste fou . 

mercredi 13 juillet 2016

Conférence de Varsovie : " Vents" d' OTAN



La longue déclaration du Conseil de l'OTAN des 8 et 9 juillet à Varsovie est à plusieurs égards intéressante : la lutte contre le terrorisme devient l'une de ses priorités et c'est là un "pied de nez" à ceux qui considèrent que l'OTAN ne sert plus à grand chose. 

On peut également se réjouir de la complémentarité affirmée entre forces de l'Alliance et forces de l'Union européenne ...à ceci près qu'il n'existe pas vraiment de défense européenne.

 Parions aussi que la référence aux "boucliers anti-missile" chagrinera ( c'est une litote) Moscou tout comme les actions conjointes évoquées avec l'Ukraine. 

Je comprends moins que le communiqué de l'OTAN regrette l'intervention de la Russie en Syrie : si l'objectif de l'Alliance est bien - comme affirmé - de neutraliser l'E.I. on devrait se féliciter de l'intervention russe . Il est vrai que les préoccupations de l'Alliance en Europe centrale et dans les Etats Baltes ne tolèrent pas que l'on donne , par ailleurs, un blanc-seing à la Russie . 

Quoi qu'il en soit , ce long communiqué (plus de 100 paragraphes) a une utilité : montrer combien l'Alliance a de "fers au feu" et de "pain sur la planche".

mardi 12 juillet 2016

Etats-Unis : hégémonisme ?


C'est devenu une antienne que d'évoquer la "volonté de puissance '' américaine (il est devenu à la mode de dire maintenant étasunienne pour ne blesser personne...) et d'entendre certains se gausser d'une démocratie de façade . Si l'on met , en effet, sur le plateau de la balance le passé esclavagiste, le ku klux klan, le Vietnam, le comportement atrabilaire en Irak en 2003 ou en Libye en 2011 on est en droit de se poser la question . 

Si l'on y rajoute une société surfant - pour certains - sur les gadgets d'une société de consommation alors que d'autres peinent à voir les reflets de la bannière étoilée on est en droit, en effet, de douter et de considérer que l'opportunisme vient en appui d'une "volonté de puissance" qui s'identifie et ne se reconnait que dans le rapport de force . Les théories "complotistes" viennent également renforcer ce point de vue (une synarchie financière, les lobbies, la NSA, la CIA etc...). 

Mais - si l'on veut être honnête - il faut bien reconnaître que sans l'aide américaine en 1917 et en 1942 , sans plan Marshall, sans OTAN ou ONU notre monde serait bien différent. Certains diront (peut-être à raison) que l'on n'a plus besoin de l'OTAN, que M. Vladimir Poutine est "notre ami" , que la Chine est notre évident partenaire , que l'Union Européenne est autant l'enfant d'Eisenhower que de Jean Monnet.

 Tour cela est vrai mais ...

Chaque camp a sa musique aussi faut-il les écouter en sourdine et ne pas considérer que celui qui fait le plus de bruit a raison : il suffit d'un air de musique bien ajusté et de quelques vibrantes cymbales pour nous emballer. Veillons donc à écouter plusieurs airs à la fois.

lundi 11 juillet 2016

Zone Euro : valse des indices...



L'économie passe-t-elle au "vert" ou bien est-on "orange" ...en attendant le "rouge " ? Les indices et les échanges sur les réseaux sociaux sont parfois déconcertants : ainsi on se félicite de la meilleure tenue du secteur des services en juin , on se congratule du dernier bon chiffre des ventes au détail en mai (+ 0,4 % ), on admet certes que le Brexit ralentira la croissance dans l'Union mais cependant on affiche un assez bel optimisme (mirage du Portugal plus solide sur ses jambes que la Commission européenne ne l'estime quant à son budget). 

Pourtant ça et là on décèle des inquiétudes : détérioration de la situation économique et politique en Italie (à la veille d'un hasardeux référendum constitutionnel en octobre), et ...qui l'eût cru (?) fragilité de la Deutsche Bank...

J'en déduis qu'après le Brexit il faut évidemment rebondir mais aussi tenir la barre et ne pas fermer les écoutilles.

dimanche 10 juillet 2016

Barroso /Goldman : déontologie ?



Au moment où la Commission européenne tente de se rapprocher des citoyens de l'Union son ancien Président, José Manuel Barroso, est recruté par la banque d'affaires américaine Goldman Sachs de fâcheuse mémoire (subprimes, comptes de la Grèce ...).

Certes, M. Barroso a le droit de prendre une "retraite" active tout comme d'anciens responsables politiques qui ne rechignent pas à monter sur les planches pour donner des conférences (co) pieusement rémunérées.

Mais ce pont entre une banque d'affaires et la Commission jette un froid en ce mois de juillet . D'ailleurs les compatriotes Portugais de M. Barroso  s'en émeuvent et estiment - eux - qu'il y a bien là de quoi "fouetter un chat ".