vendredi 26 avril 2019

Supprimer l'ENA : pas si facile !



Ainsi Emmanuel Macron confirme (après quelques tergiversations) son intention de supprimer l'ENA . Mais le "maître des horloges" maîtrise-t-il le temps ? 

On peut se le demander car cette suppression ne pourrait être effective - au mieux - qu'à la fin de son actuel mandat présidentiel voire dans un autre temps puisque la scolarité ENA est de 2 ans : cela signifie que les élèves qui ont réussi le concours 2018 et sont entrés en formation début 2019 n'achèveront leur parcours qu'en début 2021 .

De la même manière les candidats qui viennent de s'inscrire ces jours-ci (1) et passeront le concours en Aout 2019 ne sortiront de l'Ecole qu'en 2022 ... à moins qu'entre-temps la réforme ait pris corps : on peut en douter ...à moins que le Président n'affiche le même volontarisme que pour la reconstruction de Notre-Dame ...

Quant au fond , je regrette que le Président n'ait pas eu l'idée (et la volonté) de supprimer le lien entre cabinets ministériels et haute administration plutôt que de supprimer l'ENA : car c'est bien là que le bât blesse (avec la complicité qui va avec ) .

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(1) les candidats aux épreuves ENA en 2019 devaient s'inscrire entre le 1er Mars et le 29 Avril ...pour des épreuves ayant lieu en Aout prochain .

mardi 23 avril 2019

Espagne : Elecciones sin sorpresa



Les élections législatives  (enjeu : reconduction ou non du président du gouvernement socialiste actuel ) vont avoir lieu ce dimanche 28 avril . Le PSOE (parti socialiste) devrait être le grand gagnant et Pedro Sanchez sera normalement reconduit comme chef du gouvernement . 

Une inconnue toutefois : le PSOE n'est pas certain d'obtenir la majorité absolue et , dans ces conditions, il devrait compter sur les voix du parti de gauche radicale Podemos . Le grand perdant sera le parti de droite P.P quand bien même il rallierait quelques voix venant du parti centriste Ciudadanos ...voire de Vox .

A ce propos , il faudra  voir ce qu'il advient de ce nouveau parti d'extrême droite VOX  (1) mais cela ne devrait pas bouleverser l'échiquier...à moins que la carpe ne se marie avec le lapin . A noter cependant que c'est la première fois depuis le franquisme qu'un parti de droite radicale émerge...nouveau populisme faisant le pendant à Podemos ?

En tout état de cause le débat d'hier soir sur les chaînes espagnoles n'aura pas soulevé d'enthousiasme : les quatre leaders des principaux partis se sont comportés bien sagement en récitant, tous quatre, leur catéchisme . Au point que le meilleur candidat, moins engoncé dans un rôle , semblait être le présentateur de télévision ...

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(1) le parti d'extrême droite Vox pourrait recueillir 10 -12 % des suffrages 

lundi 22 avril 2019

USA /IRAN : compte à rebours



Donald Trump lance ce 22 avril une offensive pour "assoiffer" (ou plutôt assécher) l'Iran en décidant de supprimer les dérogations permettant à 8 pays (Chine, Inde , Japon , Corée du Sud, Turquie, Taïwan , Grèce, Italie...) d'acheter du pétrole iranien .

Se prépare donc une épreuve de force visant à déstabiliser l'Iran ...Pour négocier un nouvel accord nucléaire ou pour tenter de faire tomber le régime ? 

Outre la hausse inévitable du baril de pétrole (et son impact sur la croissance) les effets géopolitiques seront importants et à surveiller : en particulier l'attitude de la Chine . Se pliera-t-elle aux injonctions américaines ou rejettera-t-elle , comme la Turquie , l'oukase américaine ? Que feront l'Inde et le Japon  ? Ces  pays sont dépendants des importations en provenance du moyen-orient et donc des exportations iraniennes . Un accord est-il passé avec l'Arabie saoudite afin qu'elle ajuste l'offre pétrolière ? Autant de questions . 

Alors que se prépare (annonce en Juin prochain ? ) la présentation d'un plan américain de paix Israël / Palestine les enjeux et les enchères dans le moyen-orient sont au plus haut .

Donald Trump joue aussi sa réélection ...sur un coup de poker ou en étalant un jeu depuis longtemps préparé .   

jeudi 18 avril 2019

Supprimer l'ENA : démagogie ?



Sous la décision d' Emmanuel Macron de supprimer l'ENA ne percerait-il pas un relent de populisme et un zeste de démagogie ? Les "gilets jaune" , on le sait, tirent à boulets rouges sur les "élites" et les élèves de l'ENA sont considérés (à tort où à raison) comme faisant partie d'une caste : ils seraient les "intouchables" de la république !  . 

Ancien élève de l'ENA (1) et issu d'un milieu modeste , je suis de ceux - Si ! cela existe ! - dont le père n'était ni archevêque ni conseiller d'Etat . Ainsi le major de notre promotion (1979, Michel de L'Hospital ) était fils d'un petit exploitant agricole  : cela ne l'a pas empêché de faire une brillante carrière au Conseil d'Etat . Tout comme des fils d'ouvriers entraient au début du 20 ème siècle  à, polytechnique , aidés par une bourse municipale ...sans qu'une once de frustration accompagne leur ascension républicaine . 

Que je sache l'ENA est bien moins "élitiste " que Harvard ou Princeton ou Oxford : une fois passé le concours les études sont gratuites et il n'est pas nécessaire de débourser des dizaines de milliers de dollars (ou de livres) ... ni de tenter - comme aux Etats-Unis  - de soudoyer des examinateurs  . Michel Debré , avec l'impulsion du général Charles de Gaulle voulait introduire le mérite et l'égalité à l'époque où existait un système de cooptation . Dommage de vouloir "casser" cet élan républicain !

Pourquoi, au lieu de "casser" on ne réforme pas ? Si l'on considère que les stages "sur le terrain" sont encore insuffisants , rien n'empêche de mettre les élèves encore plus sur le terrain , de faire en sorte que la note de stage s'appuie davantage sur des moments où l'élève aura été " en situation" de manière à tester son caractère au-delà de son sens du service public (qui est - j'ai pu le constater - toujours présent) .

Notre Président a l'ambition de construire et de reconstruire . Parfait . Comme pour Notre-Dame de Paris , il faut applaudir le volontarisme d'Emmanuel Macron . Pour autant l'ENA - que je sache -  n'a pas pris feu ...quand bien même on (qui ? ) tire dessus à boulets rouges avec un mélange d'envie et aussi de beaucoup d'ignorance quant au dévouement de ceux qui se satisfont de servir l'Etat . 

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(1) Sous mon nom et non sous mon pseudonyme 

mardi 16 avril 2019

Notre Dame d'Espérance



Emmanuel Macron a vu juste lorsque , hier soir, il a prononcé le mot d'espérance . En direction des catholiques ...et de ceux qui ont perdu espoir dans notre société quelque peu déboussolée .

Au-delà de la tragédie de Notre-Dame en flammes , il y a la volonté affirmée de ne pas baisser les bras et de prendre notre part d'une oeuvre commencée au Moyen-Age . 

A ceux qui ont une lecture qui va plus loin , une réponse surgira au travers de l'élan mondial de solidarité que l'on perçoit déjà . Est-ce là un signe ? Assurément diront les chrétiens , probablement diront des hommes et des femmes de la sphère politique . C'est, en tout cas, l'occasion d'un retour sur soi et de prise de conscience d'une dimension qui , souvent , nous échappe .

lundi 15 avril 2019

chômage : quadrature du cercle ?



La revendication liée au pouvoir d'achat est étroitement dépendante du niveau d'emploi et donc du taux de chômage . Et pour la première fois depuis une dizaine d'années le taux de chômage est passé sous la barre des 9 % (8,8 %) . Cette amélioration évidente est , pour l'essentiel , liée au taux de croissance du PIB qui a atteint, en 2017, 2,3 % :  on sait qu'il y a un lien (loi d'Okun) entre croissance et réduction du chômage . 

Mais , entre-temps, la croissance du PIB a diminué (1,5 % en 2018 et 1, 4 % de probable en 2019 ) Alors comment maintenir le cap d'un taux de chômage en dessous de 9 % si la croissance mollit ? C'est probablement une question qui se pose tant au niveau national qu'au niveau de l'Union . 

Certes on peut se réjouir que le ralentissement de l'inflation (1, 1 %)  donne "un coup de pouce" au pouvoir d'achat mais cela ne suffira pas et des économistes vertueux considèrent, de leur côté, qu'il faut un taux d'inflation suffisant (2 % ?) pour ne pas décourager les investisseurs qui agissent en fonction du taux de rentabilité . Qui a raison ?

Peut-on maintenir , voire relancer , le moteur économique par le déficit budgétaire ? Ce n'est pas évident et cela prouve que la réponse à ces questions dépend en partie de la politique de l'Union et singulièrement de la zone euro . 

Quelques heures avant l'intervention du Président sur la conclusion du "grand débat " c'est une des (multiples) questions qui se posent : il ne peut y avoir un "choc politique " s'il n'y a pas en parallèle un "choc économique " positif : c'est plus qu'une question technique de réglage ...pour le "maître des horloges " .

vendredi 12 avril 2019

Julian Assange : un bouclier , une "levée de boucliers"



Immédiatement après l'arrestation hier 11 avril  , dans l'ambassade d'Equateur à Londres , de Julian Assange on assiste à une " levée de boucliers " de la part de journalistes et de sites qui veulent encore croire à l'indépendance et en la transparence dans l'observation de la vie politique .

C'est que Assange est un bouclier qui - quitte au risque d'être lui même manipulé - tente de dépasser les manipulations , les non-dits et les secrets aussi bien protégés que les secrets d'alcôve . Mais on sait qu'il n'y a plus , de nos jours, de secrets d'alcôve ...et il faut bien que le monde politique se fasse (comme d'autres institutions) une raison .

Ce qui surprend c'est la coïncidence des interventions : un président d'Equateur nouvellement élu , une Premier ministre britannique en difficulté (et qui veut peut-être , ailleurs , donner des gages ) un président des Etats-Unis qui semble ( après avoir jadis applaudi Assange au moment des e-mails de Hillary Clinton ) maintenant découvrir que l'australien est un damné de la terre et qu'il faut , sinon le mener au bûcher du moins le traîner jusqu'au pilori .

Certains regrettent que les autorités françaises soient silencieuses ...elles ne le sont pas , je l'espère , car cela renvoie aussi à Voltaire et aux Lumières (toute proportion gardée , bien sûr ) .

mercredi 10 avril 2019

Israël/Palestine :pour qui sonne le glas ?




Loin de moi l'idée ( saugrenue ) de ne pas reconnaître la légitimité de l'élection de M. Netanyahu et sa capacité à former un gouvernement de coalition (droite + extrême droite) . Certes, l'administration américaine lui a donné un sacré "coup de main " mais cela est de bonne guerre .

En revanche - dans le contexte actuel - on peut regretter que l'on ait surfé sur des actes qui sont autant d'huile jetée sur le feu  : décision de Donald Trump d'admettre la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan , volonté de M. Netanyahu d'annexer une partie de la Cisjordanie , toutes initiatives qui sont en contradiction avec les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies (tout comme l' a été le transfert de la capitale de Tel-Aviv à Jérusalem , initiative qui marginalise et "délégitime " la Palestine ) .

Ainsi sonne le glas pour la solution à deux Etats . Cette option , privilégiée par l'ONU est désormais "sous cloche " ...il n'est nul besoin de se demander "pour qui sonne le glas" : pour la Paix probablement . Après que la question Palestinienne soit passée au second plan , il est probable qu'elle  revienne sur le devant de la scène . Les Etats de la région sont à "couteau tirés " et , sans vouloir jouer les Cassandre , des étincelles peuvent surgir à tout moment puisque des alliances se mettent en place (cf. Israël / Arabie Saoudite ) .

Il faut évidemment éviter de nouvelles provocations : souhaitons que l'Iran ne remette un doigt dans l'engrenage en dénonçant à son tour , comme les Etats-Unis , le traité sur le nucléaire militaire . Si tel était le cas une mèche serait allumée... que la mèche de Donald Trump - quelle qu'en soit l'épaisseur et la couleur -ne saurait éteindre .      

samedi 6 avril 2019

Steeve Bannon , une torpille contre l'Union



L'Union européenne , il faut s'en souvenir , est notamment née d'une volonté des Etats-Unis , après 1945 , de constituer un "bloc" face au "bloc" soviétique . Ce n'est d'ailleurs pas être complotiste - ou leur faire injure - que de rappeler les liens existant entre Jean Monnet,Robert Schumann et les autorités américaines. Or en ce moment - outre les expressions guerrières de Donald Trump à l'égard de l'Union - il faut constater que semblent se coordonner sous une même bannière des mouvements qui ont pour objectif de torpiller l'Union . 

Ainsi Steve Bannon , ex- directeur de campagne de Trump et son ex-conseiller à la Maison Blanche s'ingénie à coordonner depuis Rome les partis susceptibles d'ébranler l'Europe avant les élections (1). Il met dans le même sac MM. Viktor Orban , Matteo Salvini , Sebastian Kurz, Nigel Farage , Mme Marine Le Pen , le parti espagnol d'ultra droite Vox ...et appelle de ses voeux une déferlante "souverainiste /populiste " destinée à casser la machine et briser tout nouvel élan européen . 

Certes M. Bannon ne représente plus les intérêts américains et il ne parle peut-être qu'en son nom . Toutefois il cautionne (1) une même lecture d'une vague déferlante , partie des Etats-Unis et venant - d'une manière plus ou moins structurée - caresser ou submerger l'Italie , la Hongrie , la Pologne , l'Autriche ...et lécher les cotes de la Grande-Bretagne ou de l'Espagne . Les "Gilets jaunes" seraient aussi l'expression du mouvement qui fleurit en ce moment . 

De là à penser que M . Bannon dit tout haut ce que certains milieux , aux  Etats-Unis , pensent tout bas , il n'y a qu'un pas . Pour ma part , je ne le franchis pas mais je me pose , cependant , la question .
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(1) cf . entretien accordé , depuis Rome ,  le 25 mars 2019 au quotidien espagnol El Pais . 

jeudi 4 avril 2019

OTAN : feuille d'automne ?



En France , le "Grand débat " , les prochaines élections européennes , la situation en Algérie ...et la nouvelle arrestation de Carlos Ghosn éclipsent la commémoration des 70 ans de l'OTAN . Il est vrai que l'Alliance Atlantique , conçue en 1949 en pleine "guerre froide" pour s'opposer à une possible invasion soviétique , n'a plus les mêmes objectifs , l'URSS s'étant depuis lors démembrée et d'autres menaces ayant surgi (islamisme , expansion de la Chine etc...) . 

Il faut dire aussi que la confiance dans les Etats-Unis s'est étiolée au rythme des déclarations de Donald Trump qui jugeait l'OTAN "obsolète" il y a 2 ans ...avant de revenir sur ses propos pour , possiblement, enfourcher les intérêts des industries américaines d'armement . 

A ce désenchantement (auquel il faut rajouter la litanie des 2 %) viennent se greffer les discours sur la constitution d'une Défense européenne . Mais , à y regarder de près , on est encore loin du compte ...notamment si la Grande-Bretagne quitte le navire . 

Cependant il ne faut pas désarmer et l'OTAN , en attendant que se mette en place une vraie force armée européenne , constitue un "axe de moindre mal " même s'il sert les intérêts des industries américaines d'armement (cf. les F 35 acquis il y a quelques mois par la Belgique) .  

mardi 2 avril 2019

Electricité : contradictions et interrogations



Ainsi le gouvernement semble être "aux ordres " de la Commission de Régulation de l'Energie (C.R.E.) puisque l'Etat (1) vient de donner son feu vert à une augmentation de 6 % du prix de l’électricité , ce qui est largement au-dessus de l'inflation ( 1, 1% ).

Certains disent que c'est le "juste prix" pour EDF et que ce tarif n'est que l'application des règles de calcul . Au-delà de savants algorithmes , d'autres posent une question : certes le prix de l’électricité est relativement bas en France comparé à d'autres pays (2) mais il ne faut pas oublier que cette électricité est à 75 % d'origine nucléaire (et donc peu dépendante du cours du pétrole) .

Au demeurant, l'Autorité de la concurrence (avis du 25 mars 2019) s'est prononcée contre cette augmentation en faisant notamment valoir que cette tarification a pour effet de permettre aux autres opérateurs de s'ajuster par rapport au tarif EDF .

A juste titre certains "mauvais esprits" se posent la question : Pourquoi  l'Etat qui a "gelé " le tarif de l'énergie pendant plusieurs mois pour ne pas heurter les "gilets jaunes" n'a-t-il pas mis à profit cette période de moratoire pour revoir les calculs sur lesquels s'arc-boute la C.R.E. et , comme certains le suggéraient , abaisser le taux de TVA ?

Certes la C.R.E (dirigée en principe par un "grand commis" de l'Etat) est une autorité administrative indépendante et insoupçonnable de prêcher et de rouler pour EDF . Mais ...

Il ne serait pas absurde qu'un pays qui a la plus grande densité mondiale de centrales nucléaires (3) en fasse profiter ses ressortissants plutôt - comme cela semble le cas - de permettre à d'autres opérateurs de s'ajuster sur une tarification revue à la hausse .  Cette décision est de nature politique et semble bien du ressort du gouvernement indépendamment des modes  de calcul invoqués par une Commission administrative .

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(1) François de Rugy , ministre de la Transition écologique ...le 1er Avril : l'augmentation sera de 5, 9 % à partir de cet été .

(2) 16 ème rang sur 27

(3) 58 réacteurs nucléaires (19 centrales)