vendredi 28 juin 2019

COP 25 : Sur le chemin de Saint-Jacques



C'est un long chemin encore à parcourir avant la conférence de Santiago (Saint-Jacques) du Chili en décembre prochain . Les rencontres préparatoires à Bonn ces derniers jours ne reflètent pas un optimisme béat : l'objectif de la COP 21 (Paris, décembre 2015) est loin d'être atteint s'agissant de la "stabilisation " des températures à + 2 degrés - et si possible + 1, 5 - par rapport à l'époque dite "préindustrielle" . 

Les signaux de détresse envoyés l'an passé par les experts du GIEC restent d'actualité puisque le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre conduit non à une stabilisation des températures en fin de siècle mais une augmentation de l'ordre de + 3 degrés . 

En cet épisode caniculaire, la situation a d'ailleurs quelque chose de prémonitoire quand bien même certains romanciers surfent sur la vague en prédisant une quasi fin de l'humanité d'ici un demi-siècle . N'exagérons pas !

Il en demeure pas moins qu'il est inconséquent d'assister en ce moment au ballet de "petites marionnettes" se livrant à des guerres tarifaires : plusieurs  ONG  à juste titre estiment que nombre d' hommes politiques ne situent leur action (et leurs préoccupations) que dans le court terme . Or le réchauffement climatique - dixit Donald Trump - ne relèverait que du très long terme, les centrales à charbon relevant , elles , du court terme .

Mais il semble y avoir un accommodement des temps : le long terme devient , s'agissant du climat , du court terme :  le chemin de Santiago (du Chili) demande plus que jamais - avant décembre - à être sérieusement balisé (au-delà des seules réflexions sur les échanges de quota d'émission de carbone ) .

dimanche 23 juin 2019

USA /PALESTINE/IRAN : Tout s'achète, tout se vend . Non probablement !



Au lendemain de la deuxième guerre mondiale les Etats-Unis voulurent rétablir l'ordre international en injectant des dollars au moyen-orient (plan Eisenhower ) et en europe (plan Marshall) afin de stopper l'avancée - pressentie - de l'URSS .

 A l'heure actuelle Donald Trump tente d'acheter la paix en proposant des milliards de dollars : c'est ce qu'il compte faire en dévoilant mardi au Barhein son plan de paix pour la Palestine ; c'est également l'offre qu'il fait à l'Iran dans le cadre d'une stratégie "carotte et le bâton " (1) chère , jadis , au Président Théodore Roosevelt en Amérique centrale au début du 20 ème siècle .

C'est finalement le comportement d'un (certain) chef d'entreprise pour lequel "tout s'achète , tout se vend " . En faisant passer le "volet politique " au second plan Donald Trump croit probablement que le "volet économique " l'emportera : en faisant miroiter des fleuves de dollars et le miel des investissements M. Trump est soit réaliste soit illusionniste . 

Certes les dollars sont "bon à prendre " mais c'est faire peu de cas de la conscience politique des peuples et de leurs aspirations . Telle n'était pas la situation en 1945 : la démarche américaine était multilatérale et s'inscrivait dans un contexte de consensus politique . Ce n'est plus le cas ,il me semble , actuellement .

A nouveau , la voix de l'Union européenne est plus que jamais importante et attendue en urgence .
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(1) En l'occurrence , soit revenir à la table de (re) négociation de l'accord nucléaire de 2015 soit asphyxie par garrottage progressif . La tournée de Mike Pompeo , secrétaire d'Etat , dans le Golfe ressemble à un appel à la "mobilisation générale " .

lundi 17 juin 2019

Vers un axe Téhéran / Moscou / Pékin ...et Ankara




La situation , dans le Golfe , est tendue et on n'a pas encore de réponse aux questions que l'on se pose : il y a-t-il eu une attaque des 2 tankers à l'aide de mines posées par l'Iran ou bien est-ce un piège pour faire chuter le régime des mollahs ? 

Quoi qu'il en soit il semble bien , en cas d'offensive américaine, que des chaînes de solidarité (ou d'opportunité) pourraient se mettre en place : Moscou comme Pékin avancent à pas comptés  dans le Moyen-Orient avec ou sans "Route de la Soie "  et il est à parier que l'un comme l'autre ne resterait pas impassible en cas d'intervention américaine . 

De là à estimer que Moscou comme Pékin ...et comme Téhéran poussent au conflit il y a un grand pas . L'axe - auquel on pourrait peut-être ajouter Ankara (1)- demeure virtuel ...pour l'instant . 

Dans ce contexte trouble et dangereux pour la paix on attend impatiemment la voix de l'Union européenne . Mais on cherche toujours et encore ...un porte-voix .


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(1) La Turquie vient d'être sommée par les Etats-Unis de renoncer à l'acquisition de missiles S-400 auprès de la Russie (ce que n'a pas accepté Ankara en dépit de la mise en demeure américaine) . Ces missiles sol - air extrêmement sophistiqués seront livrés début juillet . 

samedi 15 juin 2019

Brexit : le suicide anglais



A juste titre Bernard-Henri Lévy déplore dans un article intitulé "il faut juger les escrocs du Brexit " (1) que la citation à comparaître de Boris Johnson devant le tribunal de Westminster ait été cassée par la Haute Cour de Londres . Le Brexit , on le sait, a été voté par les électeurs anglais sur la base d'informations mensongères habilement distillées avant le référendum .

L'un des prétextes est la contribution financière au budget de l'Union , l'autre tient aux craintes de vagues migratoires, un dernier est la soi-disant perte de souveraineté . Cela est bien surprenant et contradictoire lorsque l'on voit Mme Theresa May faire la danse du ventre devant Donald Trump et Nigel Farage se contorsionner comme un beau diable en jouant du pipeau pour séduire Bannon .

Les jeux sont-ils faits pour autant ?

 D'ici fin octobre de l'eau peut encore couler sous les ponts de la Tamise et un nouveau référendum surgir des eaux . A défaut bien des choses conçues dans l'Après-Guerre partiront à vau - l'eau : le Royaume-Uni a-t-il fait, en conscience , le choix de sa vassalisation à l'égard des Etats-Unis ?

 Rien n'est moins sûr  et comme l'écrit BHL "Le droit au suicide vaut pour les peuples non moins que pour les individus . Mais à condition que ce choix soit libre et consenti, qu'il procède d'une décision mûrement et souverainement consentie ". 

Souverainement ?

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(1) hebdomadaire Le Point n° 2441 du 13 juin 2019 page 140

vendredi 14 juin 2019

USA/IRAN : point(s) d'interrogation ...



En dépit des affirmations du Secrétaire d'Etat américain on ne peut encore - selon ce qu'il semble  remonter de la "communauté du renseignement " - rien affirmer à propos des actes de sabotage sur deux pétroliers à proximité du golfe d'Ormuz . Ce que l'on sait est, qu'à la suite de l'embargo américain , l'Iran est au bord de l'asphyxie et que , dans le passé, il s'est dit en capacité de bloquer le détroit d'Ormuz (30% des flux pétroliers mondiaux) . 

A première vue la responsabilité de l'Iran semble probable . En "seconde vue" il semble aussi possible que l'on ait (on ?) monté un scénario qui pourrait , aux yeux de la communauté internationale , justifier une intervention . On sait qu’Israël , l'Arabie Saoudite ne seraient pas mécontents d'une intervention américaine ...en compagnie des "faucons " d'outre-atlantique . 

Certes il faut se garder des théories complotistes mais il faut aussi se rappeler que ce qui paraît trop évident n'est pas à prendre "au pied de la lettre " : on se souvient évidemment du contexte de l'intervention américaine en Irak (et des affirmations à l'ONU (1) de pseudo préparatifs nucléaires de Bagdad) . On se souvient aussi - cela remonte à 1981 - de l'affaire dite Irangate (2) : la réalité n'est pas toujours simple !

D'autant plus que l'un des tankers attaqué est japonais alors même que le Premier ministre japonais , Shinzo Abbe se trouvait, ce jour là , en visite à Téhéran ...

Quoi qu'il en soit un scénario est en préparation soit pour l'escalade militaire soit pour obtenir que l'Iran vienne à résipiscence à la table de négociation ....pour renégocier l'accord de 2015 ? 

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(1) cf. la fiole de poudre blanche brandie par le Secrétaire d'Etat Colin Powell devant le Conseil de Sécurité de l'ONU le 5 février 2003

(2) vente d'armes par les USA à l'Iran (en dépit de l'embargo officiel ) pour financer une opération au Nicaragua (cf. les contras) .

mercredi 12 juin 2019

Démocratie : carte maîtresse occidentale



C'est un lieu commun de dire que les régimes démocratiques se situent pour la plupart en Occident et que l'Afrique ou l' Asie ne viennent pas en tête si l'on se réfère aux analyses de "The Economist Group " (1) qui sont , depuis plusieurs années , la référence en la matière .

C'est peut-être aussi un lieu commun de concevoir un Occident qui continue à brandir le drapeau de la démocratie alors même que la Chine frappe à notre porte et que nous nous demandons s'il faut la tenir grande ouverte ou bien seulement entrebâillée .

Qu'on le veuille ou non les démocraties (pleines ou imparfaites) se situent en Occident (en incluant l'Australie) et les régimes autoritaires ou hybrides sont - il faut en convenir - en Afrique , en Russie  ou en Extrême Orient ... cela bien sûr à une nuance prés : le Japon et l'Inde (qui possède un régime politique démocratique dans une société encore profondément inégalitaire) . 

C'est une carte maîtresse pour l'Occident que de camper sur ces valeurs de démocratie et de renvoyer dans les ornières et déviances des courants populistes qui , sous prétexte de redonner la parole au peuple , en fait le muselle et le corsète . Attention aux contresens mélenchoniens , lepeniens ou salviniens !

Quand bien même nous anticiperions l'arrivée de la Chine et de l'Inde les jeux  ne sont pas faits pour autant et l'Occident n'est pas finalement si "désorienté " que cela ... à condition que la démocratie fasse toujours partie de son orient .   

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(1) Democracy Index 2018 (dernier classement paru) .

dimanche 9 juin 2019

Inde/Chine : Orient recomposé , Occident désorienté



La Chine avance certes à grands pas vers l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique ...au rythme, notamment , de la "Nouvelle route / ceinture de la soie" ...et de la 5 G . Mais ,de son côté, l'Inde vient de franchir la ligne de départ quand bien même les coureurs ne seraient pas encore à égalité . 

Néanmoins la large victoire du Premier ministre Narendra Modi aux législatives (303 sièges sur 545) accompagne la marche en avant de l'Inde (taux de croissance de 7 % , population de 1,4 milliards dépassant prochainement la Chine) . Ainsi l'Asie se recompose avec , d'un côté une Chine puissante et retrouvant ses valeurs confucéennes ancestrales et , de l'autre une Inde qui - plus tardivement que la Chine - désormais s'éveille

Il est grand temps pour l'Occident , quelque peu désorienté , de bâtir de nouveaux rêves (dont une Union européenne forte ) au risque , face à l'Inde et à la Chine, de se trouver désemparé .

lundi 3 juin 2019

Démission Wauquiez : Arrêt sur image



Au-delà d'un problème de communication et d'un espace politique qui se rétrécit à vue d’œil chez les "Les Républicains " Laurent Wauquiez a souffert d'un défaut d'image :  tous les grands partis qui aspirent un jour à gouverner ont un leader plus ou moins charismatique mais avec un profil affirmé .Il n'est que de se repasser "en boucle " la physionomie des Présidents de la République depuis 1958 : ils bénéficiaient tous , de De Gaulle jusqu'à Macron d'une image singulière avant même d'accéder au pouvoir ...quand bien même (cf. Hollande) cette image , au fil du temps, se détériorait .

Perçue de manière positive ou négative , Marine Le Pen bénéficie d'une image : c'est - au-delà du programme - ce qui la met au rang de "challenger " d'Emmanuel Macron . Hélas pour lui Laurent Wauquiez n'avait pas d'image (quelle soit positive ou négative) .

Quel avenir pour "Les Républicains " ? difficile à dire tant les trompettes de "En Marche" sonnent le ralliement et le rassemblement pour faire échec au nationalisme "bananier " de Bannon / Le Pen . Il n'est pas besoin d'être grand clerc pour , dans ce contexte , douter de ce que que le Président du Sénat, Gérard Larcher, soit assez "sage" pour faire émerger une tête (si possible pensante ) de l'actuel imbroglio des personnalités prétendantes .

samedi 1 juin 2019

Tarifs EDF : Rugy a - t- il péché par omission ?



En ce début d'été (de par les températures) le gouvernement pensait peut-être que la hausse d'environ 6 % des tarifs d'électricité passerait inaperçue . Tel n'est pas le cas . Alors certains feront valoir que l'électricité en France est une des moins chère d'Europe . Cela est partiellement vrai mais il faut se souvenir qu'ici l'électricité est à 70 % d'origine nucléaire (la France est la 2 ème dans le monde de par son parc nucléaire) et n'est donc pas tributaire des cours volatiles du pétrole . 

Donc  qui ne dit pas la  vérité ou tout au moins qui a péché par omission ?

Au-delà d'EDF et de la Commission de Régulation de l'Energie , la référence est l'avis de l' Autorité de la Concurrences . Que dit-elle dans son avis du 25 Mars 2019 ?

1- "Que le dispositif envisagé est défavorable pour les 28 millions de clients puisqu'il conduirait à une augmentation de 7, 7 % (1) dont 40 % ne correspondent pas à une augmentation des coûts de production d'EDF mais ont pour but de permettre aux concurrents d'EDF de proposer des prix égaux ou inférieurs aux TRV ".

2- "Que l'Autorité recommande par conséquent au Gouvernement de faire procéder avant le 7 mai 2019 à un réexamen de la légalité et de l'opportunité de la méthode proposée . "

François de Rugy , ministre de la transition écologique aurait-il donc péché par omission ?
Le gouvernement était - depuis mars - mis en garde officiellement et il l'était , officieusement, depuis longtemps . Il est surprenant qu'il n'ait pas souhaité réviser le mode de calcul des tarifs EDF et que sa ligne de défense ait été l'obligation de s'en tenir aux propositions de la Commission de Régulation de l'Energie . L'Autorité de la Concurrence serait-elle moins indépendante car moins bien traitée financièrement ? Cela m'étonne et je suis persuadé que l'Autorité de la Concurrence est moins soumise aux lobbies que tel autre structure et probablement plus indépendante .Difficile de croire , par ailleurs ,  qu' une loi ne puisse défaire ce qui a été mal fait .

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(1) La Commission de Régulation de l'Energie envisage une nouvelle augmentation des tarifs au moins d’Août au-delà des 5, 9 % devant s'appliquer au 1er Juin .