vendredi 29 mars 2013

Président Hollande : satisfactions et regrets


 L'entretien accordé par le Président de la République à France 2 ce 28 Mars 2013 a été l'occasion de "prendre le pouls" du Chef de l’État  et de constater son volontarisme . En tout cas sa volonté d'agir pour aplanir les effets de la crise . Mais ses affirmations et bonnes intentions sont-elles suffisantes?

Certes, la situation économique et ses effets sociaux ne lui permettaient pas de "prendre la hauteur" que certains espéraient. Il lui fallait donc mettre les mains dans le cambouis avec le risque de trop entrer dans les détails et d'en oublier de tracer des perspectives. On regrette l'énumération "professorale" des mesures de la "boîte à outils" s'apparentant à une cantilène lors d'un oral à H.E.C. 

 J'ai donc été quelque peu déçu : il y a si longtemps que l'on parle de simplification administrative que je doute que l'annonce du "choc de simplification" ne soit qu'une expression de circonstances . Certes, il faut (c'est à la mode) créer des "chocs"mais je connais, en ce domaine, la force d'inertie qui viendra s'interposer entre le désir exprimé et l'objectif à atteindre.

 Je regrette en particulier que n'ait pas été annoncée une réforme territoriale: cela se serait traduit par une réelle simplification... et des économies . Le discours sur le rôle des "métropoles" était, c'est dommage, trop imprécis. La vocation de ces "métropoles"est-elle de se substituer à certains niveaux territoriaux et structures. Lesquels?

 De la même manière, je ne suis pas sûr que le renforcement des moyens de Pôle Emploi serve à quelque chose : c'est l'ensemble du dispositif d'accompagnement vers l'emploi qui est - à mon sens - à revoir. 

En conclusion, un Président qui descend dans l'arène (ce qui normalement est le rôle du Premier ministre ) mais qui n'a encore que des banderilles à la main ...ou cache peut-être l'épée derrière son dos...

___________________

NB- J'ai trouvé assez ridicules les diapositives "d'ambiance" montrant le Président indiquant la voie, le doigt tendu  tel un Mao-Tsé-Tong de la "longue marche".









 conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

jeudi 28 mars 2013

Europe : sauver Chypre et raison garder

 Mes interlocuteurs turcs (cf. le post précédent sur Istanbul) s'étonnent de l'agitation qui est la nôtre , dans la zone euro, à la suite des réactions au plan d'aide. Pour eux, il est incompréhensible que Chypre fasse trembler l'Europe quand bien même il s'agirait d'une "première" montrant la limite des solidarités financières.

Ils me disent que - dans les années qui viennent - les principaux risques se trouvent au Moyen-Orient et qu'il serait absurde d'imaginer une désagrégation de l'Union . Cela, quand bien même des personnages inattendus sont venus jouer les trouble-fêtes en Italie.

 Je me demande toutefois, s'il n'y a pas eu une part d 'imprudence (teintée d'un zeste de masochisme) de la part du nouveau Président de l'Eurogroupe de par ses déclarations martiales. Je suis persuadé que M. Juncker s'y serait pris autrement car la première version du plan d'aide (ponction sur la totalité des dépôts) était proprement inacceptable.

Tel de mes interlocuteurs se demande si finalement on n'accorde pas autant d'importance à la situation à Chypre en raison de sa position stratégique : la Russie -pressentant son éviction possible de sa seule base navale en méditerranée à Tartous, Syrie - pourrait se "replier" sur Chypre. Un des points centraux (me dit-on) n'est pas la colonie russe de l'île et les dépôts bancaires considérables (l'argent n'a pas d'odeur à Chypre...) mais la dimension stratégique qui échappe à beaucoup.

 A cet égard la stabilité (ou l'instabilité) le maintien ou non de Chypre dans la zone euro revêtiraient une autre dimension, celle-là moins financière que politique. C'est pour cela - il me semble - qu'il faut certes sauver Chypre mais surtout raison garder. L'impact sur la zone euro sera mineur, l'impact en termes géopolitique peut être plus important.

C'est en tout cas là une version intéressante à intégrer.








conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

Europe : Istanbul c'est l'Europe!


 En trois décennies Istanbul a totalement changé . C'est une ville qui s'est remarquablement modernisée , qui bouge, dont les perspectives économiques sont considérables (1) et dont le poids politique - corrélativement- sera de plus en plus important et en Europe et au Moyen-Orient.

 Dans les rues, pas de "pesanteur" religieuse mais un islamisme modéré qui s'exprime sans ostentation. Certes , quelques femmes voilées mais aussi des jeunes filles en jeans,  à la longue chevelure dénouée pianotant sur leur téléphone portable.

 Pas de population nonchalante .  Peu d'hommes à la terrasse des cafés sirotant le thé et attendant que le temps passe. Chacun à sa besogne : poussant un chariot, actif sur les étals, ou allant d'un pas pressé au bureau, la mallette à la main. Autre point qui surprend : aucune espèce de mendicité . Bref, à Istanbul on travaille dur...

Istanbul a , aussi, des rêves : sa candidature aux Jeux Olympiques de 2020 et, certainement un rôle politique accru pour la Turquie . Un ministre turc n'a-t-il pas récemment évoqué la reconstruction d'un "empire ottoman"? Les ambitions turques sont évidentes et justifiées par son poids économique et stratégique. Le Premier ministre israélien, M.Netanyahu, l'a bien compris qui vient de présenter des excuses au gouvernement turc mettant fin à une brouille de 3 ans après l'affaire des 9 ressortissants turcs tués par les israéliens (cf. le bateau pour Gaza en 2010). 

Il faut dire aussi que le Président Obama (qui séjournait ces jours-ci au moyen-orient) n'est probablement pas étranger à cette réconciliation qui apparaît stratégiquement nécessaire pour neutraliser les "mèches allumées" dans la région (Syrie, Iran, Égypte...) que les monarchies pétrolières ne sont pas à même d'éteindre. 

Comble de satisfaction pour le Premier ministre Erdogan, le problème Kurde semble s'estomper : le P.K.K. abandonne la lutte armée et des négociations sont entamées.

S'agissant des discussions en cours concernant l'adhésion à l'Union européenne, j'ai entendu deux versions.
a)Une première favorable insistant sur l'appartenance à l'Europe d'Istanbul et attachant de l'importance aux facilités qui en résulteraient pour les exportations.

b)Une seconde soulignant les capacités de la Turquie à se développer hors de l'Union et considérant que le centre de gravité économique se déplace vers l'Orient.  A ce titre la Turquie serait une sorte de "hub" tout comme l'est devenu l'aéroport d'Istanbul.


______________________
(1) un chef d'entreprise français que j'ai rencontré ne tarissait pas d'éloges : conscience professionnelle des turcs, volontarisme et courtoisie. Il a évoqué les vastes zones industrielles et les taux de croissance qui pourraient se rapprocher bientôt de ceux de la Chine . Ainsi Istanbul - par un juste retour de l'Histoire - est en passe de redevenir Byzance...












 conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

mardi 19 mars 2013

Iran nucléaire : de contradictions en contradictions

 S'il est un dossier entouré de fumées c'est bien celui-là : le Président Obama vient de déclarer que l'Iran était à même d'avoir une bombe nucléaire d'ici 1an . C'est la première fois qu'une telle position est exprimée officiellement par les États-Unis au plus haut niveau. 

Cette affirmation rompt avec le "consensus" de l'ensemble des agences américaines de renseignement, estimant (1) que l'Iran avait stoppé son programme nucléaire militaire en 2003 (époque où l'Iran acceptait de suspendre l'enrichissement de l'uranium et signait - si ma mémoire est bonne - le protocole additionnel au TNP donnant à l'A.I.E.A. de larges pouvoirs d'investigation.).

Comme je n'imagine pas que le Président des États-Unis fasse des déclarations sans fondement (quoique ce fut le cas,à l'époque de G.W. Bush pour Irak) , je me dis que le Président Obama a eu connaissance d’éléments nouveaux : dépassement du seuil de 20% d'enrichissement? confirmation d'essais d'explosifs de "mise à feu" à Parchin afin de mettre au point un détonateur ? Progrès dans la technologie de la métallurgie de l'uranium-métal (permettant de confectionner les 2 hémisphères du "coeur de bombe" ?).

 Si oui, il y a vraiment de quoi être inquiet.
 
Mais si non ?

 Peut-on imaginer que le Président des États-Unis, après avoir effrayé l'opinion mondiale, tente de crédibiliser (ou de légitimer) une frappe préventive israélienne?

 Tout en sachant:

a) que les États-Unis seraient vraisemblablement sollicités pour assurer le ravitaillement en vol des avions israéliens
b) que les bases navales du Golfe seraient probablement visées
c) que la Chine "s'éveillerait" pour de bon etc...
d) que le Hezbollah et le Hamas réagiraient

Au moment où les 5+1 négocient encore une fois, je ne peux penser que le Président Obama ne tienne ses informations de bonne source. 

Si tel est le cas, nous sommes à un tournant majeur où la stratégie de négociation doit être revue.

 Si tel n'est pas le cas, je dis : attention car nous jouons avec le feu...nucléaire.

_________________

 (1) Rapport du National Intelligence Council (N.I.C)  "nous estimons avec un haut degré de certitude que, à la fin de 2003,Téhéran a arrêté son programme nucléaire militaire." (cf. Le Monde diplomatique du 4 décembre 2007).



















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

vendredi 15 mars 2013

Syrie : faut-il armer l'opposition sans accord européen?

La décision franco-britannique de livrer des armes à l'opposition syrienne inquiète car cette option n'est pas prise en accord avec l'Union. Au moins pour l'instant.

Certes, la France comme la Grande-Bretagne sont des Etats souverains . Pour autant, il s'agit là d'un choix majeur de politique étrangère qui aurait dû trouver un accord dans le cadre de l'Union . Et,tout comme pour le Mali, je regrette l'absence -pour l'heure- de consensus au niveau européen.

 Et ce, d'autant que l' on ne peut préjuger des mains dans lesquelles ces armes vont tomber. Salafistes ?

 C'est là un pari risqué (qui a dû,certes, s'accompagner de consultations téléphoniques notamment avec Washington).

 Mais avons-nous les mêmes vues : considérations "humanitaires" ou stratégiques? Difficile d'appréhender le dessous des cartes...

Au fait, quel décor se prépare à l'arrière plan : un accompagnement d' un "printemps" arabe ou bien la préparation d' une possible balkanisation du Moyen-Orient avec la redistribution des cartes qui en résulterait?

Équation à deux (ou trois) inconnues!







 conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

samedi 9 mars 2013

Prochain Pape : un non-Européen ?

 Les catholiques - si j'en crois les statistiques - sont plus présents (36 %) dans le "Nouveau Monde et il n'y a rien d'essentiel à ce que le futur Pape appartienne à un pays de la "zone euro" : les marchés financiers n'en ont cure (!)

 En ce 21 ème siècle qui constitue , on le ressent, un tournant de civilisation (une nouvelle Renaissance ? ) ou au moins un nouveau jalon dans l'Histoire (mondialisation, émergence de nouveaux pôle régionaux de développement, accélération de la science et des découvertes ) l’Église a besoin d'un renouveau. C'est d'ailleurs le sens du terme "aggiornamento" appliqué au Concile Vatican II, réuni il y a juste 50 ans par Jean XXIII : une ouverture sur le monde. 

Bien sûr , les commentateurs parlent de "lobby" italien et il est probable que ces cardinaux se serrent les coudes. L' élection du cardinal Angelo Scola apparaît probable aux "experts" et exégètes de tous ordres.
 
Il n'empêche que la désignation du Cardinal-Archevêque de Sao Paulo , Odilo Scherer aurait un sens : celui d'une nouvelle et bien réelle ouverture sur le monde . Et, dans le même temps, l'affirmation d'une foi non diluée mais , tout autant, prête à tendre la main...Si Dieu le veult .
_________________

 Nb: 14 mars 2013 (mise à jour) : Argentin ou Brésilien quelle différence? L’ Église entrouvre enfin les portes. Bienvenue au Pape François!








conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

mercredi 6 mars 2013

Iran/nucléaire : le mystère " Parchin "

 L'ambassadeur iranien auprès de l'A.I.E.A., M. Soltanieh a beau dire que les suspicions de l'Agence à l'égard du site de Parchin sont "puériles", il n'en reste pas moins que de vraies questions se posent:

 Pourquoi les agents de l'Agence Internationale de l’Énergie Atomique se voient,systématiquement, refuser l'accès au site de Parchin près de Téhéran et ce, depuis 2005 ?

 Le doute - à ma connaissance - porte sur l'existence d'une chambre de confinement pour explosifs permettant des essais de simulation nucléaire. Les caractéristiques de ces expériences (hydrodynamiques) sont telles qu'elles pourraient permettre l'utilisation de composants fissiles (et donc "couvrir" de possibles essais en relation avec un programme nucléaire militaire).

 Si donc - selon M.Soltanieh - les suspicions des 5+1 sont "puériles" pourquoi donc ne pas permettre l'accès à ce site? Ce serait d'ailleurs en cohérence avec le protocole additionnel au TNP que l'Iran a signé il y a quelques années. 

La rencontre de Almaty (Alma-Ata) a, je crois, permis des avancées. Il reste un gage (sans évoquer le réacteur à eau lourde d'Arak) : l'Iran devrait , il me semble, joindre actes et paroles : s'il n'y a rien de suspect à Parchin, pourquoi donc en refuser l'accès?

Ce ne serait là en rien mettre en doute le droit inaliénable de l'Iran à disposer d' un programme nucléaire civil et - corrélativement- à enrichir (à des proportions normales) l'uranium indispensable.

J'ai d'ailleurs noté (à vérifier) que de l'uranium enrichi à 20 % à Fordo était en cours de "neutralisation" sous forme de plaques afin de le rendre exclusivement compatible avec le réacteur de recherche médicale de Téhéran.

 Donc , s''il n'y a pas de mystère à Parchin - comme le prétendent les autorités iraniennes - pourquoi ne pas ôter le voile ?

 A la différence de certains autres Etats qui n'ont pas signé le TNP ou bien s'en sont retirés, l'Iran est signataire (ainsi que des protocoles complémentaires). C'est tout à son honneur mais cela crée aussi des obligations...quand bien même certains questionnements sembleraient "puérils".











conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

mardi 5 mars 2013

Europe : la gangrène populiste




 Certains (M. Cameron, M.Grillo, Mme Le Pen) réclament à cor et à cris un référendum sur la sortie de l'Union. La Lettonie,de son côté, vient officiellement de demander son entrée dans la zone Euro.La Turquie frappe à la porte de l'Union...Et ce n'est pas la seule. 

Dans ce fracas de déclarations contradictoires , il faut évidemment trier. Les 3 "protagonistes" ont ceci en commun qu'ils cherchent à mordre sur un électorat qui - le moment venu - serait bien utile. Pour autant, on ne peut taxer M. Cameron de populisme . Disons seulement qu'il a le sens des opportunités. D'ailleurs il a lui-même précisé sa position ...avec une finesse toute britannique.

 Ce n'est pas le cas des deux autres partis "populistes" qui voguent allègrement sur le chômage et les rancœurs. Et la "tête de Turc" est l'Europe car il faut bien un bouc émissaire. Le retour au franc et à la lire : voilà les panacées! 

Comment ne pas être troublé par ces litanies et la foi naïve de tous ceux qui croient que cela est pure eau bénite ? Il faudra peut-être réunir un conclave ou , à tous le moins, un concile afin que soit dite la vérité : sans l'Union, sans l’Eurozone, plusieurs pays (Grèce, Espagne, Italie...) auraient été emportés par les tourmentes et bourrasques. Et Neptune ne les aurait pas sauvés des eaux.

 Mais comment le dire et l'expliquer? M. Monti en a fait la triste expérience. Bien dommage que le pré-conclave ne l'ait pas adoubé!










conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici