vendredi 31 août 2012

Iran nucléaire: les inconnues du site de Fordo

Les agences de presse ont relayé, hier, une information de source A.I.E.A selon laquelle le nombre de centrifugeuses aurait été doublé sur le site de Fordo (près de Qom) . On ajoute que l'Iran détiendrait 189 Kg d'uranium hautement enrichi. On en déduit que l'Iran avance à pas de géants vers une arme nucléaire (d'où les "tambours de guerre" en provenance de Tel-Aviv et - à un moindre rythme- de Washington). Parallèlement le Guide Suprême iranien,l'ayatollah Ali Khamenei, assure (sur le Coran?) que l'Iran n'a pas l'intention de se doter de l' arme nucléaire et que les matières fissiles produites sont exclusivement à usage pacifique. Cela m'inspire deux réflexions:

1- L'important ne tient pas tant au nombre de centrifugeuses qu' au degré d'enrichissement atteint en rappelant qu'il faut de l'U enrichi à 90% pour fabriquer une bombe. L'A.I.E.A a-t-elle des informations sur ce niveau d'enrichissement? Ce n'est pas précisé et je reste "sur ma faim". Ce qui est certain c'est que le seuil d'enrichissement à 20¨%  est atteint (alors même que l'utilisation à usage pacifique ne requiert que de l'U à 3,5 ou 4%). L'enrichissement à 20% est justifié par les réacteurs à usage médical (sur lesquels l'A.I.E.A n'a fait jusqu'à présent aucun commentaire).

2- Il ne fait aucun doute (je l'ai dit à plusieurs reprises) que l'Iran possède les connaissances nécessaires à la fabrication d'une bombe (cela depuis sa transaction de 1987 avec Abdul Qadeer Khan, le "père" de la bombe atomique pakistanaise). L' A.I.E.A est d'ailleurs en possession d'un document (remis par les iraniens il y a quelques années sous la Présidence Khatami) décrivant les étapes de fabrication de l'arme nucléaire.Ce document avait été (semble-t-il) remis à l'Agence en gage de bonne volonté à l'époque où était signé le protocole additionnel A.I.E.A en 2003.

Conclusion:

 a) Rien ne prouve que l'Iran soit en capacités de fabriquer maintenant une bombe nucléaire. Il faudrait pour cela détenir de l'U à 90 %, ce qui n'est pas le cas. Il est vrai que plus le nombre de centrifugeuses en "cascade" est important, plus un haut degré d'enrichissement de l'uranium peut être atteint.

b) Si un doute subsiste sur les capacités "opérationnelles" de l'Iran à fabriquer une bombe nucléaire, il n'y a pas de doute quant à ses possibilités (en termes de connaissance scientifique).

c) Des éléments demeurent troublants: le choix du site souterrain de Fordo, les essais supposés d'explosifs conventionnels (détonateurs et amorce d'une arme nucléaire ), la non transparence de l'information auprès de l'A.I.E.A., le "nettoyage" du centre de recherche de Lavisan-Shian il y a quelques années (peu avant une inspection de l'A.I.E.A.), le silence gardé sur le réacteur à eau lourde d' Arak, la "découverte" du site d'enrichissement de Natanz en 2002 par les Moudjahidin du Peuple etc...

 En résumé, s'il n'y a pas de certitudes absolues ou de preuves objectives, les éléments de suspicion sont nombreux. C'est ainsi que pour moi se définit le "dossier iranien" : suspicion, jeu permanent de "cache cache".

Dans ce contexte et , faute de preuves, le doute doit-il "profiter à l'accusé"? Ce n'est pas si simple : nous ne sommes pas dans un prétoire mais sur l'avant-scène d'un conflit possible dont nous ne maîtrisons absolument pas l'issue et les conséquences à long terme.

NB- La manière pour le moins curieuse dont a été traduite l'intervention du Président Égyptien (lors du Sommet des Non-Alignés) stigmatisant le gouvernement syrien ne peut que contribuer à accroître nos soupçons quant à une supposée franchise des déclarations iraniennes.

jeudi 30 août 2012

François Hollande : coup de semonce ou brise de mer ?

11points de perdus dans un dernier sondage : cela met en émoi les médias... et la classe politique. A juste titre. Il n'est pas anormal que l'on s'interroge: le Président ferait-il le "dos rond" dans le roulis ou plutôt dans l'incertitude sur la santé du pays? Cette descente du baromètre est, en effet, probablement liée aux mauvais chiffres de l'emploi mais peut-être pas exclusivement. 

Il est vrai que ces dernières semaines on a davantage entendu la Chancelière allemande que le Président français. On oublie cependant le Sommet européen de fin juin qui relançait l'Union et ouvrait le chemin à une intervention plus large de la B.C.E. Dans ce Sommet, le rôle du Président Hollande a été loin d'être négligeable, contribuant à ne pas rejeter les "pays du Sud" encore plus au Sud. Ce n'est pas son moindre mérite.

Mais, entretemps, il y a eu des annonces massives de licenciements (Peugeot a marqué les esprits) et les interrogations de l'opinion sur les marges de manœuvre du gouvernement face à ces plans de restructuration tardivement annoncés . C'est vrai aussi qu'en cette période estivale il n'y a pas eu  d"annonce". Et les Français sont , par nature, méfiants, soupçonneux . Intuitivement,ils se posent alors deux questions:  ils se demandent si la sérénité estivale ne masque pas le calme qui précède la tempête ou , alors, si le Président silencieux (pour l'heure) est, dans la mer agitée, le bon capitaine. 

Pour ma part, je crois que le capitaine est à la hauteur des enjeux. Il manque cependant un vrai cheval de bataille qui "musclerait" la position de la France et lui donnerait plus de crédibilité. Deux enjeux me paraissent essentiels et en cohérence avec les efforts à venir : au niveau national, ouvrir le chantier d'une vraie réforme territoriale et, au niveau de l'Union, reprendre l'initiative (favoriser l'intégration budgétaire/économique et, par là, l'action de la B.C.E.). 

Sachant que la France ne pourra , en quelques mois, redresser sa balance commerciale ou bien créer une multitude d' emplois ( le taux d'utilisation des capacités de production demeure faible et le restera encore un moment en raison de la stagnation de la demande des ménages et aussi de nos exportations), il faudrait - non par manœuvre ou par tactique volontairement attentiste - se pencher sérieusement sur ces deux enjeux qui s'inscrivent dans le long terme et qui , tous deux, sont emblématiques : Une plus grande intégration de l'Union et, en France, une réforme territoriale aussi courageuse que celle entamée en Italie par M. Mario Monti.

Le capitaine, je n'en doute pas, tient la barre. Les récifs sont nombreux : il faut les éviter. Mais, au-delà, il faut savoir prendre le large et conduire - dans l'Union - le navire France à bon port.

mercredi 29 août 2012

Les Non - Alignés : un retour sur la scène internationale ?

Le Sommet qui s'ouvre demain à Téhéran est - au delà d'un succès pour la diplomatie iranienne- l'occasion pour les pays Non - Alignés de faire entendre leur voix. Certes, ce ne sera pas un nouveau Bandoeng car les problèmes actuels , en particulier au Moyen-Orient, se traduisent aussi par des "alignements" sur le positionnement des Grandes Puissances.

 Mais il n'est pas exclu que, par delà ces "axes", des convergences se manifestent publiquement. Il sera sûrement question du nucléaire (et les Non - Alignés affirmeront -comme le prévoit l'article VI du TNP - leur droit légitime à faire un usage pacifique de l'énergie nucléaire) et aussi de la Syrie, de la Palestine, d'Israël (en clamant que cet Etat n'est pas signataire du TNP). On parlera probablement moins , du fait de la montée en puissance de pays émergents, de la "dégradation des termes de l'échange" (c'était le leit motiv -en 1975 - de la Conférence Nord/Sud réunie à Paris où les Non - Alignés faisaient bloc).

Très probablement les discussions seront moins économiques que politiques . Car si je ne suis pas certain qu'il existe une convergence sur les dossiers économiques (les économies étant par trop dissemblables) , il est possible que des consensus apparaissent sur les problèmes politiques du moment (singulièrement au Moyen-Orient). Non que l'on adopte des positions identiques (du fait des "alliances" antagonistes) mais pour mettre en scène une volonté commune de résoudre ou de prioriser ces problèmes. Hors des "tutelles"...

Le "printemps arabe " (sous une autre dénomination,certes) sera forcément au cœur des discussions du Sommet et je m'interroge : quel plateau de la balance pèsera le plus ? celui où  la stabilité au Moyen-Orient prévaudra ou bien le plateau-réceptacle du "renouveau islamiste " avec toute l'ambigüité que recèle un islam rigoureux défendu tant par l'Arabie Saoudite que par des mouvements ... "plus révolutionnaires".

 Dans ce contexte où des États avancent masqués et défendent tout autant leur pétrole que la Charia, je me demande si l'on assistera les 30/31 Août 2012 à un réel éveil des Non - Alignés (dont le poids économique est bien plus considérable qu'il y a cinquante ans à Bandoeng ). Un vrai retour sur la scène internationale n'est pas exclu.

Allemagne/Europe : divergences ou convergences?

Mme Angela Merkel est,assurément, une européenne convaincue si j'en juge ses récentes déclarations (convention en vue d'un nouveau Traité destiné à mieux coordonner les politiques économiques et budgétaires dans l'Union et plus particulièrement dans la "Zone Euro") .

Il faudra donc que l'on m'explique pourquoi le président de la Bundesbank  tire à boulet rouges sur le Président de la Banque Centrale européenne. On me répondra probablement que la Bundesbank est indépendante.

 Mais , pour autant, est-il en droit de défaire ce que l'Union et la Chancelière allemande, soutenue par le Président français, se donnent tant de mal à bâtir . Si le Président de la Bundesbank  a des états d'âme est-il opportun qu'il en fasse brutalement état et s'affiche (en mal de publicité?) dans le Spiegel ?

Au moment où un groupe de travail franco-allemand va se mettre en place afin d'avancer sur l'intégration budgétaire et économique, le singulier positionnement du Président de cette institution donne la fâcheuse impression d'une cacophonie. Manquerait-il un chef d'orchestre?

 J'étais, pour ma part, convaincu qu'il s'appelait M. Mario Draghi...

dimanche 26 août 2012

Europe: une très opportune initiative allemande

Décidément, Mme Angela Merkel sait prendre des initiatives. En proposant (selon Der Spiegel ) une ''convention'' en vue d'un nouveau Traité (cf.agence reuters) elle prendrait ainsi les rênes d'un approfondissement de la construction européenne. Après l'élargissement il est plus que bienvenu de retourner - comme disent les banquiers - aux "fondamentaux".

La crédibilité de l'Union dépend plus que jamais d'une meilleure intégration politique et économique. La vitalité de l'euro en dépend et aussi la réussite de "plans de relance" chers au gouvernement. Comment , en effet, assurer la réussite d'une politique de relance sans coordination des politiques économiques ?

 Au moment où des Cassandre nous prédisent une fin d'année 2012 difficile voire particulièrement dramatique (cf. exacerbations des tensions au Moyen-Orient et leur impact sur la croissance mondiale), il est urgent - comme semble vouloir le proposer la Chancelière allemande - de se préparer dès maintenant à rebondir. Ce serait l'occasion de faire entendre la voix de l'Union, a fortiori dans un monde quelque peu déboussolé .Si le Sommet européen de décembre va dans ce sens, ce sera un grand pas. Puissions nous soutenir -si elle est confirmée- cette initiative comme l'auraient sûrement fait Jean Monnet et Robert Schuman.

 Évidemment, il faut s'attendre aux blocages ou jérémiades d’États hostiles à une plus forte intégration politique et économique : ce sera la l'épreuve (et les preuves) de vérité...

 NB- ajout du 28/8/2012 : Comment ne pas se réjouir qu'un "groupe de travail" entre Paris et Berlin se mette en place pour avancer sur l'intégration (budgétaire, économique...) ainsi qu'annoncé hier lundi ?

jeudi 23 août 2012

Le courage d'une vraie réforme territoriale... et des préfectures

Je viens de lire l'article "un peu court" de Michel Revol dans le dernier numéro du Point sur la suppression envisagée de plusieurs sous-préfectures. Bâti après quelques interviews - et beaucoup d'idée reçues- cet article ne correspond nullement à la réalité que je connais . Réduire - au-delà des 3 ou 4 exemples cités forcément caricaturaux - les sous-préfectures à la délivrance de " titres" et au contrôle de légalité est plus qu'un raccourci : c'est méconnaître la réalité de l'action sur le terrain et la nécessité de veiller , à la base, à la l'application des politiques nationales et/ou européennes.

On oublie qu'un sous-préfet est le maillon administratif indispensable qui anime et coordonne les acteurs locaux (services de l’État, partenaires économiques ...) sur des sujets aussi sérieux que l'emploi et l'intégration, la sécurité , les infrastructures , les problèmes environnementaux etc...On oublie qu'il travaille en étroite coordination avec les services de police , de gendarmerie, et évidemment, le Parquet . Il est là,sur place, lorsqu'il y a prise d'otages, accident industriel, dépôt de bilan d'une entreprise (et qu'il faut rechercher un repreneur). Bref, ce sont des généralistes-spécialistes qui travaillent en contact étroit avec les préfets de région qui les réunissent fréquemment (parfois au grand dam des préfets de département).

 On aurait pu, d'ailleurs, poser la question autrement : à quoi servent les préfets dans la mesure où la plupart de leurs compétences (notamment économiques ) ont été transférées aux préfets de région? Sujet tabou car le lobby des préfets (résidant dans des" palais" plus ou moins napoléoniens) est là, qui veille au grain.

 Moins de sous-préfectures, certes, mais des sous-préfets travaillant "main dans la main" avec des préfets de région, eux-mêmes moins nombreux mais couvrant des régions plus vastes, à l'échelle européenne, tel pourrait être l'axe retenu. A cet égard je note que l'Espagne a - depuis belle lurette- supprimé les " governador civil " dans les provinces c'est-à-dire l'équivalent de nos départements.

Par contre, Le Point, si prolixe et vertueux concernant la suppression de sous-préfectures, ne dit rien de ce que devrait être une vraie réforme territoriale, celle qui concerne des élus locaux et non pas seulement des services de l’État . C'est vrai que cela demande un peu plus de courage : on ne s'attaque pas si aisément aux "baronnies" et "marquisats" qui règnent sur les conseils généraux et aussi sur les conseils régionaux aux programmes immobiliers parfois dispendieux si ce n'est nettement pharaoniques.Je le redis: l'empilement des structures territoriales est une "hérésie française" (communes, communautés de communes et d'agglomération, conseils généraux, conseils régionaux etc...).

Plus que d'évaluer les économies réalisées par la suppression de sous-préfectures (dont la Cour des Comptes ignore apparemment la réalité des missions) , il serait opportun de chiffrer les économies faites avec la suppression des conseils généraux (cf. le projet injustement abandonné de conseillers territoriaux), de préfectures et de certaines préfectures de région dont le nombre - toujours à l'échelle européenne - ne devrait pas dépasser la dizaine au lieu des 22 existant en métropole . Mais , évidemment, gare à la fronde dans un cas comme dans l'autre.

 Pourtant le rapport Attali allait dans ce sens...Mais Jacques Attali a dû passer (pour certains) pour un intellectuel, c'est-à-dire pour un"doux rêveur".

lundi 20 août 2012

"Zone Euro" : un avenir assuré

Un ministre finlandais joue les Cassandre en évoquant un éclatement de la zone euro.M.Toumioja ne s'exprimait pas au nom de son gouvernement, c'est déjà cela . D'ailleurs je constate qu'un autre ministre finnois, M.Stubb, en charge des affaires européennes tient un discours bien différent.

Pourquoi suis-je convaincu de la pérennité de la "zone euro"? D'abord , parce qu'il s'agit d'une construction autant politique qu’économique. L 'Europe - et la zone euro en son sein - est porteuse d'une volonté et d'une espérance qui transcendent les vues à court terme des marchés. La France et l'Allemagne qui ont œuvré pour la construction européenne depuis près de 60 ans ne laisseront pas se défaire l'édifice pierre après pierre bâti depuis la seconde guerre mondiale. Par ailleurs, les gouvernements prennent plus que jamais conscience , du fait de la crise économique , de la nécessaire coordination des politiques économiques et financières. 

Contrairement à ce que pense M.Toumioja, je suis persuadé que l'Europe sortira ragaillardie de la crise actuelle. Bien évidemment, la question se pose de savoir jusqu'où la Banque Centrale peut aller en matière d'achat d'obligations souveraines : il est possible qu'elle ne soit pas à même de soutenir éternellement la Grèce. Mais l'éventuelle sortie de la Grèce ne signifie pas pour autant l'éclatement de la "Zone Euro". 

Certains États non européens (voire quelques chevaux de Troie) peuvent, bien sûr, avoir un intérêt à la disparition de l'euro mais c'est là une vue étroitement "commerciale" ou bien traduisant l'espoir de saper les fondements de l'Union, perçue comme rivale.

Pour ces raisons, parce que l'Europe de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Konrad Adenauer est une construction politique, née - comme les États-Unis - après bien des convulsions, je suis intimement persuadé que l'Euro comme l'Union, ont tout l'avenir devant eux . Le présent, d'ailleurs, les y contraint.

samedi 18 août 2012

Iran/Israël : scenarii d'une guerre (trop) annoncée

Les " bruits de botte" continuent sur internet et les déclarations restent toujours contradictoires:bluff ou pas bluff? En tout état de cause c'est au moins une guerre verbale : déclarations du Premier ministre israélien et provocations du Président Ahmadinejad.

 J'imagine (en souhaitant que tout cela reste virtuel) quelques scenarii qui, hélas, sont tous catastrophiques pour la paix dans le monde. C'est donc un appel à la raison dans le prolongement du "processus d'Istanbul".

1- une offensive israélienne seule :

. Israël ne possède pas d'avions en nombre suffisant pour atteindre et neutraliser à la fois la vingtaine de sites nucléaires sensibles iraniens (sites d'enrichissement de l'U, réacteur à eau lourde, unités de transformation du yellow cake en gaz UF6 etc...).

En excluant une frappe sur la centrale nucléaire de Busher (sur le détroit d'Ormuz) qui provoquerait un nuage radioactif se propageant bien au-delà de l'Iran, on peut imaginer -si une attaque ciblée est envisagée - que la frappe israélienne pourrait être (par exemple) limitée au site de Fordo. C'est un lieu emblématique tant par le nombre de centrifugeuses en partie transférées de Natanz, le degré d'enrichissement de l'uranium que par sa localisation singulière sous un massif rocheux . Sa proximité avec la ville de Qom , lieu saint majeur pour les musulmans chiites, rend tout de même délicate cette opération.

 Cette frappe (qui supposerait l'utilisation de missiles "anti-bunker") ou une frappe équivalente ailleurs pourrait susciter 3 types de réactions :

a) du Hezbollah depuis le Liban. Israël serait directement visé par des roquettes et des missiles de courte portée (cela vient d'être affirmé sans nuance aucune par le Hezbollah ).

b) blocage par Téhéran du détroit d'Ormuz par où transite 30 % du pétrole "mondial"

c) usage par l'Iran de ses missiles sahab-3 dont la portée est de l'ordre de 2000km 

A noter que le blocage du détroit d'Ormuz (eaux internationales) aurait pour effet -cela a déjà été dit par Washington début 2012 - de déclencher l'intervention des États-Unis depuis ses bases navales et aériennes  proches (Ve flotte à Barheïn )

2- une offensive conjointe Israël /États-Unis:

. C'est apparemment ce que souhaite Israël (du moins plusieurs hauts responsables politiques et aussi l'opinion publique israélienne).

.Dans cette hypothèse, l'attaque aérienne (qui suppose résolu le problème du couloir aérien) pourrait concerner bien plus que le site de Fordo: plusieurs sites de la filière nucléaire seraient probablement atteints (sauf évidemment la centrale nucléaire de Busher pour les raisons déjà évoquées et les restrictions découlant du TNP cf. point 3 ci-dessous).

. Les représailles iraniennes iraient, probablement , au-delà de la seule intervention du Hezbollah depuis le Liban.

.La Russie ne resterait certainement pas les "bras croisés". Sa position sera déterminante comme celle de la Chine.

.Au-delà des rivalités sunnites/chiites,le risque existe d'une "union sacrée" d’États islamiques tant du Maghreb que du Machrek (cf. les contacts Iran/Égypte/Tunisie...).

.Cette issue comporte un risque d'embrasement du Moyen-Orient et reste largement ouverte sur l'inconnu. A noter que le scénario 1-b) conduit au scénario 2 (avec ses conséquences).

                                                                         ***

Je ne puis que souhaiter que ces 2 hypothèses restent lettres mortes , l'Iran acceptant les propositions des 5+1 et se rappelant les propos de l’imam Khomeiny (en 1979) déclarant que le nucléaire militaire était incompatible avec le Coran.

Comment , par ailleurs, ne pas regretter que le projet d'une Zone Exempte d'Armes Nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient (tel que formulé à la Conférence de 2010 sur le TNP ) n'ait pas avancé d'un pouce? Une conférence des principaux acteurs était pourtant prévue en 2012...avant le "printemps arabe".

3- compatibilité d'une "frappe préventive" avec le Traité de non-prolifération nucléaire: 

Une neutralisation d'un site nucléaire ne devrait évidemment s'accompagner d'aucune ambigüité sur le caractère militaire des installations. Dans le cas contraire, le (ou les) pays prenant cette initiative seraient en contradiction avec le TNP (ou du moins avec le document final adopté le 28 Mai 2010 lors de la Conférence de New-York sur le fonctionnement du TNP ).

 Le point 75 du Document final intitulé : "Attaques armées visant des installations utilisant l'énergie nucléaire à des fins pacifiques "  précise:

 "La Conférence estime que les attaques ou menaces contre des installations utilisant l'énergie nucléaire à des fins pacifiques compromettent la sûreté nucléaire,ont des conséquences dangereuses sur le plan politique, économique et écologique, et amènent à s'interroger sérieusement sur l'application du droit international concernant l'usage de la force en pareil cas, ce qui pourrait justifier le recours aux mesures qu'autorise la Charte des Nations Unies ". 

 Certes, Israël n'ayant pas signé le TNP n'est pas "tenu" par ces dispositions. Il n'en va pas de même pour les États-Unis. D'où la nécessité (il me semble) de ne pas tenir un double langage : d'une part un avis pour le moins fluctuant et officiellement incertain sur l'option militaire du nucléaire iranien, d'autre part des informations recoupant apparemment celles d'Israël sur la "ligne rouge" que franchirait désormais Téhéran dans le cadre d'un programme portant sur les ogives des missiles balistiques, amorces et détonateurs...




mercredi 15 août 2012

Afrique : une "Nouvelle Frontière" ...cinquante ans après

50 ans ... c'est l'âge du livre de René Dumont "l'Afrique noire est mal partie" , paru en 1962. Le diagnostic est-il aujourd'hui d'actualité? Il pourrait l'être : les crises politiques sont encore nombreuses. La situation au Mali, en Somalie, Mauritanie est préoccupante et le djihadisme menace ainsi qu'on a pu le voir à Tombouctou . Mais probablement pas davantage qu'au Moyen-Orient. 

Par contre les taux de croissance économiques s'envolent : environ 5% par an dans l'Afrique sud-saharienne. Un marché considérable en perspective et des minerais à profusion qui attirent la Chine notamment. Des pays s'éveillent et de nouveaux eldorados émergent (Kenya, Angola...).

 L' Afrique s'éveillerait-elle ? C'était aussi un élément du diagnostic de René Dumont qui - par delà une première vision pessimiste - mettait en avant des perspectives plus heureuses. 

Malgré tout, des handicaps demeurent et, notamment, une corruption endémique. Il faudra encore du temps pour que l'Afrique soit davantage qu'un "grenier à minerais" pour d'autres pays . Mais les perspectives de croissance sont là qui modifient radicalement le regard que nous portions sur ce continent : notre vision était exclusivement celle du Sahel, de l'Ethiopie ou des massacres ethniques. Il nous faudra changer de lunette (tout en gardant un œil sur des zones de pauvreté -Sahel , Soudan.. - qui requièrent notre assistance).

 Est-ce finalement un cycle qui se bouclera avec le temps ? l'Afrique, il y a 200 000 ans a été le berceau de l'humanité. Ce ne serait , en quelque sorte, qu'un juste retour aux sources.

samedi 11 août 2012

Iran /Israël : risques d'embrasement au Moyen-Orient

Ce samedi 11 Aout, des sites internet, retentissent de "bruits de bottes": Israël pourrait déclencher au plus tard en Novembre (élections américaines le 6 Novembre) une "frappe préventive" sur les installations nucléaires iraniennes. Des informations apparaissent ça et là indiquant que les représailles iraniennes via le Hezbollah (tirs de roquettes ou de missiles de courte portée)  feraient 200 ou 300 victimes en Israël.

 On se livre - j'en retire l'impression - à de savantes projections : on s'attache désormais à mesurer l'impact du conflit éventuel ou probable avec une calculette...et les chiffres grimpent: 500 victimes possibles en Israël!

 Je sais bien que différents sites internet" font leur beurre" avec la dramatisation et - répondant aux angoisses de notre société aseptisée - s'essayent à faire vivre des cauchemars. Cela fait d'ailleurs plusieurs années que l'on clame qu'Israël est sur le point de déclencher l'offensive.

Intoxication, bluff pour obtenir des "contreparties" ou de nouvelles assurances? Peut-être. Pour autant,il ne faut pas négliger, il me semble, la montée en puissance de l'inquiétude en Israël (cf. exercices d'alerte de la population par SMS). Bien qu'il semble que le gouvernement soit partagé, une frappe dans les prochains mois n'est pas à exclure.Cela rejoint d'ailleurs les propos du Guide Suprême iranien, Ali Khamenei, il y a quelques jours "prédisant" une guerre prochaine.

 Israël, c'est évident, doute de l'impact des sanctions économiques à l'égard de l'Iran. Cette position est quand même surprenante lorsque l'on constate la chute des exportations iraniennes de pétrole, le cours du rial et l'appauvrissement de la population.

Mais - plus que tout- je retiens une analyse de notre ancien ambassadeur à Téhéran, François Nicoullaud : selon lui l'Iran ne fonctionne pas selon la méthode de la "carotte et du bâton". Bien au contraire, l'hostilité extérieure ne fait que conforter la cohésion intérieure (ou du moins aplanir les discordances).

 Sur le fond, difficile de se forger une opinion : l'Iran est signataire du TNP et donc peut enrichir son uranium (le TNP n'établit pas a priori de distinction entre nucléaire civil et militaire du fait du "double usage" du combustible). Donc apparemment l'Iran est dans son droit. Pour autant l'Iran, signataire en 2003 du protocole additionnel aux "accords de garantie " A.I.E.A, n'est plus dans son droit lorsque il cache la montée en puissance de ses centrifugeuses et - efface (Lavisan-Shian) - toutes traces suspectes. Juridiquement si l'Iran ne contrevient pas au TNP, il contrevient au "protocole additionnel "qui prévoit la transparence et l'information de l'A.I.E.A lorsque une installation nucléaire subit une modification ou lorsqu'une installation nouvelle est mise en place (c'est le cas du site d'ultracentrifugation de Fordo construit clandestinement).

 Voilà pour les aspects "objectifs". Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en plein dans le subjectif: Israël, même avec ses 200 têtes nucléaires, craint l'épée de Damoclès que constituerait une bombe nucléaire opérationnelle en Iran en 2014 (date avancée par certains). Il considère que les sites nucléaires iraniens enterrés (cf. Fordo) sont l'indice d'une volonté de mener à bien un programme nucléaire militaire (puisque  le site en question serait à l'abri des bombardements). 

Comment ne pas comprendre l'attitude d'Israël après l'abomination de la Shoah? Évident.

 Mais le risque demeure d'un embrasement du Moyen-Orient en cas d'attaque israélienne. Car les enjeux sont nombreux et les tensions vont bien au-delà des rapports entre Israël et l'Iran. La Syrie est, évidemment, l'un des détonateurs et la position de Moscou et de Pékin sont déterminantes.Tout comme celle des États-Unis agissant par Arabie Saoudite et Qatar interposés.

 Je ne sais au juste quel discours a été tenu à l'Iran depuis la prometteuse rencontre d' Istanbul et je regrette que les négociations n'aient pas abouti. Mais quel "deal" peut-être passé avec Téhéran lorsque l'on sait - selon toute probabilité - que l'Iran entend poursuivre son programme militaire nucléaire?

Certes, j'ai la conviction (mais une conviction est-elle suffisante?) que Téhéran veut seulement se doter d'une "force de dissuasion".

 Le problème reste que pour Israël, cette "force de dissuasion" (qui vise tout autant à se protéger des États sunnites) est "nulle et non avenue". Danger!

_____________

Quelques propos ou positions à mettre en cohérence car contradictoires.

1- Les États-Unis ne se disent pas (officiellement?) certains que l'Iran ait vraiment décidé de l'option militaire nucléaire . Ils indiquent que même si tel était le cas, une bombe ne serait pas" opérationnelle" avant longtemps. Des agences de renseignements américaines ont indiqué que le programme iranien était à l'arrêt depuis 2003.

 Mais (dans le même temps) : 

 2- les États-Unis auraient en mains des éléments prouvant que l'Iran est en train de concevoir des ogives nucléaires destinées à ses missiles balistiques.

3-Si, par ailleurs, si la crainte n'était pas fondée quel serait l'intérêt d'un bouclier anti-missiles en Europe (Pologne, Roumanie) dont l'objet est de se prémunir contre des missiles balistiques iraniens pouvant atteindre le sud-est de l'Europe ? Ce programme avait été suspendu en 2009 (peu après le "discours de Prague" du Président Obama) mais est revenu , 2ans après, à l'ordre du jour.

3-Israël est convaincu que le niveau d'enrichissement atteint et les programmes "ogives+détonateur" démontrent que l'Iran a franchi la "ligne rouge".

4- La Grande-Bretagne (ou du moins l'un des responsables du MI 6) a récemment estimé que la bombe nucléaire iranienne qui aurait dû être opérationnelle en 2012, le sera certainement en 2014 (programme ralenti en raison des "attaques" par virus informatiques).

mercredi 8 août 2012

Moyen-Orient : cartes sur table ...

 La situation humanitaire en Syrie est plus que préoccupante. Et je suis convaincu que le Président Hollande s'en préoccupe sans qu'il ait besoin d'un "rappel " de M. Sarkozy. D’ailleurs, je suis plus qu'étonné de l'intervention de l' ex - Président : a-t-il eu au moins la courtoisie d'en informer le Président en exercice? Ce n'est pas aux États-Unis qu'un "past Président " aurait diffusé un communiqué commun avec le Président du Conseil National Syrien ...sans en dire un mot à la Maison Blanche! Si l’Élysée n' a pas été prévenu, fortes chances qu'il s'agisse d'une opération médiatique (relayée par MM. Hortefeux et Copé). Triste!

Cela n'empêche pas, cependant, de se poser des questions: derrière les combats sanglants en Syrie et les atrocités de tous bords quels sont les enjeux notamment si l'on sait que Damas est le principal allié de Téhéran? Une partie d'échec est probablement en train de se jouer : on ne peut,en effet, passer sous silence le rôle ou l'ambition de certains États qui se veulent "puissance régionale " au Moyen-Orient : Iran, Arabie Saoudite, Turquie . La Syrie n'est probablement qu'un maillon dans un "jeu" plus complexe dans lequel s'affrontent les "Grandes Puissances" pendant qu'un coucou (devinez...) s'apprête à squater le nid.

Derrière le rideau qui masque l'arrière scène, le drame syrien cache certainement d'autres ambitions et aussi d'autres craintes : deux pièces se jouent en même temps à Damas . Une première qui nous interpelle en raison des milliers de victimes civiles et militaires et une deuxième qui reste dans l'ombre et qui, peut-être, "tire les ficelles" de la première. Mais les médias n'élargissent guère le débat alors qu'il faudrait ouvrir le champ de vision afin de comprendre la stratégie des différents protagonistes. 

Alors même qu'un robot vient de se poser sur Mars pour mieux comprendre notre Univers, bien des choses échappent encore sur Terre :  les cartes sont sur table mais toutes ne sont pas encore retournées et certaines sont truquées.

Une "lecture" plus approfondie et attentive de la situation  globale au Moyen-Orient au vu de la "nouvelle donne" est nécessaire pour répondre à certaines questions. En particulier celle-ci : volonté réelle de liberté et de démocratie ou bien prise de contrôle par de nouveaux pouvoirs pour lesquels ces valeurs ne sont que secondaires?
____________

nb- Je recommande l"excellente analyse de Mireille DUTEIL (dans Le Point) 

mardi 7 août 2012

Nuit du 4 Août1789 : la fin des privilèges ?

Un "anniversaire" que j'étais sur le point d'oublier : cette nuit où l'Assemblée nationale décida d'abolir les privilèges , les droits seigneuriaux et freina le mouvement centrifuge des Provinces. Belles paroles, euphorie de la Révolution en marche qui 3 semaines plus tard (le 26 Août) se concrétisèrent dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.

 Bel élan que celui-là et qui ne perdait pas encore son âme dans la Terreur de 1793 où tous les excès furent commis. Cela renvoie aux révolutions actuelles et je me dis - en voyant la situation au Moyen-Orient- qu'il ne peut y avoir de révolution pacifique (c'est forcément antinomique) : les discours enflammés du premier instant sont ensuite repris par des "djihadistes" qu'il s'agisse - alors - de Danton ou de Robespierre et -aujourd'hui - d'autres "combattants vertueux" qui, à leur tour, dresseront des échafauds. 

Ironie de l'Histoire, celle qui va de Voltaire à Robespierre ou de Marx à Staline...L'actualité récente fournit également son cortège de patriotes vertueux qui se feront circonvenir par des combattants se disant encore plus vertueux , rivalités et pièges où s'affrontent doux rêveurs bâtissant de nouveaux mondes et paranoïaques qui, d'abord, veulent détruire et reconstruire mus par une "volonté de puissance" affirmée avant d'être conceptualisée par Nietzsche.

 Que reste-t-il de tout cela? Les privilèges existent toujours mais le souci d'égalité est (en France)  un frein puissant. Sauf pour le "salaire" des footballeurs dans les nouveaux "jeux du cirque"...En Province, les "comtés" et "marquisats" demeurent que ni le duc d'Aiguillon ni le vicomte de Noailles n'auraient adoubés lorsqu'ils prirent en cette nuit du 4 Aout 1789, l'initiative de proposer l'abolition des privilèges.Au souci des révolutionnaires de supprimer les écrans multiples, répond aujourd'hui l'empilement des structures administratives (dont je ne vais pas rappeler les différentes strates). 

Mais la nuit du 4 Août 1789 - si elle est encore inscrite dans notre subconscient - n'affleure pas suffisamment pour que nous allions aussi loin . Il est vrai qu'en 1789 l'Amérique sortait à peine de ses langes (mouillées de sang) et l'Empire du Milieu nous échappait sauf peut-être à travers des récits de Voltaire et Zadig semblait sortir d'un conte.

 Belle revanche depuis... Si d'autres "nuit du 4 Août" ne se terminent pas - comme en France en 1793 - par l'épisode schizophrénique de la "Terreur".

lundi 6 août 2012

Iran nucléaire : "vieilles" complaisances américaines

Ce titre est un peu provocateur. Mais pour connaître l'origine du programme nucléaire iranien , il faut (comme dirait M. de La Palice) faire marche arrière. Non qu'il faille revenir sur la vente (dans les années soixante) par les États-Unis d'un réacteur de recherche au Shah d'Iran ni évidemment sur" l'Irancontragate".

 Je veux simplement revenir sur le "détonateur" qu' a été , en 1987, l'accord "secret" entre l'Iran (contresigné par le Premier Ministre Moussavi) et le "père" de la bombe atomique Pakistanaise, Abdul Qadeer Khan portant sur la technologie de l'enrichissement de l'uranium par centrifugation et probablement au-delà. Cet accord "secret" est rapporté (20 ans plus tard) dans le rapport de l'AIEA 2007/58 du 15 novembre 2007. 

Il semble bien que le Pakistan ait apporté son aide à l'Iran en 2 temps: d'abord en 1986/87 (le Pakistan était alors dirigé par le général Zia ) et ensuite dans les années 1990. Selon toute vraisemblance les négociations entre Abdul Qadeer Khan et l'Iran n'ont pu se faire - en 1986/87 - qu'avec l'accord des plus hautes autorités pakistanaises c'est-à-dire du Premier Ministre Pakistanais. Par la suite (en 1988) Mme Benazir Bhutto - jusqu'à sa disparition -  s'est opposée à toute coopération dans ce domaine . Des contacts auraient repris ultérieurement mais non "couverts" par les autorités pakistanaises.

Or si j'en crois les multiples sources disponibles, l’administration Reagan entretenait (en 1986/87) d'excellentes relations avec le Général Zia , convaincue que le "leader" Pakistanais était l'un des meilleurs écrans entre le communisme et le monde occidental.

 Dans ce contexte, imaginant les rapports étroits entre tel ou tel Service américain et l' I.S.I pakistanais, il est difficile de croire que les États-Unis n'aient pas été informés de l'accord sur la fourniture de technologie nucléaire (à dimension militaire) à l'Iran .Pourquoi rien n'a été dit, rien n'a été fait ? C'est d'ailleurs à cette époque que le Pakistan se dotait de l'arme nucléaire sans - qu'apparemment - on en prenne ombrage.

 Il faut avouer que tout cela est bien étrange , tout autant que l’opportune affection portée, à l'époque, au général Zia et  la "protection" dont a continué à bénéficier Abdul Qadeer Khan lui permettant de proposer sa "marchandise" tant à la Libye qu'à la Corée du Nord.

samedi 4 août 2012

Espagne : un roi bien méconnu

 Je lis dans un hebdomadaire des considérations peu amènes à l'égard du Roi Juan-Carlos. On rapporte que M. Aznar, ancien Président du Gouvernement le tenait en piètre estime et que certains lui reprochaient même de descendre de Louis XIV...

Jeune stagiaire à l'ambassade dans les années 1976-77, je suis pourtant témoin du rôle déterminant qu'a joué Juan Carlos I au moment de la "transition" , période qui a suivi la mort de Franco.

 Je peux confirmer qu'il a  facilité le consensus (que recherchait Felipe Gonzalez, Président du gouvernement) entre des partis politiques de bords différents . C'était ce que l'on a dénommé le "Pacte de la Moncloa". De la même manière, son intervention quelques années plus tard lors de la tentative de putsch militaire a permis à la démocratie espagnole de ne pas aller à vau l'eau .

 Son mérite premier (que les jeunes générations oublient ) est d'avoir su s'émanciper de la tutelle de Franco et de sortir du chemin tout tracé que le dictateur lui avait préparé. Ironie : dans les années 1965  les Espagnols le surnommaient Juan - Carlos "El Breve" (traduction: le "simplet "). Surprise,ensuite, de découvrir un homme de caractère.

 Que l'on raille maintenant quelques désagréments familiaux , son goût pour les safaris et aussi son moindre dynamisme (75ans) cela fait un peu sourire. Si tant est que l'on puisse sourire de ces retournements de situation dont l'Histoire est si friande.


vendredi 3 août 2012

Pièges à "consommateurs"

Le soi-disant "Paradis de la consommation" qu'est devenu l'Occident (tout au moins pour ceux qui sont épargnés par la crise économique) serait-il un leurre ou bien un "attrape nigauds " en raison des pièges tendus? En disant cela, je déplore évidemment que notre civilisation, reléguant au second plan sa culture, en soit réduite à une "société de consommateurs". Mais l'Orient fait de même...

Au-delà de ces considérations , voici quelques uns des pièges que l'on m'a rapportés et qu'il me paraît de "salut public" de mettre en ligne... à toutes fins utiles.

1- hypermarchés :

 - il arrive assez fréquemment que le "code barre" d'un produit en promotion ne corresponde pas à celui qui est "lu" à la caisse. Raison: le prix d'un produit en promotion n'est pas répercuté concomitamment à la caisse dont le logiciel n'a pas été (à dessein ?) actualisé .

  - de la même manière il existe des soi-disant "promotions" qui mettent en avant une baisse de 10 ou 20 %. Mais il faut savoir qu' avant la "promotion" le prix du produit a été fréquemment augmenté dans les mêmes proportions . Résultat : on revient à la case départ.

2- achat d'un véhicule automobile : 

Tel distributeur "national " propose un financement intégral en se gardant de dire que le financeur (une banque bien connue) n'agit pas directement mais via un organisme (bien connu) de "crédit à la consommation " dont le T.E.G. est de l'ordre de 13%. Le client tout heureux de prendre sans délai le volant de sa voiture ne se rend compte que plus tard de sa mésaventure (d'autant qu'il arrive que les prêts soient, me dit-on, antidatés et grignotent ainsi les délais de rétractation.)

3- immobilier:

Des publicités envahissantes (sur le net et ailleurs ) proposent des "villas de rêve" à Las Vegas à partir de 65000 euros (!). J'imagine un couple naïf voulant passer sa retraite au soleil. Il sera - lui aussi - échaudé...et il ne pourra pas faire rectifier son ticket de caisse . A cet égard , je recommande la lecture de l'article "les banques en accusation" (Le nouvel  Observateur n° 2228).

Ces exemples ne sont pas exhaustifs et toutes les banques et hypermarchés ne sont pas évidemment à mettre au pilori. Un constat tout de même : Le consommateur (l'homo œconomicus) est bien fragile et sans doute trop désireux d'entendre le chant des sirènes (pour oublier le roulement des tambours?).

jeudi 2 août 2012

M. Mario Draghi : des paroles ...aux actes ?

Des amis Espagnols me font part de leur déception,ce soir, après les propos du Président de la B.C.E. que Madrid (et Rome) attendaient "en brûlant des cierges". Ils espéraient que M. Draghi -au delà des mots- passerait aux actes ou, du moins, en indiquerait le chemin.

 Mais le mécanisme du rachat de la dette souveraine n'a pas été compris (du moins à Madrid) et plonge (me dit-on) le gouvernement dans l'embarras : Les États devront donc solliciter le "Fonds de Solidarité " mais l'on craint à Madrid que la contrepartie soit la venue de la "troïka" et de nouvelles mesures d'austérité : or, les mesures d'austérité déjà imposées se transforment en "bulle de savon" à mesure que les taux des emprunts émis par l'Espagne augmentent. Mes amis me disent qu'ainsi les sacrifices (et ils ont colossaux) consentis sont gommés par la hausse des taux. 

Donc, les Espagnols sont déçus. M. Rajoy hésitera forcément à faire appel au F.S.E. de crainte que les efforts soient jugés insuffisants . Ils me disent que la Grèce n'a fait qu'un "huitième" de leur chemin et que ce n'est pas juste. Je perçois et de la déception et de la rancœur. 

M.Draghi avait-il vraiment conscience des espoirs suscité par ses déclarations si fermes il y a une semaine ? Je me le demande (et Madrid aussi...). 

A quand une vraie Banque Fédérale (comme en Angleterre ou aux États-Unis)? Il ne faut plus, désormais "tourner autour du pot" car le poulet est déjà bien cuit. Des paroles, il faut passer aux actes. Vite.

Iran : le froid et le chaud (ou l'inverse)

Je le lis sur le site WikiStrike :" L’Iran entre en guerre dans les semaines à venir" Qu'est-ce à dire? et que croire? Il semblerait que l'Ayatollah Ali Khamenei ait convoqué le 27 juillet la haute hiérarchie militaire et ait déclaré :

 "Nous entrerons en guerre dans les semaines à venir". (1)

Je ne sais quel sens prêter à ces propos s'ils ont bien été tenus : prépare-t-on l'armée à une attaque préventive Israélienne que l'on juge imminente?  Parallèlement, le programme nucléaire aurait été accéléré et l'enrichissement de l'uranium atteindrait le taux ultra sensible de 60 %  (mais ce point important  n'est pas encore vérifié et l'A.IE.A n'en a rien dit).

 Quel crédit,finalement, attacher à ces informations ? Le site internet en question se veut prudent et précise :
 "Si la source Debka n'est pas forcément crédible, les mots ont bien été prononcés par le guide suprême de l'Iran". 

Il semble,par ailleurs, que les gardiens de la Révolution aient en charge de "surveiller" une montée en puissance du programme nucléaire. Une nouvelle unité de recherche serait en place à Modjeh,près du site de Lavizan . Ces recherches porteraient sur l'usinage de l'uranium métal et la mise au point d'un détonateur. Evidemment, dans cette avalanche d'informations - et le risque toujours possible de manipulations - j'emploie le conditionnel tant que ces données ne sont pas recoupées.

En revanche,s'il est exact que les propos,rapportés, d'Ali Khamenei aient été tenus, l'information que relaye (avec prudence) le site WikiStrike est importante et on doit en analyser l'impact et l'intention. Mais est-on en guerre psychologique et dans le champ de la provocation? (Tout comme les propos récemment rapportés indiquant que la hiérachie militaire israélienne serait hostile à une frappe préventive d'Israël tout au moins sans l'aide des Etats-Unis).

Je regrette que les négociations entamées à Istanbul se soient heurtées à l'intrangiseance de Téhéran ( qui , évidemment, ne veut pas "plafonner" l'entichissement de l'Uranium à 20% si - comme je le pense- l'Iran a bien en vue l'option militaire ). 

A ceux qui estiment que le programme nucléaire est exclusivement civil je rappelle le "deal" passé en 1987 entre le Premier Ministre de l'époque (Hussein Mir Moussavi) et le Pakistanais Abdul Qadeer Khan, "père" de la bombe nucléaire Pakistanaise afin d'acquérir la technologie nucléaire militaire. (Je rappelle qu' Abdul Qadeer Khan avait dérobé les plans de fonctionnement des centrifugeuses à Urenco/Pays-Bas et qu'il a bénéficié d'une impunité quasi totale alors même qu'il faisait le même "deal" avec Khadafi...)

Tout, hélas, depuis, va dans le même sens:
1- transfert des centrifugeuses de Natanz à Fordow (sous les montagnes et près de la ville sainte de Qom)
2-test de misiles balistiques (Shahab- 3 et Sejil-2)
3-incapacité de Téhéran à justifier un besoin d'UHE à 20 % pour son programme médical.

Quelques réflexions supplémentaires:

1- Certes, l'Iran n'a pas bloqué le détroit d'Ormuz ainsi qu'il l'avait annoncé en début d'année en représailles à l'embargo décidé par l'Union sur l'achat de pétrole iranien. Probablement parce que -entretemps - un oléoduc à été réalisé (discrètement) traversant les Emirats et rejoignant directement la mer d'Oman. Ce n'est donc pas là, preuve de pacifisme. Mais une stratégie qui s'est révélée contre-productive.

2- La situation en Syrie a forcément un impact sur la conduite de l'Iran. Si elle se révèle exacte , l'accélération du programme nucléaire militaire pourrait découler de la crainte qu' éprouve l'Iran à être entouré d'Etats à large dominante sunnite. (syndrome d'encerclement).

3- Les sites nucléaires sensibles sont nombreux et disséminés dans tout le pays (usine d'extraction de l'U, usine de transformation en yellow cake, production d'hexaflorure, enrichissement , centrales produisant du plutonium, lieux de fabricatrion des missiles Sahab 3 et Sejil 2 etc...). Je doute que l'aviation israélienne soit à même de neutraliser l'ensemble de ces sites (ou les plus importants) sans l'aide de l'aviation américaine. 

4-les élections américaines sont proches : le Président Obama prendrait-il le risque d'une intervention qui risquerait de se traduire par une déflagration au Moyen-Orient? 

5-Mais je ne conçois pas que l'on demeure dans la passivité d'un autre "Munich". Impensable d'attendre que l'Iran soit doté de l'arme nucléaire en 2014 (cf. Daily Telegraph reprenant une information du MI6)! D'ailleurs les sanctions économiques portent leur "fruit". Dommage , évidemment, qu'elles aient un impact sur le peuple iranien, alourdissant son fardeau. Mais le "vrai" chef d'Etat iranien , l'Ayatollah Khamenei se soucie-t-il  de cela?  (Les iraniens - propagande oblige- croient "dur comme le fer" que le programme nucléaire est exclusivement civil et, par là, symbole de fierté et de richesse...future) ?

Dans cet épaix brouillard qui me parvient, je puise, çà et là, dans les informations. Elles ne sont pas contradictoires mais il faut les décanter .Elles supposent à la fois qu'on évalue le risque lié à la "montée en puissance" de l'Iran dans un univers sunnite susceptible de se renforcer (Syrie) , que l'on prenne en compte la complexité d'un programme nucléaire dispersé, que l'on évalue aussi les contraintes liées au calendrier électoral (Présidentielles américaines en Novembre, élections Présidentielles en Iran en 2013)...et la crainte que représente pour Israél un Etat nucléaire à ses portes qui pourrait ne pas maîtriser tous les "leviers" en raison de possibles surenchères internes et de" groupes satellites" qui peuvent dériver de leur orbite..
__________________

(1)  WikiStrike le 1er Aout 2012 (rubrique: politique internationale) reprenant une information du site Debka publiée le même jour sous le titre "Khamenei Warns Iran Top Leaders: War in weeks "