samedi 11 août 2012

Iran /Israël : risques d'embrasement au Moyen-Orient

Ce samedi 11 Aout, des sites internet, retentissent de "bruits de bottes": Israël pourrait déclencher au plus tard en Novembre (élections américaines le 6 Novembre) une "frappe préventive" sur les installations nucléaires iraniennes. Des informations apparaissent ça et là indiquant que les représailles iraniennes via le Hezbollah (tirs de roquettes ou de missiles de courte portée)  feraient 200 ou 300 victimes en Israël.

 On se livre - j'en retire l'impression - à de savantes projections : on s'attache désormais à mesurer l'impact du conflit éventuel ou probable avec une calculette...et les chiffres grimpent: 500 victimes possibles en Israël!

 Je sais bien que différents sites internet" font leur beurre" avec la dramatisation et - répondant aux angoisses de notre société aseptisée - s'essayent à faire vivre des cauchemars. Cela fait d'ailleurs plusieurs années que l'on clame qu'Israël est sur le point de déclencher l'offensive.

Intoxication, bluff pour obtenir des "contreparties" ou de nouvelles assurances? Peut-être. Pour autant,il ne faut pas négliger, il me semble, la montée en puissance de l'inquiétude en Israël (cf. exercices d'alerte de la population par SMS). Bien qu'il semble que le gouvernement soit partagé, une frappe dans les prochains mois n'est pas à exclure.Cela rejoint d'ailleurs les propos du Guide Suprême iranien, Ali Khamenei, il y a quelques jours "prédisant" une guerre prochaine.

 Israël, c'est évident, doute de l'impact des sanctions économiques à l'égard de l'Iran. Cette position est quand même surprenante lorsque l'on constate la chute des exportations iraniennes de pétrole, le cours du rial et l'appauvrissement de la population.

Mais - plus que tout- je retiens une analyse de notre ancien ambassadeur à Téhéran, François Nicoullaud : selon lui l'Iran ne fonctionne pas selon la méthode de la "carotte et du bâton". Bien au contraire, l'hostilité extérieure ne fait que conforter la cohésion intérieure (ou du moins aplanir les discordances).

 Sur le fond, difficile de se forger une opinion : l'Iran est signataire du TNP et donc peut enrichir son uranium (le TNP n'établit pas a priori de distinction entre nucléaire civil et militaire du fait du "double usage" du combustible). Donc apparemment l'Iran est dans son droit. Pour autant l'Iran, signataire en 2003 du protocole additionnel aux "accords de garantie " A.I.E.A, n'est plus dans son droit lorsque il cache la montée en puissance de ses centrifugeuses et - efface (Lavisan-Shian) - toutes traces suspectes. Juridiquement si l'Iran ne contrevient pas au TNP, il contrevient au "protocole additionnel "qui prévoit la transparence et l'information de l'A.I.E.A lorsque une installation nucléaire subit une modification ou lorsqu'une installation nouvelle est mise en place (c'est le cas du site d'ultracentrifugation de Fordo construit clandestinement).

 Voilà pour les aspects "objectifs". Mais il ne faut pas oublier que nous sommes en plein dans le subjectif: Israël, même avec ses 200 têtes nucléaires, craint l'épée de Damoclès que constituerait une bombe nucléaire opérationnelle en Iran en 2014 (date avancée par certains). Il considère que les sites nucléaires iraniens enterrés (cf. Fordo) sont l'indice d'une volonté de mener à bien un programme nucléaire militaire (puisque  le site en question serait à l'abri des bombardements). 

Comment ne pas comprendre l'attitude d'Israël après l'abomination de la Shoah? Évident.

 Mais le risque demeure d'un embrasement du Moyen-Orient en cas d'attaque israélienne. Car les enjeux sont nombreux et les tensions vont bien au-delà des rapports entre Israël et l'Iran. La Syrie est, évidemment, l'un des détonateurs et la position de Moscou et de Pékin sont déterminantes.Tout comme celle des États-Unis agissant par Arabie Saoudite et Qatar interposés.

 Je ne sais au juste quel discours a été tenu à l'Iran depuis la prometteuse rencontre d' Istanbul et je regrette que les négociations n'aient pas abouti. Mais quel "deal" peut-être passé avec Téhéran lorsque l'on sait - selon toute probabilité - que l'Iran entend poursuivre son programme militaire nucléaire?

Certes, j'ai la conviction (mais une conviction est-elle suffisante?) que Téhéran veut seulement se doter d'une "force de dissuasion".

 Le problème reste que pour Israël, cette "force de dissuasion" (qui vise tout autant à se protéger des États sunnites) est "nulle et non avenue". Danger!

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Quelques propos ou positions à mettre en cohérence car contradictoires.

1- Les États-Unis ne se disent pas (officiellement?) certains que l'Iran ait vraiment décidé de l'option militaire nucléaire . Ils indiquent que même si tel était le cas, une bombe ne serait pas" opérationnelle" avant longtemps. Des agences de renseignements américaines ont indiqué que le programme iranien était à l'arrêt depuis 2003.

 Mais (dans le même temps) : 

 2- les États-Unis auraient en mains des éléments prouvant que l'Iran est en train de concevoir des ogives nucléaires destinées à ses missiles balistiques.

3-Si, par ailleurs, si la crainte n'était pas fondée quel serait l'intérêt d'un bouclier anti-missiles en Europe (Pologne, Roumanie) dont l'objet est de se prémunir contre des missiles balistiques iraniens pouvant atteindre le sud-est de l'Europe ? Ce programme avait été suspendu en 2009 (peu après le "discours de Prague" du Président Obama) mais est revenu , 2ans après, à l'ordre du jour.

3-Israël est convaincu que le niveau d'enrichissement atteint et les programmes "ogives+détonateur" démontrent que l'Iran a franchi la "ligne rouge".

4- La Grande-Bretagne (ou du moins l'un des responsables du MI 6) a récemment estimé que la bombe nucléaire iranienne qui aurait dû être opérationnelle en 2012, le sera certainement en 2014 (programme ralenti en raison des "attaques" par virus informatiques).

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