vendredi 31 août 2012

Iran nucléaire: les inconnues du site de Fordo

Les agences de presse ont relayé, hier, une information de source A.I.E.A selon laquelle le nombre de centrifugeuses aurait été doublé sur le site de Fordo (près de Qom) . On ajoute que l'Iran détiendrait 189 Kg d'uranium hautement enrichi. On en déduit que l'Iran avance à pas de géants vers une arme nucléaire (d'où les "tambours de guerre" en provenance de Tel-Aviv et - à un moindre rythme- de Washington). Parallèlement le Guide Suprême iranien,l'ayatollah Ali Khamenei, assure (sur le Coran?) que l'Iran n'a pas l'intention de se doter de l' arme nucléaire et que les matières fissiles produites sont exclusivement à usage pacifique. Cela m'inspire deux réflexions:

1- L'important ne tient pas tant au nombre de centrifugeuses qu' au degré d'enrichissement atteint en rappelant qu'il faut de l'U enrichi à 90% pour fabriquer une bombe. L'A.I.E.A a-t-elle des informations sur ce niveau d'enrichissement? Ce n'est pas précisé et je reste "sur ma faim". Ce qui est certain c'est que le seuil d'enrichissement à 20¨%  est atteint (alors même que l'utilisation à usage pacifique ne requiert que de l'U à 3,5 ou 4%). L'enrichissement à 20% est justifié par les réacteurs à usage médical (sur lesquels l'A.I.E.A n'a fait jusqu'à présent aucun commentaire).

2- Il ne fait aucun doute (je l'ai dit à plusieurs reprises) que l'Iran possède les connaissances nécessaires à la fabrication d'une bombe (cela depuis sa transaction de 1987 avec Abdul Qadeer Khan, le "père" de la bombe atomique pakistanaise). L' A.I.E.A est d'ailleurs en possession d'un document (remis par les iraniens il y a quelques années sous la Présidence Khatami) décrivant les étapes de fabrication de l'arme nucléaire.Ce document avait été (semble-t-il) remis à l'Agence en gage de bonne volonté à l'époque où était signé le protocole additionnel A.I.E.A en 2003.

Conclusion:

 a) Rien ne prouve que l'Iran soit en capacités de fabriquer maintenant une bombe nucléaire. Il faudrait pour cela détenir de l'U à 90 %, ce qui n'est pas le cas. Il est vrai que plus le nombre de centrifugeuses en "cascade" est important, plus un haut degré d'enrichissement de l'uranium peut être atteint.

b) Si un doute subsiste sur les capacités "opérationnelles" de l'Iran à fabriquer une bombe nucléaire, il n'y a pas de doute quant à ses possibilités (en termes de connaissance scientifique).

c) Des éléments demeurent troublants: le choix du site souterrain de Fordo, les essais supposés d'explosifs conventionnels (détonateurs et amorce d'une arme nucléaire ), la non transparence de l'information auprès de l'A.I.E.A., le "nettoyage" du centre de recherche de Lavisan-Shian il y a quelques années (peu avant une inspection de l'A.I.E.A.), le silence gardé sur le réacteur à eau lourde d' Arak, la "découverte" du site d'enrichissement de Natanz en 2002 par les Moudjahidin du Peuple etc...

 En résumé, s'il n'y a pas de certitudes absolues ou de preuves objectives, les éléments de suspicion sont nombreux. C'est ainsi que pour moi se définit le "dossier iranien" : suspicion, jeu permanent de "cache cache".

Dans ce contexte et , faute de preuves, le doute doit-il "profiter à l'accusé"? Ce n'est pas si simple : nous ne sommes pas dans un prétoire mais sur l'avant-scène d'un conflit possible dont nous ne maîtrisons absolument pas l'issue et les conséquences à long terme.

NB- La manière pour le moins curieuse dont a été traduite l'intervention du Président Égyptien (lors du Sommet des Non-Alignés) stigmatisant le gouvernement syrien ne peut que contribuer à accroître nos soupçons quant à une supposée franchise des déclarations iraniennes.

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