lundi 29 avril 2013

Europe : quel avenir pour l'euro ?


 Voilà que fleurissent les éditoriaux et que bruissent les hommes politiques au gré du son des tambours. Les uns évoquent un éclatement de la Zone euro , les autres un "bras de fer " avec l'Allemagne. Pour ma part je ne crois ni les uns ni les autres. 

Certes,les politiques d'austérité dans les pays du Sud ont atteint, il me semble, la ligne rouge au delà de laquelle c'est l'idéal même de l'Europe qui risque de voler en éclat. Mais ces plans de rigueur étaient rendus nécessaires par le "vivre à crédit" qui s'était instauré grâce , notamment, aux faibles taux d'intérêt rendus possibles par la monnaie européenne.

 Aux Cassandre qui prédisent un éclatement de la zone euro , je réponds que ce n'est l'intérêt économique et politique d'aucun pays. C'est - sur une autre échelle - le raisonnement que l'on peut tenir face aux sécessionnistes catalans : de même que je suis persuadé que l'Espagne conservera son intégrité territoriale, de la même manière je suis convaincu que - même s'il en coûte efforts et sacrifices - la Zone euro conservera son intégrité. Le prix d'un éclatement serait trop lourd et suicidaire pour les gouvernements qui en prendraient le risque (1).

 De la même manière un "bras de fer" avec l'Allemagne est politiquement suicidaire : ce serait ni plus ni moins que torpiller l'idée d'Europe et revenir sur les pas en avant tant d'Adenauer que de De Gaulle. J'entends des commentateurs "avisés" conclure que, de fait, la "Zone euro" est devenue la "Zone Mark" et que nous nous trouvons à la remorque de Berlin. Mais, il nous appartient - sinon de jouer les locomotives - du moins de faire en sorte que nous soyons dans les premiers wagons. 

 Le Point de cette semaine titrait "les Français sont-ils paresseux? " La réponse est fournie par plusieurs articles : évidemment l'on ne peut généraliser mais l'étendue des " niches" (non pas fiscales mais des "niches" tout court) laisse perplexe. Les "os à moelle'' sont si nombreux qu'ils sapent les énergies. Il faut - c'est le constat- nous "secouer" quelque peu pour que l'euro demeure une monnaie réellement partagée (et non un substitut du mark) et que le moteur Paris/Berlin ne tousse pas au rythme des scenarii catastrophe. Imaginerait-on (exemple certes extrême) la Californie endettée faire sécession et remettre en cause son appartenance à l' Union américaine.

Un autre point m'inquiète et qui demanderait , il me semble, des calculs plus approfondis : des économistes écartent d'un revers de main le scénario fédéraliste en raison des transferts budgétaires qu'il rendrait nécessaire. Mais, dans la situation de crise que vit l'Union européenne, il n'y a de salut que dans une sortie par le haut. Aux économistes et aux politiques il revient de mettre en chantier l'hypothèse fédéraliste et d'en préciser les scenarii du moyen et long terme.

 Ce qui est , pour certains, irréaliste aujourd'hui sera peut-être la solution de demain. Tout comme pour les négociations d'adhésion à l'Union , l'important n'est pas tant la durée que l'objectif sur lequel on se cale et le cap que l'on maintient.


_______

(1) Ainsi , la Fondation Bertelsmann  a-t-elle évalué à 1200 milliards d'euros (perte d'1/2 point de croissance par an jusqu'en 2025 ) le coût , pour l'Allemagne, d'un retour au mark -communiqué diffusé par PR Newswire (United Business Media) le 30 avril 2013.













 conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

vendredi 26 avril 2013

France : déclin des valeurs et/ou déclin du "modèle'' socio-économique ?

 Il y a 10 ans (en 2002 ou 2003) on s'interrogeait , en France, sur le déclin des valeurs. On nommait tel auteur "décliniste" lorsque,dans ses ouvrages, il se disait consterné par l'état de la France et qu' il mettait  dans le même sac ses préoccupations : problèmes d'immigration et d'intégration , crainte de voir le pays se fondre dans une Union européenne absorbant la "spécificité" française , remise en cause de racines chrétiennes etc...

Avec le recul de dix années , on constate qu'il s'agissait là , avant tout, de joutes d'intellectuels. Car, en 2013, le mot "déclin" a pris un autre sens. Non pas seulement celui d'une interrogation sur des "valeurs de civilisation" mais celui d'un "déclin" tout court. De fait, la crise est passée par là avec l'inexorable montée du chômage. 

Les Français regardent avec envie les Allemands : c'est le "modèle" qu'on leur donne, désormais , comme référence . Et ce ne sont plus les philosophes qui tiennent le haut du pavé mais les économistes et les conjoncturistes. 

Certes - comme Frédéric Lenoir (Le Monde des Religions) - on peut aussi soutenir que la crise économique renvoie aux "fondamentaux". Il n'empêche que les interrogations portent d'abord sur la place de la France dans le monde et sur sa capacité à réagir en termes d'emploi. La crise économique amène les Français à s'interroger sur la pérennité de notre "modèle" , qu'il s'agisse du temps de travail (les 35 heures...), des retraites , du niveau des prises en charge des dépenses sociales et de santé etc...

En réalité, c'est autant une interrogation portant sur la légitimité du "modèle" socio-économique que sur sa pérennité. Les Français doutent en ce moment : de la "force de frappe" de la France, de sa crédibilité dans un monde tirant de plus en plus vers l'Orient, de la capacité de nos gouvernants..(1). Et donc d'un "modèle" payé à crédit alors que la culpabilisation liée l'endettement public est omniprésente.

Évidemment, ce n'est pas une situation pré-révolutionnaire comme certains hebdomadaires (Le Point, Le Nouvel Observateur) semblaient tout récemment l'évoquer d'une plume un peu provocatrice. Car nous sommes loin d'être à la veille de 1789 ( Mélenchon n'est pas Robespierre !).

En fait, nous vivons d'étranges moments où une bonne part des Français sont pris par le doute et - pour ceux qui n'ont pas d'emploi - par l'angoisse du lendemain . Ils attendent qu'on les éveille, qu'on leur donne quelque espoir et - probablement aussi - qu'on les secoue. A défaut, ils seront tentés par les extrêmes, pure négation de la raison mais offrant une perspective de mouvement.

 La France de 2013 n'est plus la France de 2003 et le sens du mot "déclin" a bien changé. Plus qu'à la tête ou au coeur de certains, le mot "déclin" frappe maintenant beaucoup de monde à la ceinture : danger!

_____________

(1) Nos compatriotes ont souvent l'impression que leurs dirigeants politiques font du sur place en surfant sur la vague : rien de tel pour accentuer la morosité que de laisser croire que l'on attend que les clés de la "boite à outil" ouvrent enfin les portes. Ils se disent, alors, qu'à défaut d'ouvrir les portes, mieux vaut parfois tenter de les forcer.


















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

jeudi 25 avril 2013

Chômage : une plaie, pour longtemps?

 C'est ce soir que les chiffres du chômage du mois de mars vont "tomber". Et - ce n'est pas un secret - ils ne seront pas bons. Je doute fort que l'on puisse enregistrer d'ici la fin de l'année une baisse du chômage. Ainsi que l'indique l'OCDE dans son dernier rapport économique, il est vraisemblable que ce taux poursuive jusqu'à fin 2014, son ascension : 11 puis 11,4 % avant de redescendre progressivement. 

Certes, les emplois aidés (contrats de génération notamment) vont contribuer à  atténuer le choc; ils ne résoudront pas pour autant le problème de fond qui a trait à la compétitivité des entreprises françaises. Un vrai "choc de compétitivité " supposerait une baisse des charges des entreprises , un retour aux 39 heures et une réforme de "Pôle Emploi" qui est dans l'obligation de sous-traiter des formations plus ou moins qualifiantes et qui est - à de rares exception près - dans l'incapacité d'assurer un suivi personnalisé des demandeurs d'emploi.

Évidemment, je mesure les difficultés auxquelles se heurterait le gouvernement pour appliquer une telle politique. Il suffit d'entendre l'extrême gauche et tel ou tel syndicat : selon eux, le Président de la République s’enferrerait dans une politique "de droite" et de soutien aux "patrons du CAC 40 ". La bêtise n'a plus de limites, celles-ci sont dépassées. 

Dans un contexte économique où la Zone euro est - probablement jusqu'en 2015 - condamnée , après une phase de récession, à une croissance "molle", il n'y a pas cinquante manière de redresser l'emploi : cela suppose une relance de nos exportations (et à défaut de pouvoir dévaluer l'euro, de vrais mesures de compétitivité ), la fin des 35 heures (une hérésie dont le père putatif est M. Strauss-Khan), une réforme de "Pôle Emploi" remettant à plat les modalités de suivi des demandeurs d'emploi (fin des "formations-garage" , pertes d'indemnités en cas de 2 refus successifs d'une proposition d'emploi).

 Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps mais de telles mesures seraient un signal allant au-delà du "choc de simplification". Elles ne vont pas de soi et ce ne peut être une déclinaison du " Il n'y a cas".

 Elles demandent du courage politique. Et donc un "chef de guerre...économique".

















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

mardi 23 avril 2013

Libye : " Libéraux " c/ djihadistes. Un défi pour la démocratie

 L'attentat perpétré ce matin contre notre Ambassade en Libye ne peut que nous interpeller, cet acte terroriste intervenant deux ans - à 1 mois près- après l'intervention de l'OTAN, le 19 Mars 2011. 

A la suite de cette intervention ce sont  des "libéraux" qui ont remporté les élections de juillet 2012 et c'est un islamiste modéré qui fait fonction de chef de l’État : M. Mohamed Youssef el-Megaryef, Président du Congrès National. Islamiste modéré, M. El-Megaryef est en lutte ouverte contre les extrémistes.

 A priori - ainsi que s'en réjouissait tout récemment à la télévision un de nos anciens ministres - la Libye a choisi la voie démocratique . Pourtant, sans revenir sur le sanglant épisode de Benghazi en septembre 2012, on constate que l’État de Droit n'est toujours pas établi 2 ans après l'intervention militaire qui a permis l'éviction de Mohamed Khadafi. 

Ainsi, en janvier 2013, c'est le Consul d'Italie à Benghazi qui était la cible d'un d'attentat; le mois dernier c'est le Parlement libyen qui était assiégé .  Son Président, M. El-Megaryef  était vivement pris a partie dans son véhicule après avoir,début janvier, été l'objet d' une tentative d'assassinat dans le sud du pays.

Comment,dans ce contexte, ne pas s'interroger sur la difficulté qu'ont les autorités libyennes -modérées- à contenir les terroristes d'où qu'ils viennent, sachant que les auteurs de l'attentat du 11 septembre 2012 contre le consulat américain de Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur des États-Unis, n'ont toujours pas été arrêtés?

Autre question : y a-t-il encore place pour un vrai "printemps arabe" ou faut-il - sans transition - regarder un peu partout les orages éclater?










conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

dimanche 21 avril 2013

Etats-Unis : Heureux américains...

 L'attentat de Boston et la neutralisation de deux de ses auteurs est l'occasion de saluer le consensus et la ferveur patriotique des américains. Certes, on sait bien qu'il n'y a pas de vraie ligne de démarcation entre démocrates et républicains. Mais, pour autant, on ne peut que constater - à chaque "coup dur" - combien les américains se serrent les coudes.

 Aux Etats- Unis, il ne viendrait pas à l'idée - comme en France ou en Italie - aux hommes politiques de s'insulter et, quasiment, d'en venir aux mains. Ce n'est pas faire preuve d'une béate admiration que d'effectuer ce constat car il faut rester objectif : cette nation a tout de même ses défauts (judiciarisation excessive, pudibonderie, individualisme tempérant les élans de solidarité etc...). Il n'empêche : dans les moments où l’Amérique se sent attaquée, les américains se rassemblent autour de leur Président.

On dit que les français sont pessimistes; je le crois volontiers. Cela tient probablement au fait qu'ils ne croient plus en grand chose : on critique vertement le Président de la République ; l'opposition - dont les chefs s'épient- est en embuscade...  et l'extrême droite, aux aguets, s'apprête à tirer les marrons du feu ou du moins le croit-elle.

Même si la société américaine a ses propres blocages (indemnisation du chômage, sécurité sociale limitée, vision du monde au travers du seul prisme des États-Unis etc...), il n'empêche que la population sait ,dans les coups durs (cyclone, attentats, expulsions immobilières...), faire preuve de solidarité et d'optimisme. Optimistes, les américains le sont certainement parce que solidaires.

 Pendant ce temps, nous passons notre temps à nous dénigrer. Que de temps perdu il me semble; alors qu'il nous appartient- notamment - d'apporter notre pierre à la construction de l'Union européenne . 

Les allemands ont la bonté d'avoir une locution qui devrait nous enorgueillir: "heureux comme Dieu en France" ... mais Dieu est aussi de l'autre côté de l'Atlantique et a sa part de responsabilité dans le "rêve américain". Un rêve ?

















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

samedi 20 avril 2013

Europe : Union politique, vite !

 Je m'étonnais, il y a quelques jours, de la position de M.George Soros, qui évoquait l'éventualité d'une sortie de l'Allemagne de la zone euro . En se fondant sur des considérations strictement économiques, cette hypothèse d'école lui paraissait moins dramatique - dans les circonstances actuelles - qu'un départ de l'Italie.

 Au moment où certains économistes s'interrogent sur les effets induits des politiques d'austérité de plusieurs pays du sud (Grèce, Chypre, Portugal, Espagne, Italie) ou de rigueur (France) et craignent que ne soit ainsi déclenchée une spirale déflationniste, il semble qu'il n'y ait pas d'autre alternative que la recherche d'une union politique. Plus que jamais elle est nécessaire: pour légitimer les mesures structurelles qui doivent s'inscrire dans le cadre de l'Union .

 Certaines de ces mesures prises dans le seul cadre national (certes avec les encouragements de l'Union, du F.M.I., de l'O.C.D.E ...) sont souvent difficiles à mettre en œuvre, voire impopulaires. C'est la raison pour laquelle une Union politique (et sa marche en avant vers un budget commun) est indispensable pour affirmer une volonté commune au-delà d'une seule attente d'un retournement de conjoncture.

Certains y verront un abandon de souveraineté. D'autres, au contraire, la volonté de "prendre le taureau par les cornes". 

Plus que jamais un moteur franco-allemand est nécessaire pour réduire la fracture Nord/Sud et rapprocher les pays qui ont les mêmes racines et les mêmes valeurs...et aussi le même espoir d'une croissance économique qui se fait un peu trop prier.

















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

lundi 15 avril 2013

Etats-Unis : "Mémoires" de Mme Albright, ancienne Secrétaire d'Etat : 10 ans après...

 Je lis , 10 ans après leur publication en France , les "Mémoires" - Albin Michel ,2003 - de Mme Madeleine Albright , Secrétaire d’État de 1997 à 2001 (second mandat du Président Clinton) dont les élans de sincérité sont autant de témoignages. Ce qu'elle dit à propos du terrorisme islamiste apporte " un peu plus d'eau au moulin" de l' Histoire:

Elle souligne que l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979 a constitué un tournant dans les relations internationales et - de par l'aide apportée par les États-Unis aux moudjahidines -  a contribué à propulser l'islamisme radical en lui servant de détonateur .
 Mme Albright le reconnaît sans le moindre fard : rien de mieux que de la citer (1) :
_______________________________

"Les origines des attentats contre nos ambassades en Afrique - comme celles des crimes du 11 Septembre - remontent à 1979,au moment de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, une agression qui a brusquement intensifié la guerre froide. Les États-Unis ont riposté en finançant et armant la résistance afghane,les moudjahidin. Cette stratégie a réussi : les Soviétiques honnis ont finalement été chassés. Ce fut une grande victoire, mais qui a eu des conséquences inattendues.Après le retrait de l'Armée rouge d'Afghanistan, en 1989,les États-Unis se sont désintéressés de cette région, laissant derrière eux des milliers de militants sans travail, mais armés jusqu'aux dents"...
"Le financier terroriste Oussama Ben Laden avait été expulsé de son pays natal , l'Arabie Saoudite, et se trouvait en Afghanistan en compagnie d'un ramassis de "formateurs" et d"élèves" de toutes nationalités , connue sous le nom d’Al-Qaïda".
 (p.146 et 147 de l'ouvrage cité intitulé "Madame le Secrétaire d’État...") .
__________________________________

Il ne fait guère de doute pour Mme Albright que le terrorisme djihadiste a eu - pour point de départ indirect - la volonté des États-Unis de "contrer" l'Union Soviétique en 1979, lors de son invasion de l' Afghanistan. Cette donnée - objective - m'amène a faire un rapprochement quelque saugrenu qu' il paraisse : 1979 c'est l'instauration de la République islamique d'Iran. Est-ce seulement une coïncidence dans le temps? 

On pourra sourire en insistant sur les relations de franche hostilité entre les talibans sunnites et les religieux iraniens chiites. On se souviendra aussi des attentats contre des diplomates iraniens en poste en Afghanistan . Pour autant, n'est-il pas légitime de s'interroger sur les effets de contagion des islamismes bien que de nature différente ? Un réveil (provoqué pour stopper les soviétiques) d'un islam combattant en Afghanistan ne peut-il "allumer des mèches "ailleurs ? Non pas pour rechercher une pâle imitation mais pour - au contraire - éviter de se laisser distancer par un courant différent.

Évidemment  si je souscris totalement aux propos de Mme Albright sur le "fait générateur" du terrorisme islamiste, ce n'est pas pour autant que l'on peut faire un raccourci  entre la poussée islamiste en Afghanistan provoquée par Washington pour contrer l'URSS et les drames qui s'en sont suivis : soutien occidental de l'Irak dans sa guerre contre l'Iran (1980-88), invasion de l'Irak en 2003 et...printemps arabes en cohérence avec la volonté des États-Unis de ne plus soutenir les régimes autoritaires (2). Le seul lien - et c'est l'ancienne Secrétaire d’État qui l'évoque - c'est l'impardonnable drame du 11 Septembre : ce n'est pas rien...

_____________

(1): les propos de Mme Albright sont intégralement repris. J'ai "souligné" certains mots .
(2) : discours du Président G.W.Bush sur l'état de l'Union (janvier 2004)


















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

jeudi 11 avril 2013

Irak :10 ans après. Une guerre inutile ?


 Si l'on évoque la situation en Syrie et ses dizaine de milliers de morts, l'Iran ou la Corée du Nord et les risques nucléaires, on semble garder un pieu silence sur l'intervention anglo-américaine en Irak en 2003.

Cette intervention - au prétexte d'armes de destruction massive - avait notamment pour but d'instaurer - ou de faciliter - la démocratie en Irak. A l'heure du bilan , dix ans après, non seulement on sait - depuis longtemps - que Bagdad n'avait pas l'arme nucléaire , que son armement avait été quasi complètement anéanti entre 1991 et 1998 mais aussi que l'Irak ainsi "libéré" n'avait toujours pas fait surface : chômage et massacres sont le lot quotidien .

 Le journal Le Monde.fr avec AFP du 01.04.2013 rapporte ainsi que le mois dernier " 271 personnes sont mortes et 906 autres ont été blessées dans des attentats et des assassinats ciblés à travers le pays  (www.lemonde.fr/proche-orient/article /2013/04/01/mars).

 Les tensions entre chiites et sunnites sont plus vives que jamais et le Premier ministre chiite, Nouri Al-Maliki (dont les sunnites, s'estimant marginalisés, réclament le départ) fait face à une situation inextricable . Les attentats-suicide se multiplient (tel celui de Tikrit le 1er Avril).

La France, à l'époque, était réticente. A juste titre...

Je me demande ce que George W. Bush et Colin Powell peuvent maintenant penser. Retiennent-ils l'un et l'autre un autre bilan : plus de 100 000 morts côté irakien, 4485 côté américain et un coût de 4000 milliards de dollars (Time: http://nation.time.com/2013/03/18/iraq-ten-years-after//) ?













conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

Les Euro-obligations : un remède "miracle" ?

 Le plaidoyer de George Soros (Les Échos, 10 avril, traduit de l'anglais par Martin Morel) mérite que l'on s'y arrête. Il me semble marquer le fossé qui sépare les aspirations politiques des souhaits de financiers quelque réalistes qu'ils soient dans leur domaine. 

George Soros considère que la transformation des dettes publiques en euro-obligations (euro-bonds) constituerait un  remarquable effet de levier (disparition du risque de défaut et abaissement des primes de risques). Bien sûr , cette transformation devrait comporter des "garde-fous" (elles ne pourraient que remplacer les dettes arrivées à maturité :au-delà, l’État-membre ne pourrait emprunter que sous son nom propre).

Là où ce plaidoyer (qui s'appuie notamment sur la solidarité des pays de la "Zone euro ") me gène : G. Soros rappelle que l'Allemagne est opposée aux euro-obligations et , dans ce cas, la "Zone euro" pourrait s' accommoder d'une sortie de l'Allemagne . Alors que ,paradoxalement, la situation serait beaucoup moins gérable si c'était l'Italie qui quittait la "Zone euro".

Bizarrement, ce plaidoyer économique et financier semble ne pas prendre en compte la dimension politique de l'Union. Comment imaginer une Union (et donc une "Zone euro") crédible sur le plan politique après un départ de l'Allemagne?

L’ Europe est une  construction politique : une vision à court terme qui prendrait forme sans consensus et consacrerait la fin du tandem franco-allemand irait à vau-l'eau . Si les euro-obligations sont le "levier-miracle" que semble mettre en avant M.Soros - expert en la matière - l'Allemagne devrait intégrer ce raisonnement . Par contre je ne vois pas comment nous pourrions , sans elle, rendre crédible -politiquement - le dispositif.












conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

lundi 8 avril 2013

Syrie : appel en vue d' un Etat islamique et djihadiste . Qui ?



 La réponse est aussi simple que la question : il s'agit du chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri . C'est en tout cas ce qu'il ressort d'un message audio diffusé ce dimanche et mis en ligne sur plusieurs sites islamistes ainsi que l'a indiqué hier soir l'AFP.

Ce n'est, en effet, un secret pour personne : les islamistes radicaux sont actifs dans les rangs des "insurgés" tels le Front al-Nosra (AFP, même communiqué).

Mais , au-delà de ces déclarations qui pourraient passer pour de la provocation, il y a plus troublant : le Président égyptien, Mohamed Morsi , aurait rencontré, il y a peu, le chef d’Al-Qaïda,al-Zawahiri : la presse pakistanaise et égyptienne en aurait fait état. Pour ma part , je n'évoque cet entretien qu'au conditionnel car, à ma connaissance, ni l'AFP ni Reuter ne l'ont mentionné (1).

Si tel est le cas , il ne serait pas impossible que des contacts se nouent entre Frères Musulmans sunnites et d'autres... afin , notamment, de marginaliser l'Iran chiite.

 Est-ce donc une coïncidence si Ayman-al Zawahiri a fustigé dimanche et l'Iran et le Hezbollah libanais ?

_________________________

(1) Reuter fait état du déplacement au Pakistan, le 18 mars, du Président Morsi mais n'évoque pas la rencontre ci-dessus. Elle est par contre relatée sur le site Gateway Pundit (post de Jim Hoft daté du 31 mars " Morsi met with Al-Qaïda Leader al - Zawahiri while in Pakistan"). Jim Hoft se réfère en particulier aux informations données sur le site web de langue arabe Misr al-Gidida .














conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

dimanche 7 avril 2013

France / Politique : "Tous Pourris" vraiment ?

 J'ai mis l'expression entre guillemets car je ne la fais pas mienne. Pourtant c'est ce qu'il ressort des propos de " l'homme de la rue " après la dite affaire Cahuzac. 

Mon intention n'est pas de hurler avec les loups et de jeter encore une pierre tant elles pleuvent en ce moment. Mais cette affaire ne ressemble pas à d'autres (trafic de décorations , scandale de Panama etc..). En fait, il faudrait remonter très loin et chercher sans être certain de trouver. 

Un ministre de la République (forcément vertueuse: c'était l'ambition de la Révolution) a menti à l'Assemblée Nationale en affirmant qu'il ne détenait pas de compte bancaire en Suisse...avant d'avouer sous la pression médiatique qu'il avait été pris dans une "spirale du mensonge". Et ce ministre voudrait retrouver son siège de député : je n'en crois pas mes oreilles !

 Cela renvoie à des sujets de dissertation sur le thème "morale et politique" : mais on pourra lire Machiavel dans tous les sens que l'on ne trouvera pas une situation équivalente; car il ne s'agit pas là de mentir dans l'intérêt général ou même relatif. Il s'agit d'une parole que l'on donne et qui s'inscrit dans le registre de la morale personnelle et non dans celui d'une stratégie quelle qu'elle soit.

Mais "l'homme de la rue " fait l'amalgame (tout comme j'entendais une fois dans le métro soutenir que les riches étaient forcément malhonnêtes ) et cette affaire jette le discrédit sur la classe politique au moment où les Français devraient - encore secoués par la crise - se serrer les coudes.

L'on décrit souvent les États-Unis  comme un pays tatillon et nous brocardons parfois ses excès de pudeur qui nous paraissent  hypocrites. Mais je doute que cette affaire ait pu se produire aux États-Unis tant les situations personnelles des hauts fonctionnaires et - a fortiori - celles des membres du gouvernement sont passées " au peigne fin".

 Et ce n'est pas Outre-Atlantique que l'on emploierait l'expression "tous pourris" : les drapeaux américains qui ornent nombre de maisons se mettraient spontanément en berne!

__________________


NB- actualisation 11 avril : Je lis que M. Cahuzac serait tenté de retrouver son siège de député : l'amoralisme n'a pas de limites (à moins que ses fausses affirmations devant l'Assemblée Nationale n'aient été chloroformées).


















conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

vendredi 5 avril 2013

Alsace/réforme territoriale : un référendum déterminant


 C 'est après demain, 7 avril, que les Alsaciens vont se prononcer sur la fusion en une seule structure- le Conseil d'Alsace - du conseil régional actuel et des deux conseils généraux (Bas-Rhin et Haut-Rhin ). 

Les Alsaciens qui ont un évident sens des responsabilités semblent déterminés, estimant à juste titre qu'une telle fusion serait source d'économies et éviterait les doublons. 

Si la participation est suffisante cette réforme majeure sera mise en œuvre dès l'an prochain.

 Mais la Bretagne n'est pas en reste qui semble s'orienter vers un schéma identique.Ainsi l'Est et l'Ouest serviront de test et d'exemple. C'est là la réforme territoriale que beaucoup appellent de leurs vœux par delà les intérêts politiciens et les lobbies de certains notables. 

 En cela, le référendum de Dimanche aura une portée nationale et - je le souhaite - une dimension historique. 

Il assurera la crédibilité de notre pays et confortera sa volonté de réformer : ce sera là un vrai "choc" de simplification.

____________

NB- ajout du 8 avril : faute de participation suffisante - comme je le craignais - le référendum a échoué. Les élus locaux , à l'évidence, ne se sont pas suffisamment mobilisés et ont été défaillants dans la communication.
Le Gouvernement - en proie à d'autres préoccupations - n'a pas soutenu le projet. Dommage et dommages!











conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

Iran nucléaire : réunion de la dernière chance ?



 Les négociateurs (groupe des 5+1) et les Iraniens se retrouvent aujourd'hui à Almaty (ancienne Alma-Ata)
pour tenter d'arriver à un accord . L'objectif est d'éviter tout dérapage du programme nucléaire civil vers un volet nucléaire militaire comme cela a été le cas pour la Corée du Nord . 

Je lis dans la presse que l'Iran réclame l'affirmation de son droit à l'enrichissement de l'uranium : cela ne me paraît pas poser problème puisque ce droit découle du Traité de Non Prolifération ( il prévoit - dans la ligne du discours "Atoms for Peace " d'Eisenhower en 1953 -l'encouragement de l'usage pacifique du nucléaire et donc l'enrichissement). Ce qui, évidemment, pose problème est l'enrichissement à 20% . D'où les soupçons découlant des installations souterraines de Fordo.

Sachant que l'on évoque depuis plus de 10 ans un possible "volet nucléaire militaire" iranien ,voyant l'extrême vigilance d'Israël , je ne puis m'empêcher de faire un rapprochement: Lorsque la Corée du Nord s'est retirée du Traité de Non Prolifération en 2003 (Traité qu'elle avait signé en 1985), je n'ai pas le souvenir d'une telle levée de boucliers alors même que le programme nucléaire militaire avait démarré bien avant. 

La vigilance des 5+1 est donc largement justifiée pour éviter un scénario "à la Coréenne". Cela démontre qu'il faut anticiper.

Sans avoir la tentation de refaire l'Histoire,on doit estimer qu'il eût été bienvenu que l'on agisse de la même manière à l'époque avec la Corée du Nord : son départ (il y a 10 ans) du TNP signifiait forcément que le pays allait mettre en œuvre un programme nucléaire militaire : pas besoin d'être grand clerc, à l'époque, pour imaginer que la remise en cause du TNP par Pyongyang rendait aisément lisibles ses intentions.

-----------

nb- ajout du 10 avril : ainsi on tourne encore "autour du pot" et les négociations ont tourné court. Comment s'en étonner lorsque le chef de l'organisation iranienne de l'énergie atomique indique , le 9 avril, que l'Iran ne suspendra pas l'enrichissement de l'U à 20 % et que 5 nouveaux réacteurs de recherche doivent être bientôt construits... pour produire des isotopes à des fins médicales...ou du plutonium ?









 conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici

lundi 1 avril 2013

OCDE : un rapport "décoiffant" sur la situation de la France


 J'en recommande la lecture.  Ce rapport (1)  publié le 14 mars dernier ne joue pas à "cache-cache".
Si plusieurs initiatives gouvernementales sont saluées ( crédit d’impôt pour la compétitivité et l'emploi, accord entre partenaires sociaux sur le marché du travail ) le rapport  insiste-au moins- sur 3 points, essentiels:

1- la réduction du poids des dépenses publiques (le ratio dette publique/PIB atteindrait 96% en 2014). Il est donc urgentissime ,pour les administrations, de se désendetter.
Certes, on le savait; mais la prévision 2014 laisse rêveur...et ce n'est pas un "poisson d'avril"!

2- la rationalisation des mesures d'accompagnement vers l'emploi notamment pour les jeunes (trop de mesures, dispersion). Le taux de chômage global (tous âges) se stabiliserait fin 2013 ( à environ 11%).

3-la nécessité d'une vraie réforme territoriale : fusion des plus petites communes et suppression des départements.

Le rapport souligne que la taille moyenne d'une commune est en France de 1800 habitants contre 5500 en moyenne dans l'Union. L'OCDE insiste sur les effets induits d'une telle réforme en matière d'économies et de suppression des doublons.

 Évidemment, le rapport n'évoque pas la dimension politique (2) d'une telle réforme ...et les grincements de dents du fait de la perte d'indemnités pour tels ou tels édiles . J'ai lu quelque part qu'il y avait,dans notre pays, 800 000 élus (tous mandats confondus).

_____________

(1) OCDE (2013). Études économiques de l'OCDE. France 2013. Éditions OCDE.

(2 ) Un projet de texte sur la décentralisation devait être examiné le 10 Avril. J'apprends qu'il est repoussé à la demande du Sénat .J'espère que ce n'est pas par timidité mais pour mieux structurer le projet (au-delà simplement des métropoles quel qu’en soit l'intérêt).











conférences, analyses, conseils : contacter l'auteur du blog à: Cliquer ici