vendredi 26 avril 2013

France : déclin des valeurs et/ou déclin du "modèle'' socio-économique ?

 Il y a 10 ans (en 2002 ou 2003) on s'interrogeait , en France, sur le déclin des valeurs. On nommait tel auteur "décliniste" lorsque,dans ses ouvrages, il se disait consterné par l'état de la France et qu' il mettait  dans le même sac ses préoccupations : problèmes d'immigration et d'intégration , crainte de voir le pays se fondre dans une Union européenne absorbant la "spécificité" française , remise en cause de racines chrétiennes etc...

Avec le recul de dix années , on constate qu'il s'agissait là , avant tout, de joutes d'intellectuels. Car, en 2013, le mot "déclin" a pris un autre sens. Non pas seulement celui d'une interrogation sur des "valeurs de civilisation" mais celui d'un "déclin" tout court. De fait, la crise est passée par là avec l'inexorable montée du chômage. 

Les Français regardent avec envie les Allemands : c'est le "modèle" qu'on leur donne, désormais , comme référence . Et ce ne sont plus les philosophes qui tiennent le haut du pavé mais les économistes et les conjoncturistes. 

Certes - comme Frédéric Lenoir (Le Monde des Religions) - on peut aussi soutenir que la crise économique renvoie aux "fondamentaux". Il n'empêche que les interrogations portent d'abord sur la place de la France dans le monde et sur sa capacité à réagir en termes d'emploi. La crise économique amène les Français à s'interroger sur la pérennité de notre "modèle" , qu'il s'agisse du temps de travail (les 35 heures...), des retraites , du niveau des prises en charge des dépenses sociales et de santé etc...

En réalité, c'est autant une interrogation portant sur la légitimité du "modèle" socio-économique que sur sa pérennité. Les Français doutent en ce moment : de la "force de frappe" de la France, de sa crédibilité dans un monde tirant de plus en plus vers l'Orient, de la capacité de nos gouvernants..(1). Et donc d'un "modèle" payé à crédit alors que la culpabilisation liée l'endettement public est omniprésente.

Évidemment, ce n'est pas une situation pré-révolutionnaire comme certains hebdomadaires (Le Point, Le Nouvel Observateur) semblaient tout récemment l'évoquer d'une plume un peu provocatrice. Car nous sommes loin d'être à la veille de 1789 ( Mélenchon n'est pas Robespierre !).

En fait, nous vivons d'étranges moments où une bonne part des Français sont pris par le doute et - pour ceux qui n'ont pas d'emploi - par l'angoisse du lendemain . Ils attendent qu'on les éveille, qu'on leur donne quelque espoir et - probablement aussi - qu'on les secoue. A défaut, ils seront tentés par les extrêmes, pure négation de la raison mais offrant une perspective de mouvement.

 La France de 2013 n'est plus la France de 2003 et le sens du mot "déclin" a bien changé. Plus qu'à la tête ou au coeur de certains, le mot "déclin" frappe maintenant beaucoup de monde à la ceinture : danger!

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(1) Nos compatriotes ont souvent l'impression que leurs dirigeants politiques font du sur place en surfant sur la vague : rien de tel pour accentuer la morosité que de laisser croire que l'on attend que les clés de la "boite à outil" ouvrent enfin les portes. Ils se disent, alors, qu'à défaut d'ouvrir les portes, mieux vaut parfois tenter de les forcer.


















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