lundi 29 avril 2013

Europe : quel avenir pour l'euro ?


 Voilà que fleurissent les éditoriaux et que bruissent les hommes politiques au gré du son des tambours. Les uns évoquent un éclatement de la Zone euro , les autres un "bras de fer " avec l'Allemagne. Pour ma part je ne crois ni les uns ni les autres. 

Certes,les politiques d'austérité dans les pays du Sud ont atteint, il me semble, la ligne rouge au delà de laquelle c'est l'idéal même de l'Europe qui risque de voler en éclat. Mais ces plans de rigueur étaient rendus nécessaires par le "vivre à crédit" qui s'était instauré grâce , notamment, aux faibles taux d'intérêt rendus possibles par la monnaie européenne.

 Aux Cassandre qui prédisent un éclatement de la zone euro , je réponds que ce n'est l'intérêt économique et politique d'aucun pays. C'est - sur une autre échelle - le raisonnement que l'on peut tenir face aux sécessionnistes catalans : de même que je suis persuadé que l'Espagne conservera son intégrité territoriale, de la même manière je suis convaincu que - même s'il en coûte efforts et sacrifices - la Zone euro conservera son intégrité. Le prix d'un éclatement serait trop lourd et suicidaire pour les gouvernements qui en prendraient le risque (1).

 De la même manière un "bras de fer" avec l'Allemagne est politiquement suicidaire : ce serait ni plus ni moins que torpiller l'idée d'Europe et revenir sur les pas en avant tant d'Adenauer que de De Gaulle. J'entends des commentateurs "avisés" conclure que, de fait, la "Zone euro" est devenue la "Zone Mark" et que nous nous trouvons à la remorque de Berlin. Mais, il nous appartient - sinon de jouer les locomotives - du moins de faire en sorte que nous soyons dans les premiers wagons. 

 Le Point de cette semaine titrait "les Français sont-ils paresseux? " La réponse est fournie par plusieurs articles : évidemment l'on ne peut généraliser mais l'étendue des " niches" (non pas fiscales mais des "niches" tout court) laisse perplexe. Les "os à moelle'' sont si nombreux qu'ils sapent les énergies. Il faut - c'est le constat- nous "secouer" quelque peu pour que l'euro demeure une monnaie réellement partagée (et non un substitut du mark) et que le moteur Paris/Berlin ne tousse pas au rythme des scenarii catastrophe. Imaginerait-on (exemple certes extrême) la Californie endettée faire sécession et remettre en cause son appartenance à l' Union américaine.

Un autre point m'inquiète et qui demanderait , il me semble, des calculs plus approfondis : des économistes écartent d'un revers de main le scénario fédéraliste en raison des transferts budgétaires qu'il rendrait nécessaire. Mais, dans la situation de crise que vit l'Union européenne, il n'y a de salut que dans une sortie par le haut. Aux économistes et aux politiques il revient de mettre en chantier l'hypothèse fédéraliste et d'en préciser les scenarii du moyen et long terme.

 Ce qui est , pour certains, irréaliste aujourd'hui sera peut-être la solution de demain. Tout comme pour les négociations d'adhésion à l'Union , l'important n'est pas tant la durée que l'objectif sur lequel on se cale et le cap que l'on maintient.


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(1) Ainsi , la Fondation Bertelsmann  a-t-elle évalué à 1200 milliards d'euros (perte d'1/2 point de croissance par an jusqu'en 2025 ) le coût , pour l'Allemagne, d'un retour au mark -communiqué diffusé par PR Newswire (United Business Media) le 30 avril 2013.













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