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mardi 22 septembre 2020

Création : sens, faux-sens, contre-sens

 

La finalité de la création est l'objet d'un des livres du philosophe Claude Tresmontant (1) . C'est aussi l'interrogation de l'humanité depuis bien des siècles . Tresmontant , comme d'autres philosophes ou scientifiques , insiste sur le fait que la création du monde s'inscrit dans un processus continu (expansion des galaxies , complexification des espèces etc...) . Dans ces conditions , la finalité de la création échappe totalement à notre compréhension . Au point qu'en désespoir de cause Claude Tresmontant en est réduit à interroger le prophétisme hébreu afin de percer le mystère du sens .

Pourtant - et c'est une réflexion naïve - il y a une donnée cosmique , sur une autre échelle de temps , que l'on doit admettre : la finalité de la création cosmique ne peut être notre humanité terrestre puisque dans 2 ou 3 milliards d'années notre soleil , devenu géante rouge , se sera effondré en "avalant" la Terre . Pendant ce temps , il n'y a pas de raison que le cosmos en expansion (depuis 18 milliards d'années)  disparaisse en dépit de la fin de notre planète Terre et de son humanité …à moins qu'elle n'ait émigré depuis longtemps en d'autres planètes .

Claude Tresmontant a eu beau se tourner vers l'Ancien Testament , il n'est pas sûr qu'il y ait trouvé de réponses plus convaincantes que dans les romans de science-fiction et le récit de navigations intergalactiques à venir, finalement tout aussi crédibles que les récits des prophètes . 

Mais cela nous entraine bien loin, dans un futur impensable : plus loin que le Covid , les démêlées de Trump ... ou les récentes défections au bureau de LaREM (!).

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(1) Claude Tresmontant : L'histoire de l'Univers et le sens de la création . Editions O.E.I.L. 2006 (3ème édition) 

dimanche 12 novembre 2017

Jaurès , homme de foi


Connait-on vraiment Jean Jaurès ? Pour la plupart d'entre nous c'est un socialiste humaniste, un tribun parlant au nom de la classe ouvrière et dont l'assassinat le 31 juillet 1914 a réduit à néant les espoirs de paix avant le 1er conflit mondial . Pourtant on ignore souvent le tréfonds de sa pensée .

L'ouvrage qu' écrivit Jaurès en 1891: " de la réalité du monde sensible " réédité en 1994 (1) fourmille de phrases donnant à l'humanisme une dimension spiritualiste .  Cela surprendra ceux qui imaginent qu'il est porté par une philosophie marxiste :

"Dieu est supérieur au monde tout en étant en un sens le monde lui-même..."

"La  science ne saisit que ce qu'elle détermine et elle ne peut isoler Dieu du monde parce qu'il en est l'intime et inséparable réalité...".

Certains pourraient voir dans ces phrases un élan mystico-romantique de jeunesse . Pourtant en 1910 à l' occasion d'un débat au Parlement Jaurès dira :

" Je vous le dit sans embarras; je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraye J'ai, il y a vingt ans, écrit sur la nature et Dieu et sur leurs rapports , et sur le sens religieux du monde et de la vie , un livre dont je ne désavoue pas une ligne , qui est resté la substance de ma pensée".

Qu'en pensent les "libres penseurs" qui - nombreux - croient encore Jaurès athée ? Lui élèveront ils une croix ou  - comme à Ploërmel - obtiendront-ils du Conseil d'Etat qu'on l'a lui ôte ? 
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(1) Editions Alcuin . Réédition de sa thèse présentée à la faculté des lettres de Paris. Jaurès avait été auparavant reçu à l'Ecole Normale Supérieure (devant Bergson).


vendredi 28 juillet 2017

J. C. Rufin : écrire et conter l'Histoire



Cela fait plusieurs années que Claude Malhuret m'avait incité à lire Jean-Christophe Rufin (qu'il ne faut surtout pas confondre avec François Ruffin , le "dandy" des Insoumis). Je viens de réparer cette négligence qui m'a fait passer à côté d'un écrivain de talent .

L'implication humanitaire de J.C. Rufin est bien connue, son passé de diplomate probablement moins, et l'on ignore souvent son appartenance à l'Académie française. Mais aurions-nous oublié que J.C. Rufin est un écrivain ?

Ses copieux romans (quelques 600 pages) se lisent en quelques jours tant  ils associent avec bonheur culture, et poésie ( l'Abyssin, Le grand Coeur ...). Ainsi Jacques Coeur revit après avoir tiré sa révérence dans l'île grecque de Chio.

A sa manière de réécrire l'Histoire et de la faire jaillir des livres et des parchemins l'ancien de Médecin Sans Frontières est - aussi - un insoumis (sans qu'il soit besoin d'ajouter un i majuscule...).




dimanche 20 septembre 2015

Michel Onfray : philosophe ou encyclopédiste ?



Dans son livre Cosmos (1) Michel Onfray étale un savoir encyclopédique quelque peu prétentieux . Comment un auteur qui a écrit plus de 80 livres pourrait-il être original et transmettre autre chose que de brillantes synthèses se demande-t-on . 

Saura-t-on traverser à gué les rivières de champagne (20 pages durant) avec lesquelles il émoustille? Car Michel Onfray surfe allègrement et brillamment sur Kant, Rousseau et Spinoza (parmi d'autres) tout en nous entretenant de la reproduction des anguilles en mer des Sargasses  et en quinze longues pages de...Rudolf  Steiner (2) mais aussi des animaux dont il considère - prenant Darwin à témoin- qu'ils pourraient aussi bien avoir - comme les humains- une "âme".

Dans ce contexte de trop plein il faut s'accrocher lorsqu'il nous plonge dans les ondes de la  physique quantique . Les chapitres de son livre sont autant de points d'interrogation.

Finalement - au bout du long chemin - apparaît un vrai philosophe qui se dit hédoniste mais qui ne parvient pas à cacher une émouvante inquiétude : Michel Onfray sait que son destin - tout comme celui des anguilles - est inscrit dans des gênes que les 80 livres écrits ne parviennent pas à décrypter. Avenir incertain d'une "particule élémentaire " errant dans le Cosmos ? 

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             Au-delà de la sympathie
que l'on peut éprouver pour un auteur qui se fraye avec bravoure un chemin au travers de la nature naturante ou de la physique quantique, il demeure un élément troublant : Michel Onfray nie l'historicité de Jésus (3) alors même que la quasi totalité des historiens s'accorde sur la réalité de son existence quand bien même il serait quelque peu éloigné du Jésus des évangiles . Les historiens contemporains dont il s'agit :  G. Bornkamm, J. Jeremias, E.Trocmé,J.D. Crossan etc...

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(1) Editions Flammarion, 2015
(2) Sous le titre circonspect de "Théorie du fumier spirituel "(p. 189 à 204).
(3) M. Onfray (Cosmos, page 446 ) " Jésus n'ayant jamais existé historiquement mais ayant été fabriqué par des juifs qui pensaient que le Messie était venu ..." (sic).

samedi 13 juin 2015

David Lodge : un romancier à (re) découvrir



Dans le monde de David Lodge (le nôtre) les routes et les destins se croisent : dans un aéroport, un bureau ou sur un campus d'université. C'est d'ailleurs le titre d'un de ses livres : "Un tout petit monde'' (préfacé par Umberto Eco en 1984) le meilleur à mon sens d'une dizaine de romans .

Il est assez rare pour une série romanesque de "crever l'écran'' à ce point . C'est pourtant le cas.

 Le hasard n'existe pas chez David Lodge :  les destins prennent la place qui leur est naturellement  assignée tout comme la pièce d'un puzzle à l'échelle de la Terre vue depuis une navette spatiale.

Ces romans écrits d'une plume alerte restituent un décor qui devient soudain notre environnement  et font provisoirement oublier le quotidien de notre "Tout petit monde" : celui , par exemple, du si commenté voyage à Berlin du Premier ministre ou bien de la relaxe tant espérée par Dominique Strauss - Khan ...

Bref, un vrai "petit monde"dont nous avons depuis longtemps oublié de lire la préface .

samedi 25 octobre 2014

MALRAUX :Un personnage hors du temps ...



Pour beaucoup Malraux est un Aventurier (avec une majuscule) ,un homme politique, un écrivain. Mais combien se doutent que Malraux avait aussi une vision quasi mystique du Temps et de l'existence ?

Car au-delà de la prouesse de l'écriture dense, classique et baroque à la fois, il y a le "chercheur" Malraux . Est-ce pour cela qu'il a mis ses pas dans ceux du Général de Gaulle ou qu'il commanda l'escadrille "France" lors de la guerre d'Espagne?

C'est en parcourant les "Antimémoires" que je tombe par hasard sur la phrase suivante (page 39):

'' Le plus grand mystère n'est pas que nous soyons jetés au hasard entre la profusion de la matière et des astres ;c'est que, dans cette prison, nous tirions de nous-mêmes des images assez puissantes pour nier notre néant.''

C'est là une vision que ne renierait pas le Dalaï Lama !


dimanche 1 septembre 2013

"Le dernier Homme'' n'est pas celui que l'on croit...




L'actualité récente m'a amené à me plonger dans "Le dernier Homme" qui constitue la dernière partie de "La fin de l'Histoire" (Francis Fukuyama, Gallimard, 1992). Contrairement à ce que l'on peut imaginer le "dernier homme" qui vit la fin de l'Histoire n'est pas un homme heureux : il n'est que la compilation de petits bonheurs, toujours à la recherche de son confort et du moindre mal.

 Pas question pour lui de s'exposer, de prendre des risques et - évidemment - d' envisager de donner sa vie pour une cause. Car - à "la fin de l'Histoire" - les causes n'existent plus puisque la démocratie et le capitalisme sont devenus consensuels.

 Contrairement à ce que je pensais, la vision de Francis Fukuyama est loin d'être optimiste : la fin des idéologies (que prédisait Hegel) s'accompagne d'une lassitude. Ainsi , les grands chefs d'entreprises ne seraient pas mus par l'appât du gain mais par le désir de domination et aussi la soif de reconnaissance. Fukuyama, reprenant Hegel et Kojève, considère que c'est là le moteur du monde : cette " soif de reconnaissance" justifie que l'on prenne des risques, que l'on se batte pour des idées...et non pour un feuilleton télévisé.

 Est-ce cela, en définitive, qui expliquerait la montée du radicalisme islamiste ? Se battre pour des idéaux quelles qu'en soient les représentations symboliques ?

 L'Occident avec la recherche de son "petit confort" , de la moindre peine, du moindre risque (cf. le "principe de précaution") serait-il en train de perdre -et non de gagner - cette "fin de l'Histoire" ?

 Un conseil : ne pas se contenter d'effleurer le livre de Francis Fukuyama avec un sentiment d'auto-satisfaction : la "fin" que prédit l'auteur n'est pas forcément heureuse et ne se concrétise pas dans une simple "pêche à la ligne'': quel qu'en soit le poisson.

 C'est une clé intéressante pour décrypter l'actualité.







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jeudi 19 juillet 2012

Fukuyama ou la "fin de l'Histoire"...

C'est ce qu'estimait (en lien avec le concept de Hegel et les réflexions de Kojève) Francis Fukuyama en 1989 après la chute du mur de Berlin (9 Novembre). Il estimait que sonnait le glas des régimes dictatoriaux et que l'ère des démocraties, inéluctable,  marquait ainsi la fin de l'Histoire. Ce n'était là qu'un rêve ou une notion bien relative de l'Histoire.

 A l’affrontement Est-Ouest (qu'il s'agisse de la guerre froide ou de la coexistence pacifique) , à "l'affrontement " Nord/sud (en termes économiques et politiques) a succédé un nouveau chapitre de l'Histoire qui n'est pas moins redoutable. D'un côté, des pays "libéraux" (occident traditionnel et aussi Russie ainsi que des pays d'Extrême-Orient ) et, de l'autre, des États islamistes qui se mettent en place progressivement ...à mesure que les "dictatures" tombent. Fukuyama, assurément, n'imaginait pas que de nouvelles dictatures allaient succéder aux anciennes.

 Peut-être n'est-il pas juste de parler d'affrontement mais de nouveaux "modèles" de civilisation agacés tant par le communisme en échec que par l'incohérence de la société de consommation? Le "modèle" occidental (profit + consommation) a été -dans les faits - exporté et a, de la sorte, légitimé une mondialisation économique que les pays émergents alimentent en se dépouillant (consciemment?) de leur culture.

L'islamisation - dans beaucoup de pays - est un fait politique et religieux .Mais c'est aussi la conséquence de frustrations ressenties dans le domaine économique et social . En quelque sorte, la transposition des tensions "Nord/Sud" . Mais le Sud ( ou certains peuples du Sud ) a pris les armes. Et le djihad est évidemment une arme.

L’ Histoire,finalement, n'est pas aussi simple que l'estimait Fukuyama : elle n'est pas linéaire ( les démocraties succédant aux totalitarismes) mais cyclique: loin du mirage des démocraties annoncées, d'autres totalitarismes sont nés ou en gestation. Ils portent d'autres noms et s'expriment - aussi - au nom de Dieu... sans chercher à faire parler les bosons...

vendredi 6 juillet 2012

"La femme de trente ans" ...H. de Balzac deux cents ans après

Je relis la "Comédie humaine" d'H.de Balzac et je constate que , deux siècles après, il n'a pas vieilli. Contrairement à certains de ses personnages qui se sont fanés ainsi Julie d'Aiglemont dans "la femme de trente ans''. Dans ce roman ( 1831) Balzac parle de Julie en ces termes surprenants :

 "Une dame d'environ cinquante ans... se promenait au soleil...La vieille dame si matinale était la marquise d'Aiglemont...".

  Les temps ont bien changé : à cinquante ans, de nos jours, les femmes en paraissent trente et ne se promènent plus , à petits pas précautionneux , dans les parcs sous leur ombrelle. Elles ne sont, pour la plupart, qu'à mi-vie et s'habillent comme leur fille.Faire jeune, tel est le leit motiv.

 Oublier le temps qui passe ...C'est là le "mérite" de nos sociétés qui dénaturent les mots afin de "positiver" à outrance : Combien de fois ai-je entendu à la télévision à propos de telle émission " ce n'est que du bonheur" (!). Fichtre!

 Les personnages de Balzac,eux, ont le mérite d'assumer leur destin (ou leur histoire) telle la "vieille" marquise d'Aiglemont qui, à cinquante ans, s'apprête à clore le livre de sa vie.

Au 21 ème siècle , nous assumons de moins en moins notre "histoire" éphémère. Nous en recherchons toujours de nouvelles quitte à les farder de "poudre aux yeux" en croyant les graver dans le marbre.

 La "Comédie humaine"c'est , finalement , et plus encore, la Comédie de notre temps.

NB- Une précision pour les lecteurs de Balzac: La famille (de) Balzac s'appelait tout bonnement Balssa . Elle était originaire d'un petit village du nom de Montirat (dans le département du Tarn). Ce lieu était au moyen-âge une place forte (près de"La Garde-Viaur") à la limite de la Guyenne qu'occupaient alors (au 14ème siècle)  les Anglais.

jeudi 17 mai 2012

Marguerite Yourcenar : à lire et relire !

Impasse majeure : je n'avais pas jusqu'à présent lu de livres de Marguerite Yourcenar. Fabuleux ! une remarquable écriture , une complexité qu'en apparence et une densité exceptionnelle.

 J'ai lu d'un trait "l’œuvre au noir" et je termine "les mémoires d'Hadrien". Mais avant même d'avoir achevé ce dernier roman, je ne résiste pas au plaisir de faire partager mon enthousiasme . A la fois bonheur de l'écriture musicale et , au-delà, des réflexions profondes où l'on retrouve à la fois Jung et Plotin : c'est dire!

 Les lettres adressées par l'empereur Hadrien à son petit-fils adoptif, Marc-Aurèle (cf. les Mémoires d'Hadrien) paraissent authentiques et surgir directement du latin tellement les narrations sont précises, attentives,intimistes.

Chacun de ces deux ouvrages s'inscrit dans un contexte historique qui "colle" avec nos souvenirs scolaires ... et bien au-delà. 

En quelques mots: deux romans érudits, denses , musicaux dans l'écriture. Une vraie joie que d'avoir pu, ainsi, combler des lacunes , retrouver Rome et...la Grèce ...antique (bien loin des problèmes de l'Euro)