jeudi 27 septembre 2018

Zone Euro / budget : Il est grand temps



Pierre Moscovici , Commissaire européen aux affaires économiques remet sur la table le dossier cent fois évoqué de budget de la zone euro : à la fois levier pour encourager l'innovation et aussi mécanisme stabilisateur - en renfort de l'Union monétaire - pour éviter les crises financières et les à-coups sociaux dans la zone euro . 

Si son principe semble acquis (sommet franco-allemand du 19 juin 2018) il reste qu'un long chemin reste à faire si l'on veut tenir l'objectif de 2021 : montant du budget (entre 10 et 50 milliards ? ) et son financement (1) .

Alors que l'on se préoccupe des prochaines échéances électorales européennes , le budget de la zone euro devient essentiel pour stopper les forces centrifuges que convoient des forces populistes 

Au moment où la Grande-Bretagne se prend les pieds dans le Brexit et est en proie à des convulsions politiques internes , il est grand temps que le "premier cercle " de l'Union européenne apparaisse comme rassembleur ...et moteur : un budget aiderait en favorisant la convergence des politiques économiques . Un budget de la zone euro permettrait aussi (et surtout) de tester la volonté de l'Italie de demeurer dans l'Union sans fuite en avant comme jadis la Grèce .

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(1) Un financement par une taxe sur les transactions financières a été évoqué . Mais , en France , la TTF ne rapporte guère qu'1 milliard d'euros (dont un peu plus de la moitié vient alimenter le "fonds vert pour le climat "). Il faudrait donc en revoir l'assiette et / ou le % de taxation et lui donner une dimension européenne .

mercredi 26 septembre 2018

ONU : mais où est passée la Chine ?



Hier, lors de l'Assemblée Générale ONU , Emmanuel Macron était bien seul pour enfoncer le clou du multilatéralisme après les rodomontades de Donald Trump qui s'est complaisamment affiché comme le "nec plus ultra" des Présidents américains , faisant fi de Roosevelt, Wilson , Kennedy ...voire des Pères Fondateurs . 

Alors que M. Trump appelait "sus à l'Iran " , sus à la CPI, sus au Conseil des Droits de l'Homme... à la régulation migratoire concertée , à l'accord Climat , le Président Xi Jinping était absent , tout comme Narendra Modi ou bien Vladimir Poutine .

Est-ce à croire que la Chine ne veut pas enfourcher le cheval de bataille du multilatéralisme et préfère , mine de rien , ouvrir les chemins (devenus autoroutes terrestres et maritimes ) de la "Nouvelle Route de la Soie " ? Pourtant la Chine s'est positionnée comme défenseur (voire quasi leader) en matière de changement climatique . L'absence du dirigeant - incontesté - de la Chine déconcerte ...à moins que certaines des vitupérations de M . Trump aient trouvé , à Pékin , un écho . 

Dommage s'agissant de la première puissance mondiale de demain .

dimanche 23 septembre 2018

Valls / Barcelone : seul dans l'arène ?



A priori et sur le papier il y a peu de chances qu'en juin 2019 Manuel Valls devienne maire de Barcelone à la place de Mme Ada Colau . Certes Valls aura le soutien du parti politique de centre droit  Ciudadanos mais le morcellement est tel en Catalogne que l'appui d'Albert Rivera (président de Ciudadanos) ne suffira pas . 

Pourtant , au-delà de la pure arithmétique , E. Valls pourrait brandir - dans cette arène - une muleta : une alliance autour d'une plate-forme d' anti-indépendantistes (les constitutionnalistes) . C'est à cela que travaille - me dit-on - Manuel Valls . Il pourrait être - dans l'ombre - appuyé par le P.P. (Partido Popular, droite) alors même que le parti socialiste (PSOE) ferait, lui, la "fine bouche".

Une alliance pourrait-elle aussi se produire chez les indépendantistes ? c'est moins probable en dépit des voeux du philosophe Jordi Graupera. L'actuelle maire de Barcelone , Ada Colau , aura du mal à rassembler autour d'elle d'autant que le parti d'extrême gauche Podemos (Pablo Iglesias) semble hésiter à promouvoir une candidature unitaire indépendantiste .

Seul dans l'arène ou , plus probablement , à la tête d'une - encore incertaine - coalition ?

jeudi 20 septembre 2018

Corée réunifiée : enjeux du 1 + 1



Tout comme l'Allemagne , tout comme le Vietnam, la Corée sera tôt ou tard réunifiée . En appui des déclarations des deux chefs d'Etat ce 19 septembre il y a la réalité d'une même famille arbitrairement divisée .Ainsi les gesticulations sur le nucléaire auront-elles permis de faire avancer l'histoire. 

Mais en même temps , se joue une autre pièce : la montée en puissance de la Chine que les Etats-Unis tentent de freiner ( bases militaires , guerre commerciale etc...) . Dans le scénario qui se met en scène la Corée occupe une place stratégique : poste avancé dont les enjeux diffèrent selon que prédomine une alliance avec les Etats-Unis ou bien avec la Chine . Qui l'emportera ? 

Gageons que Washington voudra éviter un basculement d'une Corée réunifiée dans un échiquier dont Pékin manipulerait les pièces . Quel pavillon battra la Corée à quelques encablures du Japon et à proximité de la très convoitée mer de Chine orientale ? C'est là la question .

jeudi 13 septembre 2018

L'Iran , force " centrifuge "



Ce sont de nouvelles centrifugeuses que l'Iran se prépare à mettre en place après avoir annoncé une  élévation du seuil d'enrichissement de l'uranium (sans toutefois qu'il ait été indiqué qu'il s'agirait d'un niveau militaire soit supérieur à 20 %) . Ainsi 3000 à 4000 centrifugeuses seraient programmées à Natanz et à Fordo . Il semble cependant que l'Iran reste globalement en dessous du seuil de 5000 prévu par l'accord de 2015 ...et bien loin des 10 000 en service avant l'accord . 

En même temps (dans une démarche "centrifuge") l'Iran se rapproche de la Chine qui ne plie pas l'échine devant les oukases américaines .Alors qu'une "nouvelle route " ferroviaire Chine /Iran passant par Téhéran va devenir opérationnelle , Pékin confirme ses achats de pétrole iranien . Un nouvel axe stratégique se met donc en place (Téhéran - Damas - Moscou -Pékin ) qui pourrait donner du "fil à retordre" aux Etats-Unis .

Washington veut faire plier Téhéran mais la Chine devient ,maintenant , plus qu'une monnaie d'échange . Qui gagnera ou perdra au change ?

lundi 10 septembre 2018

Compteur Linky : ne pas s'en laisser conter

Ne pas s'en laisser conter dit-on de plus en plus à propos des compteurs . Car :

A - QUANT A LA FORME :

1- Enedis soutient que l'obligation de laisser installer les compteurs Linky découle du document dit " Conditions Générales de Vente " élaboré par EDF : ce texte prétend que le libre accès au domicile se fait en application de l'article R 341-4 à 8 du code de l'énergie . En réalité cet article du code de l'énergie ne mentionne aucunement le libre accès obligatoire aux domiciles privés .

2- D'ailleurs la liberté de refuser l'installation est bien confirmée dans le courrier du ministre de la Transition écologique (à l'époque Nicolas Hulot) adressé le 14 novembre 2017 (page 2 ) au maire de Loubaut (09350).

3- Enfin le Code Pénal (article 226-4) sanctionne toute introduction dans le domicile d'autrui à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte (hors cas où la loi le permet mais , en l’occurrence, la loi n'autorise aucunement Enedis à "forcer les portes ") . Le Tribunal administratif de Toulouse (ordonnance du 10 septembre) vient de confirmer ce point  : Enedis ne peut "forcer les portes ".

B- QUANT AU FOND :  RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES ( 7 FÉVRIER 2018) 

La Cour a conclu que le bénéfice de l'installation de ces compteurs "intelligents" se faisait au détriment du consommateur (et au bénéfice d'Enedis ) :

a) page 263 : "les gains que les compteurs peuvent apporter aux consommateurs sont encore insuffisants . Ce sont eux qui justifient l'importance de l'investissement réalisé " . En effet la directive européenne de 2009 (point 55 des "considérants ") conseille aux Etats membres de s'assurer de l'existence d'un bénéfice pour le consommateur .

b) page 262 à propos de la protection des données individuelles : "l'exploitation des données individuelles permet de connaitre les habitudes des usagers (heure de lever ou de coucher par exemple ) la composition du foyer ou encore la présence ou non de personnes au domicile" ...Ce questionnement est donc bien réel et justifié .

c) page 255-7 Linky profite à Enedis : ''la rémunération d'Enedis s’élèvera, en prenant en compte l'ensemble des incitations à 10,3 %  de la valeur actualisée des actifs ...Ainsi le différé tarifaire et les incitations financières permettront à Enedis de bénéficier de conditions de rémunération avantageuses" .
 
C- CONCLUSION : LE BÉNÉFICE NON POUR LE CONSOMMATEUR MAIS POUR L’OPÉRATEUR. 

Derrière les considérations techniques ou juridiques les vrais enjeux sont d'ordre commerciaux : dans un contexte de libre concurrence qui se met en place les opérateurs cherchent à minimiser les coûts (économiser sur les relevés par du personnel , économiser sur la recherche de pannes , profiter des flexibilité des courbes de charge ) . Dans ce contexte les autres considérations (respect de la vie privée , économies pour le consommateur final ) passent au second plan au regard de la stratégie commerciale d'EDF/ENEDIS et des autres distributeurs présents ou à venir sur un marché "juteux".                                  

Inde : vent d'est ou vent d'ouest ?



L''achat de 36 avions Rafale par l'Inde en 2016 donne lieu en ce moment à des échanges vifs entre le Premier ministre Narendra Modi et le leader de l'opposition Rahul Gandhi (accusations de favoritisme voire de corruption ) . S'agit-il d'une passe d'arme avant les législatives de 2019 ou bien y a-t-il anguille sous roche s'agissant d'un contrat de 7, 8 milliards d'euros ? 

Au-delà de la polémique en cours il faut avoir en tête que les ventes d'armement sont souvent un "marqueur" de politique étrangère : et il faut se demander si l'Inde cherche à se rapprocher du camp occidental ou bien fera partie à terme (long terme ?) d'un bloc asiatique qui pourrait se constituer sur la base de l'Organisation de Coopération de Shanghai . 

A l'heure actuelle la méfiance à l'égard de la Chine l'emporte et les Etats-Unis veillent à répondre aux demandes de New-Delhi (drones par exemple ) dans le cadre notamment du partenariat militaire renforcé par le LEMOA (1) . Mais de quel côté va pencher la balance au moment où l'Inde envisage d'acquérir (2) des systèmes de missiles S 400 auprès de la Russie ? Vent d'Est ou vent d'Ouest ?

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(1) Logistics Exchange Memorandum of Agreement (Aout 2016/USA/INDE)
(2) Ces discussions ont donné lieu à une mise en garde de la part de Washington .

lundi 3 septembre 2018

Arctique / réchauffement : Conférence ONU ?



Le réchauffement climatique ne fait pas , apparemment, que des malheureux : la fonte des glaces dans l'arctique est devenue un enjeu économique majeur . L'arctique recèle 13 % des réserves mondiales de pétrole et 30 % de celles de gaz . 

Des projets et des investissements seraient d'autant plus confortés que la fonte des glace ouvre la voie à un nouveau passage vers l'Asie via le détroit de Béring, réduisant de 15j le temps de navigation actuel empruntant le canal de Suez . 

Il s'agit là pour la Russie et aussi pour la Chine d'enjeux majeurs . La preuve : le renforcement de la présence militaire russe (défense anti-aérienne en particulier) . Il est peu probable que ces moyens ne servent qu'à la protection des pétroliers et méthaniers brise-glace ...

Les défis économiques et environnementaux sont de ce fait en balance (1) . Et le profit du court terme ne doit pas prévaloir : une conférence sur l'Arctique serait bienvenue dans le cadre de l'ONU et en relation avec les COP à venir (2)

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(1) La Russie se dit sensible aux questions environnementales (programme de 300 M $ soutenu par le PNUE et la Banque mondiale , zones de protection spéciale au nord de la péninsule de Yamal ...)

(2) Ce point pourrait être évoqué demain mardi 4 septembre à Bangkok (session de préparation de la COP 24 qui se tiendra en décembre prochain à Katowice ) 

dimanche 2 septembre 2018

Accords Minsk 2 : qu'en reste-t-il ?



Alors que se déroulent aujourd'hui 2 Septembre les funérailles d'Alexandre Zakhartchenko , "chef " de la République autoproclamée de Donetsk tué dans une explosion ce 31 Aout, il y a 2 jours , on doit s'interroger : les accords de Minsk du 11 février 2015 sont-ils  toujours et réellement en vigueur ?

Certains - à juste titre - se demandent à qui profite le crime puisque il semble bien que l'explosion n' a pas eu lieu par hasard . Plusieurs versions circulent souvent contradictoires .

Au-delà des accusations - de part et d'autre - cette disparition du dirigeant du Donbass montre aussi la fragilité des accords de Minsk ( poursuite de bombardements , réforme constitutionnelle en attente , échange de prisonniers toujours en cours ...) . 

Au-delà des tensions au Moyen-Orient , au-delà des "guerres" commerciales , des situations conflictuelles demeurent aux portes de l' Union européenne : on a un peu trop tendance à l'oublier . Paris et Berlin veillent-t-ils ? Ce sont eux , pourtant, les garants des accords de Minsk 2...et non , a priori , les seuls Etats-Unis (via Kurt Volker , envoyé spécial de Donald Trump) .