Marchés énergie : que fait l'Europe ?

 

Alors que des ministres - tel Bruno Le Maire en "col roulé " - nous préparent à de rudes hivers et implicitement agitent le spectre de coupures d'électricité , on est en droit de se demander ce que fait l'Union européenne pour stabiliser les marchés .

Il est effarant de constater la distorsion qui existe au niveau européen entre le prix de production de l'électricité (environ 100 euros MWh) et son coût de commercialisation via les bourses d'échange (marchés spot ou à terme) qui dépasse les 300 euros le MWh . 

Cela tient au fait que le prix de l'électricité sur les marchés est (on l'a déjà dit) dépendant du coût marginal c'est à dire du prix de l'électricité produit par la dernière centrale appelée pour faire l'ajustement . Or ces dernières centrales appelées pour "ajuster" sont des centrales à gaz donc les plus onéreuses .

La Présidente de la Commission , Mme Von der Leyen avait , il y a peu , indiqué qu'une modification de ces règles de marché pourrait intervenir prochainement : quand ? Alors que le coût de production de l'électricité tourne autour de 100 euros le MWh il est surprenant de constater que le prix de l'électricité (marché spot) se situe dans l'Union ce jour à 351 euros (1) . C'est une distorsion que - même en col roulé - il est difficile d'avaler ...  

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(1) curieusement seuls 2 pays européens , l'Espagne et le Portugal , font "bande à part" avec un prix de l'électricité limité  à 115 euros le MWh (marché spot de ce jour ) . Comment font-ils ? 

Russie/ Iran : même combat (!)

 

Russie et Iran ont en commun d'être de grands pays de par leur territoire et leur population  (140 M habitants pour l'un et 90 pour l'autre) mais bien au-delà : Ce sont de grands pays en raison de leur civilisation  et de leur poids économique (tout au moins pour leurs ressources énergétiques) . 

Mais - en négatif - ils ont en commun d'être des régimes autocratiques qui brident leur population et "tuent" dans l'œuf toute velléité de révolte  . Ils sont aussi (et surtout) dans la situation peu enviable d'être "dans l'oeil du cyclone " : La Russie pour avoir fait fi des frontières de l'Ukraine et d'avoir le même comportement impérialiste jadis - à juste titre - reproché aux européens et aux américains .  L' Iran pour tenter de stopper par balles et sans fleur au fusil (60 morts) le désir de liberté de jeunes femmes . Dans le "club" des pays non démocratiques ces deux Etats se retrouvent en bonne place ...et parfois côte à côte . 

Tous deux ont le même combat à mener ...contre leurs (vieux) démons . 

Energie : La Chine a-t-elle besoin de la Russie ?

 

Le partenariat Chine/Russie est largement lié à la dépendance énergétique de la Chine à l'égard de la Russie . D'où les investissements considérables portant sur les gazoducs alimentant la Chine depuis la Sibérie (gazoduc "force de Sibérie" 1 et projet 2) . Néanmoins on oublie que la Chine possède des réserves de gaz non négligeables (à la hauteur de l'Iran) , un potentiel hydroélectrique majeur, et une montée en puissance de ses centrales nucléaires : 16 centrales avec 54 réacteurs + 20 en construction . 

Les centrales alimentées par le charbon - réserves colossales - sont loin de ne fournir qu'une énergie d'appoint quand bien même Pékin affirme sa volonté de réduire ses capacités dans ce secteur conformément aux orientations de l'accord de Paris . Par ailleurs la Chine dispose de ressources pétrolières non négligeables bien que situées dans des zones quelque peu "sensibles " (Xin Jiang ) .

Dans ce contexte de développement des potentiels internes (en particulier nucléaire) on peut se demander si Pékin aura longtemps vocation à se tourner vers Moscou . Cela d'autant que d'autres opportunités apparaissent bien au-delà du Moyen-Orient: Afrique (Soudan , Angola , Sénégal ...) , Amérique Latine (Venezuela , Equateur ...) .  Le "découplage" Pékin / Moscou fondé sur des opportunités économiques est-il pour demain ?

Ukraine : Chine arbitre du conflit ?

 

Alors que Vladimir Poutine déclare sans ambages vouloir livrer une guerre à l'Occident, tout laisse à penser que Xi Jinping  "le retient par la manche" . La  Chine n'a , semble -t-il , que faire (en ce moment) d'un leader politique qui s'enferre à vouloir ruer dans les brancards alors que , sur le terrain , il marche à reculons . 

Finalement entre 2 camps dont l'un tente de ne pas bluffer et l'autre qui lui tient la "dragée haute" , c'est probablement la Chine qui détient la clé . Pékin a ainsi l'occasion de démontrer sa force de conviction et , aussi , de rassurer un monde qui se méfie de la Chine . Cette stratégie qui vise le long terme est probablement payante . N'est-ce pas les Chinois qui ont inventé la poudre ...sans jamais s'en servir de manière offensive ?

 Puissance et sagesse font , me semble-t-il, bon ménage .

Un monde bipolaire . Pour plus tard ?

 

En dépit de ses efforts la Russie n'arrive pas à se hisser au rang de la Chine ou des Etats-Unis à la fois par "perte de substance" (population , économie ) et de par la méfiance de ses "alliés" du moment (Chine , Iran , Turquie dans une moindre mesure ) . La situation en Ukraine et l'aide massive des Etats-Unis ont fait basculer les rapports de force en révélant les faiblesses russes (armée, système de commandement ) . 

Il est donc plus que jamais probable que nous allions vers un monde bipolaire ( Etats-Unis / Chine) . Toutefois et avant que la Chine n'altère ce rapport de force en passant (cf.2049) d'une logique économique à une logique militaire , il est possible  que  nous revenions à un monde "unipolaire " dans lequel les Etats-Unis domineraient le scène internationale comme dans les années 1990

En tout état de cause la Russie - actuelle - ne semble plus être "dans la course" . Elle devra en assumer le risque ...avant qu'elle ne se réveille à nouveau forte de son histoire , de sa culture et de son territoire . Une "longue marche" peut-être l'attend vers une "Nouvelle Europe" ? Non pas celle de Douguine mais d'un continent qui ferait enfin la balance entre Etats-Unis et Chine . Est-ce un rêve ?

METEO : Les traiteurs... maltraités

 

Un ami , André , qui exerce la profession de traiteur n'en peut mais . Il me dit que des fêtes ou banquets envisagés depuis des semaines sont reportés en raison de craintes d'orages . C'est que la plupart des "sites météo" sont dans l'incapacité de fournir une prévision fiable à 48 ou 24 h . 

Ainsi on laisse planer la menace "d'orages épars" pendant trois ou quatre jours mais ces orages n'adviennent pas ...et on recommence la semaine suivante . D'où des annulations frileuses de banquets prévus en extérieur et que la perspective de rapatriements en intérieur ne compense pas . 

André ne comprend pas qu'avec nos satellites , nos ambitions extra planétaires on ne puisse - avec une anticipation de 48 H - prévoir le temps qu'il fera à Avranches ...ou à Collioure .

 Au moment  où les "aiguilleurs du ciel " sont en grève  puissent les "aiguilleurs météo " ne pas faire de même mais - au juste - s'en apercevrait-t-on ?  . 

Russie/ V.Poutine : retour de bâton ?

 

Il est probablement prématuré de considérer que l'Ukraine a gagné la guerre mais elle en prend le pas .

 L'agression russe aura donc eu pour effet l'entrée de deux nouveaux Etats (Finlande +Suède) dans l'OTAN et donc de renforcer "l'axe" occidental alors même que ne se dégage pas un "front " eurasiatique : la Chine est bien trop prudente en attendant son heure et la Turquie veut d'abord asseoir un leadership au Moyen-Orient . L'Iran hésite à s'engager de peur que ne soient totalement compromises les négociations sur le nucléaire (1).

Dans ce contexte où la Russie risque un échec cuisant on peut s'interroger sur le comportement du peuple russe : est-il piégé par la désinformation et engoncé dans les problèmes du quotidien ? 

En tout état de cause le sursaut ukrainien est bien la preuve de l'existence d'une nation ukrainienne "en armes"...n'en déplaise à Moscou sous le coup d'un retour de boomerang .

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(1) Le sommet de l'OCS (Organisation de Coopération de Shangaï ) de demain et après demain à Samarcande sera cependant l'occasion  pour Vladimir Poutine de "sonner le ralliement " auprès d'alliés potentiels (Chine, Iran , Turquie ) quelles que soient les hésitations .

Superprofits ...pour l'Etat

 

Le prix de l'essence s'envole au rythme de l'envol du prix du gaz . On sait qu'en France le prix de l'électricité est calqué sur le "coût marginal " c'est à dire sur le prix de production de la dernière centrale appelée pour assurer le complément d'énergie nécessaire (du fait notamment de notre parc nucléaire à moitié à l'arrêt en raison des problèmes de corrosion constatés) . Or le "coût marginal " est celui des centrales à gaz dont le coût de production d'électricité est démultiplié depuis la crise ukrainienne  . 

On pourrait dès lors dire que les compagnies pétrolières font de "superprofits" puisque du fait de cet alignement sur le gaz elles peuvent vendre à un prix bien supérieur à leur prix de revient  . C'est vrai en partie mais faux de l'autre : car le bouclier tarifaire vient modérer la hausse ...sauf celle des "superprofits" engrangés par l'Etat du fait de l'augmentation du produit de la TVA sur l'essence . 

Le président Macron a évoqué la semaine dernière la nécessité de déconnecter prix de l'essence et coût marginal de production (celui des centrales à gaz) . En revanche je n'ai pas entendu qu'il fixe un calendrier : l'Etat ne serait-il pas peu pressé d'abandonner des "superprofits " ? Mais Bruxelles (Mme Von der Leyen) a pris avant hier le relais en se fixant un objectif rapide . 

Qui sera le lièvre et qui sera la tortue ?

Nucléaire iranien : ne pas vendre la proie pour l'ombre !

 

Je lis dans la presse " Et si l'accord avec l'Iran permettait de résoudre la crise énergétique ? " . Pourquoi pas ?  mais attention s'agissant des garanties à obtenir: contrôle du niveau d'enrichissement de l'uranium à Natanz et à Fordo , s'assurer de la non production d'eau lourde (Arak) , vigilance sur les missiles balistiques etc... 

Car il ne faut pas vendre la peau "de l'ours" en contrepartie d'un supplément de production de pétrole par l'Iran quoique dans le court terme cela pourrait nous arranger . 

Comme beaucoup je souhaite qu'un accord sur le nucléaire soit trouvé avec l'Iran mais attention à la "ligne rouge" . Ce ne doit pas être un élastique que l'on détend au gré des vents .