samedi 27 juin 2020

L'Oréal met de l'eau dans son vin ...blanc



 L'Oréal supprime les mots "blancs" ,"blanchissant" et "clair" de ses produits de beauté . C'est ce que révèle aujourd'hui Le Figaro avec l'AFP (1) .

 Cette annonce fait pâlir mon voisin qui se nomme Jacques Blanc . Il me demande , tout inquiet , s'il devra désormais s'appeler Jacques Noir et faire ainsi abandon de son nom de naissance . Je l'ai quelque peu calmé en lui assurant que l'on n'allait pas débaptiser le Mont Blanc et que Blanche Neige demeurerait en sa couleur ...tout au moins provisoirement .

Mon voisin n'est tout de même pas rassuré : il me dit que l'on va probablement changer le nom de la Rue Blanche et que la "Revue Blanche " va  disparaître des bibliothèques ou bien retrouver la couleur mauve du Mercure de France dont elle voulait - en blanc - jadis se démarquer ...tout comme certains  se démarquent en se flagellant tout en gardant leur habit de Pierrot. 

Cela est révélateur d'une chose : le mariage (blanc) de l'opportunisme et de l'hypocrisie .

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(1) Le Figaro en ligne avec AFP du 27 juin 2020

jeudi 25 juin 2020

Un boulevard pour l'extrême droite



Une expression revient souvent : où est passée l'autorité de l'Etat ? Le gouvernement est aux prises avec une situation économique dégradée (la reprise en "V" n'est pas pour demain) et avec des mouvements sur lesquels surfent les partis politiques extrêmes ( LFI , Rassemblement national ) . Il est de bon ton de tout dénoncer et de clouer au pilori la police , la gendarmerie , les magistrats , les médias...et les hommes politiques .

 Dans ce souci de grand "nettoyage" d'été dont LREM essuie les coups de balais , un parti politique engrange : le Rassemblement national . Marine Le Pen se frotte déjà les mains en assurant qu'elle remportera l'élection  présidentielle de 2022 . En fait on aurait tort d'imaginer qu'il s'agit seulement de propos issus de la "méthode Coué ": le risque existe et Emmanuel Macron en ressent probablement déjà le courant d'air . 

Car , à défaut d'un autre " nettoyage" allant de pair avec un grand projet (décentralisation par exemple) , l’extrême droite est susceptible de convaincre tous ceux (incluant les extrêmes de droite et de gauche) qui commencent à se demander si l'Etat tient toujours les rênes . Il ne suffira probablement pas de défaire - et de refaire -  l'attelage gouvernemental mais de mobiliser les Français sur un projet qui , en dépit de la crise économique, maintienne leur tête hors de l'eau . A défaut , un boulevard s'ouvre pour le parti qui incarnera le mieux - en donnant de faux espoirs - le désarroi d'un grand nombre de nos concitoyens . 

lundi 22 juin 2020

Palestine : reconnaissance...sous conditions



Des voix s'élèvent pour que l'Union européenne reconnaisse désormais l'Etat Palestinien . Certes 9 pays de l'Union ont déjà reconnu la Palestine (Pologne, Bulgarie, Roumanie , Hongrie , République Tchèque etc..) mais d'autres pays (dont la France et l'Allemagne) attendent . 

Or, on fait valoir qu'il y a désormais urgence car le plan de paix "Trump" ouvre la voie à une annexion par Israël d'une large part de la Cisjordanie rendant ainsi difficile - sinon impossible - le projet validé par les Nations Unies d'un plan basé sur une solution à 2 Etats .Le temps presse pour que l'Union se positionne : l'annexion pourrait, selon certains,  intervenir en juillet / août ... quelques semaines avant les élections de novembre aux Etats-Unis qui "gèleront" les initiatives . Il y a urgence donc .

Evidemment , une reconnaissance de la Palestine ne doit pas être un "blanc-seing " donné aux Palestiniens (ceux du Hamas) qui ne reconnaissent pas l'Etat d’Israël et qui considèrent qu'il s'agit  avant tout d'une tête de pont des Etats-Unis . Les Israéliens ont le droit de vivre dans des frontières "sûres et reconnues ". Mais , pour autant , le droit international doit primer et le plan de paix "Trump" ne doit pas être l'occasion , en ''poussant" les frontières , de mettre le feu aux poudres .


dimanche 21 juin 2020

Déboulonner = perdre la boule



Notre société est en pleine mutation et des forces semblent l'agiter d'un mouvement brownien difficile à contrôler . Ainsi va-t-on jusqu'à " perdre un boulon" en déboulonnant des statues censées aller à contre-courant avec nos (désormais) nobles pensées .

A ce rythme on déboulonnera les statues de Jules César qui sont dans les musées ...et , aussi, celles de Napoléon qui - comme d'autres à l'époque - avait quelque mansuétude pour l'esclavage . Evidemment , Jules Ferry , colonialiste notoire , et même Jean Jaurès seront pris dans la tourmente . 

Notre société de l'éphémère confond d'une part les sentiments et la morale reposant sur des valeurs assumées avec d'autre part des images , des soi-disant symboles qui ne sont que l'écume de l'histoire  . C'est là tout le problème (et aussi les contradictions) d'une société qui veut à tout prix changer mais qui tâtonne .

Dans sa marche erratique , elle ne déboulonne finalement que des fantômes ...et perd , en ces occasions , un de ses rares boulons ...

mercredi 17 juin 2020

Banque Africaine de développement : Rien ne va plus !



Alors que le développement économique du continent africain constitue une priorité , des rivalités viennent fragiliser le Président de la Banque Africaine de Développement , Akinwumi Adisina , accusé de malversations par des "lanceurs d'alerte " internes . En dépit d'un rapport  qui - apparemment - oppose un démenti le calme n'est pas revenu : les Etats-Unis (membres de la BAD) "exigent" une nouvelle enquête menée par un organisme indépendant . M. Adisina pourrait donc ne pas être reconduit à l'échéance d’août prochain . 

Au-delà de ces péripéties et règlements de compte , c'est un levier majeur de développement qui se trouve ainsi en ligne de mire et freiné dans son élan  . Et, avec lui, un modèle économique : il semble bien que le Président de la BAD ait voulu changer de braquet économique : privilégier les prêts destinés à des investissements productifs pour que l'Afrique sorte d'un modèle de développement "de rente" (mines, pétrole) tributaire de l'évolution des cours .

Certains voient dans la lutte qui opposerait des clans au sein de la BAD , une volonté d'intervention des Etats-Unis et de la Banque Mondiale . D'autres considèrent qu'il s'agit d'un conflit interne lié à la forte personnalité de M Adisina , d'autres encore estiment que miser sur le secteur agro-alimentaire (1) en Afrique relève de l'utopie . Et pourtant ...

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(1) M. Adisina a été ministre de l'agriculture et du développement rural de son pays , le Nigeria .

lundi 15 juin 2020

E.Macron : vers un acte II girondin ?



Un des points importants de l'allocution du Président est l'allusion , à peine voilée , à une redistribution des pouvoir"au plus près du terrain " . Cela pourrait prendre - hypothèse parmi d'autres  - la forme d'un référendum renforçant la décentralisation .

Si tel était le cas il serait consensuel : ce serait une manière de conjurer le risque de technocratie déshumanisée dont on nous a rabat à juste titre les oreilles et une belle leçon à tirer des erreurs de gestion de la pandémie (masques , tests , initiatives concurrentes et quasi-échauffourées sur les tarmacs...) . Ce pourrait être là l'amorce d'un acte II girondin auquel ne pourraient s'opposer ni les partis de droite ni les partis de gauche pour extrêmes qu'ils soient .

En revanche il est un domaine où le Président aura bien du mal à trouver un consensus : celui du risque de "séparatisme " que font courir les communautarismes . Les positions sont dans ce domaine bien tranchées et l'émotion fait resurgir de vieilles craintes tant le multiculturalisme pose problème lorsqu'il prend une dimension identitaire .

jeudi 11 juin 2020

Enseignement supérieur / Covid : sur quel pied danser ?



C'est un désarroi que manifestent les enseignants de cet Etablissement lorsqu'ils évoquent la rentrée de Septembre . Ils ne savent pas sur quel pied danser puisque tributaires de directives du Ministère de l'Enseignement supérieur qui se font attendre .

Ces enseignants , après avoir géré la "sortie",  naviguent entre plusieurs scenarii pour la rentrée universitaire : un scénario hybride entre "distanciel" et "présentiel", des scenarii de "distanciel" renforcé et un scénario de "présentiel" que les contraintes sanitaires rendent actuellement improbable . Car le protocole sanitaire en vigueur suppose des amphithéâtres amputés du 3/4 de leur accueil , une surface de 4 m2 par étudiant , la désinfection des salles etc...

Une de ces enseignantes exprime son angoisse et sa lassitude et l'un de ses collègues met en balance sa démission . Bref, dans cet Etablissement on tente, avec courage , de gérer l'absence de visibilité et d'anticiper des consignes ministérielles qui tardent . Mais , peut-être avec raison , Mme Vidal attend-elle - comme le Messie - les déclarations ce dimanche du Président de la République ?

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Actualisation 14 juin : Eurêka ! Une circulaire + une lettre de Mme Frédérique Vidal viennent enfin d'arriver ...datées du 11 juin . Le "présentiel" semble finalement favorisé et la circulaire laisse entrevoir "sur quel pied danser " ...

lundi 8 juin 2020

La planète se rebiffe , les Terriens aussi ...



C'est un mouvement qui semble surgir du tréfonds de nos sociétés : la planète Terre s'échauffe ( non pas seulement le climat ) et le mouvement s'amplifie . Le Corona-virus y est-il pour quelque chose ou bien est-ce un concours de circonstances ?

Il n'empêche : les agitations prennent l'aspect d'une vague qui va de Hong Kong à Alger , de Khartoum à Kinshasa et qui s'étend à l’Amérique latine : de Caracas à Bogotá , de Quito , à Santiago , La Paz etc.. vague qui vient maintenant lécher les Etats-Unis , l'Australie , la Nouvelle Zélande ...et l'Europe . Certes il y a le réchauffement climatique, les "Gilets Jaunes ", le Covid-19 , et maintenant l'affaire George Floyd ... Il y a donc plusieurs paramètres qui convergent et qui peuvent expliquer pourquoi notre Terre est prise d'une fièvre (ou d'une rage) soudaine . Mais la réponse ne fait pas seulement appel au raisonnement "scientifique" et les interrogations demeurent :

Notre planète est-elle spontanément à la recherche d'un sens ou bien sont-ce ces habitants qui cherchent désespérément une boussole ? Un constat :  Il ne s'agit pas d'une "resucée" des printemps arabes prisonniers d'un sextant religieux mais plutôt d'un pendule que l'on fait tourner sans savoir quand et où il s'arrêtera ... Mais peut-être la recherche de sens des jeunes en ce moment est-elle un contre-sens, une déviation de l'Histoire ? ...ou bien - plus rassurante - est-ce l'émergence (tardive) de la noosphère qu'appelait de ses voeux Teilhard de Chardin déjà dans les année trente ...au sortir de la "Belle Epoque" ?  Comme nous en ce moment ...

samedi 6 juin 2020

Trump / Nixon : Why Great Day ?



Les médias américains en font leurs gorges chaudes . Donald Trump , devant la Maison Blanche , se réjouissait des perspectives économiques meilleures qu'attendues et , dans un même élan , se référant à George Floyd , tué par la police , il s'est exclamé tout à trac "it's a great day for him " (C'est un grand jour pour lui ...) . En dépit des contorsions du service de presse de la présidence , des américains ont dû tomber de leur chaise, se demandant s'il s'agissait , pour leur Président , d'un effet de l'hydroxychloroquine  (!) .

Cela me rappelle une autre incongruité d'un président américain dont , 46 ans après , je me souviens encore . C'était le matin du 6 avril 1974 vers midi : dans la foule agglomérée devant Notre-Dame de Paris , j'assistais - de loin - à la messe célébrée à l'occasion des obsèques du Président de la République  Georges Pompidou . Il y avait là , aux côtés d'autres chefs d'Etat , le Président Richard Nixon .A la sortie de la messe un journaliste lui a tendu un micro . Nixon a prononcé quelques mots que tout le monde a pu entendre car ils ont raisonné sur le parvis de Notre-Dame et je les entends encore   :    It's a great day for France !

Tout comme les américains à propos de George Floyd, je n'ai pas compris comment les obsèques de  Georges Pompidou pouvaient constituer "un grand jour pour la France " . D'autant que Nixon , lui, n'avait sûrement pas pris d'hydroxychloroquine ...à moins que ...

vendredi 5 juin 2020

Les Régions , nouveaux piliers de la République



Emmanuel Macron est à la recherche d'un nouveau souffle , d'une nouvelle carte afin d'acter , dans les faits et non dans les seuls mots, un nouvel épisode du "roman national" . Au-delà des priorités (rémunération des professionnels de santé et réforme hospitalière par exemple) il y a , probablement, un "nouvel ordre politique" à bâtir .

Une forte décentralisation au niveau des Régions pourrait être l'une de ces réformes de structure essentielles . Car , plus que la jacobinisme centralisateur , le" modèle girondin" est apparu - lors de la crise sanitaire - plus efficace et actif . Sans opter pour un schéma identique aux landers allemands ou aux régions autonomes espagnoles , une nouvelle étape de décentralisation au niveau des Régions marquerait une rupture avec le "verticalisme" français .

Certes il conviendrait d'éviter le risque d' émiettement culturel (comme en Espagne) mais le transfert aux régions de nouvelles compétences permettrait d'acter réellement le principe de subsidiarité (c'est- à-dire le bon niveau d'efficacité et de responsabilité) , faisant ainsi écho aux souhaits de l'Union européenne . Il n'empêche que ce tournant serait un vrai virage dans le quinquennat . Mais ce virage peut-être apparaît-il trop dangereux ?

mardi 2 juin 2020

Les ETATS-dé-UNIS : dommage (!) ou dommages (?)



Donald Trump traverse une mauvaise passe . Les Etats-Unis en souffrent , donnant en ce moment l'image d'Etats désunis : plusieurs gouverneurs gèrent la pandémie à leur manière dans leur Etat et  réagissent différemment à la violence qui accompagne les tensions raciales après le meurtre d'un afro-américain . 

A l'avant veille des élections la montée du chômage (qui affecterait environ 40 % des américains ayant un revenu < à 40 000 $ ) est , pour le Président Trump , une épée de Damoclès . Tout comme d'ailleurs le climat de "guerre froide " entretenu avec la Chine . Ce n'est certes pas , pour les Etats-Unis , une débâcle mais une remise en cause de leur statut dans le monde , loin de l'hyper-puissance dont prenait acte Hubert Védrine dans les années quatre vingt dix .

Mais , de notre côté (en France et en Europe) nous n'avons pas pour autant à pousser des cocoricos : l'Union européenne donne trop souvent (sauf chez le "couple" franco-allemand et quelques pays de l'Europe du Sud ) une image de désunion et de fragilité. 

Dès lors, nous serions bien mal avisés de nous moquer des Etats-Unis alors que la Chine se prépare à tirer - dans les toutes prochaines années - son épingle du jeu . Sur l'échiquier mondial une pièce maîtresse s'efface . Il ne faut pas forcément s'en réjouir .