lundi 28 septembre 2020

L' Espagne en proie à ses démons

 

Rien ne va plus en Catalogne : le président de la Generalitat, Joaquim Torra , vient d'être destitué de ses fonctions par la Cour Suprême espagnole qui confirme ainsi un jugement de première instance du Tribunal de Justice (18 /11/19) . C'est évidemment une onde de choc qui se propage jusqu'en  Belgique puisque l'on évoque un retour possible de l'ancien président Puigdemont ...en exil à Waterloo. Des mauvaises langues se demandent si M. Puigdemont sera accompagné de ses gardes du corps qui - cela a fait jaser les Catalans - étaient , en Belgique , payés par le contribuable espagnol . 

Pendant ce temps , le gouvernement central essaye de "tenir la bride " aux régions autonomes pour tenter d'unifier une stratégie dans la lutte contre le coronavirus . Des confinements par quartiers à Madrid suscitent des réactions : le Sud de Madrid (défavorisé) contre le Nord (bourgeois) de Madrid ...tout comme, en France , Marseille se dresse contre Paris . Risque de séparatisme ?

Bien ailleurs et bien à l'abri , le Roi émérite Juan-Carlos coule des jours heureux à Abu-Dhabi , devenu terre d'exil à la mode ...ce qui fait grincer des dents le Président du gouvernement Sanchez et plus encore son vice-président Pablo Iglesias du parti Podemos (l'équivalent de LFI de Mélenchon ) .

L'Espagne en proie à ses démons n'a heureusement plus la main sur la "Sainte Inquisition !".

dimanche 27 septembre 2020

Premier ministre pakistanais / ONU : de l'huile sur le feu

 

Après l'attentat qui a eu lieu devant l'ancien siège de Charlie hebdo on a souligné l'intervention , les jours précédents , du ministre des affaires étrangères du Pakistan qui semblait inciter à des "représailles" et à les couvrir en raison du caractère qu'il considérait blasphématoire des caricatures parues dans ce journal . 

On a moins relevé le discours (1) prononcé le jour même de l'attentat  par le Premier ministre pakistanais , M.Imran Khan , devant l'assemblée des Nations Unies (75ème session ). Dans ce discours il a stigmatisé l'islamophobie qui , selon lui , règnerait dans le monde . Il s'en est violemment pris au gouvernement indien mais , auparavant, il a regretté la "liberté d'expression" et dénoncé les caricatures en indiquant qu'elles constituaient un appel à la haine et une provocation.

On sait que quelques jours auparavant le drapeau français avait été brûlé par des manifestants qui conspuaient ces "chiens de français " (2) Certains réclamaient la rupture des relations diplomatiques avec la France . La position - donc officielle - du gouvernement pakistanais qui vient de réclamer à l'ONU une journée internationale (3) contre l'islamophobie a-t-elle été relayée par les ondes , l'internet ou le "bouche à oreille " ...jusqu'à Pantin ? 

Le torchon brûle - diraient certains - et les autorités pakistanaise , au plus haut niveau , ont jeté de l'huile sur le feu . On est en droit de se poser la question : de quel côté se trouve la haine ? 

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(1) Discours publié sur le site des Nations Unies . Séance du 25 Septembre . Document à en-tête de la mission permanente du Pakistan à l'ONU page 5 sur 9 .  

(2) Huffpost + AFP du 3 septembre 2020

(3) le Pakistan célèbre-t-il la journée internationale des droits de la Femme ? Qu'en pense la chrétienne Asia Bibi ?

mardi 22 septembre 2020

Création : sens, faux-sens, contre-sens

 

La finalité de la création est l'objet d'un des livres du philosophe Claude Tresmontant (1) . C'est aussi l'interrogation de l'humanité depuis bien des siècles . Tresmontant , comme d'autres philosophes ou scientifiques , insiste sur le fait que la création du monde s'inscrit dans un processus continu (expansion des galaxies , complexification des espèces etc...) . Dans ces conditions , la finalité de la création échappe totalement à notre compréhension . Au point qu'en désespoir de cause Claude Tresmontant en est réduit à interroger le prophétisme hébreu afin de percer le mystère du sens .

Pourtant - et c'est une réflexion naïve - il y a une donnée cosmique , sur une autre échelle de temps , que l'on doit admettre : la finalité de la création cosmique ne peut être notre humanité terrestre puisque dans 2 ou 3 milliards d'années notre soleil , devenu géante rouge , se sera effondré en "avalant" la Terre . Pendant ce temps , il n'y a pas de raison que le cosmos en expansion (depuis 18 milliards d'années)  disparaisse en dépit de la fin de notre planète Terre et de son humanité …à moins qu'elle n'ait émigré depuis longtemps en d'autres planètes .

Claude Tresmontant a eu beau se tourner vers l'Ancien Testament , il n'est pas sûr qu'il y ait trouvé de réponses plus convaincantes que dans les romans de science-fiction et le récit de navigations intergalactiques à venir, finalement tout aussi crédibles que les récits des prophètes . 

Mais cela nous entraine bien loin, dans un futur impensable : plus loin que le Covid , les démêlées de Trump ... ou les récentes défections au bureau de LaREM (!).

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(1) Claude Tresmontant : L'histoire de l'Univers et le sens de la création . Editions O.E.I.L. 2006 (3ème édition) 

jeudi 17 septembre 2020

Moyen-Orient / Israel : vers quelle paix ?

 

On ne saurait tenir pour nuls et non avenus les accords signés ces jours derniers entre Israel et les Emirats Arabes Unis tout comme avec Bahreïn . Pour autant pourquoi ne s'accompagnent-ils pas d'un vrai enthousiasme comme pour les accords de Camp David ou bien les accords d'Oslo ? Cela tient en partie à la date de signature , à peine 2 mois avant les élections présidentielles américaine et au sentiment que tout est calculé en fonction de l'échéance du mandat de Donald Trump . Le timing est équivoque . 

A cela s'ajoute un sentiment d'inachevé ou de précipitation : Les Emirats Arabes Unis ne sont pas l'Egypte des accords de 1978 et les Palestiniens (pourtant directement concernés) brillent par leur absence du plan de paix proposé . Sentiment donc d'un accord partiel (en attendant peut-être l'Arabie Saoudite ) et partial (le sort de la Palestine n'est pas réglé) . Certes une "brèche " est ouverte au sein des pays le la Ligue Arabe mais on perçoit que , derrière le plan préparé par les Etats-Unis, le but véritable est d'instaurer et de formaliser un rapport de force destiné à isoler l'Iran dont la menace perçue par Israel s'avère prioritaire . 

Néanmoins on aurait tord de dénigrer ces traités : ils ont le mérite de rompre l'isolement d’Israël qui a le droit de vivre "dans des frontières sûres et reconnues " (1). Cependant le problème Palestinien n'est pas réglé et un kyste demeure au Moyen-Orient pour ne pas dire "une plaie ouverte" que les Etats-Unis n'ont pas réussi à refermer ...ni l'Union européenne d'ailleurs .

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(1) cf. résolution 242 du 22 novembre 1967 du Conseil de Sécurité . Cette disposition concerne aussi bien la Palestine qu’Israël :" the soveignty, territorial integrity and political independence of every State in the area  and their right to live in peace with secure and recognized boundaries free from threats of act or force ".

mercredi 16 septembre 2020

Juppé / présidentielle : candidat non déclaré ?

 


Alain Juppé est un homme secret . En cacherait-il un ? Interviewé par David Pujadas (1) à l'occasion de la sortie de son livre "Mon Chirac" il a eu , à un moment, un étrange silence : le journaliste , faisant allusion à l'âge avancé de Trump (74 ans) et de Biden (77 ans) lui a demandé s'il n'envisagerait pas de se présenter dans le cas où "un vaste élan populaire " se manifesterait en sa faveur . Juppé (75 ans ) est resté silencieux lorsque Pujadas l'a relancé .

L'ancien premier ministre a cité certains hommes d'Etat poussés par une ambition démesurée (Chirac , Sarkozy ) et a affirmé qu'il n'avait pas eu , lui,  cette même flamme . Alain Juppé en tout cas est demeuré étrangement silencieux . Serait-il un recours face au vide du parti "Les Républicains " partagé entre ralliements à LREM et tentations de "cavalier seul " ?

Alain Juppé demeure vraisemblablement un recours si la situation , face au Rassemblement National , devenait tout à coup désespérée et si Emmanuel Macron se désistait . Mais bien sûr ce scénario demeure hautement improbable ...sauf dans un roman de science fiction encore non écrit .

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(1) Sur la chaine LCI le 15/09/20

dimanche 13 septembre 2020

Ségolène Royal : on l'a échappé belle !

 

La naïveté de S. Royal a de quoi surprendre . Lors d'une interview ce matin sur BFM TV l'ex-candidate à la présidence de la République a donné sa solution radicale pour en finir avec le contentieux Grèce / Turquie et le risque de confrontation . Selon elle , il suffit que l'Union européenne , s'abritant derrière les conclusions de la COP 21 sur le climat , enjoigne aux 2 Etats de cesser de songer à l'exploitation de pétrole en méditerranée dans des zones maritimes controversées .

 Mais cela est plus facile à dire qu'à faire :

Comment Mme Royal peut-elle être aussi naïve ? Ni la Grèce ni la Turquie ne possèdent de ressources pétrolières ou gazières et il est légitime que les 2 pays songent à leur avenir énergétique à moins qu'à  défaut de pétrole ils ne souhaitent s'équiper en centrales nucléaires . En tout état de cause l'Union européenne n'a pas de légitimité pour interdire à la Grèce d'exploiter un gisement off shore . Et encore moins pour l'interdire à la Turquie , non membre de l'Union (sous réserve qu'elle respecte le droit maritime international ) .

Cela évidemment n'autorise aucunement une confrontation navale - ou aérienne - entre ces deux "frères ennemis " . Mais le contentieux devrait se régler non en fonction des conclusions de la COP 21 mais dans le cadre de l'OTAN ...ou du Conseil de sécurité s'il apparaissait que M. Erdogan , pris de fièvre soudaine , envisage de mettre le feu aux poudres . En tout cas , on l'a "échappé belle " : la médiation de Ségolène Royal - si elle avait été Présidente de la République - aurait fait Psitt ...                            

vendredi 11 septembre 2020

Partis de l'ordre , partis du désordre


Dans une France à bout de souffle (pandémie , violence , emploi) 2 partis soufflent sur les braises : LFI de Mélenchon et le Rassemblement national de Marine Le Pen . L'un se veut quasiment insurrectionnel regrettant la France de 1792 , l'autre se veut "parti de l'ordre" alors même qu'en appuyant en sous-main les mouvements de rue (du style gilets jaunes...) il fait preuve d'incohérence . 

L'on peut sourire en écoutant les délires mélenchoniens mais on ne doit pas rire en prêtant l'oreille à Marine Le Pen et à ses discours enflammés . Car la montée de la violence en France peut inciter certains à trouver refuge dans ses jupes . Sauf qu'ensuite il faudrait boire la coupe jusqu'à la lie : il y aurait certes un hallali (probablement justifié) à propos de l'islamisation qui s' oppose à nos valeurs républicaines et à nos lois mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg .

En épousant les thèses ultranationalistes le Rassemblement national nous reléguerait dans l'arrière cour de la scène internationale et nous couperait d'une Union européenne en construction qui aura un rôle majeur dans le nouvel ordre mondial qui se met en place (face à la Chine) . A se laisser emporter par l'émotivité , les faux semblants et les apparences les Français ouvriraient un boulevard à l'extrême droite .

 Et le parti soi-disant de l'ordre deviendrait, s'il brisait "le plafond de verre ",  le parti du désordre pendant que M. Mélenchon prierait sans doute pour le retour de Saint-Just, Robespierre ...ou Marat . Et ce ne serait pas là des hologrammes ...

jeudi 10 septembre 2020

Trump prix Nobel ? Alfred Nobel se retourne dans sa tombe ...

 

C'est une surprenante nouvelle : Donald Trump serait " nominé" pour le prochain prix Nobel de la Paix . On peut se demander à quel titre : Cette proposition n'arriverait-elle pas bien à propos au moment où le président se trouve malmené dans les sondages et dès lors désireux de faire flèche de tout bois ?

Il faut croire que M. Christian Tybring , délégué norvégien à l'assemblée parlementaire de l'OTAN, qui l'a proposé pour le Nobel n'en a cure . Il est vrai que ce thuriféraire de M. Trump serait "un partisan des politiques anti-immigration" (1) . Ainsi le mur avec le Mexique aurait pesé de tout son poids dans la balance , plus sans doute que la contribution de Donald Trump à la paix . D'ailleurs M. Tybring est un fidèle du genre puisqu'il a déjà proposé M. Trump en 2018 et 2020 ... sans pouvoir se prévaloir alors d'une action signifiante pour la paix (l'accord Israel/Emirats Arabes Unis était dans les limbes) . 

Alfred Nobel n'a probablement pas lu encore le livre de Bob Woodward à propos de la gestion erratique et opaque de la pandémie par M. Trump tout comme il n'a pas parcouru les ouvrages évoquant les relations particulières de l'intéressé du temps où il gérait casinos et programmes immobiliers (avec quelque(s) tour(s) dans son sac) .

Du haut de son nuage Alfred Nobel s'interroge : Cette éventuelle nomination ne serait-elle pas de la dynamite ...au profit de qui finalement ? 

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(1) journal LADEPECHE.fr (9 septembre 2020) + article Wikipedia " He (M. Tybring) is most widely known for his opposition to immigration , especially Muslim immigation ...In foreign policy he has supported Vladimir Putin... he has also said the west should recognize the Russian occupation and annexation of Crimea ".

vendredi 4 septembre 2020

Sécurité / insécurité : un sentiment ?

S'agit-il seulement d'une bataille de mots ou bien d'une divergence d'appréciation entre Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti ? Le premier évoque "l'ensauvagement " de notre société , le second met davantage l'accent sur un "sentiment d'insécurité" qui amplifierait la situation réelle . Cela rappelle des débats d'il y a 20 ans où , dans certaines villes et dans certains "quartiers " ,  des élus refusaient d'appeler un "chat un chat " de crainte de détourner des investisseurs ou bien de provoquer la migration de familles devenues méfiantes et préférant voir ailleurs . D'autres , pendant ce temps , tiraient la sonnette d'alarme en tentant de mettre en avant - pour juguler ce qu'ils pressentaient - les idéaux de la "politique de la ville " défendus avec ardeur et conviction par Jean-Louis Borloo .

Mais le malaise était plus profond : des populations nouvelles refusaient ce que l'on appelle "l'intégration" et s'enfonçaient dans un communautarisme de dépit ou de rejet . L'intégration c'est à dire l'acceptation des lois et des idéaux de la République était devenu un "gros mot " et certains ricanaient lorsque de bonnes âmes y faisaient vaillamment référence . J'en ai été le témoin direct à Argenteuil où j'ai pu observer les replis identitaires en dépit de l'effort des architectes urbains et des services sociaux . Pendant ce temps les salafistes , eux , faisaient leur miel de la situation , dans l'ombre et sans trop faire de vagues en considérant qu'ils avaient le temps pour eux .

Au-delà des "territoires perdus de la République " c'est une évidence que notre société est devenue plus violente : M.Dupond-Moretti aurait-il oublié les boutiques saccagées et les voitures incendiées sur les Champs-Elysées l'an passé ? aurait-il oublié les dégradations commises sous le mémorial du "soldat inconnu" ? Certes tout cela est désormais relayé en continu par les chaines de TV qui ont trouvé là du "grain à moudre " . Il n'empêche : la violence ne saurait être masquée ou niée parce qu'elle porte un masque . Les blacks blocs le savent ...quand bien même le Garde des Sceaux aurait quelque trou de mémoire . 

mardi 1 septembre 2020

Biden : Retour du multilatéralisme ...et du bon sens .



Les élections américaines ne laissent pas le monde indifférent : bien qu'en passe de perdre leur rang de "premier de la classe" et d'être détrônés d'ici 5 ou 6 ans par la Chine , les Etats -Unis continuent à occuper la scène internationale  . Mais il existe une différence notable entre Trump et Biden : l'âge n'est pas un déterminant (74 ans et 77 ans) , leurs prises de position dans le domaine économique ne sont pas fondamentalement différentes (Biden est loin d'être un socialiste-marxiste comme l'affirment certains propagandistes Républicains ) .

C'est sur la scène internationale que le marquage sera certainement différent : Biden recherchera davantage un consensus multilatéral et ne considérera pas les européens comme des alliés de "seconde zone". 'Biden ne devrait pas non plus remettre en cause les accords longuement négociés (accord climat , nucléaire iranien , accord transpacifique etc...) . A la différence de Trump dont le comportement est erratique (sciemment ou pas) on peut penser que Biden se prêtera mieux à un partenariat à l'intérieur du "camp occidental "face à la Chine . Il y a aussi un parallèle que l'on peut faire avec le Président Woodrow Wilson à l'origine de la Société des Nations : Biden et lui ont eu une formation universitaire et ont été professeurs de droit constitutionnel : c'est un marqueur de comportement (quoi que l'on pense de l'idéalisme de Wilson ) . 

Les prises de position de Biden seront certainement  différentes sur des dossiers sensibles : relations au sein de l'OTAN , décrispation des relations avec l'Iran , avec la Chine , avec l'Union européenne . Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille "baisser la garde " et que Biden devienne , comme Wilson , le pacifiste utopiste de service .

On peut par contre souhaiter que , dans un monde quelque peu à la dérive et à la recherche de sens , Joe Biden apporte un peu de bon sens