jeudi 28 février 2019

Corée du Nord / USA : le verrou chinois




Ainsi Donald Trump n'est pas Tarzan et la Corée du Nord n'a pas encore été menée à résipiscence : la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'est donc pas pour demain . Evidemment le "pétard" allumé dans cette zone si sensible (au moins 4 puissances nucléaires dans la région ) pose problème et amène à s'interroger sur la prolifération nucléaire et l'efficacité du TNP .

Pour autant , les médias ne disent pas grand chose de la Chine et de son positionnement à l'égard des négociations avec la Corée du Nord ; c'est pourtant l'un des nœuds du problème : on sait que la Corée du Nord sans la coopération économique avec la Chine (dont le pétrole) s'effondrerait en quelques mois .

Or la Chine , en guerre économique avec les Etats-Unis , n'a guère envie d'accentuer la pression sur  Pyongyang (par un embargo étanche) pour favoriser un accord Trump - Kim Jong-un .

A défaut d'une concertation étroite entre  USA / et Chine il est peu probable que l'on s'approche d'un prompt dénouement : l'Empire du Milieu possède , sinon l'éternité devant elle , du moins de longs mois et de nombreux printemps . Le Président des Etats-Unis si "doué " (selon Michael Cohen) pour les épreuves de force où l'on joue les "gros bras " a devant soi un partenaire qui maîtrise tout aussi bien - et en souplesse - les techniques asiatiques de sport de combat .

Pour autant il ne convient pas de trop sourire et de minimiser le danger évident que représente le nucléaire nord coréen en raison de l'imbrication des alliances à proximité immédiate (cf. Japon / USA ) .

dimanche 24 février 2019

Vénézuela : médiation européenne ?




Un drame se joue en ce moment au Vénézuela alors qu'un "dialogue de sourds" entre responsables empêche toute avancée et que les convois humanitaires restent bloqués en Colombie . Le Président Maduro affirme que l'aide américaine n'est que prétexte en vue d'une déstabilisation du régime . Les Etats-Unis , de leur côté , soutiennent que les droits de l'Homme sont bafoués et que la démocratie n'existe plus (si tant est qu'elle ait existé ) en république bolivarienne . 

Certains mettent en avant le double jeu de Washington : les américains ne seraient pas si désintéressés que cela et auraient les yeux rivés sur le pétrole du Vénézuela (les plus importantes réserves du monde) . Des experts soutiennent que les Etats-Unis ont besoin du pétrole "lourd" vénézuélien pour produire leur kérosène ou diesel .Quoi qu'il en soit si des millions de Vénézuéliens quittent leur pays c'est qu'il y a une raison : ce ne sont pas les américains qui les font fuir.

Dans ce contexte une médiation de l'Union européenne est plus que jamais souhaitable et pour acheminer l'aide humanitaire et - en relation avec des observateurs des Nations Unies - préparer de nouvelles élections législatives . A défaut d'une médiation dans un cadre multilatéral une intervention américaine pourrait à tout moment intervenir et mettre à feu et à sang le pays .

Il serait de loin préférable que l'ONU prenne une résolution dans le cadre de la jurisprudence "Responsabilité de protéger " et que l'Union se saisisse de la situation en offrant sa médiation ...sans arrière pensée . 

lundi 18 février 2019

USA / IRAN : quelle offensive ?


Alors que les Etats-Unis et Israël  "convoquaient" à Varsovie un sommet des partisans d'une position dure à l'égard de l'Iran , la Russie ralliait à Sotchi ses alliés Iraniens et Turcs . Au-delà de l'offensive diplomatique de la semaine dernière on voit bien surgir deux camps qui préparent leurs "armes" .

Il ne s'agit pour l'heure que d'un rapport de force entre deux adversaires qui se "cherchent" mais le rapport pourrait dégénérer : d'un côté Israël émet des craintes (cf. le Hezbollah à ses frontières ) , de l'autre l'Iran cherche à Moscou (et à Pékin ) des soutiens alors que l'accord nucléaire de 2015 a été déchiré par Donald Trump : ainsi le jeux se font et se défont . 

Sauf que l'on se demande vraiment qui a intérêt à en découdre : Israël qui se sent menacé ? Riyad qui n'admet pas que l'Iran prétende à un leadership sur le Moyen-Orient ? Les Etats-Unis pour montrer leur force à l'égard de la Chine à toutes fins utiles ? 

Les réponses sont multiples et se recoupent . En revanche on ne voit pas l'intérêt qu'auraient l'Iran et la Turquie de mettre le "feu aux poudres" . Ni Moscou non plus . A moins qu'un "ordre de bataille " ne se mette en place avec , comme soutien , la Chine . Mais ce coup d'échec semble bien prématuré : on voit mal ce qu'une déstabilisation du Moyen-Orient apporterait aux uns et aux autres : qui aurait à gagner d'un nouveau choc pétrolier ...et d'une crise humanitaire dans un Moyen-Orient si désarticulé  après l'heureuse fin de Daesh ?

vendredi 15 février 2019

Pourquoi faire simple si l'on peut faire compliqué ?



C'est la question que se pose ma voisine qui répond au beau prénom de Prudence : son interlocuteur "Sécurité sociale"se nomme MFP (M = Mutualité) . Cet organisme s'est aussi adjoint la bucolique appellation  Solsantis . Pour l'instant c'est simple . Cependant ma voisine me dit que sa Mutuelle santé - contrairement à ce que l'on pourrait croire (cf. M ) - n'est pas MFP mais Intériale dont le service de gestion porte le nom poétique d' Almerys ) . 

Finalement rien de très compliqué sauf que l'organisme de Sécurité sociale lui a demandé d'ouvrir un compte (assurance maladie) au doux nom d' Améli . Pourquoi pas ? Mais on vient tout à trac d'indiquer à ma voisine que son interface " sécurité sociale " serait dorénavant la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie) et non plus MFP . Ma voisine Prudence , ouverte à la révolution numérique en dépit de ses 85 printemps , s'est décidée à confier ces modifications à son ordinateur pour s'en souvenir et pouvoir naviguer hardiment entre MFP-Solsantis , CPAM , Intériale-Almerys et son compte Améli . Ouf !

Or voici que Prudence est toute retournée : son amie Marguerite lui déconseille d'enregistrer ses mots de passe . Exaspérée , elle prétend évoquer son problème dans le cadre du " Grand Débat National " , doutant que les "Gilets Jaunes " lui fassent la courte échelle en relayant ses préoccupations . Quant à moi , je l'en ai dissuadée considérant que l'Elysée avait d'autres chats à fouetter et bien d'autres comptes à régler...

mercredi 13 février 2019

Espagne / Pedro Sanchez : suite et fin ?



Ainsi le gouvernement du socialiste Sanchez (issu d'une coalition hétéroclite et opportuniste) n'aura duré qu'un peu plus de 6 mois : une majorité tout aussi hétéroclite et opportuniste (alliance droite, centre et indépendantistes catalans) aura suffi à renverser le gouvernement en n'approuvant pas , aujourd'hui, le budget de l'Etat . De la sorte des élections législatives anticipées auront très probablement lieu (1) dans les semaines à venir, possiblement en avril . 

Le refus du Président du gouvernement Pedro Sanchez d'organiser un référendum sur l'indépendance de la Catalogne est à l'origine de la crise : les indépendantistes catalans ont , par dépit ou par calcul , apporté leurs voix au PP (droite) et à Ciudadanos (centre droit) . 

L'issue de ces prochaines élections est incertaine et il n'est pas sûr - voire improbable - que le gouvernement socialiste soit reconduit : une configuration droite + centre + extrême droite (?) est probablement en marche au moment où le PSOE décline et où l'extrême gauche perd des plumes .

 Une des inconnues du scrutin (2) à venir réside dans le potentiel du nouveau parti d'extrême droite VOX : est-ce l'émergence d'un nouveau mouvement populiste s'inscrivant dans la "fièvre du samedi soir " de l'Europe ? Je n'y crois pas ...mais .

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(1) Le Président du Gouvernement doit faire connaître après-demain vendredi sa décision.

(2) L'autre inconnue réside dans l'impact des probables élections législatives sur les élections municipales qui doivent avoir lieu (en principe) en mai prochain . Dont celle de Barcelone pour laquelle Manuel Valls est candidat .

dimanche 10 février 2019

" Gilets Jaunes" : le piège



Après une nouvelle journée de violences à Paris, Bordeaux, Toulouse etc...le piège se referme sur ceux de nos concitoyens , naïfs , qui disent encore soutenir le mouvement des "gilets jaunes" . Naïfs  : car d'un mouvement qui , au départ , affichait des préoccupations de survie économique et / ou d'indignation (taxe carbone , 80 km/h , baisse des APL , CSG ,  Linky etc...) , il ne reste plus qu'une vague radicale menaçant perpétuellement de passer par delà les bastingages .

Il en va ainsi - au-delà des voitures brûlées - des églises profanées en province et des inscriptions anti-sémites à Paris  . C'est notre démocratie qui se trouve menacée si , trop faible et passive , elle ne sait réagir autrement qu'en lâchant du lest .Car les ambitions politiques (Rassemblement national , France Insoumise) ont pris le dessus . Cela pour les extrêmes qui opportunément content fleurette aux mouvements anarcho-libertaires  . De son côté, la droite républicaine (celle de Laurent Wauquiez ) mange son chapeau après avoir retourné sa veste . Et le Parti Socialiste , lui ,  a bien du mal à gérer son ombre (celle que lui fait François Hollande) . Certains journalistes prédisent sinon une "guerre civile " du moins des lendemains qui déchantent tant la violence , l'irrespect et la haine ont , désormais , pignon sur rue .

Il faudra bien du courage , de l'opiniâtreté et de la finesse à Emmanuel Macron pour - après le Grand débat - ramener la rivière dans son lit tant elle bouillonne d'ire , de violences et de bouffonneries conjuguées , prenant le dessus des expressions de détresse ou d'indignations  véritables . Le Président , s'il veut retourner la situation , devra frapper un grand coup : par exemple un référendum sur une question qui éveille - enfin - nos concitoyens . Tout particulièrement ceux qui sont endormis éreintés par la "fièvre jaune du samedi " qui n'est en rien la "fièvre du Samedi soir " qu'ils espéraient : John Travolta s'en désespère .

vendredi 8 février 2019

Europe : extrémismes et populismes montent au front


" Qui se ressemble s'assemble" dit la sagesse populaire . C'est ce qui s'est passé en Italie où l'extrême gauche du mouvement "cinq étoiles" (Di Maio) s'est alliée à la droite extrême de Matteo Salvini (Ligue du Nord) . Cela a favorisé les dérives que l'on connaît (récession de l'Italie , endettement, ruades anti-européennes) , le tout illustré par le triste épisode d'une grotesque gesticulation  avec les "gilets jaunes" français .Cela pourrait rester anecdotique et prêter à sourire en se disant que , jadis, Rome a été bien plus décadente .

Mais , à y regarder de près , on voit des accointances surgir : en Espagne - Andalousie,  le parti d'extrême droite Vox s'allie au parti centriste Ciudadanos pour favoriser (le mois dernier) l'accès à la présidence de la Junta du P. P. (Partido Popular) mettant fin à des années de leadership socialiste dans la Communauté autonome d'Andalousie .

 En France des électeurs de la droite "Républicaine " se sentent de plus en plus d'atomes crochus avec le "Rassemblement national" ...et se retrouvent main dans la main sur les ronds-points . Bref, des alliances - apparemment contre nature - se nouent à droite et à gauche , les partis populistes agissant  comme des aimants .  

Salvini et Di Maio parient -ils sur les "gilets jaunes " pour tenter de sortir l'Italie de l'ornière ? Pari bien risqué et qui ne fera pas taire les surenchères entre partis extrémistes fascinés par le pouvoir.

vendredi 1 février 2019

USA / IRAN : contes et mécontes



40 ans après la Révolution islamique (1979) des étudiants " Sciences Po " me demandent une "piqûre de rappel " : ils ne comprennent pas la stratégie des Etats-Unis en Iran et ,notamment, ce qui poussa  - à l'époque -Washington à soutenir (contre Moscou) des islamistes en Afghanistan (cf point 3 ) .

1 -C'est peu dire que les relations Iran/Etats-Unis s'apparentent à une "montagne russe " avec des hauts et des bas inopinés . La situation actuelle, conflictuelle, s'inscrit dans une longue histoire dont le refrain a été "Je t'aime, moi non plus " . Car au départ , à l'époque du Premier ministre Mossadegh -  mis sur la touche part les Etats-Unis  pour avoir tenté de nationaliser le pétrole - l'Iran du Shah Reza Pahlavi tenait  le rôle de gendarme du Moyen-Orient pour le compte de Washington .

2-La disgrâce est venue lorsque l'Iran en 1973 a voulu tenir la "dragée haute" aux Etats-Unis en propulsant le baril de pétrole  à un niveau rédhibitoire (1) . En représailles , les Etats-Unis cessèrent de soutenir le Shah qui , pêché mortel aux yeux de Washington , se rapprocha de la France en faisant valoir son droit au nucléaire civil (cf. Atom for Peace ... comme le proclama Eisenhower dans les années 50  ) .

3 -C'est évidemment ce qu'il ne fallait pas faire et les Etats-Unis entamèrent une partie de billard : Car les soviétiques avaient entre-temps (en 1979) envahi l'Afghanistan : les américains soutinrent les islamistes pour stopper l'avancée de Moscou . Dans ce contexte les Etats-Unis considérèrent qu'un gouvernement islamiste en Iran serait un moindre mal qu'un shah autoritaire régnant à coups de savak et dont Washington commençait à mettre en doute la loyauté . Des analystes sont persuadés que langue fut prise (via l'ambassade américaine à Téhéran ) avec l'ayatollah Khomeiny . Nul ne peut l'affirmer car tant le Département d' Etat que la CIA restent discrets : on les comprends car , sur ce , naquit la République islamique iranienne en 1979 il y a juste 40 ans . 

4-Puis vint (1980-89) la guerre Iran-Irak et le soutien apporté par les Etats-Unis à Saddam Hussein . A la suite de ce conflit qui fît un million de morts l'Iran (assailli par l'Irak) voulut disposer d' une arme de dissuasion  . D'où le jeu chat/souris auquel se livra l'Iran pour se procurer (auprès du Pakistan) la technologie du nucléaire .

5-Mais l'Irak n'est plus un danger et la stratégie de dissuasion de Téhéran a été interprétée par Washington comme une menace à l'encontre d’Israël ...D'ailleurs les propos bellicistes de l'ancien président Ahmadinejad ont conforté les craintes de Washington :

- D'où l'accord nucléaire de juillet 2015 destiné à geler une possible stratégie de dissuasion nucléaire iranienne . Donald Trump se désengagea de cet accord en 2018 le trouvant trop timide et n'incluant pas les missiles balistiques  .

- D'où l'embargo décrété par les Etats-Unis sur l'achat de pétrole iranien et les sanctions qui vont avec et dont la population iranienne essuie les contrecoups .

Telle est la situation présente dont on a , effectivement, quelque peine à démêler les fils sans faire appel à Ariane .

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(1) Le 22 décembre 1973 l''Iran avait fait monter les enchères du baril de pétrole jusqu'à 12 $ alors que l'Arabie Saoudite se satisfaisait d'un baril à 8 $ . D'où l'ire américaine ...