Monde : quelle boussole ?

 

Le monde dort actuellement sur un lit de braises . Toutes les options sont ouvertes : une Terre aux prises à des tremblements tout autant qu'à de fols espoirs. On attend d'une semaine à l'autre la contre-offensive ukrainienne en direction du Donbass ou de la Crimée :  espoir tangible ou vague espérance ?

 A Pékin , contrairement aux apparences , la vie n'est pas tapis de roses : le Président Xi y a été contesté en raison de la politique du "zéro covid " et de l'autoritarisme qui l'accompagne  . Partant pour un troisième mandat , le président Chinois n'est pas totalement  sûr de voir les Routes de la Soie entièrement déployées. L'ambition chinoise viendra-t-elle à point nommé pour rééquilibrer l'Occident ? La boussole marquera -t-elle l'Orient ou l'Occident ? Y a-t-il un "entre-deux " ?

Pendant ce temps l'Afrique est en proie aux pires démons : entre rivalités ethniques et corruption peu de pays ont un horizon dégagé  . Quel avenir pour le Sahel où la Russie - Wagner aidant  - tente de se faire une place au soleil marquée par la Chine "à la culotte" ? La boussole marque , ici, le pas .

 Au Moyen-Orient , l'Iran est sur le point de basculer : une société civile émerge - tête haute désormais -  encouragée par des femmes n'ayant pas froid aux yeux en retirant leurs voiles . Entre temps Israel semble reléguer aux oubliettes la solution " à deux Etats" pour régler le problème palestinien ; cela va de pair avec la radicalisation du gouvernement qui semble éprouver la tentation de mettre en place un modèle théocratique .

Le pendule désormais oscille vers les Amériques : Au Nord , Biden - à la fois ferme et mesuré -  a le vent en poupe et il n'y a guère de doute que , scotché par des "affaires" , Trump soit empêché de Maison Blanche ...et plus encore de Capitole . Au Sud ( Amérique latine)  le vent tourne un peu partout à gauche donnant, çi et là , d'utopiques espoirs . 

La boussole , en ces temps , a quelque mal à trouver le Nord . Elle bat en retraite ...

Michel Onfray : incohérences

 

Michel Onfray , écrivain prolixe s'il en est , entonne dans ses différents ouvrages ( à vrai dire monuments de connaissances ...) son couplet d'athéisme . Il est rare que dans ses livres (il en a écrit plus de 100) il n'affirme que Jésus n'a pas existé et que tout cela (tant le personnage que la dimension "Christique" ) relève du mythe . Une large part de son dernier livre ( Anima) désosse d'ailleurs ce qu'il considère comme une affabulation . 

Pourtant un simple syllogisme démontre qu'Onfray a tout faux . En effet , il ne nie pas la réalité , l'historicité du personnage de saint Paul mais il soutient que son "chemin de Damas" relève de la pathologie et que l'identité de Jésus a été forgée de toutes pièces . Or dans un précédent livre (Décadence p. 72 et suivantes) Onfray évoque le "concile " de Jérusalem de l'an 51 auquel - souligne-t-il - ont participé des disciples et apôtres de Jésus : Paul , Pierre , Jean , Jacques et Barnabé . 

Ainsi comment peut-on à la fois nier l'historicité de Jésus et en même temps admettre la réalité d'une assemblée où - en 51 - sont réunis les tout premiers disciples de Jésus ? Qui dit "apôtres" ou  "disciples" entend l'existence d'un  "Maître " qu'il soit présent ou absent  : Michel Onfray a-t-il saisi ce qui n'est pas - à mon sens -  une simple nuance ? . Cela n'enlève en rien à ses mérites de philosophe-commentateur-déconstructeur mais cela permet de rendre suspect son athéisme et de s'interroger sur ses talents  d'historien .

I.A / impact sur les croyances

 

Chat GPT dans sa dernière version (4) aurait réponse à tout et , notamment , à l'intelligence et à la compréhension du cosmos . L'Intelligence Artificielle (dont Chat GPT est l'une des composante ) nous conduirait, de la sorte, à un tournant majeur de notre civilisation .

Mais au-delà des aspects prédictifs possibles ou probables dans le monde des techniques et des sciences on est en droit de s'interroger sur l'impact de I.A. sur les croyances : connectés à des dizaines de milliers d'ordinateurs et de sources possibles serons nous en mesure de comprendre - et de situer - le rôle de Jésus , de Mohamed ou Bouddha ? Saurons-nous , avec l'aide d'un Chat GPT 5 ou 6 décrypter le rôle et l'impact "cosmique " de chacun (c'est-à-dire aussi le rôle spécifique de la Terre dans le Cosmos et son identité particulière au sein de la Création ) . 

Devant ces interrogations légitimes (auxquelles jusqu'à présent - et pour la religion chrétienne - seuls les Pères de l'Eglise et les philosophes ont répondu ) le Vatican est peut-être maintenant en droit de s'interroger sur la cohérence de ce qu'il est convenu d'appeler "paroles d'Evangile" . Entre la noosphère de Teilhard de Chardin et le Cloud ,  l'I.A nous dira peut-être un jour s'il existe une parenté et quelle est sa portée . Nous éclaira-t-elle pour autant sur les contorsions d'un  Michel Onfray tentant de définir la nature de l'âme ? Ce serait là plus qu'un tournant de nos civilisations : ce serait une nouvelle Epiphanie qui bousculerait notre monde !

E.Macron / retraites : l'effet bulldozer

 

Ainsi la loi portant allongement (64 ans) de l'âge de la retraite a été promulguée dans la nuit . Pour certains  il s'agirait d'une provocation d'Emmanuel Macron alors même que les syndicats  souhaitaient un temps de réflexion . C'est en fait un trait de caractère  du Président que de "foncer" en sautant les obstacles réels ou symboliques . Sa devise ( a-t-il dit en visitant le chantier de Notre-Dame )  est "je ne lâche rien " . Ce serait une sorte d' "aléa jacta est " comme  dans l'antiquité (Agathocle devant Carthage ...) on  brûlait ses vaisseaux pour éviter toute tentation de retour en arrière .

Il lui sera probablement difficile de tourner la page car , faute d'une bonne communication (et d'un débat serein au parlement) les français n'ont pas encore intégré la nécessité de la réforme des retraites . Abreuvés par les extrêmes et convaincus par le bon sens de Laurent Berger , les français (2 sur 3) sont encore persuadés d'une option technocratique choisie à dessein par le gouvernement . 

Nos concitoyens restant dans l'affectif plus que dans le rationnel , ils risquent de franchir le Rubicon en 2027 et de passer le témoin au Rassemblement national . E. Macron (qui ne peut se représenter ) aura bien du mal à tourner la page . Cependant l'effet bulldozer peut aussi le servir s'il sait écraser et réduire à néant les rancœurs : mais ce n'est pas une mince affaire ! 

E .Macron / Chine : mystère et boule de gomme ...

 

Les récents propos du Chef de l'Etat à propos de la Chine et des Etats-Unis sont troublants . Alors que Pékin était en train d'effectuer des manœuvres dissuasives dans le détroit de Taïwan , E. Macron souligne la nécessité , pour la France , de ne pas s'aligner sur les Etats-Unis . Certes le "non alignement" fait toujours partie de la position française (cf. De Gaulle et l'Otan ) comme ce fut le cas en 2003 à propos de l'invasion américaine en Irak . 

Pourtant actuellement  les dés semblent "pipés" et le moment mal choisi : C'est bien grâce aux USA que la Russie est repoussée de l'Ukraine et - de la même manière - il est malencontreux de "briser le front " qui s'oppose à une intégration forcée de Taïwan dans la République Populaire de Chine . Ce qui est vrai "d'un côté des Pyrénées" ne serait plus vrai de l'autre ?  faut-il "jeter un mouchoir " sur Taïwan comme on aurait pu être tenté de le faire sur l'Ukraine ? Non, assurément .

Elysée / Matignon : couacs

 

La Première ministre a dû se faire "recadrer" par l'entourage - très proche - d'Emmanuel Macron à la suite de ses propos tendant à s'émanciper de la "feuille de route " présidentielle . Cela fait quelque peu penser à Jacques Chaban-Delmas cherchant à sortir de l'ombre de Georges Pompidou il y a une cinquantaine d'années . Exit , ensuite, l'idéal de la "nouvelle société" , celle en quelque sorte désormais prônée par Laurent Berger (à mots couverts) . 

Emmanuel Macron pense - à juste titre - qu'une réforme des retraites est indispensable . Par contre a-t-il suffisamment consulté notamment les entreprises ? Alors qu'en Espagne - notamment - les entreprises sont mises à contribution rien de tel en France or il aurait pu y avoir un "partage du fardeau" entre cotisations et prélèvements sur les grosses entreprises (du CAC 40 par exemple ) . 

Le président , selon sa méthode (cf. la réforme de la haute fonction publique) déploie la stratégie du bulldozer . Avec les risques que cela comporte ...au-delà des "couacs " actuels .

Qu'est devenu le parti socialiste ?

 

Le score aux dernières présidentielles d'Anne Hidalgo : 1,75 % en dit long sur le chemin de croix du parti socialiste . Pour ne citer qu'eux tant Jaurès que Blum doivent se sentir mal à l'aise dans leur tombe .

Face à cette hécatombe la NUPES est apparue comme une bouée de sauvetage où certains - quittant le bateau - ont voulu grimper dans le radeau que constitue cet assemblage lacustre . Au pire la NUPES est un assemblage d'aigris révolutionnaires , au mieux il s'agit d'une plateforme de mécontents regroupant les Ruffin, les Corbière, les Tondelier , et - pour peu de temps - Fabien Roussel . Ceux-là veulent une VI ème République ...qu'en embuscade Mélenchon / Robespierre appelle de ses voeux . 

Finie l'utopie socialiste , enterré le Congrès de Tours ...Voilà les danses de carmagnole qu'alimente  la valse des étiquettes . Fidèle à Jaurès ou à Blum , le parti socialiste aurait pu être un horizon pour les mécontents et (comme dit Mélenchon ) les "pauvres gens" c.-à-d. les gens pauvres . Mais Olivier Faure a perdu son panache en même temps que sa crédibilité dans le brouillard de la NUPES . Il a perdu , également,  son rameau ... d'Olivier .