Eric Zemmour : arbitre élections présidentielles ?

 Eric Zemmour n'est pas un technocrate, il n'a pas fait l'ENA et apparaît - pour certains - davantage comme un trublion doublé d'un ludion . Ce serait un populiste "pédagogue" , une sorte de Michel Onfray descendu dans l'arène politique . Et pourtant - s'il se présente - il tient peut-être en mains le sort de l'élection présidentielle d'avril prochain . 

Certes , il n'est actuellement crédité que de 5 à 6 % des suffrages (1) mais il fait peur à Marine Le Pen ...tout comme à la "droite républicaine" . Avec son impressionnante culture , avec son franc parler et ses raccourcis saisissants , Eric Zemmour peut capter 8 à 10 % des suffrages en avril 2022 . Dès lors, le report des voix qu'il peut susciter ou non au second tour peut jouer tant en faveur d'Emmanuel Macron , de Xavier Bertrand ...ou de Marine Le Pen . 

Sans détenir le trousseau de clés de la présidentielle , Zemmour peut ou non ouvrir une lucarne ou un vasistas . Evidemment il ne croit pas une seconde qu'il peut remporter les élections mais il sait qu'il peut actionner la girouette du clocher . Assis sur ses valeurs "à la Française " ce ne serait pas nécessairement lui déplaire que de l'amener , perché sur un clocher , à chanter quelques retentissants "cocoricos" .

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(1) sondage IFOP pour Le Point du 17,juin 2021

Partis politiques extrêmes : purge et purgatoire

 

Ainsi les sondeurs avaient mal sondé : le Rassemblement national (Extrême droite) n'a pas eu le vent en poupe tout comme - mais on s'y attendait - le mouvement mélenchonien LFI . Alors que certains imaginaient un raz-de-marée Trumpiste sous l'ouragan Marine Le Pen , c'est une forme de sagesse qui l'emporte (cf. Xavier Bertrand dans la région des Hauts-de-France ) . Le courant populiste semble - pour l'instant au moins - avoir fait long feu . 

Il faut dire que le programme du R.N. était particulièrement étique , preuve s'il en est qu'il ne suffit pas de surfer sur l'immigration . Le défi multiculturaliste , la perte d'identité sont certes des défis majeurs mais on ne saurait s'y "attaquer" si l'on est pas soi-même un parti crédible . Or le Rassemblement national n'apparait pas crédible et les litanies sécuritaires ne suffisent pas . Xavier Bertrand , lui , l'a compris .

 Le Président Macron (à la veille de la présidence de l' Union européenne)  saura-t-il faire  la synthèse des aspirations des Français (sécurité, emploi , valeurs et rayonnement de la France ) et fixer un cap qui ne soit pas l'archipel actuel des communautés juxtaposées ?

Israël/ère post-Netanyahu : Blanc bonnet , Bennett blanc ?

 

Difficile d'imaginer une révolution dans la politique internationale du nouveau gouvernement israélien aux composantes hétéroclites . Mais il faut aussi prendre en compte que , pour Israël , politique internationale et politique intérieure s'entremêlent . 

1-Naftali Bennett (droite radicale) tout comme Yair Lapid (centre gauche) n'admettront pas que l'Iran puisse détenir l'arme nucléaire . Il faudra des trésors de patience pour qu'Israel intègre que la seule perspective d'une capacité nucléaire est - pour Téhéran - un élément nécessaire (et suffisant)  de dissuasion . 

Il est vrai que l'Irak n'est plus - comme dan les années 1980 - une menace et donc que la dissuasion ne s'exerce pas à l'encontre d'ennemis devenus virtuels . Mais pour la République islamique le virtuel existe probablement comme potentialité . Difficile cependant d'imaginer que Bennett ait la tentation de saborder les négociations deVienne sauf à assumer le risque d'un Iran instable et pouvant , à l'occasion des prochaines élections présidentielles , déraper . 

2-En revanche le dossier Palestinien peut évoluer dans la double perspective d'un départ prochain de Mahmoud Abbas , leader théorique de l'Autorité palestinienne et du relais que devrait assurer Yair Lapid à la tête du gouvernement en 2023 ( si le "pacte de gouvernement" se concrétise) . Un troisième élément viendra de l'intérieur : la lassitude de l'opinion publique israélienne et le facteur démographique jouant en faveur des palestiniens  . Dans ce contexte il ne sera plus question d'annexer la vallée du Jourdain et de coloniser à outrance la Cisjordanie comme l'envisageait Benjamin Netanyahu .

En revanche Naftali Bennett , ultra nationaliste , convoquera peut-être les sources bibliques pour faire croire qu'un peuple palestinien est une fiction . Ce sera difficile à faire admettre sauf à en appeler aux mânes de Golda Meir qui réfutait jadis , dans les années 60 , l'existence d'une nation palestinienne .

Elections présidentielles : le test "nucléaire"

 

La campagne électorale qui démarre amène à des interrogations : les candidats potentiels ont-ils un bon équilibre psychologique ? C'est - au vu de récentes déclarations relayées par les médias - une question qui se pose : peut-on , à l'occasion d'une élection présidentielle , remettre le sort d'un pays , l'avenir d'une Nation entre les mains de n'importe qui comme l'on ferait - sans en avoir testé la capacité et la confiance - lors d'un appel à un serrurier ?

Une question "existentielle" qui permet de porter un jugement et d'orienter un vote est celle-ci : le "bouton nucléaire" peut-il légitimement être confié à telle ou tel candidat à la Présidence de la République ? 

C'est - sans fantasmer - une réflexion que l'on peut avoir avant de mettre son bulletin dans l'urne . A priori et quand bien même cela reste subjectif et aussi à intégrer dans toute une chaîne de commandement , je sais à qui je ne confierai pas la clé de l'arme nucléaire . Par delà les affirmations , les capacités ou l'empathie suscitée  c'est là , à mon sens , un paramètre discriminant . 

Afrique : déclin de l'influence française

 

Il faut bien en convenir , l'Afrique n'est plus la "chasse gardée" de la France tout comme l'Amérique latine n'est plus "l'arrière cour " des Etats-Unis . Certes nous sommes présents au Sahel en raison de considérations stratégiques et de sécurité de même que nous "épaulons" traditionnellement les grands groupes français qui font affaire , notamment , en Afrique de l'Ouest . Mais l'influence de la France tend à diminuer et quelques signaux le démontrent . 

Ainsi le Gabon fait volte-face : le Président Ali Bongo vient de rencontrer le mois dernier le Prince Charles en exprimant son intention de rejoindre les 54 Etats du Commonwealth britannique . La candidature du Gabon doit être examinée au prochain sommet de Kigali quelque peu décalé . Les médias gabonais n'y vont pas de main morte : ils affirment que la France est en perte de vitesse sur le plan économique et culturel et que le Royaume-Uni (s'appuyant sur le Commonwealth) est désormais la véritable locomotive . Ils rappellent aussi (perfidement ? ) que l'ancien président gabonais Omar Bongo (ex-Albert-Bernard Bongo) avait (contrairement aux traditions - cf. Léon M'Ba) choisi le Royaume-Uni et l'Allemagne pour s'y faire soigner .

Après l'adhésion au Commonwealth de 2 pays francophones : le Mozambique en 1995 et le Rwanda en 2009 l'adhésion du Gabon est un signal (amer) du déclassement de la France ...et de l'Union (?) . La Grande-Bretagne au contraire semble aller de l'avant sous le couvert du plus large drapeau bleu et or   

Colombie : "feu aux poudres" , Amérique latine à la dérive ?

 

Un ami , résidant à Cali , m'alerte à propos de la situation en ce moment la Colombie . La dégradation économique liée notamment de la pandémie (forte chute du PIB) a conduit le gouvernement (Président : Ivan Duque) à lancer un vaste plan d'économie et de réforme fiscale . Ces mesures draconiennes ont mis le "feu aux poudres" dans un pays où le quart de la population de 50 millions vit sous le seuil de pauvreté .

L'armée est intervenue et les émeutes (notamment à Cali ) se propagent . Le gouvernement Colombien semble vouloir faire marche arrière pour éviter que ne reproduisent les scénarii de "Violencia "  qu'a connus jadis la Colombie . Après 1 mois de soulèvement et 60 morts + plus de 2000 blessés il est urgent que la "Communauté internationale " se préoccupe de la situation (cf. L'enquête que vient de réclamer Mme Michelle Bachelet , Haute-Commissaire aux Droits de l'Homme ) .

Suite à la noria de troubles qui ont secoué l'Amérique latine (Bolivie, Venezuela , Perou , Paraguay , Equateur, Honduras , Nicaragua  ...) beaucoup craignent que l'incendie ne se propage . Certains évoquent une situation similaire aux "printemps arabes" . Je ne le pense pas car les islamistes , Dieu merci , ne sont pas présents dans un sous-continent majoritairement catholique . Un point de ressemblance toutefois : les mesures qui frappent au porte-monnaie des populations en situation d'extrême pauvreté (comme en Tunisie en 2011 et , plus tard , en Irak ou au Liban en ce moment ).