vendredi 28 décembre 2018

E. Macron : quadrature du cercle ?



C'est un simple constat que d'évoquer une situation aussi complexe que la quadrature du cercle . Et on regrette que le Président - comme jadis F. Mitterand - ne puisse avoir recours à une pythonisse tant il paraît difficile de rebattre les cartes ...

Quelle carte pour 2019 ? C'est bien là la question et il serait outrecuidant d'y répondre ... sauf à laisser courir son imagination . Car , depuis l'affaire Benalla  , depuis les "gilets jaunes" on constate qu'en France - et particulièrement en cet hiver - les rouages sont grippés .

Faute de vraies courroies de transmission le Président ne peut dissoudre l'assemblée ...sauf à jouer "quitte ou double" et à exposer la France à des situations incongrues (M.Le Pen , JL Mélenchon) .Prendre l'initiative d' un référendum ? Le Président Macron serait sanctionné tant des ressentiments (injustes bien souvent et absurdement haineux) à son égard courent sur les réseaux sociaux ...Alors que faire ? Peut-être nommer un nouveau Premier ministre ...

En fait on  ne sait plus sauf à tomber sur une évidence : on ne peut sortir d'un cercle doublé d'un carré que par le haut . Ascension donc , après Noël .., en s'efforçant d’élever le débat qui va être engagé .

Comme le disait jadis F. Hollande (qui tente un retour en scène) tout tient dans la confiance . A Emmanuel Macron d'en renouer les liens . Ce sera difficile sauf à trancher quelques nœuds gordiens  et tenter de reprendre pied avec le levier international et européen ...tout en sachant que ce levier ne saurait être catapulte et que reprendre pied ne signifie pas d'emblée reprendre la main . Une "longue marche " l'attend .


lundi 24 décembre 2018

Démocratie française : paradoxes et illusions



A la veille de Noël, de ses fifres et hautbois on ne peut que s'interroger sur des contrastes : le Tribunal administratif de Montpellier (donc l'Etat) interdit une crèche dans des locaux municipaux de Béziers alors que - dans le même temps - des "gilets jaunes " entonnent à Paris des chants antisémites et que l'on tente , près des Champs Elysées , de lyncher des policiers . Contraste donc ...

Tocqueville se retournerait dans sa tombe s'il constatait aujourd'hui - au delà de l'Amérique qu'il observait - les travers actuels de la démocratie française . Elle baigne dans les illusions et se heurte aux paradoxes : le mouvement des "gilets jaunes " qui exprimait un ras-le-bol à l'égard de mesures incomprises ou brutales dégénère maintenant en un vibrion anarchiste ou fascisant dans lequel extrême droite et extrême gauche tentent de faire leur beurre et tirer les marrons du feu . 

Les citoyens sont déboussolés : que l'Etat se trouve dans l'incapacité de mettre fin aux violences , aux saccages de commerces et monuments,  et cela dans une démocratie est inconcevable ...alors que dans le même temps on focalise sur une crèche qui est - aussi - au-delà d'une croyance, l'expression d'un rêve enfantin . A. de Tocqueville est bâillonné et l'on s'interroge : les médias lui tendraient-ils aujourd'hui un micro alors qu'il est confisqué par des "gilets jaunes " qui se rengorgent en regrettant de ne pouvoir "débusquer" (!) le Président du Palais de l'Elysée ? 

Dans ce rocambolesque (et tragique) contexte on ne peut que s'interroger sur l'exemplarité de la  "Démocratie françaises" . Il est vrai qu'après 1793 est arrivé Bonaparte ...et puis Napoléon . Hegel un instant fasciné s'est vite aperçu qu'il s'était fourvoyé (1).

Ainsi donc et avant d'imaginer une "lame de fond" dont les "gilets" seraient la romantique expression et le signe avant-coureur l'on devrait se demander s'il n'y a pas là l'expression d'une faiblesse de notre démocratie incapable de s'affirmer .

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(1) lettre de Hegel à son ami Niethammer "j'ai vu l'Empereur , cette âme du monde ..."( octobre 1806)

samedi 22 décembre 2018

USA : retour à la maison ?



Ainsi les Etats-Unis ne seraient plus les "gendarmes du monde" et entonneraient désormais le refrain isolationniste de James Monroe . C'est en tout cas la position de M. Trump qui donne l'impression de sacrifier son bon ami Netanyahou en se retirant de Syrie ...et en laissant ainsi un espace à prendre par l'Iran (et aussi par la Turquie) . 

Faut-il croire en une vision stratégique d'un repli "à la maison" ou bien à un pur calcul comptable en raison du coût d'un maintien sur place des forces spéciales américaines?  Si les calculs demeuraient strictement financiers il est à craindre (ou à souhaiter selon le camp) que les Etats-Unis plient bagages de leurs bases en extrême-orient (1)

 Faut-il s'attendre à la remise en cause de la stratégie de "containment " de la Chine (comme cela a été le cas dans le domaine économique avec le retrait US de l'accord TPP négocié par Obama ? ) .

Si  M. Trump avait une vision réduite à un prisme financier on pourrait alors se demander si , à terme, il n'envisage pas de remettre en cause le traité de San Francisco (1951 et 1960) au terme duquel les marines américains "campent " au Japon (Okinawa en particulier) . Cela ferait bien l'affaire de la Chine ...qui , comme on le sait, se sent aujourd'hui pousser des ailes .

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(1) Lors de sa campagne électorale M. Trump avait déploré le coût de la présence américaine au Japon (50 000 soldats environ dont un peu plus de la moitié sur l'île d'Okinawa : au total un coût d'environ 6 milliards $ que le candidat trouvait alors exorbitant )

jeudi 20 décembre 2018

Référendum : amnésie médiatique ?



Alors que les "gilets jaunes " vibrent au son du refrain "référendum d'initiative citoyenne" tout chaud issu du programme de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon (Parti France insoumise) , un silence radio tient lieu de commentaire  concernant l'actuelle procédure référendaire inscrite dans la Constitution et non utilisée jusqu'ici dans son aspect "initiative populaire" .

Car depuis la révision constitutionnelle de 2008 (mandat de Nicolas Sarkozy) l'article 11 prévoit bien - sans en employer mot à mot l'expression - un " référendum d'initiative partagée"  (c'est-à-dire couplant initiative parlementaire et expression des électeurs ) . 

Plutôt que d'enfourcher le programme de M. Mélenchon (et la récupération qui va avec) il aurait été judicieux de rappeler ce qui existe déjà dans la constitution , outil qui n'a jamais été - à ce jour - utilisé . Cela suppose que 20% des députés décident de lancer un projet ou thème de référendum et que 10 % des électeurs soutiennent cette proposition .

Est-ce si difficile ? Ne peut-on imaginer qu'à la suite du"débat national" prévu durant les 3 mois prochains , sa conclusion et les mesures qui en découlent fassent l'objet d'un référendum d'initiative partagée associant donc parlement (qu'il n'y a pas lieu d'écarter) et le peuple (qu'il convient d'associer étroitement comme partie prenante et force vive du débat national ) ?

Mais si l'on veut aller plus loin et parfaire encore la procédure de "référendum d'initiative partagée" on peut aussi inverser les leviers : une proposition de loi constitutionnelle pourrait donner l'initiative aux 10 % de citoyens et le "soutien" à 20 % des parlementaires : nous serions donc , dès lors , dans une situation de référendum d'initiative partagée à  prééminence populaire ...donc citoyenne (CQFD) .

mardi 18 décembre 2018

Réformes ou tracasseries : confusion




Les sociologues et analystes de tous bords n'en finissent plus de tenter de décrypter le phénomène "gilet jaune" . Certes il y a les laissés pour compte de la mondialisation , les populations oubliées de la "périphérie" mais il y a , aussi , dans l'esprit des gouvernants , la confusion entre réformes et tracasseries . Georges Pompidou l'avait bien compris qui disait "il faut cesser d'emm....les Français".

Or nombre d'initiatives ne sont que tracasseries désuètes ou mal expliquées : les 5 euros de réfaction d' APL pour les étudiants , la limitation de vitesse à 80 km/h , le remplacement des chaudières à fioul ...et le compteur d'électricité Linky venant subrepticement interférer avec notre vie privée sans explication et "à la hussarde " . 

C'est probablement pour contrer une vague condescendante de tracasseries et de pseudo réformes (à la différence de la réforme - acceptée - de la SNCF ) que bon nombre de Français veulent prendre la parole avec un "référendum d'initiative citoyenne".  Nos concitoyens réclament cette parole comme " droit d'usage " ...sans forcément avoir en tête qu'une telle procédure existe déjà (au moins partiellement) dans notre Constitution .

lundi 17 décembre 2018

COP 24 : demi - succès / demi - échec



La COP 24 n'a pas soulevé d'enthousiasme : elle donne quelques munitions à l'accord de Paris (COP 21) mais ces balles sont encore " à blanc " . Car les "munitions" ne sont que des clauses techniques : des prescriptions pour lutter contre le réchauffement climatique sans s'assurer que le traitement sera efficace . Car il n'y a guère de mesure nouvelle adoptée à Katowice : aucune accélération de la lutte contre le réchauffement (pas de modification du rythme de diminution du gaz à effet de serre ) si ce n'est des voeux pieux et un appel pressant du Secrétaire général O.N.U.

Certes, la COP 24 aura précisé le mode d'emploi technique des mesures et  elle aura indiqué comment  assurer la transparence des efforts de chaque Etat signataire . Mais l'on se situe toujours sur une trajectoire + 3 degrés fin de siècle alors que l'objectif de la COP 21 (et de la COP 22) était de +2 degrés (avec un souhait de + 1,5) .

Il n'est pas étonnant que les "petits Etats insulaires " ne soient pas satisfaits surtout lorsqu'ils voient les USA , l'Arabie Saoudite , la Russie remettre en cause le rapport alarmiste du GIEC . Certains disent qu'il aura été davantage question des mines de charbon américaines ...ou polonaises .Pas un mot (apparemment) du nucléaire pour tenter de trancher le débat entre les tenants du nucléaire propre ( car décarboné ) et ceux qui soulignent les risques de dépendance liés à l'approvisionnement en uranium et aux embarrassants déchets des centrales . 

Bref, la COP 25 qui se tiendra l'an prochain au Chili (après défection du Brésil) aura encore fort à faire pour que les îles Marshall et les îles Fidji retrouvent le sourire . La France sera-t-elle , l'an prochain, davantage partie prenante qu'elle ne l'a été (cf.gilets jaunes...) cette année à Katowice ? La voix de la Chine portera-t-elle et aura-t-elle sa place dans la "Nouvelle Route de la Soie" alors que les Etats-Unis iront peut-être encore "au charbon" ?

vendredi 14 décembre 2018

ZONE EURO : De l'avant !



La morosité ambiante (mouvements populistes , terrorisme ) masque évidemment les avancées . C'est pourtant une avancée majeure de voir enfin se concrétiser l'idée - portée par la France - d'un budget de la zone euro . Certes le schéma adopté est moins ambitieux qu'imaginé au départ puisque son objectif sera d'abord la convergence des politiques économiques plus que la mise en place d'un "mécanisme anti-crise" . 

Mais la volonté de faire converger les économies de la zone euro est essentielle pour aller de l'avant et stopper le " détricotage " que des mouvements extrêmes (de droite , de gauche ou bien - comme en ce moment - "sans genre" ) mettent à leur programme en vue des prochaines élections européennes. 

Au moment où les Etats-Unis prennent leur distance avec l'Europe, au moment où, à l'Est , un "bloc asiatique " est en voie de constitution autour de la Chine , il est essentiel que l'Union européenne se fasse entendre . Pour cela , en son sein , il est heureux que le premier cercle des 19 de la zone euro parlent d'une même voix sur le plan économique , préalable (qui sait , bientôt ? ) à une même voix sur le plan politique .

mardi 11 décembre 2018

Inde / Chine : le défi djihadiste



Loin de Paris et des "gilets jaunes" (un défi - aussi - pour la France ) il existe d'autres défis dans des régions plus excentrées : le défi djihadiste en est un et , loin d'être une pomme de discorde, il semble de nature à rapprocher l'Inde et la Chine , deux nations sœurs et pourtant ennemies .

Ainsi la province autonome chinoise du Xinjiang est le théâtre d'une répression sévère de la part de Pékin (cf. les camps de rééducation) mais elle pose aussi problème tant à l'Inde qu'à la Chine : des islamistes proches du parti islamique du Turkestan pourraient faire cause commune avec les Talibans qui inquiètent New-Delhi depuis l'Afghanistan et le Pakistan proches . 

Le problème est d'autant plus sérieux qu'il est à un croisement : d'un côté la nécessaire défense des Droits de l'Homme (et donc la protection des minorités) et , de l'autre, le retour de Syrie de djihadistes Ouïgours partis combattre Bachar-El - Assad et , aussi , de fait ,  soutenir Daesh .

Les rumeurs "complotistes" vont bon train : certains soutiennent que ces djihadistes seraient ( en sous  - main ) soutenus par les Etats-Unis, d'autres qu'ils seraient aidés par la Turquie . Bref , tout cela n'est pas clair et d'aucuns se souviennent de l'existence - aux Etats- Unis - d'un gouvernement en exil de la ci-devant République du Turkestan oriental .

 Ainsi les menaces islamistes sont un point de rencontre (heureux ou malheureux ? ) entre la Chine et l'Inde, deux nations essentielles du continent asiatique , continent qui est en voie de structuration autour de 3 pôles (Inde , Chine , Japon ) mais qui - pour l'heure - se regardent encore en chiens de faïence .  

dimanche 9 décembre 2018

La France a-t-elle perdu ses repères ?



Un pays sans repères ? C'est ce que l'on ressent en parcourant la presse internationale : Le tohu - bohu de ces dernières semaines est difficilement décryptable depuis Washington , Moscou ou Pékin . Peut-être aussi depuis Rodez, Toulouse ...ou Vaison-la- Romaine . 

Car bien d'autres pays de l'Union européenne ont connu des moments difficiles  dans lesquels les plus pauvres , les classes moyennes , les retraités ont été mis à l'épreuve :  Espagnols , Portugais , Grecs  et aussi  Italiens (qui se sont révoltés dans les urnes ) . Mais , de violences urbaines , point !

Faut-il admettre que nos concitoyens qui ont revêtu leur gilet jaune se sentent pousser des ailes , emportés par une ardeur toute révolutionnaire ? Alors même que notre pays est "champion " des prélèvements (1) pour assurer un maximum de services (éducation , santé ...) des Français dressent des barricades et de nouveaux gavroches lancent des pavés . Pourquoi , comment en est-on arrivé là ?

En réalité la France a perdu son identité sociale et culturelle : Les exclus de la "France périphérique " sont les exclus tout court d'une nation qui perd progressivement son unité . Cette unité est celle que recherche M .Mélenchon dans les vapeurs (opiacées...) des appels à l'insurrection . Elle est aussi , probablement, le credo de Mme Le Pen lorsqu'elle se drape dans les plis d'un nationalisme étriqué et offusqué . 

Au-delà de la taxe carbone , la colère exprimée par les "gilets jaunes "est celle d'une quête d'unité et d'identité . Une quête désespérée de reconnaissance , d'identité et d'unité à reconstruire...

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(1) Les prélèvements atteignent 1000 milliards d'euros dont 750 milliards sont redistribués .

jeudi 6 décembre 2018

Elysée : faire face , reprendre la main



Au moment où les institutions de la République sont menacées , il appartient au Président de la République de faire face plutôt que de faire "gros dos"comme certains ( peut-être à l'Elysée ou chez "En Marche " ) le lui soufflent . 

Vouloir laisser transformer une revendication financière en crise politique est une aberration . Non , la France ne peut s'asseoir à la table des nations populistes qui se barricadent . La France de 2018 est certes l'héritière de 1789 mais , plus encore, des Lumières . En tout état de cause elle ne se reconnait pas dans le triste épisode de 1793 .

Certes, il y a - comme le dit  le sociologue Christophe Guilluy - une "France périphérique" et une classe moyenne en partie déconnectée du monde globalisé , certes il y a des revenus précaires , certes la solidarité est nécessaire ainsi qu'une juste redistribution des revenus , mais cela ne justifie en rien que l'on aide les "casseurs " à casser les valeurs républicaines et que l'on chamboule les institutions en dansant la carmagnole . 

Le Président Macron - plutôt que d'attendre samedi et de faire le constat de possibles ou probables violences - a tout intérêt (il me semble ) à faire face et d'en appeler aux Français qui encore lui font confiance .

samedi 1 décembre 2018

Paris brûle-t-il ?


La jonction pressentie des partis extrémistes et des "casseurs" de tous poils a , une nouvelle fois, fait dégénérer une manifestation prétendument pacifiste .

Mais cet après-midi une cassure s'est produite :  un symbole de l'unité républicaine et de la mémoire nationale a été souillé : à l'Arc de Triomphe de l'Etoile , le tombeau du soldat inconnu a été piétiné par des "gilets jaunes " probablement éméchés (1) et se voulant à l'assaut d'une nouvelle Bastille .  

Cet après midi les "casseurs" ont cassé et ont taggé un lieu qui pour les Français est un sanctuaire . Une page semble s'être tournée de l'unité nationale : alors que l'extrême droite de Marine Le Pen et l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon ont soufflé sur les braises les voici qu'ils tentent , à pas feutrés, de s'éloigner des casseurs . Finalement ce sont , eux aussi , les casseurs de nos institutions.

Aujourd'hui l'unité nationale se trouve bien malmenée : Emmanuel Macron aura fort à faire pour réconcilier nos concitoyens tant la bêtise et la haine ont assombri la flamme sous l'Arc . Le mouvement des "gilets jaunes" s'est trouvé pris en otage : le plat qu'il entendait servir était peut-être trop faisandé ...

Je m'interroge: que répondre à ma voisine qui me demande pourquoi les appels à l'insurrection véhiculés par certains "gilets jaunes " ne tombent pas sous le coup de la loi ? Veut-on refaire 1789 ou bien 1793 ? J'en doute , heureusement ...

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(1) Il semble bien que les auteurs des violences ne soient pas exclusivement des "casseurs" ou des extrémistes encartés mais aussi des "gilets jaunes" prétendument pacifistes mais saoulés par des vapeurs insurrectionnelles .