Russie : de " l'eau dans le gaz "

 

Ainsi la Russie , en refusant de vendre son gaz payé en euros ou en dollars , se tire une balle dans le pied : on sait que la vente de pétrole et de gaz représente 45 % des ressources budgétaires du pays et 65 % du montant de ses exportations . Mais , autant l'Europe , en mettant en œuvre sinon une "économie de guerre" , du moins un panel de restrictions , peut tenir le coup , autant la Russie va se trouver - comme la cigale de la fable - fort démunie .

En effet, l'Inde et la Chine ne pourront compenser la perte des marchés européens . Qui plus est la Chine ou l'Inde n'achèteront pas au prix du marché . En outre, l'Iran qui - dans quelques semaines - devrait pouvoir être dispensé des sanctions économiques , pourra mettre sur le marché des volumes importants de gaz et de pétrole (quand bien même les pays de l'OPEP renâcleraient ) .

A trop jouer à la roulette russe , Vladimir Poutine s'expose à devoir gérer le déclin ( ou la faillite ? ) de la Russie . Eltsine doit se retourner dans sa tombe en regrettant l'onction apportée à son potentiel  successeur le 31 décembre 1999. Le rêve impérial pourrait tourner au cauchemar .

Cabinet McKinsey et réforme ENA

 

Il est heureux que ce cabinet auquel font appel (selon les médias) des "cabinets" plus ministériels n'ait pas été appelé à faire une étude sur le sujet , cher au Président Macron , de la disparition de l'ENA (remplacée par un Institut National du Service Public ) . Apparemment et heureusement  tel n'a pas été le cas , ce qui peut évidemment surprendre tant les connexions sont fortes entre ce cabinet et les "cabinets" .

Ainsi , comme probablement d'autres anciens élèves je me suis - jadis il est vrai - fait suggérer d'avoir recours à des cabinets d'étude. En vain! .

Dans telle ville de la périphérie parisienne où la "politique de la ville" tentait de trouver remède aux "quartiers" en voie de sécession , les études pleuvaient plus que les actions concrètes . Mais peut-être que McKinsey aurait pu, alors, suggérer de miraculeuses solutions s'il avait été consulté  . Tel n' a pas été le cas fort heureusement ! 

OTAN : Ne pas "tourner autour du pot"

 

On a , en France , longtemps hésité : avoir une Défense européenne autonome ou bien demeurer "calé " au sein de l'OTAN . Dans les 2 cas l'assurance découlait de 2 articles : l'article 5 du Traite OTAN ou bien l'article 42-7 du Traité de Lisbonne . Ces 2 articles affirment une égale intention de solidarité et d'intervention en cas d'agression d'un Etat membre .

Mais à regarder de plus près - et en fonction du comportement de la Russie - on ne peut longtemps "tourner autour du pot " : une Défense européenne n'aurait de crédibilité qu'au sein de l'OTAN . L'autonomie d'une Défense européenne est , en fonction de ce qui se passe à l'Est , un leurre.

Seule compte pour la Russie (et plus tard pour la Chine ? ) un rapport de force avec l'OTAN . Certes le Traité de Lisbonne (et son article 42-7) est là pour renforcer l'Alliance mais non pour s'y substituer . Le reste (dont une Défense européenne autonome)  , aux yeux de la Russie , ne s'apparente qu'à une danse du ventre . Vladimir Poutine ainsi , préventivement, a permis de  resserrer les liens  de l'OTAN !

Elections : Sans l'ombre d'un doute

 

A des amis qui m'interrogent , je réponds sans ambages que je voterai pour la reconduction du Président . Si, jadis , d'autres tentations sont apparues , elles ont disparu tels des nuages balayés par le vent . 

Un ami me dit qu'il est tenté par un vote Zemmour . Je lui ai rétorqué qu'à part le débat sur l'immigration (il est vrai important) il n'a rien introduit de nouveau et je le vois incapable de siéger dans la "cour des grands" . Il en est de même pour Marine Le Pen qui entonne les mêmes refrains ...tout en ayant mis de l'eau dans son vin . 

Valérie Pécresse semblait avoir du répondant . Mais , bonne élève , elle récite trop son catéchisme et elle n'arrive pas à donner le change lorsque elle veut forcer le trait . Dommage (pour elle , et pour son directeur de campagne , Patrick Stéfanini qui jouait son va-tout avec ses convictions de bon stratège moralement impeccable ) . Aucun de mes amis ne s'aventure en revanche à me parler Hidalgo , Jadot, ou Mélenchon (sauf peut-être ce dernier qui renoue ,romantiquement, avec la caricature de Georges Marchais) .

Ainsi , pour moi tout au moins, les "jeux sont faits" : la balle revient à Emmanuel Macron en des circonstances tragiques dans lesquelles le mot "sécurité " se décline en différents étages entre islamisme au rez -de - chaussée et impérialisme russe tout en haut , près de la gouttière .

IRAN/NUCLEAIRE : Accord en ligne de mire

 

Après que la Russie (qui menaçait de faire capoter l'accord tout près d'être conclu il y a 2 semaines) ait , finalement, reçu les assurances que les sanctions prises à son égard n'auraient pas d'incidence sur les relations économiques bilatérales avec l'Iran , la conclusion des négociations est imminente . 

Il faudra évidemment veiller à ce qu'il adviendra des stocks d'uranium enrichi à plus de 20 % constitués (dont certains à 60 %) On sait que Téhéran a donné des assurances et qu'elle n'envisage pas de bombe nucléaire mais ...dans le monde sous-tension dans lequel on est entré depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie , il faut se méfier des alliances qui pourraient , à tout moment , surgir . 

Comme on le sait , l'accord qui sera reconduit n'a pas pour objet d'empêcher - techniquement - l'Iran d'avoir une bombe nucléaire mais - seulement - de retarder les délais d'acquisition si Téhéran un jour franchissait la ligne rouge , ce qui donnerait à Israel et aux USA , la possibilité (durant ce laps de temps ) d'intervenir préventivement  .Il faudra compter ,évidemment, sur le regard acéré de l'A.I.E.A ...afin de ne pas être pris au dépourvu . 

"Red Storm rising" : OTAN/Russie = fiction ou réalité ?

 

C'est le titre (en français "Tempête rouge" de Tom Clancy ) du roman qui - en 1986- évoque dans le détail les prémices d'un affrontement (1) entre l'OTAN et l'Union soviétique . Le scénario ultra documenté est d'une actualité brûlante : manipulations soviétiques, attaques de sous-marins, armes chimiques etc...

La relecture des pages 200 et suivantes en particulier nous plonge dans l'ambiance d'"Initiative OTAN 2030 " que promeuvent (à juste titre) Jens Stoltenberg et Joe Biden . A presque 40 années de distance tout y est : volonté impérialiste , manipulation , comportement suicidaire etc... 

Ce livre - ressorti de dessous les "fagots" - est un rappel à ne point s'endormir , ce que l'Union européenne avait tendance à faire . Mais , heureusement , avec son PIB du même ordre que l'Italie ou l'Espagne, la Russie ne peut aller bien loin et la Chine est bien trop prudente et sagace pour se laisser aller à une complicité tous azimuts ...

Je doute que Taïwan et l'Ukraine aient été pesés sur le même plateau de la balance . L'Empire du Milieu vaut mieux que cela et a l'éternité devant lui ... 

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(1) Editions Albin Michel . Le livre de Poche 1986 réédition 2019

Services de Renseignement : des "trous dans la raquette "

 

C'est troublant et inquiétant que l'appréciation des services de renseignement - s'agissant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie - ait été différente des 2 côtés de l'Atlantique . La réserve manifestée par les européens (dont la France) tient toujours , probablement,  au discrédit durable lié à la "petite fiole " brandie par Colin Powel aux Nations Unies pour justifier , en 2003, l'intervention américaine en Irak,. Cela a engendré incrédulité et défiance à l'égard de l'oncle Sam jugé à la seule aune de ses intérêts pétroliers . 

Mais comment l'Occident peut-il à coup sûr réagir lorsque la suspicion règne en maître ? Cette suspicion a amené certains , par exemple , à se défier du document OTAN "Initiative 2030 " . Des militaires (je pense à la retraite) s'indignaient du côté "va t'en guerre" du document . Et pourtant il était prémonitoire en qualifiant la Russie ( ou plutôt son gouvernement) d'ennemie potentielle .

Cette suspicion à l'égard des services de renseignement américain (et des fives eyes aussi) nous a amené à trop jouer la carte de la coopération et de la bienveillance à l'égard de la Russie  : c'était une mauvaise carte ...du moins pour l'instant , car je prétends - comme en un mantra -  que la Russie appartient à l'Occident et que tel est son destin (qui n'est pas asiatique) .

Attendons quelque temps pour ressortir cette carte ...que certains soient sortis de nos horizons . En attendant , la "communauté du renseignement "occidentale  aurait tout lieu de resserrer les rangs .

Ukraine / casques bleus : que fait l'ONU ?

 

Alors que l'Ukraine vit une situation de chaos on peut se demander que fait l'ONU . Certes des négociations sont en cours mais elles avancent lentement au gré des humeurs de Vladimir Poutine . Pendant ce temps les combats continuent et des civils sont tués par centaines . Comment se fait-il que l'ONU ne mette pas en place une force d'interposition composée de Casques bleus ? 

Certes, le Conseil de Sécurité serait bloqué par un veto Russe . En revanche rien n'empêche que l'Assemblée Générale ONU puisse prendre une résolution dans ce sens . Cela peut être fait dans le cadre de la résolution 377 (dite résolution Acheson) qui permet à l'Assemblée Générale de contourner le Conseil de Sécurité en cas de blocage . Qu'attend l'ONU dont la mission est de maintenir la paix et qui semble espérer , les bras ballants , que les négociations avancent ? 

L'invasion de l'Ukraine et l'inaction de l'ONU sonnent le glas de cette institution ...tout comme la SDN d'avant la seconde guerre mondiale . 

Le Vatican , aussi , peut-il venir à la rescousse ? Le pape François demeure bien silencieux à part quelques communiqués . A moins que la diplomatie vaticane ne s'active ...dans l'ombre . Un "synode" à KIEV parlerait-au monde ...et serait un "miracle" !

Fin du communisme : fin des idéologies ...

 

Il y a 30 ans , Francis Fukuyama , écrivait "La fin de l'Histoire et le Nouvel Homme" après la fin de l'URSS . Depuis lors , on s'est moqué de lui  : le retour de l'Histoire et des affrontements est une réalité (cf . Ukraine) et des blocs se reconstituent . Mais Fukuyama avait probablement  raison lorsque il sous-entendait que ce qu'il appelait "fin de l'Histoire" était aussi fin des idéologies . En effet , sauf peut-être en Corée du Nord , que reste-t-il du communisme ? Pas grand chose et le communisme chinois n'a rien à voir avec le communisme des soviets et ses mythes émancipateurs .  

Tout comme en Russie , les oligarques sont présents en Chine sauf qu'ils sont directement soumis au parti communiste chinois qui est davantage un ciment de société plus qu'un vecteur d' émancipation prolétarienne . Une forme d'idéologie demeure cependant autour du "concept de puissance " même si ce n'est plus celle de la  "Longue Marche " de Mao . En revanche , l''idéologie a bien disparu en Russie . Un documentaire récent (sur France 5 , je crois) évoquait le communisme des années soixante et le "paradis" qu'était alors la Russie , pour les touristes français qui cherchaient à s'en convaincre . Aujourd'hui La "religion" communiste a disparu avec celle du " temps des cerises " et Fabien Roussel , loin de Georges Marchais , est devenu enfant de choeur . 

Fukuyama qui s'est trompé en imaginant que la fin du communisme = fin des guerres et avènement des démocraties , ne s'est pas trompé en entendant aussi que fin du communisme = fin des idéologies . Dans ce monde qui se cherche sans "fil conducteur" les valeurs de liberté  que revendiquent les démocraties occidentales  sont devenues la nouvelle idéologie . L'Occident doit pouvoir s'en convaincre et fièrement la revendiquer et non pas la tenir pour accessoire et la miner de l'intérieur . 

Chine / Russie : une alliance contre nature ...

 

Le New York Times du 13 mars dévoile que la Russie se serait tournée vers la Chine pour demander des équipements militaires et une aide économique . Faut-il y voir un nouveau front se mettant en place contre l'Occident ?

La réponse n'est pas simple : la Chine est un important partenaire économique (cf. contrats de vente de gaz ) et la coopération militaire Russie / Chine n'est pas nouvelle : manœuvres conjointes terrestres et maritimes et  dans le domaine spatial (où la distinction civil -militaire est délicate) . L'Organisation  de Coopération de Shangaï (OCS) offre par ailleurs un cadre et un support pour des actions conjointes .

Cependant il est trop tôt pour parler d'un "nouveau front" Sino-Russe :

1- la Chine n'est pas encore prête pour se lancer dans une aventure militaire contre l' Occident . D'ailleurs on ne sait si la stratégie chinoise vise (à terme) à une domination par les armes ou bien par le "soft Power " dont la "Nouvelle Route de la Soie " est la porte d'entrée . La Chine est certainement trop prudente pour se lancer dans un affrontement que , sur le plan militaire , elle ne maîtriserait pas  puisque ce n'est pas avant une dizaine d'années qu'elle sera - dans ce domaine - à parité avec les Etats-Unis .

2 -La Russie - si elle se liait trop avec la Chine - se ferait dans peu de temps "absorber" tant les disparités sont grandes (démographie, économie ...) .Il en serait de même sur le plan culturel et civilisationnel . Car c'est une évidence , la Russie appartient à l'Europe (70 % de sa population est dans le continent européen) et l'eurasisme (cf. Alexandre Douguine ) reste centré sur les racines européennes quand bien même la Russie "tirerait la couverture à elle" .

Une alliance Moscou-Pékin , bien qu'évoquée en 2020 par Vladimir Poutine , apparaît finalement contre nature ...à moins que la Russie , sur un coup de dé , accepte d'y perdre son âme .

IRAN / Nucléaire : Veut-il d'un accord ?

 

Alors qu'un accord sur le nucléaire était , il y a une semaine, envisagé après de laborieuses négociations à Vienne , la situation semble désormais gelée : la Russie a introduit de nouvelles exigences tenant à la compatibilité entre sanctions occidentales (cf. Ukraine) et possibilités de commerce avec l'Iran . Curieusement Téhéran ne semble pas surpris et paraît à la limite "compréhensif" .

Est-ce que l'Iran qui voulait rapidement d'un accord afin d'obtenir la levée des sanctions financières américaines , se ferait à l'idée qu'un accord n'est plus possible ...et engrangerait , pendant ce temps, des stocks d'uranium hautement enrichi ? 

Plus simplement : y aurait-il une entente entre l'Iran et la Russie pour que Téhéran considère qu'il y a une autre carte à jouer ...avec le soutien du Kremlin . Cela est bien étrange car si l'Iran trouvait bon de jouer cette carte dans le court terme, dans le long terme la carte ne serait pas gagnante ...à moins bien sûr que la Chine ne soit , aussi , tacitement partenaire auquel cas le jeu serait savamment "pipé".

OTAN : Mystères au Kremlin

 

On ne cesse de dire que c'est la perspective de voir entrer l'Ukraine dans l'OTAN qui est à l'origine de l'invasion russe . Mais plusieurs points restent dans l'ombre : certes, l'OTAN a progressé en Europe centrale jusqu'aux "limes" de la Russie puisque 13 anciennes républiques soviétiques sont entrées dans le Traité . Néanmoins je me pose une question : La Pologne , la Hongrie, la Tchéquie furent les premiers à entrer dès 1999 . Or, le Président Poutine qualifie de "déni de parole" cette entrée en raison des assurances qui auraient été données par les américains (James Baker ) de ne pas aller au-delà de la RDA . 

Mais , à cette époque, et depuis 1998 Vladimir Poutine était le plus proche conseiller du Président Eltsine . Il était , par ailleurs , chef du FSB (ex KGB) . Comment se fait-il que la Russie n'ait pas "rué dans les brancards" dès cet instant et laissé faire ? Et cela d'autant plus que Vladimir Poutine devint Président de la Fédération de Russie dès Aout 1999 . 

Faut-il relier ce silence avec le fait que Eltsine ait fait part - à cette époque - de l' intention de la Russie de rejoindre l'OTAN qui apparaissait non pas comme une alliance défensive (et a fortiori offensive) mais comme un "club" des nations démocratiques , sorte d'antichambre avant de rejoindre l'Union ? Autant que je me souvienne Vladimir Poutine aurait , aux environs de 2000,  fait la même approche auprès du Président Clinton . A moins que ce ne soit là que bulles de savon ...Quoi qu'il en soit, il reste bien des mystères au Kremlin ...

Lettre (virtuelle) à Igor (bien réel) en Ukraine

 

Cher Igor, 

J'ai en mains la lettre que vous m'écriviez en 2009 pour me faire passer un message en me demandant de le "faire remonter" . Vous tentiez de sensibiliser les "relais d'opinion" sur la situation en Ukraine telle que vous l'aviez constatée à Zhytomir où vous habitiez . Vous regrettiez que l'Ukraine ait bien des difficultés à se réformer bien qu'elle ait fait le choix du "modèle européen" . Vous déploriez aussi la valse des ministres et le manque de crédibilité de votre gouvernement d'alors . Je n'ai par contre pas saisi à l'époque pourquoi vous considériez prématurée l'adhésion de votre pays à l'OTAN et même  à l'Union européenne . A-t-on pris les choses suffisamment au sérieux lorsque vous insistiez sur la menace russe ?

Je relève dans ce courrier de juillet 2009 la phrase suivante "Les Etats-Unis étaient occupés par la guerre perpétuelle contre le terrorisme et le changement des administrations présidentielles .  L'Europe  était occupée par l'élargissement de l'Union . De sorte que l'Ukraine , à la suite de la révolution de 2004, a été négligée . Cinq années ont ainsi été perdues" . Je pense , en effet , que vous aviez raison : l'Ukraine n'était pas alors , pour l'Occident , une priorité . C'était le Moyen-Orient .

Une autre phrase  maintenant m'interpelle . Celle où vous dites que le gaz est une arme de guerre dont pourrait se servir la Russie pour s'emparer de l'Ukraine et , ensuite , déstabiliser la région. "Dès qu'elle se sera emparée de l'Ukraine , elle aura pour but de coloniser les autres pays de la région  surtout ceux qui ont d'importantes ressources énergétiques . Peu de temps après la Russie divisera et asservira l'Europe. " . En vous relisant , j'ai l'impression que cette lettre qui remonte à près de 13 ans a été rédigée hier tant le scénario est en train de s'écrire ...tout au moins dans ses premiers chapitres .

Vous ajoutez si l'Europe ne veut pas de son gaz la Russie se tournera vers la Chine . Mais vous doutiez cependant que la Chine et l'Inde aient les moyens d'acheter du gaz au prix actuel . Vous terminez votre courrier par cette phrase prémonitoire " La Russie est déjà en train d'utiliser la dépendance européenne à l'égard de ces ressources énergétiques pour rendre l'Europe plus dépendante , ce qui , dans le futur proche, permettra à la Russie de diviser et d'asservir toute l'Europe" .

A-t-on été, à l'époque , si sourd ou si aveugle que l'on n'ait pas prêté attention à ces signaux (que vous partagiez dites-vous avec la diaspora ukrainienne  avec laquelle vous étiez en contact ) ? J'en conclus que le scénario actuel a été écrit à l'avance et bien planifié . Cela rend d'autant plus crédible la menace russe ...tout en prenant en compte la réserve que vous introduisez quant aux problèmes "intérieurs et extérieurs" que connait la Russie ...Cela pourrait ,aussi , tout changer .

Je souhaite , Cher Igor, que vous soyez actuellement en lieu sûr . Votre lettre vous plaçait à l'époque en première ligne dans vos réflexions . Si vous êtes toujours en première ligne , soyez prudent !

Zemmour : disqualifié

 

L'extrême droite , en mettant quasi-uniquement l'accent sur l'immigration et sur la sécurité, n'a pas contribué à déciller nos yeux . Le danger - on le constate avec l'invasion russe -  venait moins de l'intérieur que de l'extérieur . 

Cela ne veut pas dire qu'en matière de sécurité le bilan d'Emmanuel Macron soit positif . Loin de là . Mais l'extrême droite en encensant le profil autoritaire de Vladimir Poutine a détourné notre attention : le diable se cachait-il dans le bénitier ?

 La vraie question actuellement est celle de l'avenir de nos démocraties : elles ne sont pas parfaites et elles sont parfois chahutées (mouvements "woke" , quartiers sous l'emprise de nouvelles "mafias" , multiculturalisme déconcertant etc...) mais elles ne remettent pas en jeu (roulette russe ? ) notre civilisation en menaçant de nous renvoyer au paléolithique . A bon entendeur ...

Monde : un nouvel "Grand Echiquier"

 

Un remarquable article d'Alexandre Adler dans Le Point en ligne de ce jour 4 mars 2022 (lepoint.fr) dévoile ce que pourrait être le monde de l'Après-Poutine puisqu'il se place dans un scénario de l'éviction du Président actuel qui n'a plus aucun soutien sauf un "gang" d'affidés ...qui ne compte pas , tout de même la Sérénissime République de Saint-Marin (!) . 

Adler prophétise une "Nouvelle Europe" qui intègrerait à terme la Russie post-poutinienne à la suite du constat d'échec du dirigeant actuel qui a coupé les amarres avec le monde civilisé . Il en résulterait une "Nouvelle alliance" équidistante des Etats-Unis et de la Chine .

 Le "philosophe-historien " a bien saisi que V. Poutine , ayant perdu toute crédibilité , mène la Russie à sa perte ce qui déciderait la Nation Russe à prendre - directement ou non - les rênes de son destin . 

Un nouveau "Grand Echiquier" se met en place . Il n'est pas forcément à redouter ...

Poutine/ONU 22/9/2020 : que reste-t-il de ses déclarations ?

 

Au moment où la Russie envahit l'Ukraine en faisant fi du droit international il est intéressant (et aussi affligeant ) de se reporter à ses déclarations (22 septembre 2020) lors du débat général de la 75 ème session de l'Assemblée générale des Nations Unies tels que rapportés sur le site news.un.org :

                             "Le Président de la Russie, Vladimir Poutine, a mis l'accent sur la création du Nouvel ordre mondial en 1945 et la Charte des Nations Unies qui demeure la source du droit international. Il a appelé à réfléchir aux principes intangibles de la Charte : l'égalité souveraine des Etats , la non -ingérence dans leurs affaires intérieures , le droit des peuples de déterminer leur propre avenir , le non-recours à la force ou à la menace de la force et le règlement pacifique des différents . Dressant le bilan des 75 dernières années, M. Poutine a estimé que, malgré toutes les difficultés et les changements géopolitiques intervenus, l'ONU a rempli avec compétence sa mission de protection du développement durable etc..."

                        "Le Conseil de Sécurité - ajoute Vladimir Poutine -  aide à prévenir les actions unilatérales susceptibles d'entrainer une confrontation militaire directe entre les principaux Etats , et donne l'occasion de rechercher un compromis ou du moins d'éviter des solutions qui seraient totalement  inacceptables pour d'autres et d'agir dans le cadre du droit international , plutôt que dans une zone grise d'arbitraire et d'illégitimité ".

C'était il y a 18 mois ...

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NB- ONU 2mars 2022 : sur la base de la résolution 377 (dite Résolution Acheson datant de 1950) l'Assemblée Générale ONU a "contourné" le veto de la Russie au Conseil de sécurité par un vote massif en faveur de la condamnation de l'invasion (141 voix pour et seulement 5 voix contre : Russie, Bélarusse , Corée du Nord, Syrie , Erythrée ). La Chine s'est abstenue . 

Vers un nouvel ordre du monde

 

L'invasion de l'Ukraine par la Russie marque la fin d'un monde "bisounours" . Ainsi que l'entrevoyait Robert Kagan (ancien du Département d' Etat américain) les démocraties prospérant sur leurs valeurs avaient tendance à baisser les bras (1) de crainte de perdre l'équilibre...et leur confort . Certes ce n'était pas la "décadence de Rome" mais cela en avait tout l'air . Kagan faisait référence , notamment , à l'excès de juridisme européen qui l'empêchait de "voir plus loin que son nez " et d'encourager une certaine forme de passivité .Telle était encore il y a peu la situation . Mais Vladimir Poutine vient , en attaquant l'Ukraine , de réveiller les démocraties occidentales et singulièrement les démocraties européennes . 

Certains craignent que ne se forme un "bloc" unissant la Russie et la Chine ...voire l'Iran . Cela me semble improbable : la Russie est un grand pays de par sa superficie et sa civilisation mais un petit pays de par son économie ( le PIB est du même ordre que celui de l'Espagne ou de l'Italie ) . Il est douteux que la Chine veuille lui servir de locomotive (sauf à récupérer du gaz et du pétrole) à moins de lui faire jouer un rôle de "cobaye" pour tester les réactions de l'Occident dans un scénario de "reconquête" de Taïwan ( probable dans le moyen terme) .

Par ailleurs la Russie serait pour la Chine un partenaire encombrant : Comme le dit Isabelle Mandraud (2) Vladimir Poutine - afin de remettre en scène la Russie - déploie des stratégies de déstabilisation (mercenaires en Afrique , au Moyen-Orient,  en Amérique latine, ingérence dans les élections, cyberattaques, interventions militaires etc...) . Il est probable que "l'Empire Céleste" qui a tout le temps devant lui ne tombe pas dans le piège d'une union qui se révèlerait stérile à moyen et long terme quand bien même la mariée se serait bien fardée et faisant ainsi illusion .

La Russie va se trouver isolée du monde dans toutes ses composantes (diplomatiques, économiques , culturelles ...et sportives) . C'est un nouvel ordre du monde qui se met en place dans lequel les démocraties s'éveillent et peuvent - enfin - combiner valeurs démocratiques et courage ainsi que le démontrent actuellement les Ukrainiens . A souhaiter que le vaillant peuple russe , lui , ne tombe pas dans le piège .

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(1) Robert Kagan : "La puissance et la faiblesse"  (Ed. Plon .2003 )

(2) Isabelle Mandraud / Julien Théron : " Poutine , la stratégie du désordre "  (Ed. Taillandier . 2021 )