vendredi 29 mars 2019

La dette privée dépasse la dette publique



On raisonne souvent en mettant en avant l'endettement de l'Etat : des Etats-Unis , de la Chine, du Japon , de l'Italie ... de la France . On parle moins de l'endettement des entreprises (et des particuliers) que de l'endettement des Etats  : or l'endettement privé représente - en France  - 130 % du PIB (1)  et dépasse donc la dette publique (100 % du PIB) .

Des économistes s'interrogent : entre remboursement de la dette( 2) et investissements comment les arbitrages vont-ils se faire ? On craint que des entreprises ne soient dans l'obligation de liquider une part de leurs actifs et que ceux-ci soient bradés ...d'où des rachats possibles venant de l'extérieur .

Nous n'en sommes pas là  mais l'abondance de crédit actuellement a son revers : situation supportable avec des taux bas mais une hausse pourrait déclencher une réaction négative : ralentissement des investissements , vente d'actifs et dépréciation d'actifs , rachats etc...

Ainsi  va l'économie si l'on n'y prend garde .

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(1) Selon Gaël Giraud , chef économiste de l'Agence Publique de Développement

(2) le remboursement de la dette est à mettre en parallèle avec l'insuffisante séparation de l'activité des banques (contrairement à ce que prévoyait la directive Barnier) entre l'activité " spéculation / marchés" et l'activité "crédit, dépôt ". Ce remboursement de la dette pourrait donc se trouver accéléré pour compenser une éventuelle défaillance spéculative : la loi "de séparation bancaire" (juillet 2013) n'effectuant pas , selon des experts , un cloisonnement suffisamment  étanche entre "trading" et "crédit".

dimanche 24 mars 2019

Brexit : Theresa May poussée vers la sortie ?




Au lendemain de la colossale manifestation d'hier à Londres , les jours de Theresa May à la tête du gouvernement britannique paraissent comptés . Ce n'est plus seulement son opposition qui semble le souhaiter mais aussi un certain nombre de ses électeurs . Au moment où nos amis anglais ont le tournis et n'y voient plus clair du fait des allées et venues à Westminster , il ne reste plus guère de solutions  . 

Faut-il introduire un "droit à l'erreur " à propos du referendum ?  C'est assez paradoxal mais on doit se souvenir que les anglais n'avaient pas toutes les cartes en mains lorsqu'ils se sont prononcés il y a 3 ans : les chefs de file du Brexit (Nigel Farage , Boris Johnson ) les avaient trompés sur les gains d'un départ (gains financiers, souveraineté retrouvée, alternative du fait d'un accord commercial majeur avec les Etats-Unis etc ...) .

Ainsi le premier referendum étant biaisé on ne peut refuser de revenir à la "case départ" lorsque les enjeux sont si importants . On dit que de nouvelles élections sont la seule porte de sortie . Notamment si , par sa démission , Mme May veut rebattre les cartes...  dans l'intérêt du Royaume-Uni .

vendredi 22 mars 2019

Chine / Nouvelle Route de la soie : En Marche !



Les Européens semblent découvrir sur le tard que la Chine entreprend une "Longue marche" en s'appuyant sur le concept "Nouvelles Routes de la Soie " qui remonte aux temps anciens de la  dynastie Han . Pourtant le Président Xi Jinping bat le rappel de ses troupes (à l'intérieur et à l'extérieur) depuis plus de 5 ans . 

Les pénétrantes autoroutières , ferroviaires , maritimes sont plus qu'un concept , elles sont désormais une réalité . Qu'il s'agisse de l'autoroute qui partant de Xi'an traverse le Xinjiang puis les Etats d'Asie centrale et arrivera en Allemagne  ou bien des voies maritimes en direction de la Corne de l'Afrique , ces "Nouvelles Routes " existent bel et bien et notre naïveté est étonnante de faire sembler de le découvrir . 

Il faut se faire une raison : la Chine est à nos portes en dépit de la tentative de "containment " des Etats-Unis . Il est probable que dans cette "longue marche" la Chine trouve l'appui de la Russie lorsqu'il s'agira de franchir des "marches " qui jadis étaient connectées à l'URSS .

Ainsi un nouvel ordre mondial semble se mettre en route : sera-t-il seulement économique ou , aussi , politique ? C'est la question ; c'est pourquoi une Europe unie et forte (avec ou sans les britanniques) est indispensable . L'on voit par là combien est irréaliste la vision rabougrie de certains mouvements radicalement nationalistes et combien est dommageable la vision étroite des Etats-Unis qui ne voient dans l'Union européenne qu'une menace à leur retour vers une improbable hégémonie .

mercredi 20 mars 2019

L' Europe "en conserve" ... des conservateurs américains



A quelques semaines des élections européennes il n'est pas superflu d'avoir un regard sur la position de certains milieux conservateurs aux Etats -Unis : l'interview de Steve Bannon , ancien directeur de campagne et ex - conseiller de Donald Trump lors de l'émission "C dans l'air " (1) est révélatrice : il ne cache pas son hostilité à l'égard d'une Union européenne devenant puissance régionale  . 

Au contraire Steve Bannon  entonne le chant des nationalismes étroits en appelant de ses voeux une  union bien différente : celle des mouvements "ligue du Nord / 5 étoiles " de l'Italie  , des mouvements nationalistes hongrois , polonais ...et du "rassemblement national " de Marine Le Pen . 

Au moment où la tentation du repli sur soi menace (populismes, fermeture de frontières , critiques de l'Union ) il faut espérer un sursaut et une vision  :  sans solidarité européenne la mondialisation risque d'effacer nos frontières et nous cantonner dans une basse-cour qui ne serait qu'un cul - de - basse fosse . 

Evidemment , il ne s'agit pas non plus de mettre aux oubliettes notre histoire et nos valeurs : nous pourrions alors nous dissoudre dans un multiculturalisme sans issue . Mais entre deux "empires" (Chine / Etats-Unis) la réponse ne réside pas dans un nationalisme aux relents de naphtaline : seule l'Europe - à échéance de 10 /20 ans - peut donner de l'air à nos aspirations .

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(1) interview réalisée par Caroline Roux ; émission "C dans l'air" sur France 5 (19 mars 2019)

samedi 16 mars 2019

Paris : mise à sac ...et après ?




On peut , après la situation quasi insurrectionnelle à Paris ce samedi , s'interroger : est-on vraiment dans un pays où la sécurité est assurée  alors que des casseurs ont mis à sac  une bonne partie des Champs-Elysées ?

Plusieurs bâtiments ont été pillés, incendiés et l'intégrité physique d'occupants menacée. . Faut-il laisser se dérouler des manifestations dont plusieurs non autorisées lorsque l'on sait que des casseurs seront présents ?

Il ne s'agit pas de la marche "climat "mais de celle des "gilets jaunes" infiltrés par l'extrême gauche , les anarchistes , l'extrême droite et des casseurs autoproclamés venant aussi de pays voisins (Belgique , Allemagne )  . Emmanuel Macron a tenté de contourner cette situation en lançant un débat : mais les casseurs , hélas, ne débattent pas : ils battent .

Or la crédibilité du gouvernement repose - au-delà des réformes - sur sa capacité à maintenir l'ordre dans un Etat de droit . Tel n'est pas le cas aujourd'hui : l'ordre n'est plus assuré et les institutions sont maintenant menacées . Il ne suffit plus d'affirmer (comme Christophe Castaner le fait ) que les émeutes sont inadmissibles : il ne faut simplement pas les admettre . Au moment où convergent sur les réseaux des appels à des actions "encore plus importantes" , l'heure n'est plus aux tergiversations et au "doigt mouillé " .

samedi 9 mars 2019

Brexit or not Brexit ?




Des parents australiens m'ont interrogé sur la "santé" de l'Europe . Je leur ai fait une réponse évasive et modérément optimiste en évoquant la montée des populismes et en soulignant heureusement l'existence d'un fort axe franco -allemand . Tout comme moi, ils comprennent mal la volonté des britanniques de quitter l'Union et de repartir en coulisse après avoir été sur l'avant- scène .

A mes interlocuteurs de Brisbane j'ai indiqué - peut-être hâtivement - que rien n'était encore perdu : un nouveau référendum est encore possible (1) . C'est notamment ce que souhaite le Labour de Jeremy Corbyn même si l'orgueil britannique (dont celui de Mme May) doit en souffrir .

A trois semaines de l'échéance de fin mars seuls quelques irréductibles Brexiters veulent encore jouer à la "roulette russe" en sifflotant  un air de "no deal ". 

Depuis Sydney tout cela a l'air d'un jeu d'enfant gâté . On me rappelle aussi que nombre d'australiens ont donné leur vie en 1914-18 aux côtés de Français et de Britanniques . Quelle vision auraient-ils  maintenant de cette Europe en voyant des enfants jouer à la marelle au bord d'un précipice... sous le regard narquois de la Chine et des Etats-Unis ?


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(1) Cela suppose le report de la date du 29 mars et de nouvelles élections (ou un changement de gouvernement) .. Mais l'enjeu en vaut la chandelle .

mercredi 6 mars 2019

ONU / droits de l'homme : instrumentalisation ?



L'ancienne présidente du Chili Michelle Bachelet vient , en tant que Haut-Commissaire ONU aux droits de l'homme , de demander une enquête approfondie sur les "violences excessives" commises par la France lors de manifestations de "gilets jaunes" . Ainsi ces violences seraient de même nature que celles commises à Caracas, en Haïti ...ou au Zimbabwe . Bigre !

Les accusations portées contre la France sont graves et posent question :  à qui va profiter cette indignation faite sous le couvert des Nations Unies et du Conseil des droits de l'homme , organisme théoriquement indépendant (1) ?

Faut-il imaginer que Mme Bachelet dont le parcours a été - il semble - exemplaire ait eu jadis partie liée avec le Vénézuela de Hugo Chavez et qu'elle ait eu pour intention de stigmatiser la France du fait de la distance prise avec le Président Maduro ?

Ce serait tenir un discours "complotiste " que d'y songer ...Tout comme il serait excessif d'imaginer que Mme Bachelet  ait voulu , de quelque manière  , interférer avec les élections européennes .

Et pourtant ...

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(1) Le Conseil des droits de l'homme est désormais indépendant puisque ne relevant plus - depuis 2006 - du Conseil économique et social de l'ONU . On sait aussi que l'Arabie Saoudite (dont on connaît la "bienveillance" à l'égard des droits de l'homme ... ) y occupa une place éminente . Dont acte !

mardi 5 mars 2019

Europe / E.Macron : le choix de la raison



A voir l'embarras de Brice Hortefeux , ce matin sur un plateau de télévision , il faut convenir que la voie - et la voix - de l'Europe sont fédératrices : au plan intérieur le soutien explicite de Jean-Pierre Raffarin , et celui , plus discret , d'Alain Juppé (anciens premiers ministres) le prouvent  . 

Entre la dynamique présidentielle et les partis extrémistes  (Rassemblement national et "Insoumis") il reste peu d'espace pour Alain Wauquiez en dépit du choix d'une tête de liste non "clivante" . Au plan extérieur , un appel aux citoyens de l'Union est lancé . Il sollicite la raison auprès des peuples qui ne souhaitent être inféodés ni à l'Est ni à l'Ouest . 

Au-delà des calculs électoraux , le Président de la République pose dans sa "tribune" une question essentielle : choisissons-nous le repli hexagonal qui n'est , ni plus ni moins, que la danse d'une oie sans tête ou bien voulons -nous aller de l'avant poussé par le souffle des "Lumières" ?

Si nous choisissons l'ouverture elle ne peut se faire que dans un cadre européen : c'est la mission de l'Europe que d'être un facteur d'équilibre . Certains esprits chagrins diront qu'il ne s'agit là que d'un rêve évangéliste tout comme les Etats-Unis sont persuadés de leur "Destinée Manifeste " .  Sauf qu'au lieu d'invoquer la Providence , Emmanuel Macron fait appel à la raison (qui , il est vrai , se rejoignent parfois) .

vendredi 1 mars 2019

Mosquées , Synagogues, Eglises : même sac ?



Dans un tout récent éditorial de l'hebdomadaire Le Point (1) , Franz-Olivier Giesbert pointe nos doléances et récriminations d'intensité inégale lors de saccages ou de profanations de lieux de culte . J'avais, dans un Post du 10 Février, mis l'accent sur le silence qui a accompagné la profanation d'églises (et cathédrale )  depuis le début de l'année . Je m'en étonnais et il est réconfortant de voir un grand journaliste revenir à la charge .

Sans qu'il soit établi que ces profanations soient le fait de "Gilets jaunes " déboussolés ou de gamins désorientés le fait est là : A l'occasion - en Février - de profanations d'églises (5 ou 6 en l'espace de quelques jours ) à peine quelques mots lors d'un Journal télévisé ...

F.O. G. dans son éditorial regrette également le silence du Pape François prompt , par ailleurs , à défendre des causes surtout lorsqu'elles peuvent être (légitimement) médiatisées . 

Que l'on soit catholique romain ou d'Orient - ou seulement chrétien ou seulement croyant - cette indifférence différenciée déconcerte . Heureusement F.O.G est là , qui sauve la face ...

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(1) Le Point n° 2426 du 28 Février 2019