jeudi 2 août 2012

Iran : le froid et le chaud (ou l'inverse)

Je le lis sur le site WikiStrike :" L’Iran entre en guerre dans les semaines à venir" Qu'est-ce à dire? et que croire? Il semblerait que l'Ayatollah Ali Khamenei ait convoqué le 27 juillet la haute hiérarchie militaire et ait déclaré :

 "Nous entrerons en guerre dans les semaines à venir". (1)

Je ne sais quel sens prêter à ces propos s'ils ont bien été tenus : prépare-t-on l'armée à une attaque préventive Israélienne que l'on juge imminente?  Parallèlement, le programme nucléaire aurait été accéléré et l'enrichissement de l'uranium atteindrait le taux ultra sensible de 60 %  (mais ce point important  n'est pas encore vérifié et l'A.IE.A n'en a rien dit).

 Quel crédit,finalement, attacher à ces informations ? Le site internet en question se veut prudent et précise :
 "Si la source Debka n'est pas forcément crédible, les mots ont bien été prononcés par le guide suprême de l'Iran". 

Il semble,par ailleurs, que les gardiens de la Révolution aient en charge de "surveiller" une montée en puissance du programme nucléaire. Une nouvelle unité de recherche serait en place à Modjeh,près du site de Lavizan . Ces recherches porteraient sur l'usinage de l'uranium métal et la mise au point d'un détonateur. Evidemment, dans cette avalanche d'informations - et le risque toujours possible de manipulations - j'emploie le conditionnel tant que ces données ne sont pas recoupées.

En revanche,s'il est exact que les propos,rapportés, d'Ali Khamenei aient été tenus, l'information que relaye (avec prudence) le site WikiStrike est importante et on doit en analyser l'impact et l'intention. Mais est-on en guerre psychologique et dans le champ de la provocation? (Tout comme les propos récemment rapportés indiquant que la hiérachie militaire israélienne serait hostile à une frappe préventive d'Israël tout au moins sans l'aide des Etats-Unis).

Je regrette que les négociations entamées à Istanbul se soient heurtées à l'intrangiseance de Téhéran ( qui , évidemment, ne veut pas "plafonner" l'entichissement de l'Uranium à 20% si - comme je le pense- l'Iran a bien en vue l'option militaire ). 

A ceux qui estiment que le programme nucléaire est exclusivement civil je rappelle le "deal" passé en 1987 entre le Premier Ministre de l'époque (Hussein Mir Moussavi) et le Pakistanais Abdul Qadeer Khan, "père" de la bombe nucléaire Pakistanaise afin d'acquérir la technologie nucléaire militaire. (Je rappelle qu' Abdul Qadeer Khan avait dérobé les plans de fonctionnement des centrifugeuses à Urenco/Pays-Bas et qu'il a bénéficié d'une impunité quasi totale alors même qu'il faisait le même "deal" avec Khadafi...)

Tout, hélas, depuis, va dans le même sens:
1- transfert des centrifugeuses de Natanz à Fordow (sous les montagnes et près de la ville sainte de Qom)
2-test de misiles balistiques (Shahab- 3 et Sejil-2)
3-incapacité de Téhéran à justifier un besoin d'UHE à 20 % pour son programme médical.

Quelques réflexions supplémentaires:

1- Certes, l'Iran n'a pas bloqué le détroit d'Ormuz ainsi qu'il l'avait annoncé en début d'année en représailles à l'embargo décidé par l'Union sur l'achat de pétrole iranien. Probablement parce que -entretemps - un oléoduc à été réalisé (discrètement) traversant les Emirats et rejoignant directement la mer d'Oman. Ce n'est donc pas là, preuve de pacifisme. Mais une stratégie qui s'est révélée contre-productive.

2- La situation en Syrie a forcément un impact sur la conduite de l'Iran. Si elle se révèle exacte , l'accélération du programme nucléaire militaire pourrait découler de la crainte qu' éprouve l'Iran à être entouré d'Etats à large dominante sunnite. (syndrome d'encerclement).

3- Les sites nucléaires sensibles sont nombreux et disséminés dans tout le pays (usine d'extraction de l'U, usine de transformation en yellow cake, production d'hexaflorure, enrichissement , centrales produisant du plutonium, lieux de fabricatrion des missiles Sahab 3 et Sejil 2 etc...). Je doute que l'aviation israélienne soit à même de neutraliser l'ensemble de ces sites (ou les plus importants) sans l'aide de l'aviation américaine. 

4-les élections américaines sont proches : le Président Obama prendrait-il le risque d'une intervention qui risquerait de se traduire par une déflagration au Moyen-Orient? 

5-Mais je ne conçois pas que l'on demeure dans la passivité d'un autre "Munich". Impensable d'attendre que l'Iran soit doté de l'arme nucléaire en 2014 (cf. Daily Telegraph reprenant une information du MI6)! D'ailleurs les sanctions économiques portent leur "fruit". Dommage , évidemment, qu'elles aient un impact sur le peuple iranien, alourdissant son fardeau. Mais le "vrai" chef d'Etat iranien , l'Ayatollah Khamenei se soucie-t-il  de cela?  (Les iraniens - propagande oblige- croient "dur comme le fer" que le programme nucléaire est exclusivement civil et, par là, symbole de fierté et de richesse...future) ?

Dans cet épaix brouillard qui me parvient, je puise, çà et là, dans les informations. Elles ne sont pas contradictoires mais il faut les décanter .Elles supposent à la fois qu'on évalue le risque lié à la "montée en puissance" de l'Iran dans un univers sunnite susceptible de se renforcer (Syrie) , que l'on prenne en compte la complexité d'un programme nucléaire dispersé, que l'on évalue aussi les contraintes liées au calendrier électoral (Présidentielles américaines en Novembre, élections Présidentielles en Iran en 2013)...et la crainte que représente pour Israél un Etat nucléaire à ses portes qui pourrait ne pas maîtriser tous les "leviers" en raison de possibles surenchères internes et de" groupes satellites" qui peuvent dériver de leur orbite..
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(1)  WikiStrike le 1er Aout 2012 (rubrique: politique internationale) reprenant une information du site Debka publiée le même jour sous le titre "Khamenei Warns Iran Top Leaders: War in weeks "

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