mardi 8 mai 2012

Quelques vérités sur " l'hérésie" cathare

Etant né à Albi on me pose souvent deux questions : qui étaient les cathares ? Pourquoi parle-t-on de la croisade contre les Albigeois (et non contre les cathares) au 13 ème siècle? Je vais tenter d'y répondre de manière ( je l'espère ) synthétique dans ce blog.

1- qui étaient les cathares ?

 On a longtemps soutenu qu'il s'agissait d'une religion importée du Moyen-Orient (le Manichéisme) considérant que la création sur Terre était l’œuvre d'un "Dieu mauvais". Cette création était donc condamnable (d'où le serment de chasteté des "Parfaits" - l'élite en quelque sorte -). L'âme n'était que par accident tombée dans le monde matériel qu'il fallait quitter au plus tôt. Deux réflexions: d'abord, ces considérations ne datent pas du 13 ème siècle (époque du catharisme) : elles sont présentes chez les gnostiques du début de l'ère chrétienne (cf. Plotin). Ensuite, c'est dès le 11 ème siècle que des moines mais aussi de simples paysans ont commencé à critiquer l’Église et plusieurs de ses représentants (moeurs dissolues, profits considérables tirés des abbayes, des évêchés, du culte des reliques etc...). Le catharisme est donc en germe dès le 11ème siècle comme aspiration à un christianisme "des origines". Par ailleurs la critique de l’Église "institutionnelle" les conduit à considérer que l'on peut s'adresser à Dieu (au Dieu Bon ) directement sans la médiation du clergé.
 En résumé: une soi-disant hérésie en germe dès le 11ème siècle et qui - probablement - emprunte par la suite des éléments du "manichéisme" mais pas exclusivement. Noter que le catharisme et son souhait de s'adresser, sans entrave, directement à Dieu est assez proche (mais il faudrait préciser cela en détail et je ne puis le faire dans ce blog) d'un mouvement dont fut proche (au 16 ème siècle en Espagne) Sainte Thérèse d'Avila, un moment inquiétée par l'Inquisition espagnole.

2- Pourquoi parle-t-on d'une croisade contre les albigeois? Albigeois et cathares est-ce la même chose?

 Au risque de décevoir il faut préciser qu' Albi n'était pas une cité cathare mais - au contraire - une ville qui avait dénoncé l'hérésie cathare et qui plus tard en a tiré bénéfice. On s'accorde à considérer que l'assimilation albigeois = cathares tire son origine du "concile " de Lombers (Tarn) convoqué par l'évêque du diocèse d'Albi en 1165 pour faire condamner les cathares. On a ainsi mis "dans le même sac" cathares et habitants du diocèse d'Albi en retenant le terme "albigeois" et "croisade contre les albigeois". S'il y avait donc quelques familles cathares à Albi, ce n'était qu'une minorité (sauf à évoquer le rôle important du vicomte Trencavel compagnon du comte de Toulouse.)
 Dans le Tarn , c'est à Lavaur que se trouvait le creuset cathare ( 400 croyants envoyés au bûcher). C'est aussi près de Toulouse, Foix (cf. Montségur, Lavelanet), Béziers que s'étaient ancrés les principaux foyers d'hérésie. Noter aussi que des bastides furent élevés en 1222 (par le comte de Toulouse, Raymond VII ) pour abriter des cathares qui se réfugièrent alors dans l'actuel Tarn . C'est le cas en particulier de la remarquable cité de Cordes (à une demi-heure d'Albi).
 Retenons seulement que l'assimilation albigeois / cathare est un raccourci (découlant du "concile" de Lombers) mais que la réaction contre le haut et "moyen" clergé existait partout dans le sud de la France et que naissait déjà - exprimé dans le domaine religieux essentiel à cette époque -  un esprit de résistance.

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