mercredi 26 septembre 2012

Europe : Un Budget central pour la Zone euro / Une Union à deux vitesses?

Les déclarations du Président du Conseil européen , M. Van Rompuy (en juillet) et la récente prise de position de la Chancelière allemande, Mme Merkel vont dans le même sens: dans une conjoncture difficile où des mesures d'économie mais aussi de relance sont indispensables, il est impératif de coordonner les politiques financières. 

Outre que ce budget "fédéral" est une voie normale vers l'intégration d’États ayant une monnaie commune, il rejoint (il me semble) l'idée de "project bonds " déjà évoquée visant à soutenir l'emploi et la croissance par des projets structurants.

  La conclusion que l'on ne peut manquer de tirer de ces propositions et initiatives est le constat,finalement, d'une Union à deux vitesses : une "Zone euro" dotée de mécanismes (M.E.S., supervision bancaire...) et institutions spécifiques, prenant ainsi de l'avance par rapport aux dix autres États non membres de la Zone. C'est là une "contradiction" à résoudre qui se pose non pas seulement dans le domaine économique mais qui a forcément des incidences sur l'Union en tant qu'entité politique.

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Le débat n'est pas encore lancé ouvertement et,à vrai dire, l'opinion publique ne s'en émeut pas. Elle est davantage préoccupée par les mesures de rigueur en cours et à venir. Elle s'interroge aussi sur la nature des leviers de désendettement : fiscalité (qui risque de geler toute tentative de relance) ou bien "amaigrissement " de l’État et des collectivités territoriales.

lundi 24 septembre 2012

"Théocentrisme", radicalisation des croyances et autres paradoxes

 Alors que l'on assiste à une radicalisation des croyances et à la montée des tensions liées au fait religieux on peut s'interroger sur la portée du théocentrisme moyen-oriental dans une Terre où , désormais, les distances spatiales et temporelles sont abolies. Dieu "géocentré" aurait-il déjà "choisi les siens" qui - actuellement - s'entretuent?

 Je décline quelques réflexions au fil de l'eau en ayant à l'esprit que le Créateur ne peut avoir de préférence et qu'aucune spiritualité - à mon sens- ne l'emporte sur les autres.

1-D'abord, les religions dites "du Livre" ont  un point commun: Dieu s'est révélé aux Hommes directement (Jésus, Mahomet, Moïse, Abraham). Les autres religions ou spiritualités (Hindouisme, Bouddhisme, Taoïsme etc...) ne mettent pas en avant un homme (ou une femme) clairement identifié (Prophète ou Homme/Dieu) ayant eu le privilège d'avoir un contact direct - une Révélation - avec le Créateur de l'Univers quelle que soit son appellation . 

2-Ensuite, ces religions du "Livre" et ces révélations se situent à l'intérieur d' un cercle dont le diamètre n'excède pas 1500 km : le Théos apparaît donc " géo-centré". Est-ce à dire,dans ces conditions, que Dieu a délaissé le reste du Monde en réservant ses révélations - en dehors de tout messianisme ultérieur - à une zone privilégiée? Difficile à croire.

3-Or, dans le temps et l'espace raccourcis qui sont maintenant les nôtres , où les pays deviennent si proches et où la perception de l'Univers (et de "mondes" potentiels) est de plus en plus aigüe, cette focalisation sur une étroite bande géographique est forcément déconcertante puisque seuls 1200 km séparent La Mecque de Jérusalem : C'est donc sur ce seul arc que Dieu s'est révélé de façon directe. Cela peut laisser rêveur : en effet, ce n'est pas la croyance - en ce bassin du Proche-Orient - en un Dieu unique qui peut brider la volonté du Créateur et l'amener à dicter la localisation de ses manifestations . Car ce n'est évidemment pas le monothéisme qui crée Dieu : Il conserve - pour parler un langage commun - son "libre arbitre".

4-Ainsi, de la même manière que beaucoup de chrétiens ont du mal à conceptualiser un Christ Cosmique (tel que le concevait Teilhard de Chardin) et dépassant notre petite Terre, beaucoup ont du mal à imaginer que Dieu (le Créateur de l'Univers) ne se soit directement révélé que par l'intermédiaire d'une sorte de rayon laser balayant un point infime de notre Terre .

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 A notre époque paradoxale où, conjointement avec des tensions religieuses, certains philosophes (A.Comte-Sponville, L.Ferry...) prétendent (en mettant Hegel à leur sauce) qu'il existe une "spiritualité athée " l’œcuménisme religieux devrait être la réponse apportée tant aux "radicaux" qu'aux prétendus athées . Cette réponse permettrait au moins de prendre un peu de champ là où des religions se radicalisent et où chacun voudrait prêcher pour sa paroisse... au sein d'un Global village.

dimanche 23 septembre 2012

France / Europe : vagues à l'âme

J'ai l'impression , sinon la certitude, que mes compatriotes sont déboussolés : hausse des impôts, baisse probable de la consommation, augmentation des prix (je parle des prix réels tels que visibles dans les supermarchés pour les produits alimentaires : 10 à 15 % en 4 mois), sentiment que le gouvernement hésite à fixer un cap sauf celui, à pas feutrés, d'une "rigueur" qui ne dit pas encore son nom. Bref, la France est morose.

 Dans la situation actuelle où le désendettement est devenu une "ardente obligation" les Français  comprennent que nous devons tous prendre notre part du fardeau . Pour autant, ils ne sauraient vivre avec pour seul objectif et réconfort cette seule antienne. Si - comme mes compatriotes le perçoivent à juste titre - les mesures de rigueur sont la déclinaison d'une volonté européenne, ils s'attendent peut-être à voir l'Europe sous un autre jour que celui de "père fouettard". D'où la nécessité d'avancer sur l'Union politique et de montrer que l'Europe n'est pas un continent en déclin. Les discours sur le "déclin" de l'Europe que tiennent tels ou tels politiques est loin d'être mobilisateur. Il incite au contraire beaucoup à baisser les bras.

 Certes, l'Union connaît des difficultés économiques mais elle y fait face et saura rebondir.Dès lors,il faut probablement monter d'un ton dans la gamme et dire aux Français que leur avenir - non dans le long terme mais dès maintenant - est dans l'Union à laquelle il faut restituer ses "habits" politiques . Je ne sais de quelle rhétorique il faut user ou plutôt comment affirmer cette conviction. Probablement en incitant l'Union à être plus présente sur la scène politique internationale ( et non pas seulement pour réaffirmer la pérennité de l'euro), en encourageant la mobilité des jeunes - et leur formation - dans les différents États de l'Union : un "parcours" européen par exemple, une sorte de programme Erasmus plus ambitieux , plus vaste.

Au moment où la Catalogne endettée réclame son indépendance, il faut que notre cheminement soit inverse. Cela suppose de la pédagogie, une force de conviction (celle qu'avait le Général de Gaulle concernant l'autodétermination de l'Algérie...).

Cela implique un changement de ton pour que la Fédération des États-Nations qu'appelait de ses vœux Jacques Delors prenne corps et constitue,dans les difficultés et la morosité que nous traversons, un réel dessein... apaisant le vague à l'âme.

Mali : quelle Indépendance ?

Le Mali vient de célébrer, hier samedi, le 52 ème anniversaire de son Indépendance. Dans la situation présente n'est-on pas en droit de s'interroger sur la réalité de cette "indépendance"? Un Etat finalement morcelé et où les islamistes font (et défont) la loi, lapidant et amputant au mépris des Droits de l'Homme et de la Charte des Nations Unies. 

Quelle indépendance à la fin lorsque l'on sait que les milices islamistes sont soutenues (au moins financièrement) par l'Arabie Saoudite et le Qatar, lorsque l'on sait que plusieurs "chefs" de ces milices viennent de l'Algérie voisine? 

Mais aussi, quelle est la part de responsabilité occidentale dans ce jeu de massacre? Je croyais (évidemment à demi) que l'Arabie Saoudite et le Qatar étaient des alliés de l'occident : j'en viens finalement à me demander s'il n'y a pas une continuité entre le soutien aux rebelles syriens (qui se disent eux-mêmes tenants d'un islam radical) et leur ingérence au Mali afin de soutenir des djihadistes qui avancent de moins en moins masqués .

 Et l'Algérie dans tout cela? Si certains de ses ressortissants font lien avec ces mêmes djihadistes, Alger doit-il se taire?

 Évidemment, la complexité de la situation est telle que beaucoup de choses m'échappent ...sauf la souffrance de ceux (Maliens et autres) pris sous ces feux croisés d'ambitions, de fanatismes et de calculs.

vendredi 21 septembre 2012

Conférence d'Helsinki / dénucléarisation du Moyen-Orient : la défection d'Israël

Alors qu'une conférence sur la dénucléarisation du Moyen-Orient est prévue à Helsinki d'ici la fin de l'année et rencontre le ferme soutien, notamment, des États-Unis , on apprend qu'Israël sera absent. Cela signifierait-il que Tel-Aviv soit hostile à un projet de Z.E.A.N au Moyen-Orient?

 Cette position me semble quelque peu contre-productive : l'Iran en fera ses "choux gras" et ne manquera pas de mettre en avant les réticences d'Israël à accepter une dénucléarisation de cette zone. Téhéran en tirera forcément son épingle du jeu et - s'il est pris" la main dans le sac" à avancer sur son programme militaire - c'est un argument qu'il mettra en avant.

Au-delà des rencontres en cours (des 5+1) , la seule sortie de l'impasse me paraît être de mettre sur la table ce projet de Z.E.A.N. L'avantage est de forcer les pays concernés à abattre leurs cartes et jeter leurs masques.

Cette option me paraît bien plus réaliste que celle avancée par Kenneth Waltz dans la revue "Foreign Affairs " de juillet-août : Selon lui, un Iran nucléaire face à un Israël nucléaire serait un facteur de stabilité au Moyen-Orient comme ce serait le cas pour l'Asie (Inde/Pakistan). Cette thèse me semble un peu "primaire" car elle fait l'impasse sur des paramètres " incertains" au Moyen-Orient (mouvements non entièrement contrôlables, rivalité chiites/sunnites etc...).

Dans le contexte actuel , aborder un projet de Z.E.A.N. dans la zone serait une incontestable avancée. L'absence d'Israël à la future conférence d'Helsinki est regrettable et sa "chaise vide" sera forcément montrée du doigt comme contradictoire par rapport aux craintes affirmées au sujet du nucléaire iranien.

mardi 18 septembre 2012

Iran nucléaire : la "clé" de l'amiral J.A. Lyons ...

Je tombe, par hasard, sur un article de l'amiral (en retraite) James A. Lyons paru dans le Washington Times du 11 Septembre. La date de parution est-elle une simple coïncidence? Quoi qu'il en soit, l'amiral J.A. Lyons, ancien commandant en chef de la flotte américaine du Pacifique, met en garde à propos du danger que représenterait l'Iran s'il venait à détenir l'arme nucléaire.

 Il en veut pour preuve le "profil"- selon lui - du Président Mahmoud Ahmadinejad qui (je cite) :

  "est membre d'une petite secte extrémiste connue sous le nom de "12" qui croit qu'un homme peut jouer un rôle clé en causant un chaos mondial, ce qui ouvrirait la porte au retour du douzième Iman "caché". Ahmadinejad a démontré qu'il croit avoir été choisi pour être cet homme."

 Cette affirmation est gratuite pourtant elle peut susciter bien des interrogations. Tout comme la "clé" que livre l'amiral.Lyons : il fait référence au concept de la Taqîyya qui, dans la chari'a, justifierait que l'on puisse légitimement tenir deux messages contradictoires simultanément . La Taqîyya serait ainsi une dissimulation autorisée par le Coran . Et l'amiral de poursuivre : "Dans le cas de l'Iran, son démenti continuel d'un programme nucléaire est un exemple majeur". 

Je ne sais que penser des affirmations  de M.Lyons parues le 11 septembre et de ses critiques à peines voilées de l'administration Obama. Mais je suis d'accord au moins sur un point : L' Iran , détenteur de l'arme atomique, ouvrirait la porte à la prolifération nucléaire dans le Moyen-Orient et renverrait dans les limbes le projet de Z.E.A.N (Zone Exempte d'Arme Nucléaire ) dans cette région, projet que suggérait en France Paul Quilès (ancien président de la Commission de la défense) et qui devrait être examiné d'ici fin 2012 à Helsinki comme suggéré lors de la conférence quinquennale de "bilan" du T.N.P. en 2010. 

En tout état de cause la définition d'une "ligne rouge" est indispensable , cela d'autant plus s'il advenait que M.Lyons vît juste en évoquant les mensonges que permettrait la Taqîyya.

Dommage qu'une même "ligne rouge" n'ait pas été définie lorsque le Pakistan se dotait de l'arme nucléaire dans les années 90, ce même Pakistan qui vient de tester hier, 17 Septembre 2012, un missile de courte portée à même de recevoir une ogive nucléaire.

samedi 15 septembre 2012

Extrémismes, récupérations, élections...

 Le film "l'innocence des musulmans", stupidement salué par le corrosif pasteur américain Terry Jones, a mis le feu aux poudres un peu partout dans le monde : Moyen-orient, Asie etc...Pendant que le Pape Benoît XVI prêche au Liban la tolérance, c'est la haine qui prévaut ailleurs .

 On a beau dire que les attentats de Benghazi ont été planifiés, il n'empêche que les manifestations en cours ont pour racine un "film" qui appelle à la haine. Rien ne l'excuse et ce n'est pas au nom de la liberté d'expression que l'on peut passer l'éponge.

 Certes, les salafistes et autres fanatiques ont fait sortir les foules. Mais seraient-elles sorties si ce film bête et méchant n'avait pas été diffusé? A trop vouloir, aux États-Unis, tenir un langage pseudo-patriotique , il dégénère en xénophobie : qu'en pensent les républicains américains? Sont-ils en accord avec les discours du candidat Mitt Romney? Peut-être peut-on avancer que la "récupération" n'est pas à sens unique?

 En tout cas, ce film qui - sous l'impulsion des salafistes et autres djihadistes a embrasé une bonne partie du monde - a porté à l'Occident un préjudice considérable. Je repose la question : au-delà du provocateur,apparemment de religion copte, quels sont les autres provocateurs , quels sont les autres finançeurs, quels sont les profiteurs?

Sans être devin, il y a deux coïncidences : d'une part, le 11 Septembre et , d'autre part, les élections américaines : n'y aurait-il pas , à ce propos, une tentative de récupération savamment orchestrée pour brouiller les pistes? Voilà les questions que l'on peut se poser : d'un  côté des violences intolérables, d'un autre côté l'expression d'une haine xénophobe dont le "producteur/réalisateur" de religion copte n'est, probablement, que le bouc-émissaire.

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Nb- Question: il apparaît comme probable que des islamistes radicaux aient planifié les violences , profitant des manifestations. Pour autant, la diffusion de ce film (tourné au cours de l'été 2011) est-elle pure coïncidence? Est-ce les salafistes qui ont organisé sa diffusion et suscité les mouvements de foule dont ils se sont servis? Ou bien - au contraire - l'extrait du film a-t-il été sciemment mis en ligne (et par qui? ) le 11 Septembre... en sachant pertinemment qu'il heurterait les musulmans? La réponse à cette question n'est pas innocente.

vendredi 14 septembre 2012

Pour une véritable réforme territoriale

Il y a quelques semaines j'avais exprimé le souhait d'une véritable réforme territoriale clarifiant la "pièce montée" des structures administratives. Dans son dernier numéro (2087) l'hebdomadaire Le Point produit un véritable dossier: un réquisitoire sous le titre "Le scandale des Collectivités locales".

Je renvoie donc à ce dossier sous la plume, notamment, de Patrick Bonazza et de Romain Guibert s'agissant des incroyables dérives constatées en région Ile-de-France. J'avais indiqué que ce pourrait être là (à côté de l'intégration européenne et du fédéralisme qu'appelle M. Barroso) un des grands "chantiers" du quinquennat de François Hollande.

 La France ne peut se permettre - au moment où des économies sont indispensables - d'entretenir des baronnies qui tartinent le beurre et l'argent du beurre (voyages d'études, comités régionaux du tourisme ayant pignon sur rue à New-York... ou à Pékin ...ou à Doha!?,immeubles pharaoniques de barons-pharaons qui veulent édifier de nouveaux Guizèh ). Ce sont, selon l' hebdomadaire, plusieurs milliards d'euros qui seraient ainsi économisés en supprimant des strates non indispensables ou, pour le moins, désuètes. Au moment où il urgent de réduire notre déficit - sans risquer de plonger la France dans la récession du fait des ponctions fiscales - la "rigueur" qui s'impose à l’État central doit également s'imposer aux collectivités locales. Et cette "rigueur" justifie que l'on s'interroge sur les doublons .

 C'est ce que Mario Monti a fait - courageusement - en Italie. Serions-nous plus timorés ou plus laxistes avec le risque , dans quelques années, de connaître une situation "à la Grecque" ?

Le défi est évidemment politique car il est plus aisé de ménager et la chèvre et le choux. Quoi qu'il en soit, je redis ma déception de voir supprimer la proposition de l'ancien gouvernement de créer des conseillers territoriaux siégeant à la fois dans les conseils généraux et les conseils régionaux. C'était là un pas en avant vers la suppression des marches d'un escalier où flambeaux et réverbères sont allumés ... en plein jour.


 A l’échelle européenne ce damier - ou plutôt ce jeu de l'oie pour le citoyen lambda -  a-t-il encore un sens? Quel crédit donner aux départements qui ne sont que les sous-ensemble d'une région? Et - toujours à l'échelle européenne - quels sens accorder aux 22 régions métropolitaines alors que la cohérence économique et territoriale plaide pour deux fois moins de Régions? Les communes (plus de 36 000) sont, certes, un échelon de proximité mais les communautés de communes ou d'agglomération ne le sont-elles pas aussi? J'appelle donc de mes vœux (pieux?) une France dont le socle serait 2 entités : les Communautés (de communes ou d'agglomération) et les Régions. 

 Le dossier du Point est sans appel. Le diagnostic est déjà fait dans le rapport de Jacques Attali: il ne reste plus qu'à aller de l'avant. Ce n'est pas , certes, caresser les "barons" dans le sens du poil. Mais l'impopularité (non chez les citoyens mais dans les cercles concentriques du pouvoir) peut être , à terme, payante. Encore faut-il convaincre ses amis politiques : là est le véritable défi pour le gouvernement.

mercredi 12 septembre 2012

Moyen-Orient: Le "printemps arabe" dévoyé

 Les évènements de cette nuit à Benghazi et au Caire voilent de noir la "pierre blanche" qui aurait dû marquer cette journée du 12 Septembre (approbation du M.E.S par la Cour Constitutionnelle allemande donnant ainsi du souffle à l'Union).

 A l'origine ( réelle ou supposée) , un film d'une ridicule indigence dont j'ai vu quelques extraits sur you tube. Ce film est non seulement indigent mais provocateur. Je m'interroge sur son financement : quelles bourses ont été déliées aux Etats-Unis...ou ailleurs?

Pour autant, comment imaginer que l'on assassine l’ambassadeur américain en Libye? Si ce n'est du fait d'un fanatisme qui se répand : de la Tunisie à l' Égypte en  passant par la Libye et gagnant le Machrek. Samuel Huntington,si décrié car considéré comme "simpliste" par de beaux esprits philosophes, avait-il raison en évoquant le "choc des civilisations"?

Je me dis aussi que les États-Unis ont (par naïveté?) fait fausse route imaginant à l'époque de George Bush la doctrine du "Grand Moyen Orient" afin de mettre en place de soi-disant régimes démocratiques. Quand bien même cette stratégie aurait été édulcorée depuis, il en reste des séquelles. L'islamisme radical est en marche et le Moyen-Orient devient un sinistre bourbier : luttes fratricides entre chiites et sunnites, percée des salafistes et des Frères musulmans, djihadistes tapis dans l'ombre attendant que le fruit mûr ne tombe ou bien , mitraillette à la main, se faisant passer pour d'innocents libérateurs. 

Dans ce Moyen-Orient sensible, l'on avance masqué : guerres de "libération" aux enjeux complexes, provocations répondant aux provocations, recherche de nouveaux "partenariats" (cf.Égypte/Chine) etc... 

Mais j'en reviens aux évènements de cette nuit: quelles que soient les erreurs stratégiques américaines misant sur un "printemps" qui n'est pas advenu, quelle que soit la nullité grossière du film réalisé par un sinistre provocateur , rien ne légitime ce déchaînement de violence et l'assassinat d'un dynamique ambassadeur américain (qui, au demeurant, avait soutenu la "révolution" en Libye).

Cet épisode sanglant montre ce qui peut advenir lorsque les foules robotisées sont opportunément manipulées comme les personnages d' un théâtre de Guignol . Un bien sinistre Guignol.

dimanche 9 septembre 2012

France : au diapason de l'Union européenne

C'est ce "chapeau" que je retiens de l'intervention, ce soir, du Président de la République. Sans évoquer le mot d'austérité (si souvent employé par nos amis espagnols), c'est - en raison des circonstances- un évident tournant vers plus de rigueur. La France ne s'exonère pas des efforts décidés au niveau de l'Union pour sortir de la crise économique : elle est au diapason.

 L'effort budgétaire est considérable : 30 milliards d'euros d'économies sur le budget 2013, équitablement répartis (réduction des dépenses + prélèvements) afin d'arriver à l'objectif de 3% maximum de déficit budgétaire en 2013.

 L'emploi est , bien sûr, au centre des préoccupations et - en raison des prévisions de croissance de 0,8% en 2013 - il ne faut pas s'attendre à une nette amélioration dans le très court terme. C'est d'ailleurs ce qu'a laissé entendre François Hollande même s'il l'a indiqué un peu moins brutalement que le Président du Conseil Espagnol qui ponctue chacune de ses interventions en rappelant que le résultat des efforts ne sera visible que dans le moyen terme.

 Le Président espère tout de même une inversion de la courbe du chômage d'ici un an: pari risqué en raison de la sous-utilisation actuelle des capacités de production qui n'incite donc guère les entreprises à investir puisque les marges de croissance existent d'ores et déjà... et ne sont que tributaires de la demande qui va forcément ralentir en raison de l'effort de rigueur.

 La Commission européenne souligne systématiquement que les réformes doivent être structurelles. C'est là  une litote pour évoquer la réforme nécessaire du marché du travail vers une plus grande "flexibilité". Mais le mot , en France, est tabou (tout comme le mot "rigueur"). Pourtant, quelle différence avec la "souplesse" évoquée sans détours par François Hollande ? Aucune en sémantique. S'y rajoute cependant une prise en charge des personnes licenciées (indemnités, formation etc...). " Modèle" danois ?

 François Hollande a montré , ce soir, qu'il avait pris les rênes . A-t-il fixé un cap ? Beaucoup - dans l'opposition - diront qu'il n'a pas encore montré, tel un nouveau Moïse, la "Terre Promise".

 Comme d'habitude le Front National en rajoute avec ses excès habituels (notamment déni de l'Union ) comme si la France pouvait encore trouver rempart derrière une virtuelle "ligne Maginot"!

Pour autant , le Président en a décliné le chemin. Sans dramatisation excessive mais en campant sur le socle de ses convictions , au diapason de l'Union.

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NB- Ainsi Bernard Arnault, le  patron de LVMH, veut se faire Belge...surprenante information diffusée la veille de l’intervention du Président. Peut-être apprendra-t-on que ce n'est là qu' "histoire belge" et que Bernard Arnault souhaite seulement acquérir la nationalité gabonaise... (évidemment pour "raisons personnelles"). A moins qu'il ne souhaite trouver refuge - et consolation - derrière le Manneken-Pis...

jeudi 6 septembre 2012

Union : message aux euro-sceptiques qui n'ont pas encore compris

Il y a quelques semaines , j'écrivais que j'étais persuadé de la solidité de l'Euro. Comme il fallait s'y attendre , M.Mario Draghi a "rempli ses obligations" en faisant adopter le programme dit O.M.T. qui prévoit l'intervention de la B.C.E. sur le marché secondaire pour le rachat des obligations souveraines (après appel au M.E.S).

 A ceux qui croient - défaitistes avant l'heure- à un euro moribond , j'adresse mes condoléances. 

Des économistes (qui souvent ne sont que des conjoncturistes à la vision courte) prédisaient une "explosion" de l'euro. Elle n'a pas eu lieu et elle n'aura pas lieu. Car (ce que des "économistes" ne comprennent pas ) l'euro est le symbole et -si je puis dire - le drapeau de l'Union. Tout autant que l'hymne européen. Je regrette que certains prédicateurs ( des mormons? ) ne perçoivent pas encore la dimension politique de l'euro. 

En France l'on sait bien ( du moins les personnes ayant un Q.I. un peu au-dessus de la moyenne) que dans un contexte de mondialisation, il ne peut y avoir de politique économique strictement nationale. Par ailleurs, face à  des tentatives hégémoniques (suivez mon regard) l'Europe - vieux Pays mais qui se renouvelle tout comme une sauvegarde de disque dur peut être actualisée - demeure, en politique étrangère, une voie de recours (et de secours).

 L' Europe, d'expérience, a la vision longue et l'Union est en marche. Elle aura d'ici une dizaine d'années un Président (ou une Présidente) élue au suffrage universel. Ce n'est pas la Pythie de Delphes qui me l'a dit mais le simple bon sens.

 A ceux qui voient un retour aux monnaies nationales, je souhaite de vivre -en rêve - leurs fantasmes. François Hollande l'a compris tout comme Mme Merkel, MM. Rajoy et Monti. Le Président (ou le gouverneur) de la Bundesbank n'a probablement pas intégré la dimension politique de l'euro.Mais on ne peut demander à un "comptable" de trop élargir son champ de vision. 

A ceux qui veulent opposer Europe du Nord et du Sud, je leur demande de s'informer des plans Italiens ou Espagnols: ils comprendront que les cigales sont moins nombreuses que les fourmis. Même sous le Parthénon les fourmis prospèrent (quoiqu'elles n'aient guère que du marbre à grignoter). Les cigales bruissent moins devant les évidences. Le peuple grec sait (en tout cas les jeunes) que les parties de cartes arrosées d'ouzo sont terminées.

 A ceux qui utilisent un langage dual "fourmis contre cigales", je dis que l'Union européenne porte une volonté farouche d'aller de l'avant et que les cigales - si Zeus l'exige - ne tarderont pas à devenir fourmis.

Mais Zeus n'est pas forcément à la Banque Centrale, seulement un cran au-dessus : là où s'exprime le destin des nations.

Barack OBAMA : Pour un second mandat

 Avant une élection qui, forcément, aura un impact sur la planète entière, je veux dire pourquoi  le Président OBAMA doit être, à mon sens, reconduit dans ses fonctions. 

Mon impression (peut-être subjective) est celle d'un homme dont le parcours -en raison de ses origines - n'a probablement pas été facile. C'est l'image de l'Amérique qu'il nous renvoie, celle d'un pays où l'on peut émerger grâce à ses mérites quelle que soit la position de départ (ce qui n'est pas toujours le cas en France où subsistent encore des "castes" qui se reproduisent).

 Au-delà de l'image, je retiens, notamment, la bataille que Barack OBAMA a menée en faveur de la prise en charge de l'assurance-santé: c'est une victoire sur le surprenant égoïsme d'une société américaine parfois excessivement libérale (cf. l'acquisition d'armes).

 Au plan international, l'homme est mesuré et lucide. Il possède les réflexes nécessaires sans tomber dans les travers de Mitt Romney qui joue "les va-t'en-guerre" et  matamores . S'agissant de la "poudrière" du Moyen-Orient et des déflagrations toujours possibles, comment ne pas accorder plus de confiance au Président actuel pour éviter les déflagrations en chaîne (accrues en raison de la désinformation actuelle et des parties de poker ou de billard engagées à grande échelle )? Cela suppose que l'on garde la tête froide pour décrypter et savoir comment réagir au-delà des provocation (Iran/Israël). Le Président Obama s'est engagé - par exemple - dans une politique de désarmement (cf. son discours de Prague de 2009) tout en maintenant l'option "bouclier anti-missiles" en Europe Centrale pour parer à toute attaque irresponsable (cf. Corée du Nord, Iran).

Je sais - sur le plan intérieur - que les républicains désavouent son bilan économique: A croire que les ultra-libéraux américains seraient,par magie, devenus subitement keynésiens : Il est surprenant que l'on critique à la fois l'intervention de l’État fédéral (santé) et que l'on regrette ,en parallèle, son non interventionnisme économique. D'autant qu'aux États-Unis, la F.E.D. a bien plus de marge de manœuvre que notre Banque Centrale Européenne et a pu, ainsi, intervenir directement au niveau monétaire. Les républicains adressent-ils leurs critiques à la F.E.D.?

En tant que Français, je n'ai évidemment pas voix au chapitre (j'attends avec impatience de telles élections à la Présidence de l'Union Européenne..) mais -dans le contexte international politique et économique actuel - nous avons , il me semble, plus besoin du pragmatisme équilibré de Barack OBAMA que des "coups de gueule" incantatoires de MM. Romney/Ryan.

Bonne chance donc, à Barack OBAMA!

lundi 3 septembre 2012

Iran "nucléaire" /Israël : pour en finir avec les doutes

Les médias ne cessent de s'interroger sur une éventuelle attaque préventive d' Israël du fait d'un programme nucléaire militaire iranien . Il me semble nécessaire de passer en revue - rapidement mais objectivement - les arguments justifiant une éventuelle intervention israélienne . Il faut aussi,a contrario, examiner les éléments alimentant les doutes et les présomptions insuffisamment étayées.

1- éléments "en faveur" de l'existence possible d'un programme nucléaire militaire :

1- Accords de 1987 (pendant la guerre Iran/Irak) entre l'Iran (le Premier ministre Mir Hossein Moussavi ) et le "proliférateur" Abdul Qadeer Khan,"père" de la bombe atomique pakistanaise.
2 - Construction dissimulée des usines d'enrichissement de Natanz et Fordo ainsi que du réacteur à eau lourde d'Arak (informations ultérieurement révélées par les Moudjahidin du Peuple).
3- Réticences iraniennes à ouvrir à l'inspection de l'A.I.E.A. les sites de Parchin (maintenant) et de Lavisan-Shian (dans le passé).
4-Déclarations d'anciens hauts responsables de l'A.I.E.A indiquant que l'Iran maîtrise l'usinage de l'uranium métal (technologie nécessaire à la fabrication du "cœur" de la bombe).
5-Accroissement du nombre de centrifugeuses en cascade depuis 2005 (Présidence Ahmadinejad)
6- Refus par l'Iran de ratifier le protocole additionnel à l'accord de garantie avec l'A.I.E.A (pourtant signé il y a près de 10 ans).
7-Fabrication de missiles balistiques (Sahab-3 et Sejil-2) de portée 2000 km (sur la base de modèles Nord-Coréens).

2-éléments de doute quant à l'existence d'un programme nucléaire "opérationnel":

1- Rapport 2011 des 16 agences de renseignement américaines : le programme nucléaire militaire aurait été abandonné en 2003...(information relayée en février 2012 par le Los Angeles Times ).
2- Le général Benny Gantz, chef d'état-major de l'armée israélienne affirme (interview au quotidien Haaretz , 25 avril 2012) que les responsables iraniens "ne décideront pas de franchir le dernier pas pour la production d'armes nucléaires").
3-Si l'Iran détient 189 kg environ d'uranium enrichi, l'enrichissement n'est qu'à hauteur de 20% (alors qu'une bombe nucléaire nécessite de l'uranium enrichi à 90%)
4-l'A.I.E.A ne semble pas avoir contesté l'existence d'un programme médical lié à des réacteurs de recherche requérant de l'uranium enrichi à 20 %
5- Ni les Services américains ni les Services israéliens n'ont apporté de preuve objective (en 10 ans...) de l'existence d'un programme nucléaire militaire iranien alors que des doutes existent depuis lors.
6- En février 2003 - pour justifier une attaque contre l'Irak - de fausses preuves sur un soi-disant programme nucléaire irakien d'envergure ont été présentées à l' O.N.U par le Secrétaire d’État Colin Powell. (l'histoire ne se répète-t-elle pas?).

    Finalement il ne ressort aucune preuve évidente des deux colonnes de ce bilan. Seulement des présomptions. Pour ma part, je suis persuadé que l'Iran possède les connaissances nécessaires à la fabrication d'une bombe (contacts avec le Pakistan, la Corée du Nord etc...). Mais comment expliquer que des Services aussi aguerris que les Services américains ou israéliens n'aient pu - à ce jour - apporter de preuve? Pourquoi l'A.I.E.A ne fait-elle état (dans ses rapports au Conseil des Gouverneurs) que de présomptions alors que d'anciens hauts responsable de cette Agence affirment publiquement, lors de conférences, que l'Iran est à même d'usiner l'uranium métal (ce qui est la "ligne rouge" et le "marqueur" d'un programme nucléaire ayant une interface militaire.)?

vendredi 31 août 2012

Iran nucléaire: les inconnues du site de Fordo

Les agences de presse ont relayé, hier, une information de source A.I.E.A selon laquelle le nombre de centrifugeuses aurait été doublé sur le site de Fordo (près de Qom) . On ajoute que l'Iran détiendrait 189 Kg d'uranium hautement enrichi. On en déduit que l'Iran avance à pas de géants vers une arme nucléaire (d'où les "tambours de guerre" en provenance de Tel-Aviv et - à un moindre rythme- de Washington). Parallèlement le Guide Suprême iranien,l'ayatollah Ali Khamenei, assure (sur le Coran?) que l'Iran n'a pas l'intention de se doter de l' arme nucléaire et que les matières fissiles produites sont exclusivement à usage pacifique. Cela m'inspire deux réflexions:

1- L'important ne tient pas tant au nombre de centrifugeuses qu' au degré d'enrichissement atteint en rappelant qu'il faut de l'U enrichi à 90% pour fabriquer une bombe. L'A.I.E.A a-t-elle des informations sur ce niveau d'enrichissement? Ce n'est pas précisé et je reste "sur ma faim". Ce qui est certain c'est que le seuil d'enrichissement à 20¨%  est atteint (alors même que l'utilisation à usage pacifique ne requiert que de l'U à 3,5 ou 4%). L'enrichissement à 20% est justifié par les réacteurs à usage médical (sur lesquels l'A.I.E.A n'a fait jusqu'à présent aucun commentaire).

2- Il ne fait aucun doute (je l'ai dit à plusieurs reprises) que l'Iran possède les connaissances nécessaires à la fabrication d'une bombe (cela depuis sa transaction de 1987 avec Abdul Qadeer Khan, le "père" de la bombe atomique pakistanaise). L' A.I.E.A est d'ailleurs en possession d'un document (remis par les iraniens il y a quelques années sous la Présidence Khatami) décrivant les étapes de fabrication de l'arme nucléaire.Ce document avait été (semble-t-il) remis à l'Agence en gage de bonne volonté à l'époque où était signé le protocole additionnel A.I.E.A en 2003.

Conclusion:

 a) Rien ne prouve que l'Iran soit en capacités de fabriquer maintenant une bombe nucléaire. Il faudrait pour cela détenir de l'U à 90 %, ce qui n'est pas le cas. Il est vrai que plus le nombre de centrifugeuses en "cascade" est important, plus un haut degré d'enrichissement de l'uranium peut être atteint.

b) Si un doute subsiste sur les capacités "opérationnelles" de l'Iran à fabriquer une bombe nucléaire, il n'y a pas de doute quant à ses possibilités (en termes de connaissance scientifique).

c) Des éléments demeurent troublants: le choix du site souterrain de Fordo, les essais supposés d'explosifs conventionnels (détonateurs et amorce d'une arme nucléaire ), la non transparence de l'information auprès de l'A.I.E.A., le "nettoyage" du centre de recherche de Lavisan-Shian il y a quelques années (peu avant une inspection de l'A.I.E.A.), le silence gardé sur le réacteur à eau lourde d' Arak, la "découverte" du site d'enrichissement de Natanz en 2002 par les Moudjahidin du Peuple etc...

 En résumé, s'il n'y a pas de certitudes absolues ou de preuves objectives, les éléments de suspicion sont nombreux. C'est ainsi que pour moi se définit le "dossier iranien" : suspicion, jeu permanent de "cache cache".

Dans ce contexte et , faute de preuves, le doute doit-il "profiter à l'accusé"? Ce n'est pas si simple : nous ne sommes pas dans un prétoire mais sur l'avant-scène d'un conflit possible dont nous ne maîtrisons absolument pas l'issue et les conséquences à long terme.

NB- La manière pour le moins curieuse dont a été traduite l'intervention du Président Égyptien (lors du Sommet des Non-Alignés) stigmatisant le gouvernement syrien ne peut que contribuer à accroître nos soupçons quant à une supposée franchise des déclarations iraniennes.

jeudi 30 août 2012

François Hollande : coup de semonce ou brise de mer ?

11points de perdus dans un dernier sondage : cela met en émoi les médias... et la classe politique. A juste titre. Il n'est pas anormal que l'on s'interroge: le Président ferait-il le "dos rond" dans le roulis ou plutôt dans l'incertitude sur la santé du pays? Cette descente du baromètre est, en effet, probablement liée aux mauvais chiffres de l'emploi mais peut-être pas exclusivement. 

Il est vrai que ces dernières semaines on a davantage entendu la Chancelière allemande que le Président français. On oublie cependant le Sommet européen de fin juin qui relançait l'Union et ouvrait le chemin à une intervention plus large de la B.C.E. Dans ce Sommet, le rôle du Président Hollande a été loin d'être négligeable, contribuant à ne pas rejeter les "pays du Sud" encore plus au Sud. Ce n'est pas son moindre mérite.

Mais, entretemps, il y a eu des annonces massives de licenciements (Peugeot a marqué les esprits) et les interrogations de l'opinion sur les marges de manœuvre du gouvernement face à ces plans de restructuration tardivement annoncés . C'est vrai aussi qu'en cette période estivale il n'y a pas eu  d"annonce". Et les Français sont , par nature, méfiants, soupçonneux . Intuitivement,ils se posent alors deux questions:  ils se demandent si la sérénité estivale ne masque pas le calme qui précède la tempête ou , alors, si le Président silencieux (pour l'heure) est, dans la mer agitée, le bon capitaine. 

Pour ma part, je crois que le capitaine est à la hauteur des enjeux. Il manque cependant un vrai cheval de bataille qui "musclerait" la position de la France et lui donnerait plus de crédibilité. Deux enjeux me paraissent essentiels et en cohérence avec les efforts à venir : au niveau national, ouvrir le chantier d'une vraie réforme territoriale et, au niveau de l'Union, reprendre l'initiative (favoriser l'intégration budgétaire/économique et, par là, l'action de la B.C.E.). 

Sachant que la France ne pourra , en quelques mois, redresser sa balance commerciale ou bien créer une multitude d' emplois ( le taux d'utilisation des capacités de production demeure faible et le restera encore un moment en raison de la stagnation de la demande des ménages et aussi de nos exportations), il faudrait - non par manœuvre ou par tactique volontairement attentiste - se pencher sérieusement sur ces deux enjeux qui s'inscrivent dans le long terme et qui , tous deux, sont emblématiques : Une plus grande intégration de l'Union et, en France, une réforme territoriale aussi courageuse que celle entamée en Italie par M. Mario Monti.

Le capitaine, je n'en doute pas, tient la barre. Les récifs sont nombreux : il faut les éviter. Mais, au-delà, il faut savoir prendre le large et conduire - dans l'Union - le navire France à bon port.

mercredi 29 août 2012

Les Non - Alignés : un retour sur la scène internationale ?

Le Sommet qui s'ouvre demain à Téhéran est - au delà d'un succès pour la diplomatie iranienne- l'occasion pour les pays Non - Alignés de faire entendre leur voix. Certes, ce ne sera pas un nouveau Bandoeng car les problèmes actuels , en particulier au Moyen-Orient, se traduisent aussi par des "alignements" sur le positionnement des Grandes Puissances.

 Mais il n'est pas exclu que, par delà ces "axes", des convergences se manifestent publiquement. Il sera sûrement question du nucléaire (et les Non - Alignés affirmeront -comme le prévoit l'article VI du TNP - leur droit légitime à faire un usage pacifique de l'énergie nucléaire) et aussi de la Syrie, de la Palestine, d'Israël (en clamant que cet Etat n'est pas signataire du TNP). On parlera probablement moins , du fait de la montée en puissance de pays émergents, de la "dégradation des termes de l'échange" (c'était le leit motiv -en 1975 - de la Conférence Nord/Sud réunie à Paris où les Non - Alignés faisaient bloc).

Très probablement les discussions seront moins économiques que politiques . Car si je ne suis pas certain qu'il existe une convergence sur les dossiers économiques (les économies étant par trop dissemblables) , il est possible que des consensus apparaissent sur les problèmes politiques du moment (singulièrement au Moyen-Orient). Non que l'on adopte des positions identiques (du fait des "alliances" antagonistes) mais pour mettre en scène une volonté commune de résoudre ou de prioriser ces problèmes. Hors des "tutelles"...

Le "printemps arabe " (sous une autre dénomination,certes) sera forcément au cœur des discussions du Sommet et je m'interroge : quel plateau de la balance pèsera le plus ? celui où  la stabilité au Moyen-Orient prévaudra ou bien le plateau-réceptacle du "renouveau islamiste " avec toute l'ambigüité que recèle un islam rigoureux défendu tant par l'Arabie Saoudite que par des mouvements ... "plus révolutionnaires".

 Dans ce contexte où des États avancent masqués et défendent tout autant leur pétrole que la Charia, je me demande si l'on assistera les 30/31 Août 2012 à un réel éveil des Non - Alignés (dont le poids économique est bien plus considérable qu'il y a cinquante ans à Bandoeng ). Un vrai retour sur la scène internationale n'est pas exclu.

Allemagne/Europe : divergences ou convergences?

Mme Angela Merkel est,assurément, une européenne convaincue si j'en juge ses récentes déclarations (convention en vue d'un nouveau Traité destiné à mieux coordonner les politiques économiques et budgétaires dans l'Union et plus particulièrement dans la "Zone Euro") .

Il faudra donc que l'on m'explique pourquoi le président de la Bundesbank  tire à boulet rouges sur le Président de la Banque Centrale européenne. On me répondra probablement que la Bundesbank est indépendante.

 Mais , pour autant, est-il en droit de défaire ce que l'Union et la Chancelière allemande, soutenue par le Président français, se donnent tant de mal à bâtir . Si le Président de la Bundesbank  a des états d'âme est-il opportun qu'il en fasse brutalement état et s'affiche (en mal de publicité?) dans le Spiegel ?

Au moment où un groupe de travail franco-allemand va se mettre en place afin d'avancer sur l'intégration budgétaire et économique, le singulier positionnement du Président de cette institution donne la fâcheuse impression d'une cacophonie. Manquerait-il un chef d'orchestre?

 J'étais, pour ma part, convaincu qu'il s'appelait M. Mario Draghi...

dimanche 26 août 2012

Europe: une très opportune initiative allemande

Décidément, Mme Angela Merkel sait prendre des initiatives. En proposant (selon Der Spiegel ) une ''convention'' en vue d'un nouveau Traité (cf.agence reuters) elle prendrait ainsi les rênes d'un approfondissement de la construction européenne. Après l'élargissement il est plus que bienvenu de retourner - comme disent les banquiers - aux "fondamentaux".

La crédibilité de l'Union dépend plus que jamais d'une meilleure intégration politique et économique. La vitalité de l'euro en dépend et aussi la réussite de "plans de relance" chers au gouvernement. Comment , en effet, assurer la réussite d'une politique de relance sans coordination des politiques économiques ?

 Au moment où des Cassandre nous prédisent une fin d'année 2012 difficile voire particulièrement dramatique (cf. exacerbations des tensions au Moyen-Orient et leur impact sur la croissance mondiale), il est urgent - comme semble vouloir le proposer la Chancelière allemande - de se préparer dès maintenant à rebondir. Ce serait l'occasion de faire entendre la voix de l'Union, a fortiori dans un monde quelque peu déboussolé .Si le Sommet européen de décembre va dans ce sens, ce sera un grand pas. Puissions nous soutenir -si elle est confirmée- cette initiative comme l'auraient sûrement fait Jean Monnet et Robert Schuman.

 Évidemment, il faut s'attendre aux blocages ou jérémiades d’États hostiles à une plus forte intégration politique et économique : ce sera la l'épreuve (et les preuves) de vérité...

 NB- ajout du 28/8/2012 : Comment ne pas se réjouir qu'un "groupe de travail" entre Paris et Berlin se mette en place pour avancer sur l'intégration (budgétaire, économique...) ainsi qu'annoncé hier lundi ?

jeudi 23 août 2012

Le courage d'une vraie réforme territoriale... et des préfectures

Je viens de lire l'article "un peu court" de Michel Revol dans le dernier numéro du Point sur la suppression envisagée de plusieurs sous-préfectures. Bâti après quelques interviews - et beaucoup d'idée reçues- cet article ne correspond nullement à la réalité que je connais . Réduire - au-delà des 3 ou 4 exemples cités forcément caricaturaux - les sous-préfectures à la délivrance de " titres" et au contrôle de légalité est plus qu'un raccourci : c'est méconnaître la réalité de l'action sur le terrain et la nécessité de veiller , à la base, à la l'application des politiques nationales et/ou européennes.

On oublie qu'un sous-préfet est le maillon administratif indispensable qui anime et coordonne les acteurs locaux (services de l’État, partenaires économiques ...) sur des sujets aussi sérieux que l'emploi et l'intégration, la sécurité , les infrastructures , les problèmes environnementaux etc...On oublie qu'il travaille en étroite coordination avec les services de police , de gendarmerie, et évidemment, le Parquet . Il est là,sur place, lorsqu'il y a prise d'otages, accident industriel, dépôt de bilan d'une entreprise (et qu'il faut rechercher un repreneur). Bref, ce sont des généralistes-spécialistes qui travaillent en contact étroit avec les préfets de région qui les réunissent fréquemment (parfois au grand dam des préfets de département).

 On aurait pu, d'ailleurs, poser la question autrement : à quoi servent les préfets dans la mesure où la plupart de leurs compétences (notamment économiques ) ont été transférées aux préfets de région? Sujet tabou car le lobby des préfets (résidant dans des" palais" plus ou moins napoléoniens) est là, qui veille au grain.

 Moins de sous-préfectures, certes, mais des sous-préfets travaillant "main dans la main" avec des préfets de région, eux-mêmes moins nombreux mais couvrant des régions plus vastes, à l'échelle européenne, tel pourrait être l'axe retenu. A cet égard je note que l'Espagne a - depuis belle lurette- supprimé les " governador civil " dans les provinces c'est-à-dire l'équivalent de nos départements.

Par contre, Le Point, si prolixe et vertueux concernant la suppression de sous-préfectures, ne dit rien de ce que devrait être une vraie réforme territoriale, celle qui concerne des élus locaux et non pas seulement des services de l’État . C'est vrai que cela demande un peu plus de courage : on ne s'attaque pas si aisément aux "baronnies" et "marquisats" qui règnent sur les conseils généraux et aussi sur les conseils régionaux aux programmes immobiliers parfois dispendieux si ce n'est nettement pharaoniques.Je le redis: l'empilement des structures territoriales est une "hérésie française" (communes, communautés de communes et d'agglomération, conseils généraux, conseils régionaux etc...).

Plus que d'évaluer les économies réalisées par la suppression de sous-préfectures (dont la Cour des Comptes ignore apparemment la réalité des missions) , il serait opportun de chiffrer les économies faites avec la suppression des conseils généraux (cf. le projet injustement abandonné de conseillers territoriaux), de préfectures et de certaines préfectures de région dont le nombre - toujours à l'échelle européenne - ne devrait pas dépasser la dizaine au lieu des 22 existant en métropole . Mais , évidemment, gare à la fronde dans un cas comme dans l'autre.

 Pourtant le rapport Attali allait dans ce sens...Mais Jacques Attali a dû passer (pour certains) pour un intellectuel, c'est-à-dire pour un"doux rêveur".

lundi 20 août 2012

"Zone Euro" : un avenir assuré

Un ministre finlandais joue les Cassandre en évoquant un éclatement de la zone euro.M.Toumioja ne s'exprimait pas au nom de son gouvernement, c'est déjà cela . D'ailleurs je constate qu'un autre ministre finnois, M.Stubb, en charge des affaires européennes tient un discours bien différent.

Pourquoi suis-je convaincu de la pérennité de la "zone euro"? D'abord , parce qu'il s'agit d'une construction autant politique qu’économique. L 'Europe - et la zone euro en son sein - est porteuse d'une volonté et d'une espérance qui transcendent les vues à court terme des marchés. La France et l'Allemagne qui ont œuvré pour la construction européenne depuis près de 60 ans ne laisseront pas se défaire l'édifice pierre après pierre bâti depuis la seconde guerre mondiale. Par ailleurs, les gouvernements prennent plus que jamais conscience , du fait de la crise économique , de la nécessaire coordination des politiques économiques et financières. 

Contrairement à ce que pense M.Toumioja, je suis persuadé que l'Europe sortira ragaillardie de la crise actuelle. Bien évidemment, la question se pose de savoir jusqu'où la Banque Centrale peut aller en matière d'achat d'obligations souveraines : il est possible qu'elle ne soit pas à même de soutenir éternellement la Grèce. Mais l'éventuelle sortie de la Grèce ne signifie pas pour autant l'éclatement de la "Zone Euro". 

Certains États non européens (voire quelques chevaux de Troie) peuvent, bien sûr, avoir un intérêt à la disparition de l'euro mais c'est là une vue étroitement "commerciale" ou bien traduisant l'espoir de saper les fondements de l'Union, perçue comme rivale.

Pour ces raisons, parce que l'Europe de Jean Monnet, de Robert Schuman, de Konrad Adenauer est une construction politique, née - comme les États-Unis - après bien des convulsions, je suis intimement persuadé que l'Euro comme l'Union, ont tout l'avenir devant eux . Le présent, d'ailleurs, les y contraint.