lundi 30 avril 2012

La crise en questions

Non,évidemment, que je doute de la réalité d'une crise économique et financière dont pâtissent les peuples (ou le Peuple) de l' Union : je m'interroge cependant sur sa véritable nature, ses déclencheurs et aussi ses prolongements.

1- la durée : la crise a débuté en 2006/2007 en Espagne avec la chute de l'immobilier liée à la hausse des prêts hypothécaires , signe avant-coureur de la crise des subprimes aux États-Unis accentuée par la faillite de la banque Lehman Brothers. Cela fait donc déjà 5 ans... et je suppose que dans quatre-vingt ans il en sera encore question dans les livres d'histoire tout comme de la crise de 1929 partie elle aussi des États-Unis et qui heurta de plein fouet l'Europe quelques années plus tard (mais les marchés financiers n'étaient pas - à l'époque - globalisés).

2- l'ampleur de l'endettement des États de l'Union Européenne: Ces problèmes d'endettement n'étaient pas évoqués il y a 3 ou 4 ans. On semble  les découvrir depuis deux ans via les agences de notation : pourquoi cet absence de signaux, de mise en garde auparavant ? C'est là une réelle interrogation alors même que les pays européens pris en leur ensemble ne sont pas,de loin, aussi endettés que le sont les États-Unis (15 000 milliards de dollars).

3-la mondialisation économique : faut-il croire qu'elle n'existait pas avant 2007 et qu'elle est responsable de tous les maux (délocalisations, diminution relative de la productivité globale ...)? Mais l'évoquerait-on avec autant d'intensité (et parfois comme un paravent ) s'il n'y avait pas eu la tempête financière déclenchée par les subprimes ?

4- l'action de l'Union européenne : En effet - à en croire les économistes - si la Banque Centrale n'était pas intervenue le "navire Europe " aurait sombré. Toutefois, je me pose une autre question : alors que la crise est d'origine financière mais a dégénéré en une crise économique, pour quelle raison l'Union n'a-t-elle pas apporté -jusqu'à présent- de réponse économique ? Est-ce parce que les problèmes financiers relèvent du court/moyen terme alors que la résolution des problèmes économiques relèvent, eux, d'une vision à plus long terme, d'une stratégie que l'Union n'a pu encore mettre en œuvre . Si l'Union européenne avait disposé d'un budget fédéral la "face du monde en eût peut-être été changée " (tel le nez de Cléopâtre...). D' ailleurs je constate que l'économie américaine "repart" : investissements, consommation liée à un vaste marché intérieur...

Mais n'avons-nous pas en Europe un aussi vaste marché intérieur (espace et population ) et aussi des entreprises tout aussi désireuses d'investir si les banques témoignaient d' un peu plus de cran et étaient plus à même de soutenir l'investissement productif?

Ce sont là quelques interrogations dans un contexte si particulier que quelques uns sont tentés par le repli sur soi et les risques d'un nationalisme exacerbé.

 Puisse l'Union brider ces tentations car leur portée n'est pas seulement économique et l'isolement -comme le thermomètre - ne fait pas baisser la fièvre.

 D'où la nécessité pour l'Union de bien déployer ses voiles : à trop rester ancré au port le risque est de demeurer pour longtemps au mouillage...Mais quelque chose me dit que les bateaux aspirent désormais au grand large : c'est un espoir qui doit prolonger le sursaut (MM.Van Rompuy et Mario Draghi) enregistré avec satisfaction la semaine dernière.


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