jeudi 23 février 2012

Iran : si on se disait toute la vérité ?

Dans la partie qui se joue beaucoup de cartes paraissent biaisées et les dés, pipés.
 Essayons d'aller à l'essentiel en tentant de voir les  choses sans préjugés.

1- L 'Iran  est-il en capacité d'avoir l'arme nucléaire?

 La réponse me paraît assez évidente.L 'Iran maîtrise la totalité du cycle du combustible: depuis le minerais d'uranium ( Saghand,) la production de  yelow cake  (Ardikan) en passant par sa transformation en dioxyde d'uranium (Ispahan) et , ensuite, son enrichissement dans les centrifugeuses de Natanz. Le fait qu' ait été atteint le taux d'enrichissement de 20 % permet à l'Iran de franchir relativement aisément les seuils de 60 et 90 %. Outre la voie de L 'U enrichi par les centrifugeuses, il dispose de la technologie de l'enrichissement par laser et - il ne faut pas l'oublier - des réacteurs fonctionnant avec de l' U faiblement enrichi dont l'un des "sous-produits" est le plutonium.  La réponse est oui à cette question : l'Iran possède bien les capacités.

2- L 'Iran cherche-t-il ainsi à légitimer le statut recherché de "puissance régionale" ? Veut-il en soufflant le chaud et le froid gagner du temps afin de se doter d'une "arme de dissuasion "? poursuit-il d'autres desseins?

La réponse est moins claire . Son programme balistique (missile Sahab-3 et Sejil-2), les probables expérimentations à Parchin de détonateurs (explosifs conventionnels destinés à compresser les matières fissiles )  montrent en tout état de cause que l'Iran ne veut pas simplement se contenter de maîtriser le cycle du combustible (et de le faire savoir) mais franchir un pas supplémentaire . Cela ne signifie pas pour autant qu'il veuille  utiliser le nucléaire militaire à des fins offensives. Je pense qu'il faut distinguer la "rhétorique" ( les propos absolument inadmissibles tenus à l'égard d'Israël ) de la véritable stratégie et des craintes de plus en plus ressenties (effets sur l'économie du pays de l'embargo , gel d' avoirs bancaires, récemment situation en Syrie -son seul allié au moyen-orient -, rôle de puissance régionale que peut lui disputer la Turquie majoritairement sunnite en s'alliant éventuellement à l'Arabie saoudite ).

Je suis persuadé qu'il y a une ''double lecture'' à faire des déclarations Iraniennes. Elles sont habiles et - derrière la provocation - il y a très certainement une stratégie bien mise au point. Ainsi qu'un journaliste l'écrivait il y a peu "pendant que certains Occidentaux jouent au poker, l'Iran, pendant ce temps, joue aux échecs".


Je suis finalement assez persuadé de la réalité d'un vaste programme nucléaire civil et , en parallèle, de l'existence d'un volet militaire. Ainsi donc la république islamique ne se met-elle pas simplement dans les pas du Shah lorsque, en 1974 , l'Iran lançait -avec le soutien d’États occidentaux -  un ambitieux programme nucléaire civil en se réservant très probablement aussi l'option militaire? C'était à l'époque du premier choc pétrolier...

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