jeudi 30 mai 2013

France / Société : La gangrène "affairiste"


 Il y a eu, en avril, l'épilogue de l'affaire "Cahuzac" : Le ministre des finances a regardé l'Assemblée Nationale "au fond des yeux" clamant qu'il ne détenait pas de compte bancaire à l'étranger: mensonge vite démonté par la presse d'investigation et la Justice (comptes non déclarés en Suisse et à Singapour).  Et le ministre a du démissionner...après avoir effrontément menti à François Hollande, Président de la République, "les yeux dans les yeux" .

 Et voilà que des vapeurs aigres-douces semblent maintenant émaner de l'affaire "Tapie - Adidas" : le Tribunal arbitral , procédure choisie par Bercy (Mme Christine Lagarde étant alors ministre) , est mis en cause : les dés (en 2008) auraient été pipés puisque l'un des arbitres - désormais mis en examen par un magistrat - n'aurait pas agi en toute indépendance.

La France - en ces temps de restriction sinon d'austérité - commence à sentir une fièvre doucement la gagner. Car nos concitoyens ne veulent pas se sentir dupes : ni pigeons ni dindons d'une farce dont ils ne connaissent pas tous les ingrédients.

 Mais voilà qu'enfin l’État se décide à se porter partie civile . Il était temps car nombre de nos compatriotes n'arrivent pas à comprendre ce qui a poussé le Tribunal arbitral à pousser si loin le bouchon : Le montant des indemnités proposées fait grincer les dents de nos compatriotes : 400 millions d'euros dont 45 M pour "préjudice moral " (le protocole initial aurait été modifié pour intégrer cette pieuse considération).

 Les "cafés du commerce" bruissent de ce qu'ils considèrent comme un commerce malsain : car si l'arbitrage relève du "privé" en revanche les 400 millions alloués à M. Tapie par le Tribunal arbitral sont, eux, de l'argent public.

 A l'époque où elle était ministre des finances pourquoi Mme Lagarde n'a-t-elle pas fait appel ? L'actuelle directrice du F.M.I. (placée sous le statut de "témoin assisté") considère maintenant que la procédure qu'elle avait jadis choisie (arbitrage) n'était probablement pas la meilleure des solutions . En effet . Surtout si ce n'est pas elle qui a choisi de faire appel à une "instance arbitrale" .(1)

Cette affaire - autant que l'affaire "Cahuzac" - fait grincer les dents des Français qui ne sont pas familiers avec les procédures d'arbitrage et imaginent qu'elles ne sont plus guère qu'une survivance moyenâgeuse : des ordalies au 21 ème siècle  : cela leur échappe complètement.

 Plus qu'au "jugement de Dieu" (d'ailleurs bien étranger à ces manœuvres) nos compatriotes font davantage confiance maintenant au bon sens de Bercy et, bien sûr, à la Justice car - apparemment - il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg.

 La France serait-elle devenue une "République bananière"? Jusqu'ici seules les peaux de banane étaient parfois visibles et nous glissions sur elles avec le sourire. Ce n'est plus tout à fait le cas désormais : sous la peau on découvre de surprenantes épines...

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(1) Actualisation :

- 5 juin 2013 : L'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" n° 4832 de ce jour évoque cette affaire sous 2 titres " L'arbitrage Tapie : simple habillage pour un accord secret" et "L'ordre est venu de l’Élysée " . L'hebdomadaire fait référence au mois de Juillet 2007. L' Agence Reuters rapporte les déclarations (ce jour) de l'ancien directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard. Selon Reuters, le choix de l'arbitrage privé "faisait consensus" avec " validation de l’Élysée".
 - 10 juin: le "Nouvel Observateur" révèle ce jour que l'intéressé vient d'être placé en "garde à vue".












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lundi 27 mai 2013

Union européenne : quel gouvernement économique ?

 L'idée n'est pas neuve mais, cette fois, François Hollande joue son "va-tout" et nos amis allemands ne se bornent pas à sourire avec condescendance. La Chancelière attend que l'on précise le contenu de cette proposition qui - évidemment - supposera des transferts de souveraineté.

A la question "quel gouvernement économique ? ", deux points majeurs paraissent émerger:

1- le contenu , son champ et les transferts de souveraineté qu'ils sous-tendent .

a) S'agissant du contenu, il me semble devoir intégrer (outre la politique monétaire relevant de la B.C.E.) les grandes politiques industrielles (innovation, infrastructures...) ainsi que les politiques fiscales (impôts, lutte contre la fraude fiscale /paradis fiscaux) et sociales (santé, salaire minimum). La durée du temps de travail devra aussi être harmonisée. Mais "harmonisation" ne signifie pas "alignement" et des pondérations peuvent être retenues en fonction de variables socio-économiques . Cette harmonisation progressive (échéanciers à prévoir) ne peut d'ailleurs que renforcer la crédibilité de la politique monétaire européenne.

b) quant au champ, un gouvernement économique ne peut se concevoir qu'à l'intérieur de la Zone Euro (les 17 pays qui la composent) de laquelle il faudra tenter d'extirper de nos préjugés la pseudo- opposition entre les pays de l'Europe du nord et ceux de l'Europe du sud. Aux États-Unis, oppose-t-on dans l'action, la cohésion et la solidarité le Massachusetts et la Louisiane par exemple?

c) les transferts de souveraineté supposeront un accord du Parlement (à travers notamment le vote des budgets) mais aussi - et surtout - un accord des 17 dont certains peuvent être rétifs : la voix de l'Allemagne sera déterminante. L’ Espagne ébranlée par la fièvre irrédentiste de la Catalogne ne pourra, elle, que favoriser ces transferts qui déplaceront les centres de gravité quant aux décisions essentielles, le principe de subsidiarité continuant à s'appliquer (et il devra aller encore plus loin) pour les autres décisions.

2- les Institutions :

 a) un gouvernement économique n'a de sens que s'il est rattaché à un véritable Président, celui-ci disposant d'une certaine légitimité. Or la légitimité , après les élections européennes de juin 2014, sera détenue par le Président de la Commission européenne (issu du parti majoritaire). La question se posera évidemment de la fusion Président de la Commission/ Président du Conseil européen (ce que permet le Traité de Lisbonne) afin d'avoir un vrai Président de l'Union.

b) Cela posé, comment marier (communauté ou séparation de biens?) un gouvernement économique de la Zone Euro (à 17) et une Union (à 27)?

- soit en déconnectant zone euro/Union avec le risque d'un gouvernement de technocrates (ce qui dans l'opinion publique ne serait pas du meilleur effet et alimenterait les dérives populistes ).
Se poserait notamment le problème de la légitimité des décisions prises.

- soit en reliant expressément ce "gouvernement économique" au Président "unicéphale" ( à espérer! ) de l'Union. Cette voie paraît être la meilleure car elle ne fait pas fi de la dimension politique des propositions et permet de ne pas perdre de vue le deuxième "volet" : celui d'un fédéralisme qui - par essence - relève du politique, de la démocratie (et son corollaire : le suffrage universel). Cette voie suppose aussi la coexistence de deux cercles ayant deux vitesses différentes. A souhaiter que les lois de la gravitation favorisent ce "jumelage" !

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Le rebond européen est désormais " l'option sur la table" (comme disent les américains) . Disons plutôt que nous sommes à une croisée des chemins avec un impératif: ramener les peuples vers l'Europe. Cela signifie faire admettre qu'il n'y a de voie - pour sortir de la crise - qu'européenne.

 Les populismes diront évidemment le contraire. D'où l'importance - d'ici les élections européennes - de résultats tangibles en matières d'emploi et de perspectives de croissance. Il faudra aussi veiller à ce que nos amis britanniques ne se froissent pas et ne jouent pas la carte du "repli", emportant armes et bagages .
Mais, de ses amis, faut-il vraiment se garder ?








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samedi 25 mai 2013

Bahreïn : Un "plus vieux " Printemps arabe...



Ce printemps pluvieux fait songer aux "printemps" oubliés. Qui se souvient des manifestations de mars 2011 place de la Perle à Manama? Elles ont été - dans un silence troublant -  écrasées par les forces saoudiennes appelées en renfort avec " mandat " du Conseil de Coopération du Golfe. Une centaine de morts, peut-être plus dont les médias ont très peu parlé .

 La chaîne de télévision Al Jazeera d'habitude si réactive pour signaler et même orienter les manifestations populaires a fermé les yeux. Al Jazeera est Qatarie et proche (1) de l'Arabie Saoudite . On peut donc comprendre les raisons inavouées de son silence .

Mais FR3 , elle , est une chaîne française et a priori sans complaisance . Or l'excellent reportage diffusé le 22 Mai par FR3 et intitulé "Printemps arabes...la confiscation" (de Frédéric Brunnquell) ne fait pas la moindre allusion aux soulèvements réprimés dans le sang à Bahreïn.

Ce "non-dit" , en France, est surprenant car rien n'empêchait (si tel était le point de vue du réalisateur) de décrire la situation en exposant les thèses en présence pour tenter de démontrer que la révolution n'était pas tout à fait spontanée :  population chiite majoritaire aux prises avec un pouvoir sunnite autoritaire , éventualité d'une agitation suscitée par l'Iran etc...

Plutôt que garder le silence un peu de pédagogie eut été bienvenue. Sauf à considérer que cette île d'à peine 700 Km2 et de 1,3 M d'habitants n'intéresse personne...sauf les passionnés de course automobile et les amateurs d'art car Manama - où se trouve le QG de la Vème Flotte américaine - est aussi entretemps devenue avec ses somptueux théâtre et musée une vraie perle de culture qui fait oublier l'un des plus vieux printemps . Un "pétard mouillé" en quelque sorte...

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(1) Proximité géographique certes et aussi soutien aux mouvements islamistes mais avec une différence non négligeable : le Qatar finance les Frères Musulmans alors que l'Arabie Saoudite apporte son aide aux  mouvements Salafistes .









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jeudi 23 mai 2013

IRAN/Nucléaire : Bientôt du plutonium ?


 Cela aurait presque pu passer inaperçu en raison de la focalisation sur les élections présidentielles de Juin. 
Tout aussi importante (à mon sens) est la dernière ligne droite avant que ne fonctionne le réacteur à eau lourde d'Arak (type IR-40, 40 MW).

 La phase finale est en cours : la cuve vient d'être acheminée et l'entrée en production pourrait intervenir dès le premier semestre 2014 (Thomson Reuters -22 mai 2013). Or, comme on le sait, un réacteur modéré à l'eau lourde produit du plutonium qui - contrairement à l'uranium - n'a pas besoin d'être enrichi à 90 % pour avoir un usage militaire. 

Dans le même temps l'A.I.E.A. révèle dans un tout récent rapport (GOV/2013/27 du 22 Mai 2013) que de nouvelles cascades de centrifugeuses plus performantes (IR-2m) viennent d'être installées (4 cascades +13 en projet) sur le site d'enrichissement de Natanz . L'Agence France Presse Washington -22 Mai 2013 évoque pour sa part le chiffre de 700 centrifugeuses "nouvelles génération". (1) 

Last but not least , la centrale nucléaire de Busheer (initiée en 1974 par des entreprises allemandes et poursuivie, à partit de 1988, par l'URSS puis la Russie) est, également, sur le point de démarrer. Cela dit, ne diabolisons pas : la centrale de Busheer (près du Golfe Persique) est destinée à produire de l’électricité quand bien même l'un des sous -produits est le plutonium. Mais il faut faire confiance à Moscou qui s'est engagé à récupérer ce sous-produit. 

Plus que Busheer , c'est le réacteur à eau lourde d'Arak (alimenté avec de l'uranium non enrichi) qui me fait m'interroger: à quoi va servir le plutonium ? Tout comme pour l'Uranium à 20% produit à Fordo (sous les montagnes près de la ville sainte de Qom)  dont on me dit qu'il est seulement destiné à alimenter les réacteurs de Téhéran produisant des isotopes médicaux , je me pose quelques questions. Cela d'autant plus que la décision aurait été prise de construire 4 nouveaux réacteurs de  recherche alimentés par de l'U à 20% et cela  en quatre différents endroits (2).

 Le futur Président de la République iranien (Peut-être M. Saïd Jalili ?) aura fort à faire pour démontrer -après le 14 juin - aux 5+1 "l’innocuité" de ces programmes nucléaires simultanés .

 Il est vrai que M. Jalili (négociateur iranien du nucléaire et proche de l'ayatollah Khamenei ) n'est pas "né de la dernière pluie"...

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(1) venant s'ajouter aux quelques 20 000 centrifugeuses IR-1

 (2) cela semble correspondre à une habituelle stratégie de "dispersion" des installations sensibles ...pour les mettre à l'abri de frappes israéliennes éventuelles.
A décharge de l'Iran, il semble bien cependant qu'une part importante du stock d'uranium enrichi à 20% à Fordo ait été transformé en oxyde de métal rendant quasiment irréversible - selon les experts - le "retour" à un processus d'enrichissement compatible avec un "niveau nucléaire militaire" (90%).
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Actualisation du 10 juin 2013 : Selon l'AFP, la cuve du réacteur d'Arak a été installée dimanche 9 juin en présence du Président Ahmadinejad . Ce réacteur (à même de produire du plutonium) serait destiné (selon les autorités iraniennes) à remplacer le réacteur de recherche de Téhéran (production de radio-isotopes)....???










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lundi 20 mai 2013

Printemps arabes : les guerres de religion prennent le dessus


 Nous revivons en quelque sorte une (ou plusieurs) Saint-Barthélémy : les Etats du Maghreb et du Machrek se déchirent . Il n'est plus question de démocratie mais de luttes "au couteau " entre sunnites et chiites.

 A l’intérieur même du " camp" sunnite , on se déchire tout autant : entre Frères Musulmans qui acceptent les règles de la démocratie d'une part et, d'autre part, les salafistes pour lesquels la démocratie est un gros mot. Telle est la situation en Tunisie(1), probablement en Egypte, sûrement en Irak (plus de 1200 morts depuis le début de l'année).

Cela me fait tenir pour naïve la rhétorique de certaines "bonnes âmes " qui - en Occident (et notamment en France) - tiennent un identique discours : " la démocratie ne s'instaure pas en un jour ! Vous voyez bien : en France il y a eu l'épisode de la Terreur pendant la Révolution! . Attendons : dans quelques mois, au pire dans quelques années, les printemps démocratiques fleuriront ". 

Cela me rappelle le discours dialectique marxiste qui voyait le communisme s'épanouir après l'inévitable épisode de la " dictature du prolétariat".

Hélas, je crains que nous ne revivions en ce moment les mêmes utopies . Car qui veut vraiment- au Moyen-Orient- des régimes démocratiques ? Certainement pas l'Arabie Saoudite et les "monarchies pétrolières" du Golfe. Les salafistes (wahhabites) en veulent-ils ? Pas le moins du monde : les évènements actuels en Tunisie le démontrent.

Pour autant, j'entends bien que rien ne pouvait justifier les dictatures : Kadhafi, Moubarak, Ben Ali ...Mais derrière , il n'y a que vide, rancœur, dissensions et incapacité à gouverner.

 Le discours de 2008 "Union  pour la Méditerranée" (processus de Barcelone) a-t-il encore un sens? Si oui, il serait temps que l'Union serve de trait-d'union car il y a aujourd'hui tempête en méditerranée...

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(1) Le gouvernement tunisien dirigé par un Frère Musulman ,M. Ali Larayedh vient de condamner l'action du mouvement salafiste Ansar Ashariaa et annonce l'arrestation de 200 de ses membres (AFP 20 mai 2013).









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samedi 18 mai 2013

Révoltes arabes : Les points d'interrogation

 Les révoltes arabes suscitent bien des questions : la pauvreté, la misère en ont été le terrain propice. Pour autant, cette misère a été vite récupérée. Question : y a-t-il un dessein, une logique dans cette traînée de poudre partie de Tunisie et bousculant désormais tout (ou à peu près) le Moyen-Orient ?

1- la misère en est certainement l'étincelle:

Comme on le sait, Tarek (Mohamed) Bouazizi n'avait pas le même profil que Jan Palach, étudiant tchécoslovaque qui s'immola par le feu en 1969, place Wenceslas pour protester contre l'invasion soviétique à Prague. C'est la misère qui conduisit Mohamed Bouazizi , jeune marchand de fruits et légumes de 19 ans à s'immoler devant le gouvernorat le 17 décembre 2010 parce que l'administration (des policiers? ) lui avait confisqué son outil de travail : sa charrette ainsi que sa balance. Or,quel était le rêve de Bouazizi ? s'acheter une camionnette . Tout simplement.

 Plus que la "Révolte de Mai 1968 " qui gagna la France ( et l'Europe) mais qui nous vint des campus californiens (cf.  guerre au Vietnam + mouvement hippie + souhaits d'une croissance économique zéro), les révoltes arabes semblent - au départ - davantage revêtir la forme de Jacqueries démultipliées par l'internet.

2- Ces mouvements - prenant une autre dimension - ont été récupérés en vue d'une transformation en profondeur des sociétés.

En Tunisie et en  Egypte les Frères Musulmans tiennent maintenant les rênes. Ils sont également aux aguets en Libye, en Syrie, en Jordanie. Le droit qui régente la vie en société est désormais la charia. Qui oserait évoquer le mot de laïcité?

Un autre constat : les Frères Musulmans, s'ils sont aux commandes, ne rallient pas pour autant tous les islamistes : c'est ce que l'on peut observer en ce moment en Tunisie où Ennahda se heurte aux salafistes . A contrario, il semble bien que les salafistes aient largement soutenu M. Morsi en Egypte. En sera-t-il encore ainsi longtemps? Les difficultés économiques que connaît l’Égypte en ce moment, la pauvreté galopante semblent plutôt favoriser les salafistes plus proches de la frange la plus démunie de la population. 

Mais qu'ils soient plus ou moins "intégristes"  ces mouvements ont récupéré les élans de protestation, leur ont donné forme et modifié de fond en comble la géopolitique du Moyen-Orient.


3- Les "printemps arabes" ont-ils été suscités ou , au moins, accompagnés?

Sans évoquer - comme certains - les théories du complot, ce n'est un secret pour personne que les États-Unis ont conçu en 2002/2003 la théorie/stratégie du "Grand Moyen-Orient". Ainsi que le Président George W. Bush l'affirmait en janvier 2004 devant le Congrès , l'Amérique prenait l'engagement de favoriser la démocratie et de ne plus soutenir les régimes autoritaires.

 Ce discours (inspiré des conceptions de Dick Cheney et Donald Rumsfeld) était prononcé peu après l'intervention des États-Unis en Irak. Washington cherchait-il à relier cette intervention à un "catéchisme" qui vaudrait aussi pour les autres pays Arabes et, ainsi, légitimer l'intervention en Irak ? Certains le pensent. 

L'appel en 2006 par la Secrétaire d'Etat Condoleeza Rice , à un "Nouveau Moyen-Orient" a-t-il été seulement formulé ou bien structuré en doctrine ? Il en est de même pour la pseudo-théorie dite du "chaos constructif". Est-ce là un concept plus ou moins fumeux sorti des sous-sols d' Harvard ou bien un schéma qui a pu orienter un moment la politique américaine ? Les choses sont probablement moins transparentes.

 Quoi qu'il en soit , il y a une assez bonne corrélation entre, d'un côté, la volonté (positive dans sa formulation et louable dans ses intentions) des États-Unis d'évacuer les régimes autoritaires et,de l'autre, les "printemps arabes" 4 ans plus tard. 

De la même manière on ne saura pas (du moins dans l'immédiat) si l' aide apportée par l'Arabie Saoudite ou le Qatar aux mouvements salafistes relève d'une stratégie en lien avec les printemps arabes ou seulement d'une solidarité entre mouvements et Etats " rigoureusement "sunnites, (solidarité qui a d'ailleurs joué à rebours avec l'écrasement du "printemps" de Bahreïn , place de la Perle, en mars 2011).

 L'on peut cependant s'interroger et faire appel à une autre théorie , celle de "l'arroseur arrosé" : Ryad ou Doha ont-ils vraiment intérêt à susciter des révoltes contre des régimes autoritaires ? Certes, la révolte de mars 2011 à Barhein a été écrasée mais on peut douter qu'il puisse en être ainsi dans toutes les monarchies pétrolières.

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Conclusion (personnelle) : la pauvreté a fait le lit des révoltes arabes. Des coïncidences inexpliquées demeurent : la rapidité avec laquelle les mouvements islamistes ont canalisé ces premières révoltes "d'indignés" tout comme les "bonnes" corrélations existant entre ces révoltes et la réorientation de la politique étrangère américaine après l'intervention en Irak. Il en est de même pour le soutien apporté par les monarchies du Golfe aux Frères Musulmans et aux salafistes qui sont - désormais - aux commandes.






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jeudi 16 mai 2013

François Hollande : le pari européen sans aucune ambiguïté

 Le chemin est désormais tracé, le Président de la République que l'on disait si frileux s'agissant de la souveraineté nationale a fait un grand pas en direction de l'intégration européenne lors de l'importante conférence de presse de ce jour 16 Mai 2013. L'initiative européenne qu'il propose se compose (c'est du moins ce que j'ai compris) de trois grands "piliers" : un gouvernement économique de la zone euro, une stratégie concertée pour les grands investissements, une politique financière commune (notamment pour l'émission d'emprunts) .

 Un arc-boutant vient assurer la cohérence de ces piliers : il se dénomme union politique . C'est une position courageuse d'affirmer sans aucune ambiguïté que la France ne peut agir à contre courant de l’Europe (ou, à tout le moins, de la zone euro) alors même que les populismes extrêmes, de gauche ou de droite, voudraient faire des confettis du Traité de Rome.

 Évidemment, je ne sais si le Président arrivera à tenir son pari de réduire d'ici la fin de l'année le chômage, notamment celui des jeunes. A vrai dire, je ne le pense pas . Et je continue aussi à rester sceptique sur le "choc de simplifications". Mais ces réserves ne masquent pas l'essentiel de ce que j'ai entendu : un rebond européen avec un contenu (réunion mensuelle du gouvernement économique, intégration européenne accélérée...).

 Si le réalisme est présent (allongement inévitable de la durée du travail , "modèle social" à rénover ), il s'inscrit désormais clairement dans un Ensemble, celui de l'Europe. L' Allemagne, je pense, aura compris le message "cinq sur cinq": son contenu est certes économique mais aussi - et surtout - politique. C'est en tout cas ce qu'il me semble décrypter.









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mercredi 15 mai 2013

Moyen-Orient : du feu sous les braises...

 Les tensions sont à leur comble et il est temps que l'on "démine": d'abord la Syrie. Un Genève II est la seule solution réaliste : le politique doit l'emporter sur le militaire et ses dizaine de milliers de morts à un moment où l'on s'emploie - de tous bords - à jeter de l'huile sur le feu (livraison d'armes qui font le bonheur des djihadistes, massacres perpétrés par l'armée, rétorsions d'Ankara ou d' Israël, Hezbollah "sur le pied de guerre"...).

Les Etats- Unis (et l'Union... ) ont apparemment accepté l'approche russe d'une conférence internationale puisque l'on a pris conscience qu'il n'y aurait pas de victoire par les armes.

Le démembrement "confessionnel" de la Syrie (un Etat à dominante sunnite/salafiste , un autre à dominante chiite, un autre enfin à dominante chrétienne ) risquerait d'être le prélude à un démembrement du Moyen-Orient dont les frontières, issues de l'empire ottoman, ont été artificiellement  tracées en 1920. Est-ce cela que l'on veut?

 La "Balkanisation" de la Syrie et du Moyen-Orient n'est probablement pas la clé pour assurer une stabilité régionale . Qui finalement aurait intérêt au dépeçage de cette zone ? Je me le demande puisque - comme bien d'autres - je n'ignore pas les ambitions régionales (Arabie Saoudite - Qatar, Iran, Turquie...et Égypte).

 Les Frères Musulmans y auraient-ils intérêt ? A défaut de frontières géographiques, le "liant" pourrait-il être religieux ? Ce n'est pas impensable et l'instauration d'un Califat ne relève peut-être pas du mythe. Voilà pourquoi il est temps, je pense, qu'une Conférence internationale ait lieu très bientôt pour calmer le "jeu" et les ambitions qui vont avec..

Tout comme il est temps de trouver une issue au nucléaire iranien (discussions de ce jour entre les 5+1 et l'Iran). En simplifiant, pourquoi ne pas reconnaître le droit de l'Iran à l'enrichissement de l'uranium pourvu que ce droit n'excède pas les 4ou 5%  UFH ? Cela est compatible avec le Traité de non-prolifération .

S'agissant de l'U à 20% destiné à la production d'isotopes médicaux 3 nécessités (il me semble)  : un quota, une fourniture par l'un des 5+1, et un strict contrôle de l'utilisation.

 Le négociateur iranien - candidat à la Présidence de la République - devrait bien percevoir les enjeux : fin du "prurit nucléaire" qui fait se démanger Israël ( et pas seulement), fin de l'embargo ... et, pour M. Saïd Jalili, un succès mérité.









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vendredi 10 mai 2013

Europe 2014 : un vrai Président pour l'Union


 2014 est un échéance majeure pour l'Europe : l'occasion d'élire un "vrai" Président pour l'Union et disposant d'une véritable légitimité. Combien de Français ou de compatriotes européens ont cela en tête?

 L'article paru cette semaine dans Le Point (n° 2121 du 9 mai 2013) sous la plume de Guillaume Klossa et Cédric Villani vient à point nommé pour nous le rappeler : l'an prochain, le Président de la Commission européenne sera nommé en fonction du résultat des élections de mai 2014. 

Cela signifie, à mon sens, deux choses :

 a) le Président de la Commission disposera d'une réelle légitimité 

b) Ce ne pourra pas être exclusivement un "technicien" mais - par définition - un(e) politique. Un Janus en quelque sorte qui devra combiner compétence et charisme.

La question se posera de l'équilibre à trouver avec les fonctions de Président du Conseil européen. Comme le rappellent fort opportunément MM. Klossa et Villani dans leur article "Il faut un capitaine pour l'Europe", le Traité de Lisbonne "autorise la fusion des fonctions de président du Conseil européen et de président de la Commission,actuellement occupées respectivement par Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso". 

Mais, au-delà de la possibilité juridique , on peut s'interroger : y aura-t-il une volonté politique des États-membres de fusionner les 2 fonctions ? Cela pourtant irait de soi car il ne peut y avoir 2 capitaines dans le même vaisseau .

Dans le court terme , on peut se laisser aller à quelques suppositions :

a) les candidats au poste de Président de la Commission devront forcément tenir un discours politique puisque l'élu le sera en fonction du parti majoritaire lors des élections européennes. Cela - il me semble - constitue une "prime" pour les candidats conjuguant charisme, forte personnalité et aptes aussi à la recherche du consensus.

b) la fusion des 2 fonctions n'ira pas de soi tout au moins dans le court terme et le Président de la Commission prendra probablement le pas sur le Président du Conseil européen. Dans le moyen-terme, cette fusion est inévitable malgré les réticences probables d' Etats sourcilleux de leur souveraineté. A moins que les britanniques (le projet de référendum de 2015) ne viennent mettre " le bâton dans les roues". 

Pour ma part, je fais confiance au bon sens. En tout cas, 2014 est une occasion majeure de franchir un pas.Les chefs d'Etat ou de gouvernement qui sauront en capter toute l'importance et la promouvoir laisseront leur nom dans l'Histoire. Une page est sur le point de se tourner;











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mercredi 8 mai 2013

Europe/économie : Quelques bonnes nouvelles !

 Les tensions ou la grogne injustifiée de ces dernières semaines (certains cherchaient en Allemagne un "bouc émissaire")  n'ont pas eu de prise sur l'activité économique : pour preuve le net redressement - d'un mois sur l'autre- de l'indice PMI (Purchasing Manager Index) avril/mars tant,globalement, en zone euro (+ 0,4 points avec un ratio de 46,9) qu' en France (+2,4 points avec le ratio de 44,3) et en Allemagne où l'indice frôle désormais le chiffre de 50 avec un ratio de 49,2 (1). Ces données recueillies par le Cabinet Markit montrent un ralentissement de la baisse des commandes en particulier dans le secteur des Services.

C'est là une bonne raison pour ne pas remettre en cause les politiques de désendettement  et la recherche d'économies budgétaires. A souhaiter que - comme en Allemagne - la demande interne soit relayée aussi par les exportations: mais, en France, cela ne se fera pas du jour au lendemain...

Quoi qu'il en soit ces données sont encourageantes et viennent à point nommé : la journée de l'Europe, demain 9 Mai pourrait passer inaperçue. Il n'y aura probablement pas de défilés dans les rue (sauf peut-être et a contrario dans tels pays qui ont atteint - comme en Grèce, Portugal ou Espagne - la limite des efforts possibles).

Ainsi, n'en déplaise à certains, l'Europe poursuit son chemin et ne se détourne pas de sa voie  (quoique - en politique internationale notamment  - elle puisse souffrir d'une aphasie temporaire...).

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(1) Le franchissement du seuil de "50" indique que l'on passe d'une situation de contraction économique à une situation d'expansion.

NB - Ajout du 23 Mai : une autre "bonne nouvelle" : la contraction de l'indice d'activité manufacturière ralentit : l'indice qui était de 44, 4 en avril passe - en France- à 45, 5. (source: Markit).
 Un ralentissement de la contraction est également noté dans l'Union qui semble "reprendre du poil de la bête" loin des euphories -momentanées - japonaises...

         Ajout du 4 juin: l'indice manufacturier zone euro passe de 46, 7 en avril à 48,3 en Mai (Down Jones)





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lundi 6 mai 2013

Syrie : qui donc a utillisé du gaz sarin ?


 Il y a deux semaines on affirmait que le régime Assad venait d'utiliser des armes chimiques contre ses ressortissants . C'était là une raison supplémentaire pour justifier la livraison d'armes aux opposants. Mais voilà que Mme Carla Del Ponte (ex- procureur au Tribunal Pénal International), membre de la commission d'enquête des Nations Unies sur les violences en Syrie, vient d' indiquer le 5 Mai 2013 que ce sont les opposants au régime qui auraient utilisé ce gaz meurtrier. 

Va-t-on en tirer - si cela est exact- toutes les leçons et considérer que tout n'est pas angélisme chez les rebelles ?

C'est la question que l'on peut encore se poser aujourd'hui puisque des doutes semblent encore subsister  : En effet, certains estiment que Mme Del Ponte a tiré - devant une chaîne de télévision Suisse  - des conclusions trop hâtives sans preuves suffisantes.

Je me demande , dans ce contexte, ce qu'attend le Président syrien pour donner son "feu vert" à la venue sur place de la Commission de l'O.N.U. Il semble que le gouvernement Assad ait autorisé les experts à venir à Alep mais ait refusé qu'ils investiguent ailleurs en Syrie. Pourquoi ?

 A quoi bon - en ces circonstances - jouer au "chat et à la souris"?










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dimanche 5 mai 2013

Moyen-Orient : un espoir en vue de la dénucléarisation ?


 M.Thomas Countryman, secrétaire d'Etat américain chargé de la sécurité internationale et de la non-prolifération vient d'exprimer, vendredi 3 mai , à Genève le souhait qu'une conférence sur la dénucléarisation du Proche-Orient puisse se tenir "bientôt" ."Je pense qu'elle peut avoir lieu bientôt , s'il y a volonté de coopération entre toutes les parties de la région" aurait déclaré M. Countryman selon Voix de la Russie (3 Mai 2013).

 Dans la foulée, la Russie s'est exprimée par l'intermédiaire de M. Mikhaïl Oulianov,directeur du département russe des affaires étrangères sur la sécurité et le désarmement : " la Russie estime que la Conférence sur la création d'une Zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient devrait avoir lieu avant la fin de cette année, par exemple le 18 ou 20 décembre" (Voix de la Russie du 3 Mai ).

Enfin refait surface le projet de Z.E.A.N. (Zone exempte d'arme nucléaire) au Moyen-Orient. Comme on le sait, cette conférence qui devait se tenir à Helsinki en décembre 2012 avait été annulée en Novembre 2012 par le Département d'Etat américain.

 Cette annulation avait  provoqué, à l'époque, beaucoup de déception et , finalement, c'est l'Assemblée Générale des Nations Unies  ( 3 décembre 2012) qui confirma l'intérêt qu'il y avait à créer une Z.E.A.N. dans une zone du monde si sensible. Cela d'autant que l'idée n'était pas nouvelle puisque datant de 2010 (lors du rendez-vous quinquennal d'examen du Traité de Non-Prolifération).

Au moment où le Moyen-Orient est - à nouveau - devenu un brûlot , cette conférence paraît indispensable pour apaiser les craintes de conflits mettant "dans le jeu " l'arme nucléaire. A souhaiter que - comme l'an passé - cette conférence ne soit pas annulée au dernier moment et que les ( bonnes ) paroles ne soient pas là  seulement pour faire diversion.












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mercredi 1 mai 2013

Syrie/armes chimiques : l'urgence d'une enquête sur place



 Ainsi , il y a une forte probabilité pour que du gaz sarin (ou toute autre arme chimique) ait été utilisé en Syrie. Par qui? Cela demeure encore une inconnue tant que les experts mandatés par l'O.N.U. ne seront pas allés enquêter sur place.

Deux choses, cependant, sont troublantes:

1- Le régime syrien sait que l'utilisation d'arme chimique est la "ligne rouge" (1) à ne pas franchir ainsi que l'a indiqué le Président Obama . Une utilisation d'armes chimiques rendrait inévitable une intervention militaire en dépit du probable veto de la Chine ou de la Russie au Conseil de Sécurité.
 Comment le régime d'Assad serait-il - dans ce contexte - provocateur au point de déclencher sa propre destruction? (2) . Étonnant, surprenant...ou...suicidaire?

2-Mais pour quelle raison le gouvernement syrien refuse-t-il aux experts de l'O.N.U. l'autorisation de se rendre sur place pour clarifier l'origine de l'utilisation des armes chimiques ? Si le régime du Président Assad n'a rien à cacher pourquoi refuser l'autorisation d'enquêter ? Cela ne peut qu'alimenter la suspicion.

La situation au Moyen-Orient est suffisamment grave pour qu'une enquête se déroule sans délais et que l'on évite ainsi un scénario "à l'irakienne". 

Je pense que le Président Obama l'a bien compris : il sait que les enjeux sont non seulement régionaux mais aussi mondiaux (la Chine qui maintenant veut s'efforcer de régler le problème Palestinien ne restera pas - s'agissant de la Syrie ou de l'Iran - hors du "jeu" quelque complexe et même  diabolique il soit.).

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(1) voir l'intéressant article de Gordon Robinson sur le site du journal Gulf news intitulé '' don't link Syrian crisis to Iran''. Cet article évoque les positions divergentes au sein du Congrès américain : notamment celle du sénateur républicain Lindsey Graham qui considère qu'une intervention en Syrie (si des armes chimiques sont utilisées par le gouvernement Assad) serait un message clair - et salutaire selon lui - envoyé à l'Iran .

(2) Dans l'hypothèse où le gouvernement syrien ne serait en rien responsable de l'utilisation d'armes chimiques, il faudrait alors s'interroger : qui pourrait " tirer parti " de ces crimes ?
 







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lundi 29 avril 2013

Europe : quel avenir pour l'euro ?


 Voilà que fleurissent les éditoriaux et que bruissent les hommes politiques au gré du son des tambours. Les uns évoquent un éclatement de la Zone euro , les autres un "bras de fer " avec l'Allemagne. Pour ma part je ne crois ni les uns ni les autres. 

Certes,les politiques d'austérité dans les pays du Sud ont atteint, il me semble, la ligne rouge au delà de laquelle c'est l'idéal même de l'Europe qui risque de voler en éclat. Mais ces plans de rigueur étaient rendus nécessaires par le "vivre à crédit" qui s'était instauré grâce , notamment, aux faibles taux d'intérêt rendus possibles par la monnaie européenne.

 Aux Cassandre qui prédisent un éclatement de la zone euro , je réponds que ce n'est l'intérêt économique et politique d'aucun pays. C'est - sur une autre échelle - le raisonnement que l'on peut tenir face aux sécessionnistes catalans : de même que je suis persuadé que l'Espagne conservera son intégrité territoriale, de la même manière je suis convaincu que - même s'il en coûte efforts et sacrifices - la Zone euro conservera son intégrité. Le prix d'un éclatement serait trop lourd et suicidaire pour les gouvernements qui en prendraient le risque (1).

 De la même manière un "bras de fer" avec l'Allemagne est politiquement suicidaire : ce serait ni plus ni moins que torpiller l'idée d'Europe et revenir sur les pas en avant tant d'Adenauer que de De Gaulle. J'entends des commentateurs "avisés" conclure que, de fait, la "Zone euro" est devenue la "Zone Mark" et que nous nous trouvons à la remorque de Berlin. Mais, il nous appartient - sinon de jouer les locomotives - du moins de faire en sorte que nous soyons dans les premiers wagons. 

 Le Point de cette semaine titrait "les Français sont-ils paresseux? " La réponse est fournie par plusieurs articles : évidemment l'on ne peut généraliser mais l'étendue des " niches" (non pas fiscales mais des "niches" tout court) laisse perplexe. Les "os à moelle'' sont si nombreux qu'ils sapent les énergies. Il faut - c'est le constat- nous "secouer" quelque peu pour que l'euro demeure une monnaie réellement partagée (et non un substitut du mark) et que le moteur Paris/Berlin ne tousse pas au rythme des scenarii catastrophe. Imaginerait-on (exemple certes extrême) la Californie endettée faire sécession et remettre en cause son appartenance à l' Union américaine.

Un autre point m'inquiète et qui demanderait , il me semble, des calculs plus approfondis : des économistes écartent d'un revers de main le scénario fédéraliste en raison des transferts budgétaires qu'il rendrait nécessaire. Mais, dans la situation de crise que vit l'Union européenne, il n'y a de salut que dans une sortie par le haut. Aux économistes et aux politiques il revient de mettre en chantier l'hypothèse fédéraliste et d'en préciser les scenarii du moyen et long terme.

 Ce qui est , pour certains, irréaliste aujourd'hui sera peut-être la solution de demain. Tout comme pour les négociations d'adhésion à l'Union , l'important n'est pas tant la durée que l'objectif sur lequel on se cale et le cap que l'on maintient.


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(1) Ainsi , la Fondation Bertelsmann  a-t-elle évalué à 1200 milliards d'euros (perte d'1/2 point de croissance par an jusqu'en 2025 ) le coût , pour l'Allemagne, d'un retour au mark -communiqué diffusé par PR Newswire (United Business Media) le 30 avril 2013.













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vendredi 26 avril 2013

France : déclin des valeurs et/ou déclin du "modèle'' socio-économique ?

 Il y a 10 ans (en 2002 ou 2003) on s'interrogeait , en France, sur le déclin des valeurs. On nommait tel auteur "décliniste" lorsque,dans ses ouvrages, il se disait consterné par l'état de la France et qu' il mettait  dans le même sac ses préoccupations : problèmes d'immigration et d'intégration , crainte de voir le pays se fondre dans une Union européenne absorbant la "spécificité" française , remise en cause de racines chrétiennes etc...

Avec le recul de dix années , on constate qu'il s'agissait là , avant tout, de joutes d'intellectuels. Car, en 2013, le mot "déclin" a pris un autre sens. Non pas seulement celui d'une interrogation sur des "valeurs de civilisation" mais celui d'un "déclin" tout court. De fait, la crise est passée par là avec l'inexorable montée du chômage. 

Les Français regardent avec envie les Allemands : c'est le "modèle" qu'on leur donne, désormais , comme référence . Et ce ne sont plus les philosophes qui tiennent le haut du pavé mais les économistes et les conjoncturistes. 

Certes - comme Frédéric Lenoir (Le Monde des Religions) - on peut aussi soutenir que la crise économique renvoie aux "fondamentaux". Il n'empêche que les interrogations portent d'abord sur la place de la France dans le monde et sur sa capacité à réagir en termes d'emploi. La crise économique amène les Français à s'interroger sur la pérennité de notre "modèle" , qu'il s'agisse du temps de travail (les 35 heures...), des retraites , du niveau des prises en charge des dépenses sociales et de santé etc...

En réalité, c'est autant une interrogation portant sur la légitimité du "modèle" socio-économique que sur sa pérennité. Les Français doutent en ce moment : de la "force de frappe" de la France, de sa crédibilité dans un monde tirant de plus en plus vers l'Orient, de la capacité de nos gouvernants..(1). Et donc d'un "modèle" payé à crédit alors que la culpabilisation liée l'endettement public est omniprésente.

Évidemment, ce n'est pas une situation pré-révolutionnaire comme certains hebdomadaires (Le Point, Le Nouvel Observateur) semblaient tout récemment l'évoquer d'une plume un peu provocatrice. Car nous sommes loin d'être à la veille de 1789 ( Mélenchon n'est pas Robespierre !).

En fait, nous vivons d'étranges moments où une bonne part des Français sont pris par le doute et - pour ceux qui n'ont pas d'emploi - par l'angoisse du lendemain . Ils attendent qu'on les éveille, qu'on leur donne quelque espoir et - probablement aussi - qu'on les secoue. A défaut, ils seront tentés par les extrêmes, pure négation de la raison mais offrant une perspective de mouvement.

 La France de 2013 n'est plus la France de 2003 et le sens du mot "déclin" a bien changé. Plus qu'à la tête ou au coeur de certains, le mot "déclin" frappe maintenant beaucoup de monde à la ceinture : danger!

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(1) Nos compatriotes ont souvent l'impression que leurs dirigeants politiques font du sur place en surfant sur la vague : rien de tel pour accentuer la morosité que de laisser croire que l'on attend que les clés de la "boite à outil" ouvrent enfin les portes. Ils se disent, alors, qu'à défaut d'ouvrir les portes, mieux vaut parfois tenter de les forcer.


















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jeudi 25 avril 2013

Chômage : une plaie, pour longtemps?

 C'est ce soir que les chiffres du chômage du mois de mars vont "tomber". Et - ce n'est pas un secret - ils ne seront pas bons. Je doute fort que l'on puisse enregistrer d'ici la fin de l'année une baisse du chômage. Ainsi que l'indique l'OCDE dans son dernier rapport économique, il est vraisemblable que ce taux poursuive jusqu'à fin 2014, son ascension : 11 puis 11,4 % avant de redescendre progressivement. 

Certes, les emplois aidés (contrats de génération notamment) vont contribuer à  atténuer le choc; ils ne résoudront pas pour autant le problème de fond qui a trait à la compétitivité des entreprises françaises. Un vrai "choc de compétitivité " supposerait une baisse des charges des entreprises , un retour aux 39 heures et une réforme de "Pôle Emploi" qui est dans l'obligation de sous-traiter des formations plus ou moins qualifiantes et qui est - à de rares exception près - dans l'incapacité d'assurer un suivi personnalisé des demandeurs d'emploi.

Évidemment, je mesure les difficultés auxquelles se heurterait le gouvernement pour appliquer une telle politique. Il suffit d'entendre l'extrême gauche et tel ou tel syndicat : selon eux, le Président de la République s’enferrerait dans une politique "de droite" et de soutien aux "patrons du CAC 40 ". La bêtise n'a plus de limites, celles-ci sont dépassées. 

Dans un contexte économique où la Zone euro est - probablement jusqu'en 2015 - condamnée , après une phase de récession, à une croissance "molle", il n'y a pas cinquante manière de redresser l'emploi : cela suppose une relance de nos exportations (et à défaut de pouvoir dévaluer l'euro, de vrais mesures de compétitivité ), la fin des 35 heures (une hérésie dont le père putatif est M. Strauss-Khan), une réforme de "Pôle Emploi" remettant à plat les modalités de suivi des demandeurs d'emploi (fin des "formations-garage" , pertes d'indemnités en cas de 2 refus successifs d'une proposition d'emploi).

 Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps mais de telles mesures seraient un signal allant au-delà du "choc de simplification". Elles ne vont pas de soi et ce ne peut être une déclinaison du " Il n'y a cas".

 Elles demandent du courage politique. Et donc un "chef de guerre...économique".

















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mardi 23 avril 2013

Libye : " Libéraux " c/ djihadistes. Un défi pour la démocratie

 L'attentat perpétré ce matin contre notre Ambassade en Libye ne peut que nous interpeller, cet acte terroriste intervenant deux ans - à 1 mois près- après l'intervention de l'OTAN, le 19 Mars 2011. 

A la suite de cette intervention ce sont  des "libéraux" qui ont remporté les élections de juillet 2012 et c'est un islamiste modéré qui fait fonction de chef de l’État : M. Mohamed Youssef el-Megaryef, Président du Congrès National. Islamiste modéré, M. El-Megaryef est en lutte ouverte contre les extrémistes.

 A priori - ainsi que s'en réjouissait tout récemment à la télévision un de nos anciens ministres - la Libye a choisi la voie démocratique . Pourtant, sans revenir sur le sanglant épisode de Benghazi en septembre 2012, on constate que l’État de Droit n'est toujours pas établi 2 ans après l'intervention militaire qui a permis l'éviction de Mohamed Khadafi. 

Ainsi, en janvier 2013, c'est le Consul d'Italie à Benghazi qui était la cible d'un d'attentat; le mois dernier c'est le Parlement libyen qui était assiégé .  Son Président, M. El-Megaryef  était vivement pris a partie dans son véhicule après avoir,début janvier, été l'objet d' une tentative d'assassinat dans le sud du pays.

Comment,dans ce contexte, ne pas s'interroger sur la difficulté qu'ont les autorités libyennes -modérées- à contenir les terroristes d'où qu'ils viennent, sachant que les auteurs de l'attentat du 11 septembre 2012 contre le consulat américain de Benghazi, qui a coûté la vie à l'ambassadeur des États-Unis, n'ont toujours pas été arrêtés?

Autre question : y a-t-il encore place pour un vrai "printemps arabe" ou faut-il - sans transition - regarder un peu partout les orages éclater?










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dimanche 21 avril 2013

Etats-Unis : Heureux américains...

 L'attentat de Boston et la neutralisation de deux de ses auteurs est l'occasion de saluer le consensus et la ferveur patriotique des américains. Certes, on sait bien qu'il n'y a pas de vraie ligne de démarcation entre démocrates et républicains. Mais, pour autant, on ne peut que constater - à chaque "coup dur" - combien les américains se serrent les coudes.

 Aux Etats- Unis, il ne viendrait pas à l'idée - comme en France ou en Italie - aux hommes politiques de s'insulter et, quasiment, d'en venir aux mains. Ce n'est pas faire preuve d'une béate admiration que d'effectuer ce constat car il faut rester objectif : cette nation a tout de même ses défauts (judiciarisation excessive, pudibonderie, individualisme tempérant les élans de solidarité etc...). Il n'empêche : dans les moments où l’Amérique se sent attaquée, les américains se rassemblent autour de leur Président.

On dit que les français sont pessimistes; je le crois volontiers. Cela tient probablement au fait qu'ils ne croient plus en grand chose : on critique vertement le Président de la République ; l'opposition - dont les chefs s'épient- est en embuscade...  et l'extrême droite, aux aguets, s'apprête à tirer les marrons du feu ou du moins le croit-elle.

Même si la société américaine a ses propres blocages (indemnisation du chômage, sécurité sociale limitée, vision du monde au travers du seul prisme des États-Unis etc...), il n'empêche que la population sait ,dans les coups durs (cyclone, attentats, expulsions immobilières...), faire preuve de solidarité et d'optimisme. Optimistes, les américains le sont certainement parce que solidaires.

 Pendant ce temps, nous passons notre temps à nous dénigrer. Que de temps perdu il me semble; alors qu'il nous appartient- notamment - d'apporter notre pierre à la construction de l'Union européenne . 

Les allemands ont la bonté d'avoir une locution qui devrait nous enorgueillir: "heureux comme Dieu en France" ... mais Dieu est aussi de l'autre côté de l'Atlantique et a sa part de responsabilité dans le "rêve américain". Un rêve ?

















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samedi 20 avril 2013

Europe : Union politique, vite !

 Je m'étonnais, il y a quelques jours, de la position de M.George Soros, qui évoquait l'éventualité d'une sortie de l'Allemagne de la zone euro . En se fondant sur des considérations strictement économiques, cette hypothèse d'école lui paraissait moins dramatique - dans les circonstances actuelles - qu'un départ de l'Italie.

 Au moment où certains économistes s'interrogent sur les effets induits des politiques d'austérité de plusieurs pays du sud (Grèce, Chypre, Portugal, Espagne, Italie) ou de rigueur (France) et craignent que ne soit ainsi déclenchée une spirale déflationniste, il semble qu'il n'y ait pas d'autre alternative que la recherche d'une union politique. Plus que jamais elle est nécessaire: pour légitimer les mesures structurelles qui doivent s'inscrire dans le cadre de l'Union .

 Certaines de ces mesures prises dans le seul cadre national (certes avec les encouragements de l'Union, du F.M.I., de l'O.C.D.E ...) sont souvent difficiles à mettre en œuvre, voire impopulaires. C'est la raison pour laquelle une Union politique (et sa marche en avant vers un budget commun) est indispensable pour affirmer une volonté commune au-delà d'une seule attente d'un retournement de conjoncture.

Certains y verront un abandon de souveraineté. D'autres, au contraire, la volonté de "prendre le taureau par les cornes". 

Plus que jamais un moteur franco-allemand est nécessaire pour réduire la fracture Nord/Sud et rapprocher les pays qui ont les mêmes racines et les mêmes valeurs...et aussi le même espoir d'une croissance économique qui se fait un peu trop prier.

















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lundi 15 avril 2013

Etats-Unis : "Mémoires" de Mme Albright, ancienne Secrétaire d'Etat : 10 ans après...

 Je lis , 10 ans après leur publication en France , les "Mémoires" - Albin Michel ,2003 - de Mme Madeleine Albright , Secrétaire d’État de 1997 à 2001 (second mandat du Président Clinton) dont les élans de sincérité sont autant de témoignages. Ce qu'elle dit à propos du terrorisme islamiste apporte " un peu plus d'eau au moulin" de l' Histoire:

Elle souligne que l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique en 1979 a constitué un tournant dans les relations internationales et - de par l'aide apportée par les États-Unis aux moudjahidines -  a contribué à propulser l'islamisme radical en lui servant de détonateur .
 Mme Albright le reconnaît sans le moindre fard : rien de mieux que de la citer (1) :
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"Les origines des attentats contre nos ambassades en Afrique - comme celles des crimes du 11 Septembre - remontent à 1979,au moment de l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, une agression qui a brusquement intensifié la guerre froide. Les États-Unis ont riposté en finançant et armant la résistance afghane,les moudjahidin. Cette stratégie a réussi : les Soviétiques honnis ont finalement été chassés. Ce fut une grande victoire, mais qui a eu des conséquences inattendues.Après le retrait de l'Armée rouge d'Afghanistan, en 1989,les États-Unis se sont désintéressés de cette région, laissant derrière eux des milliers de militants sans travail, mais armés jusqu'aux dents"...
"Le financier terroriste Oussama Ben Laden avait été expulsé de son pays natal , l'Arabie Saoudite, et se trouvait en Afghanistan en compagnie d'un ramassis de "formateurs" et d"élèves" de toutes nationalités , connue sous le nom d’Al-Qaïda".
 (p.146 et 147 de l'ouvrage cité intitulé "Madame le Secrétaire d’État...") .
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Il ne fait guère de doute pour Mme Albright que le terrorisme djihadiste a eu - pour point de départ indirect - la volonté des États-Unis de "contrer" l'Union Soviétique en 1979, lors de son invasion de l' Afghanistan. Cette donnée - objective - m'amène a faire un rapprochement quelque saugrenu qu' il paraisse : 1979 c'est l'instauration de la République islamique d'Iran. Est-ce seulement une coïncidence dans le temps? 

On pourra sourire en insistant sur les relations de franche hostilité entre les talibans sunnites et les religieux iraniens chiites. On se souviendra aussi des attentats contre des diplomates iraniens en poste en Afghanistan . Pour autant, n'est-il pas légitime de s'interroger sur les effets de contagion des islamismes bien que de nature différente ? Un réveil (provoqué pour stopper les soviétiques) d'un islam combattant en Afghanistan ne peut-il "allumer des mèches "ailleurs ? Non pas pour rechercher une pâle imitation mais pour - au contraire - éviter de se laisser distancer par un courant différent.

Évidemment  si je souscris totalement aux propos de Mme Albright sur le "fait générateur" du terrorisme islamiste, ce n'est pas pour autant que l'on peut faire un raccourci  entre la poussée islamiste en Afghanistan provoquée par Washington pour contrer l'URSS et les drames qui s'en sont suivis : soutien occidental de l'Irak dans sa guerre contre l'Iran (1980-88), invasion de l'Irak en 2003 et...printemps arabes en cohérence avec la volonté des États-Unis de ne plus soutenir les régimes autoritaires (2). Le seul lien - et c'est l'ancienne Secrétaire d’État qui l'évoque - c'est l'impardonnable drame du 11 Septembre : ce n'est pas rien...

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(1): les propos de Mme Albright sont intégralement repris. J'ai "souligné" certains mots .
(2) : discours du Président G.W.Bush sur l'état de l'Union (janvier 2004)


















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