jeudi 30 mai 2013

France / Société : La gangrène "affairiste"


 Il y a eu, en avril, l'épilogue de l'affaire "Cahuzac" : Le ministre des finances a regardé l'Assemblée Nationale "au fond des yeux" clamant qu'il ne détenait pas de compte bancaire à l'étranger: mensonge vite démonté par la presse d'investigation et la Justice (comptes non déclarés en Suisse et à Singapour).  Et le ministre a du démissionner...après avoir effrontément menti à François Hollande, Président de la République, "les yeux dans les yeux" .

 Et voilà que des vapeurs aigres-douces semblent maintenant émaner de l'affaire "Tapie - Adidas" : le Tribunal arbitral , procédure choisie par Bercy (Mme Christine Lagarde étant alors ministre) , est mis en cause : les dés (en 2008) auraient été pipés puisque l'un des arbitres - désormais mis en examen par un magistrat - n'aurait pas agi en toute indépendance.

La France - en ces temps de restriction sinon d'austérité - commence à sentir une fièvre doucement la gagner. Car nos concitoyens ne veulent pas se sentir dupes : ni pigeons ni dindons d'une farce dont ils ne connaissent pas tous les ingrédients.

 Mais voilà qu'enfin l’État se décide à se porter partie civile . Il était temps car nombre de nos compatriotes n'arrivent pas à comprendre ce qui a poussé le Tribunal arbitral à pousser si loin le bouchon : Le montant des indemnités proposées fait grincer les dents de nos compatriotes : 400 millions d'euros dont 45 M pour "préjudice moral " (le protocole initial aurait été modifié pour intégrer cette pieuse considération).

 Les "cafés du commerce" bruissent de ce qu'ils considèrent comme un commerce malsain : car si l'arbitrage relève du "privé" en revanche les 400 millions alloués à M. Tapie par le Tribunal arbitral sont, eux, de l'argent public.

 A l'époque où elle était ministre des finances pourquoi Mme Lagarde n'a-t-elle pas fait appel ? L'actuelle directrice du F.M.I. (placée sous le statut de "témoin assisté") considère maintenant que la procédure qu'elle avait jadis choisie (arbitrage) n'était probablement pas la meilleure des solutions . En effet . Surtout si ce n'est pas elle qui a choisi de faire appel à une "instance arbitrale" .(1)

Cette affaire - autant que l'affaire "Cahuzac" - fait grincer les dents des Français qui ne sont pas familiers avec les procédures d'arbitrage et imaginent qu'elles ne sont plus guère qu'une survivance moyenâgeuse : des ordalies au 21 ème siècle  : cela leur échappe complètement.

 Plus qu'au "jugement de Dieu" (d'ailleurs bien étranger à ces manœuvres) nos compatriotes font davantage confiance maintenant au bon sens de Bercy et, bien sûr, à la Justice car - apparemment - il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg.

 La France serait-elle devenue une "République bananière"? Jusqu'ici seules les peaux de banane étaient parfois visibles et nous glissions sur elles avec le sourire. Ce n'est plus tout à fait le cas désormais : sous la peau on découvre de surprenantes épines...

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(1) Actualisation :

- 5 juin 2013 : L'hebdomadaire "Le Canard enchaîné" n° 4832 de ce jour évoque cette affaire sous 2 titres " L'arbitrage Tapie : simple habillage pour un accord secret" et "L'ordre est venu de l’Élysée " . L'hebdomadaire fait référence au mois de Juillet 2007. L' Agence Reuters rapporte les déclarations (ce jour) de l'ancien directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard. Selon Reuters, le choix de l'arbitrage privé "faisait consensus" avec " validation de l’Élysée".
 - 10 juin: le "Nouvel Observateur" révèle ce jour que l'intéressé vient d'être placé en "garde à vue".












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