dimanche 2 juin 2013

Turquie : Un "printemps", quel "printemps" ?

 La fièvre monte à Istanbul et aussi à Ankara. Le paradoxe est que le gouvernement du Premier Ministre Erdogan (depuis 2003) est un gouvernement islamiste, le parti de la Justice et du Développement (AKP) étant proche des Frères Musulmans (et donc de tendance sunnite). On peut se poser deux questions:

1- Pourquoi cette contestation dans une Turquie relativement prospère ?

Certes, on ne peut mettre sur le même pied Istanbul et ses banlieues industrieuses et les zones rurales  d'Anatolie où sévissent encore les vendetta et où les femmes voilées n'ont guère le droit à la parole.
Pour autant - lors d'un voyage récent en Turquie - je n'ai pas senti les prémices de cette fièvre.

 Au contraire, on me ventait les mérites d'un pays avec un  taux de croissance de 4 ou 5 %  avec des perspectives encore plus alléchantes : le F.M.I. ne considérait-il pas que la Turquie était dans le peloton de tête des pays à plus fort potentiel économique dans les 10 ans ?

 Certes je savais que le gouvernement Erdogan était autoritaire. Pourtant M . Erdogan n'avait rien d'un dictateur. Et de nombreux "printemps " (Tunisie par exemple) se référaient au modèle Turc. Alors ? Une révolte estudiantine, un "mouvement vert"? Non, certes pas que cela !

On ne peut (pure coïncidence ?) s'empêcher de faire un lien avec 3 données majeures :  la situation dans la Syrie voisine, l’élection présidentielle iranienne le mois prochain ... et la contestation qui agite la " planète" Frères Musulmans  tant en Tunisie qu'en Egypte (1) et donc, pourquoi pas en Turquie?.

2- quelles sont les incidences potentielles de ce "printemps" Turc?

De deux choses l'une : ou il s'agit d'un vrai "printemps" ou bien ce n'est  simplement qu'une poussée de fièvre que M.Erdogan peut enrayer en renonçant à Istanbul au projet commercial à l'origine (ou prétexte) des manifestations. Mais des manifestations ont également lieu à  Ankara ... sans contexte commercial ou urbain.

 S' il s'agit d'un mouvement en profondeur dont l'objectif est d'écarter M. Erdogan, au pouvoir depuis 10 ans la "donne" est toute autre.

 Si tel est le cas, la Turquie - et ses bases de l'Otan - risque d'être déstabilisée au moment même où elle constitue un maillon (ou un relais) pour contribuer à résoudre le problème syrien. A qui cela profiterait-i? Probablement pas aux autres pays sunnites qui craignent plus que tout que se constitue un arc chiite (Liban, Syrie, Irak, Iran ). 

Tout comme en Tunisie, Egypte, je me suis interrogé sur la "récupération" islamiste, je m'interroge aujourd'hui sur la "récupération" éventuelle d'une révolte inversée à un moment où le Moyen-Orient est en proie à des bouleversements majeurs.

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(1) Egypte : la Justice vient d'invalider ce jour (2 Juin 2013) et le Sénat et  la Commission Constituante ...









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