dimanche 16 juin 2013

Iran / Turquie : même combat ?



L 'élection "surprise" (mais pouvait-il en être autrement avec un clan conservateur aussi divisé?) est, en effet, une bonne surprise qui répond aux attentes d'une majorité d'Iraniens. 

Tout comme en Turquie (à tout le moins à Istanbul) des jeunes iraniens aspirent à plus de liberté et refusent la chape de plomb qu'amène avec ses bagages l'islamisation de la société, qu'elle soit progressive et rusée ou plus brutale.

Ainsi, en Turquie comme à Téhéran un "vent de liberté " commence à souffler. Certes , le vent peut tourner (la place Taksir à Istanbul n'est pas la place Tahrir du Caire) , il n'empêche que les diktats religieux grillageant la société ont peut-être fait leur temps.

Cela dit, il ne convient pas , non plus , d'être trop crédules:

a) Le vent de liberté qui semble souffler à Téhéran est à démêler : quelle est la part de désespérance de jeunes dont 35/40% sont sans emploi (les moins de 25 ans représentent les 2/3 de la population)?

Les récentes manifestations de joie, après l'élection de M.Hassan Rohani, semblaient fêter une probable fin de l'isolement de l'Iran : pour des raisons de politique internationale  ou bien, plus prosaïquement - pour des raisons économiques ? (dévaluation du rial et considérable baisse du pouvoir d'achat ).

b) Le Président Rohani n'est pas un "novice" dans le domaine nucléaire ( Secrétaire Général du Conseil Suprême de Sécurité Nationale de 1989 à 2005 , négociateur du dossier nucléaire de 2002 à 2005). 

On aurait tort d'oublier que c'est à l'époque où M. Rohani était "aux responsabilités" que furent découverts les programmes secrets  de Natanz (enrichissement par centrifugeuses de l'uranium), le commencement de la construction du réacteur à eau lourde d'Arak) et que fut hâtivement "nettoyé" en 2003-2004 le site militaire de Lavizan juste avant une inspection de l'A.I.E.A. 

Qui se souvient également que c'est en décembre 2003 que fut signé le "protocole additionnel "au TNP ( en fait, des garanties supplémentaires pour éviter la tentation du nucléaire militaire)? Mais cet accord,signé, ne fut jamais ratifié.

 Pour autant , il faut mettre au crédit du Président Rohani (1)ses récentes déclarations laissant augurer d'une baisse de tension ( à vérifier quand même s'il s'agit d'une volonté expresse  ou bien d'un changement de rhétorique puisque l'on sait que tant la politique étrangère que le dossier du nucléaire sont dans les mains du Guide Suprême Ali Khamenei).

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 Quoi qu'il en soit, les foules - à Istanbul, Ankara, Téhéran - bougent. Soif de liberté, volonté d'émancipation  ou  désespoir de ne pas trouver un emploi ? Qui sait? Tout cela à la fois probablement. Turquie, Iran : même combat ? 

 Le Moyen-Orient avec ses reculs (retour à la "case départ") et ses possibles avancées ressemble à un jeu de l'oie. A souhaiter qu'elle garde ses plumes... ne serait-ce que pour conter aux générations futures!


(1) actualisation du 17/6/2013 : Le Président Rohani vient d'indiquer aujourd'hui dans une conférence de presse que le programme nucléaire iranien ne serait en rien modifié : cela n'a rien d'étonnant.






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