mercredi 26 juin 2013

Iran /nucléaire / Israël : Ambiguïtés du Traité de Non Prolifération


Je tombe sur l'interview récemment accordée par le Premier ministre israélien B. Netanyahu à Lally Weymouth, journaliste au Washington Post (1). Selon lui et en se référant à la  position du Conseil de Sécurité des Nations Unies l'Iran ne serait pas en droit d'enrichir de l'uranium. Et le Premier ministre israélien s'exprime ainsi :

 " They are the demands of the U.N. Security Council . And they're minimal demands -that Iran remove all enriched nuclear material, that they stop all enrichment and that they shut down the illicit nuclear facility in Qom. "

La position du Premier ministre israélien n'est certainement pas improvisée mais elle semble exagérément réduire la complexité du problème : ainsi qu'on le sait, l'Iran (à la différence d'Israël ) est signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire . Or le T.N.P. affirme très clairement en son article IV "... le droit inaliénable de toutes les parties au Traité de développer la recherche, la production et l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. "

En vertu du Traité, rien ne s'oppose donc à ce que Téhéran produise de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Cela signifie donc que l'enrichissement de l'uranium au taux de 4 à 5 % est autorisé puisque ce taux est celui de l'uranium destiné aux centrales produisant de l'électricité. De la même manière , le T.N.P. ne décourage pas la "recherche" : on peut donc en déduire que les réacteurs de recherche (isotopes médicaux) ne contreviennent en rien au Traité. Et - pour les réacteurs de recherche - le combustible nucléaire doit être enrichi à 20 % environ.

Le problème ne se pose pas en droit : l'Iran, signataire du T.N.P. peut enrichir son uranium à des taux de 4 à 5% ou - ponctuellement et sous contrôle - jusqu'à 20 % pour son réacteur de recherche de Téhéran.  
Le problème est celui de la confiance et de la non dissimulation : comme l'on sait, le site de production de Natanz (centrifugeuses) n'a pas été déclaré à l'A.I.E. A. à l'époque (2002/2003). Le site de Fordo est caché sous les montagnes et se situe -par hasard ? - près de la ville sainte de Qom . Le réacteur à eau lourde d'Arak pouvant produire du plutonium est lui aussi demeuré secret et découvert "par hasard". Par ailleurs, l'Iran projette un programme de réacteurs de "recherche" qui seraient "dispersés" dans le pays...

Les choses sont donc moins simples qu'il n'y paraît et la référence du Premier ministre israélien à la position du Conseil de Sécurité me semble curieuse car elle ne serait pas "en phase" avec l'article IV du T.N.P.

Tout réside donc sur la confiance que l'on peut ou non faire aux autorités iraniennes. A cet égard, je note :

a) que les unités non déclarées (Natanz, Arak...) ont été cachées à une époque où le Président Rouhani était en charge du dossier nucléaire sous l'angle international (rapports avec l'O.N.U. et l'A.I.E.A ).
b) que l'on peut aisément passer du nucléaire civil (UHE à 20 % pour les réacteurs de recherche) au nucléaire militaire ( UHE à 94 % pour une bombe).
c) que l'Iran développe en effet des missiles balistiques.

   Ainsi , même si la position de M . Netanyahu est un peu "courte" dans son argumentation et sa base juridique, les craintes sont fondées (non en droit mais du fait de l'absence de confiance découlant de la dissimulation).

 L' Islam admet que l'on puisse (pour servir un objectif "transcendant") dissimuler : cela s'appelle en arabe  Taqiyya. J'ignore sa traduction en Farsi...

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(1) articles.Washingtonpost.com/2013-06-20/opinions/40089054_1_khamenei-enrichment-former-nuclear -negociator










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