vendredi 21 juin 2013

Brésil : ce n'est pas le carnaval !



Non, en effet, les manifestants de Rio, de Brasília, de Sao Paulo ne font pas la fête. Comme en Turquie, les jeunes manifestent : non qu'il s'agisse au Brésil d'un régime autoritaire mais - comme en Tunisie - un constat d'absence d'avenir pour des milliers ( ou plutôt des millions) de jeunes gens , étudiants ou bien chômeurs.

Cela renvoie à l'origine des "printemps" qui secouent la planète : j'ai la conviction que - même s'ils sont souvent récupérés par des courants religieux extrêmes - il s'agit , la plupart du temps, de l'expression de doutes et d'interrogations sur l'avenir . Cela d'autant que le partage de la richesse s'effectue selon des critères qui échappent à beaucoup de ces jeunes sans emploi : le Brésil est - potentiellement - l'un des pays les plus riches du monde. Mais la richesse semble confisquée : par une "classe dirigeante"? par une "aristocratie"? par une "mafia "? A moins qu'il y ait confusion des genres (1).

Cela renvoie au constat fait - depuis longtemps - par plusieurs analystes : la corrélation étroite entre l'importance de la "tranche d'âge 16-25 ans" dans un pays et les contestations de "l'ordre établi". A fortiori lorsque cette classe d' âge se sent directement concernée : par le sous-emploi, la cherté de la vie ou bien par la défense d'une cause : cela a été le cas , dans les années 1965-70, s'agissant de l'opposition à la guerre au Vietnam...(malaise véhiculé par chansons et concerts - Joan Baez en 1966/67- à défaut d'internet).

Ainsi , peut-on se risquer à faire un parallèle entre d'une part les mouvements de révolte partis de Berkeley en 1967-68 qui ont fait tache d'huile dans l'Europe entière et, d'autre part, les jeunes qui sont descendus dans la rue depuis décembre 2010 : la contestation n'avait pas partout les mêmes fondements mais les modalités (et la nature) de la vague qui se propage se ressemblent.

 Pas de lien direct, donc, avec la place Taksim , ou Sidi Bouzid mais un schéma identique : une jeunesse déboussolée (dont la boussole ressemble étrangement à un ipad...).

Seule différence : la "récupération" de ces mouvements : au Maghreb et au Machrek cela s'est fait "naturellement" car il y avait un projet politico-religieux ou du moins une "envie de projet". Je doute qu'il en aille de même au Brésil. Mais, peut-être, cela vaut-t-il mieux...si la Présidente Dilma Rousseff sait répondre à cette poussée de fièvre.

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(1) Un élément m'échappe toutefois : le Brésil a su mener avec le Président Lula da Silva une politique volontariste de lutte contre la pauvreté et de réduction des écarts de richesse. Mme Dilma Rousseff n'a pas dû s'écarter de cette voie (notamment lutte contre la corruption). Le taux de croissance du Brésil était de l'ordre de 4 % en 2012 , alors ?








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