jeudi 24 février 2022

"initiative OTAN 2030 " ou "Partenariat pour la Paix " : la fin des illusions

 

Il y a quelques mois je m'interrogeais sur les objectifs du document "initiative OTAN 2030 " qui paraissait suspicieuse et quelque peu agressive en ciblant comme ennemis potentiels la Russie et la Chine . J'approuvais en revanche la démarche (tant bilatérale que venant de l'Union) en faveur d'un partenariat économique voire politique avec la Russie . 

Mais aujourd'hui les masques sont tombés : Vladimir Poutine se moque "comme d'une guigne" du droit international et déconstruit l'histoire de l'Ukraine , pourtant berceau de la Russie alors même que Moscou - au 11 ème siècle- n'était qu'une bourgade . Au delà d'une crainte à l'égard de l'OTAN , il ne fait plus aucun doute : il existe une volonté expansionniste de la Russie tant en Europe qu'au Moyen-Orient ou en Afrique (cf. les milices Wagner , bras armé déguisé de Moscou ) . 

Dans ce contexte (où la Chine - on peut l'espérer - jouera plus finement et prudemment que la Russie) on ne peut que sourire en entendant le candidat Zemmour enjoindre à Emmanuel Macron d'aller négocier - encore une fois - avec Vladimir Poutine : comment négocier sous le feu des canons qui menacent Kiev ? S'il doit y avoir une nouvelle négociation ce n'est qu'après que des sanctions dures aient été prises et que l'OTAN soit sorti de sa réserve . "L'initiative "OTAN 2030 " prendrait alors tout son sens et sa justification  ...après que les "partenariats pour la paix " aient été jetés - par Vladimir Poutine - aux oubliettes . Fin de l'Histoire (cf. Fukuyama)  ...ou , plus simplement , fin des illusions ?

Le pari "perdant-perdant" de Vladimir Poutine

 

En envahissant l'Ukraine au mépris du droit international , Vladimir Poutine se tire une "balle dans le pied" . Plutôt que de suivre les propositions d'Emmanuel Macron prônant un sommet sur la sécurité et la paix en Europe , le "Maître du Kremlin " a choisi la force . Au lieu d'assurances qui auraient pu être données (A Paris ou à Helsinki concernant la non - intégration de l'Ukraine dans l'OTAN ) , il crée une situation inverse en solidifiant l'OTAN et en ravivant les liens entre les Etats européens . Le "joueur" d'échec s'est pris à son propre piège  : des sanctions massives qui en découleront risquent d'accroitre la pauvreté , plus en Russie qu'en Europe d'ailleurs .

Poutine a-t-il cru qu'il pouvait compter sur Pékin ? Mais il n'a probablement pas suffisamment pris en compte la domination qu'exercera à terme la Chine sur la Russie . Cela commence déjà en Sibérie orientale . Par ailleurs Xi réaffirme souvent - c'est une constante de la politique étrangère chinoise - le principe de non-ingérence . Or ce n'est pas la situation que crée l'initiative de Moscou à l'égard de l'Ukraine , vieux pays, vieille nation . L'ingérence est plus que manifeste .

L'Alliance de l'Atlantique Nord se ressoude et l'OTAN n'est plus en "état de mort cérébrale " .  La Russie - non moins vieux pays et vieille civilisation - risque d'en pâtir et de le regretter .  Dommage que l'hubris l'ait emporté sur la sagesse et sur la négociation que prônait le Président Macron .

lundi 21 février 2022

MOSCOU : Le défi à l'Occident

 

Vladimir Poutine - dans sa partie de poker - vient d'abattre une autre carte que celle présumée et qu'anticipait , peut-être un peu trop rapidement, Emmanuel Macron . En reconnaissant les 2 "républiques" séparatistes du Donbass, le Président Russe trace une ligne rouge , une sorte de Rubicon qui garantirait les frontières en empêchant toute expansion de l'OTAN vers l'Est .

Le discours qu'il a tenu auparavant est - à travers la mise en cause d'une Ukraine occidentalisée et , selon lui, corrompue - une charge contre l'Occident qui a - il en est convaincu - renoncé à ses valeurs en prise avec ses contradictions sociétales . 

Le "coup de force" de V. Poutine est probablement l'expression de sa nouvelle alliance avec la Chine et la rancœur qu'il entretient avec un Occident qui - il en a la conviction - a fait de l'OTAN un "rideau de fer" encerclant la Russie , et dont il veut se défaire . Reste à savoir quelles sont les "valeurs" qu'il entend véhiculer après son basculement asiatique . Entend-t-il en faire avec Xi Jinping un modèle que véhiculerait la "Nouvelle Route de la Soie" ...une sorte de nouveau catéchisme ?  Peu réjouissant !

En attendant les sanctions vont se mettre en route : la Chine sera-t-elle un bouclier pour la Russie? C'est une question que doit se poser en ce moment Vladimir Poutine . La question que doivent , de leur côté , se poser les européens est celle de leur crédibilité et de leurs moyens de défense . A travers le défi à l'Occident que lance Moscou , il y a - tout d'abord - un défi à l'Union européenne . A nous d'en prendre conscience et de ne pas nous limiter à suivre le cours du beurre ou celui du jarret de mouton ...   

dimanche 20 février 2022

Vers une conférence sur la sécurité européenne ?

 

Alors que certains jettent de l'huile sur le feu (Boris Johnson évoquant un risque de conflit de même nature qu'en 1940 ) , le Président Macron tente de calmer le jeu sans , pour autant , fléchir et s'agenouiller devant un nouvel "Alexandre II ".

Il n'est pas impossible que l'on se dirige vers une Conférence sur la Sécurité et la Paix en Europe de même nature que - dans les années 70 - la CSCE qui s'est tenue à Helsinki . On ne peut tout à fait exclure qu'une telle conférence se tienne à Paris . C'est là une hypothèse ...ou un vœu pieu . 

Vladimir Poutine n'a probablement pas envie de s'embourber en Ukraine . Il peut, à juste titre , souhaiter que les accords de Minsk s'appliquent (élections et autonomie pour le Donbass) . Il peut , également, considérer - alors que le Pacte de Varsovie est depuis longtemps dissous - que des missiles stationnés en Pologne ou en Roumanie ne soient pas pointés sur Moscou . Rêve ou réalité ? To be or not ...

samedi 19 février 2022

OTAN : la résurrection !

 

Après qu'Emmanuel Macron ait déclaré en 2019 que l'OTAN était en "état de mort cérébrale " , voilà que Vladimir Poutine lui redonne des vitamines et le tire de son sommeil . Inévitablement , dans le contexte d'une éventuelle agression de la Russie en Ukraine , les Alliés seront "côte à côte" . La conférence de Munich ( à laquelle la Russie ne participera pas) sera l'occasion d'afficher cette unité .

Certes, certains se moquent en disant que "l'ours" russe ne se bat la poitrine que pour imiter le gorille de Tarzan  dans le but d'impressionner son concurrent à coup de testostérone . D'autres diront que les Etats-Unis nous ont induits en erreur en 2003 (Colin Powell) pour justifier une attaque de l'Irak et qu'ils ne sont donc pas crédibles . 

Quoi qu'il en soit, le théâtre de guignol a ses limites ...et il est important que la Russie sache qu'il y a une ligne rouge à ne pas franchir : Que Moscou cherche à éviter d'être encerclé par l'OTAN , on peut le comprendre . On peut comprendre également qu'une conférence sur la sécurité européenne ait sa place pour répondre aux inquiétudes de Moscou quant à sa propre sécurité .  

Mais Vladimir Poutine aurait tort d'estimer - comme jadis E. Macron - que l'OTAN est en état de "mort cérébrale ". Poutine, chrétien, sait forcément que des morts ressuscitent ...surtout lorsque l'encéphalogramme n'est pas plat . Ce qui est le cas et ce que constateront les partenaires de la conférence de Munich sur la sécurité ...en dépit ou du fait de l'absence de la Russie .

mercredi 16 février 2022

ENA : Ecole Nationale d'Application ?

 

La réforme de l'ENA ne doit pas "banaliser" l'Ecole en la transformant en simple "institut" quel que soit l'intérêt du tronc commun et de la transformation des Grands Corps en une botte qui ne deviendrait de "sept lieues" qu'après avoir fait ses preuves sur le terrain . Si notre "ENA" est appelée à devenir une "Ecole d'Application" après un cursus universitaire et un apprentissage de terrain , pourquoi ne pas conserver l'acronyme "ENA " : Ecole Nationale d'Application

Cela en souhaitant que la disparition du corps préfectoral ne se traduise pas par une politisation des nominations . L' ENA avait notamment pour objet de tordre le cou au népotisme et de placer au cœur du métier le service de l'Etat...au-delà des ferveurs managériales d'un monde globalisé . Souhaitons que cet objectif demeure encore . 

Débaptisera-t-on un jour Yale ou Harvard pour les appeler simplement "Instituts" ? J'en doute . Il y a des "marques" qu'il faut protéger ...  

mardi 15 février 2022

Russie : bruits de bottes

 

Les Etats-Unis continuent de prédire une offensive Russe en Ukraine ...pour demain mercredi 16 Février disent-ils . C'est un langage de "guerre froide" auquel nous n'étions pas habitués . Il est vrai que les milliers d'hommes massés à la frontière d'avec l'Ukraine, les manœuvres en Biélorussie et les navires de guerre en mer noire nous renvoient à une époque lointaine où la paix ne tenait qu'à un fil (cf. missiles de Cuba) .

Mais le monde a bien changé depuis lors : il est légitime que la Russie soit respectée comme grande puissance (non seulement du fait de son espace, de son pétrole mais aussi de l'originalité de sa civilisation) et il n'est pas anormal non plus que la Russie - écartée jadis par l'Europe - cherche (et trouve) un "levier politique" dans une alliance avec la Chine . 

MAIS il serait peu opportun que les démonstrations de force ne prennent une allure et une tournure guerrières et que l'Ukraine soit envahie et "mise au pas" par Moscou . Car , dans cette optique , l'Occident ferait bloc et l'Union Européenne parlerait d'une seule voix aux côtés des Etats-Unis . Le "jeu" politique serait , alors , pour Vladimir Poutine "perdant - perdant" . Et il compromettrait à tout jamais l'occasion de voir un jour la Russie se tourner,  pacifiquement cette fois , vers l'Europe ...une fois épuisés tous les partenariats possibles avec la Chine , lesquels pourraient bien se transformer en domination . 

Le bon sens ne peut que l'emporter .

samedi 12 février 2022

Etats-Unis / Russie / Ukraine : " Au loup ! " ?

 

Les loups viendront-ils des steppes de la Sibérie fondre sur la bergerie Ukrainienne ? C'est ce que laissent entendre Joe Biden et consort . Mais , de son côté il est vrai , Vladimir Poutine - fort du soutien de Xi Jinping - avance ses pions . 

On assiste à une partie d'échec où le plus " faible, " (la Russie , 1500 milliards $ de PIB , 60 milliards de budget militaire) tente de damer le pion au plus " fort " (USA 22000 milliards $ de PIB , 800 milliards pour la Défense) . Le Président Russe veut renouer avec l'empire tsariste ou , à défaut, avec l'URSS (dont l'éclatement a été , pour lui , la" pire catastrophe du 20 ème siècle") . 

Dans cette partie de poker menteur tout peut arriver : le diable que l'on tire par la queue et qui mord violemment ou bien de l'huile que des mercenaires ...voire des djihadistes jetteraient sur le feu . La neige pourrait ne pas retenir les flammes et , derrière les uniformes blancs , des " hommes verts" pourraient avancer . 

Comme le répète Emmanuel Macron , il faut garder son sang froid et souhaiter qu'une conférence sur la sécurité en Europe vienne calmer les ardeurs de ceux qui sont pris d'une rage de dent impérialiste . Il ne faut ni ressortir la carte de la "Maison commune" de Gorbatchev (1989 ) - car il est trop tard - ni ..."baisser sa culotte" devant une sorte de Munich-Canossa qui transformerait le Donbass en Sudètes .

Dans ce concert , l'Union européenne ne doit pas se cacher derrière un chef d'orchestre qui viendrait d'Outre - Atlantique et qui ferait jouer les grosses caisses plutôt que les premiers violons .Attention cependant aux manœuvres qui ressemblent à des répétitions d'une avant-première mais qui peuvent aussi avoir un avant-goût d'intifada . 

vendredi 4 février 2022

Eric Zemmour : vote voilé ?

 

Les médias évoquent l'existence d'un "vote caché " potentiel en faveur d'Eric Zemmour au-delà des 13 ou 14 % de suffrages dont il est crédité dans les sondages . A l'évidence cette perspective n'est pas complètement illusoire : un de mes voisins m'a dit (en confidence) qu'il voterait Zemmour au 1er tour quitte , au second, à voter Emmanuel Macron . 

Je lui ai demandé pourquoi . Il m'a simplement dit qu'il entendait donner un avertissement au Président sortant  : son bilan en matière de sécurité (1) était loin d'être à la hauteur et (sans fantasmer sur le "grand remplacement ") il craignait que l'avènement du multiculturalisme ne conduise un jour - à long terme (50 ans ?) car il ne le verrait sûrement pas - à l'obligation du voile pour sa petite fille de 2 ans .

Ces propos m'ont laissé perplexe quand bien même l'hypothèse n'est pas à balayer d'un revers de main . Mais un "califat" en France n'est heureusement pas pour demain ...après ? Pour l'heure il admet que Emmanuel Macron est le mieux à même de porter nos couleurs (Zemmour , me dit-il en souriant ,  n'est ni né à Domrémy ni à Vaucouleurs ) et d'arborer - en même temps - le drapeau de l'Union européenne . 

Certains médias n'ont peut-être pas finalement tort d'ôter le voile d'un vote voilé potentiel . A voir ...

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(1) Mon voisin en veut pour preuve le nombre de personnes qui sont dites "placées sous protection policière") .

mardi 1 février 2022

MALI : Ne pas battre en retraite

 

La tentation serait grande de laisser le Mali en proie à "ses démons" après le renvoi de notre ambassadeur  par la Junte au pouvoir . Mais il est impensable de laisser les terroristes tenir table ouverte : il en va de l'intérêt de la France, de l'Union européenne ...et - évidemment - de l'Afrique .

Il est temps de mettre l'Union Africaine devant ses responsabilités . La CDEAO "Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest"  partage probablement nos craintes de voir les djihadistes noyauter l'Afrique . La France ne doit pas lâcher prise mais il lui faut évidemment des soutiens (à l'extérieur mais aussi à l'intérieur) .

Le partenariat Union européenne / Afrique est une priorité pour la présidence de l'Union . Mais il y a sans doute des préalables en matière de sécurité à négocier avec les sous-ensembles régionaux (dont en l'occurrence la CDEAO) . Un "sommet" à prévoir ?

dimanche 30 janvier 2022

IRAN / NUCLEAIRE : L'urgence d'un accord

 

Les discussions à Vienne avancent ...à petits pas . Les américains ont-ils envie de revenir dans l'accord de 2015 que D. Trump avait quitté en 2018 ? Il serait temps qu'ils se décident et ne tergiversent  pas longtemps ...si tant est qu'il apparaisse bien qu'il y a un découplage entre le nucléaire civil iranien et le nucléaire militaire . 

Si l'Iran a donné des gages en ce domaine (cf. les missiles balistiques) il faudrait avancer . A défaut , Téhéran sera tenté de trouver un appui auprès de la Chine (cf. le récent partenariat stratégique) ainsi que le démontre son accession à l'O.C.S. (Organisation de Coopération de Shangaï ) en septembre 2021 . 

Le président Biden est , a-t-il dit , un fervent partisan du multilatéralisme . Encore faut-il le démontrer ...si , bien sûr, Téhéran joue "franc- jeu " . La Russie et la Chine peuvent-ils l'assurer ?  

jeudi 27 janvier 2022

Ukraine et OTAN : l'Esprit ...et la Lettre

 

L'article 10 du Traité OTAN est souvent cité mais mal interprété : selon certains il signifierait que tout Etat serait maître de choisir son système d'alliance et d'adhérer à telle ou telle organisation en matière de sécurité . En réalité dans cet article 10 il n'est nullement question qu'un Etat puisse décider directement d'adhérer au Traité de Washington ; il est précisé que se sont les parties (les Etats-membres de l'OTAN) qui peuvent proposer à l'unanimité à tel ou tel Etat d'adhérer . L'initiative vient donc de l'intérieur et non pas de l'extérieur . 

A ce titre la Charte de partenariat spécifique OTAN/Ukraine de 1997 fait référence à l'article 10 du Traité de Washington . Mais , par ailleurs , cette Charte n'invoque pas cet article pour justifier un partenariat pouvant éventuellement conduire à une adhésion : la Charte de 1997 se réfère seulement à des "principes applicables" (donc en dehors de tout cadre juridique contraignant ) à savoir "au droit inhérent de tous les Etats de choisir et de mettre en œuvre librement leurs propres dispositions de sécurité...".

Une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'OTAN suppose donc bien un accord politique des 30 Etats-membres . La "lettre" (diront certains) contredit "l'esprit" ...ou , à tout le moins, le nuance .

lundi 24 janvier 2022

Ukraine : le chaud et le froid

 

Malgré les dénégations de Vladimir Poutine les occidentaux anticipent sinon une invasion du moins une tentative de changement de régime en Ukraine . Bien fol serait qui pourrait lire dans les cartes tant le jeu semble pipé . D'un côté , la volonté de Moscou de ne pas voir l'Ukraine adhérer à l'OTAN considérant que la Russie se trouverait ainsi "encerclée . D'où les démonstrations de force à la frontière (soldats et déploiement de blindés ) . De l'autre , le "doigt sur la gâchette" si une tentative d'annexion du Donbass venait à se produire .

Dans ce contexte où chacun souffle le "chaud et le froid" on ne voit pas ce que Moscou aurait à gagner en prenant une initiative militaire : les sanctions économiques (dont l'impossibilité à se connecter au réseau financier SWIFT et le gel du gazoduc North Stream ) mettraient à mal l'économie russe qui n'est guère florissante (PIB de l'ordre de 1500 milliards $ seulement) et dépendante de ses exportations de pétrole ou de gaz . D'un autre point de vue - occidental - ce serait là l'occasion provoquée de pousser la Russie dans les bras de la Chine , situation qu'évidemment personne ne souhaite . Bien réfléchir ...de part et d'autre .

dimanche 16 janvier 2022

Chine / Taïwan : une épée de Damoclès

 

Les autorités chinoises ne démordent pas du concept une seule Chine, deux systèmes . C'est dire qu'elles considèrent Taïwan comme une province chinoise qui - comme Hong Kong ou Macao - est appelée à rejoindre le giron chinois . A défaut d'un accord amiable bien peu probable une crise majeure est à attendre si la Chine envahit Taïwan : ce scénario est plausible . 

On se souvient des 2 ou 3 crises qui ont opposé dans les années cinquante la Chine et les Etats-Unis lors des bombardements - dans le détroit de Formose - des îles Quemoy et Matsu . Il s'en est alors fallu de peu pour que les Etats-Unis envisagent une réponse nucléaire . Tout récemment des survols , en nombre , d'avions chinois dans la zone de défense aérienne de Taïwan avaient pour but de tester les radars et les défenses de l'île . Préparation ? 

Les Etats-Unis ne sont certes plus liés à Taïwan par un traité défensif comme dans les années 50 , il n'empêche que - sur la base du traité actuel - ils s'engagent à fournir des armes à Taïwan . Les Etats-Unis risqueraient alors d'être pris dans une spirale infernale (cf. la VII flotte ancrée près de Tokyo , les marines à Okinawa ou stationnés en Corée du Sud) . Le conflit qui en résulterait serait dramatique . 

A l'approche de la configuration qui pourrait accréditer cette tragédie il faut dès à présent anticiper . Cela suppose bien sûr de disposer de toutes les armes de dissuasion et de forger dès à présent les alliances indispensables . Cela suppose aussi que l'Union européenne ait son mot à dire et constitue une 3ème force ...d'interposition et de médiation ? N'attendons pas 2049 (les 100 ans de la République Chinoise) . Il sera , alors , trop tard .

samedi 8 janvier 2022

V. Pécresse : solution ou dilution ?

 

Valérie Pécresse est apparue comme une alternative séduisante à Emmanuel Macron . Mais en dépit des mots employés ("nettoyer au Karcher")  cette perspective s'éloigne à mesure que s'estompe son autorité sur ses troupes . La manière dont L.R. a tenté de retarder à l'Assemblée l'adoption du "pass vaccinal" et les ambiguïtés du vote final sont une ombre au tableau alléchant que Mme Pécresse et ses soutiens nous brossaient . 

Certes la gestion de la sécurité et la politique d'immigration demeurent un échec pour Emmanuel Macron (cf. Gilets Jaunes, attaques de commissariats , quartiers de non-droit) néanmoins il a su s'imposer dans d'autres domaines (gestion de la pandémie, politique économique , actions à l'international ) et il prépare une présidence de l'Union européenne "décoiffante" au moment où les tensions en Europe, en Asie, en Afrique montent d'un cran . 

Est-ce parce que E. Macron a perçu le danger qu'il passe à l'offensive ? Probablement . Mais - au-delà des mots - il faudra des actes autrement plus concrets que le "faux-nez" de l'ENA que constitue l'Institut du Service Public et la suppression du Corps des Préfets et Sous-Préfets (qui risque d'ébranler l'autorité de l'Etat ...ou bien de la politiser à outrance) . Derrière le tacticien on attend le stratège ..et non pas le magicien !  

jeudi 6 janvier 2022

Milices Wagner : un étrange concert

 

Vladimir Poutine a beau affirmer que les milices "Wagner" n'ont rien à voir avec Moscou , on peut cependant se poser la question . Ces soldats (appelons un "chat un chat") sont ou ont été présents au Moyen-Orient (Syrie) en Afrique (Centre Afrique , Mali, Mozambique , Libye ...) en Amérique latine (Vénézuela) et probablement en Ukraine (région du Donbass) . Il est également probable que certains des siens soient issus des forces spéciales russes ou , en tout cas , entretiennent des liens avec celles-ci . 

Les dénégations du Président russe ne sont certainement pas à prendre en compte car ces milices peuvent faire ou défaire des situations et peser d'un poids non négligeable dans les relations internationales . A juste titre il faut regarder de près ce qu'elles font car elles ne peuvent échapper à l'autorité d'un Etat quelles que soient les dénégations apportées . 

Mais peut-être faut-il se demander s'il n'y a pas aussi des "faux-nez" couverts par les Etats-Unis ou tout autre puissance . Si l'on soulève le tapis ou si l'on écarte brusquement le rideau nous risquons d'avoir bien des surprises et ce n'est pas forcément un opéra du seul  Wagner que nous pourrions entendre .

lundi 3 janvier 2022

MEAN (Nucléaire) : un grand pas en avant

 

Si les nouvelles en provenance de Washington et New York se confirment un grand pas en avant vient d'être fait vers un MEAN (Monde exempt d'arme nucléaire) . Il semble , en effet, (cf. Le Figaro + AFP de ce jour 3 janvier) que les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité se soient mis d'accord pour "prévenir la poursuite de la dissémination " des armes nucléaires . 

Cela va (ou doit) se décliner notamment en une ZEAN (Zone exempte d'arme nucléaire) au Moyen-Orient et devrait faciliter les négociations sur le nucléaire iranien en cours à Vienne . Il faut évidemment souhaiter qu'Israel ne bloque pas cette proposition lors de la prochaine conférence d'évaluation du TNP (Traité de non prolifération nucléaire) . Il faut aussi que Washington ne revienne pas sur sa position comme ce fut le cas il y a quelques années 

Si un consensus existe au niveau des Etats pour parapher un tel projet de Traité ou faciliter son insertion dans le TNP (et s'assurer du désarmement nucléaire qui s'en suivrait) un grand pas serait ainsi accompli . Il restera bien sûr à s'assurer qu'il existe une cloison étanche entre le nucléaire civil (permis et encouragé) et le nucléaire militaire .

dimanche 2 janvier 2022

Dieu et la Science : Et l'Homme dans tout ça ?

 

En ce début d'année 2022 un livre vient à point pour tenter de nous recentrer sur la dimension spirituelle de l'homme . L'ouvrage (près de 600 pages) de M-Y Bolloré et O. Bonnassies (1) est censé apporter des preuves de l'existence de Dieu . Et il y parvient en déclinant les réflexions à partit du Big Bang , à partir de la constante cosmologique induisant l'expansion de l'univers , de la "mort thermique " - à terme - de celui-ci , de l'ADN ou de l'imbrication des protéines et des acides aminés . Les citations et réflexions d'une centaine de scientifiques -  convaincus sinon de l'existence d'un Dieu personnel du moins d'un principe créateur- vont dans ce sens 

Un doute cependant que , pour ma part , je relève : si le principe anthropique suppose l'existence d'un observateur doté de conscience on peut se demander si la finalité de la création est bien "l'Homme-observateur" . Pourquoi ? Parce qu'il existe une contradiction entre , d'une part,  l'existence d'un univers en expansion permanente et qui va encore durer des centaines et des centaines de milliards d'année (jusqu'à sa mort thermique) et , d'autre part , la durée de vie de l'actuelle humanité qui n'excédera pas 5 milliards d'années (effondrement du soleil) .

Cela implique donc que la finalité de la création n'est pas l'Homme dans sa planète éphémère mais un autre principe de vie se trouvant ailleurs dans l'univers ...à moins que l'Homme ait déjà essaimé . Mais laissons cela aux amateurs de science-fiction . En tout état de cause le livre de Bolloré/Bonnassies est rafraichissant (2)  et , en ce début d'année, vient alimenter notre réflexion dans un environnement si particulier .

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(1) "Dieu, la Science, les preuves " (Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies , préface de Robert Wilson , Prix Nobel de physique . Editions Guy Trédaniel . 2021 )

(2) Tout en prenant acte - dans la 2 ème partie du livre - d'un "champ de lecture" clairement catholique et parfois d'une appréciation que ne démentiraient pas les évangéliques américains : la saga de Jésus et , aussi , celle du peuple élu d'Israel. Le parti est clairement pris non pas d'un "principe créateur" indéterminé et tiré de la science mais de celui d'une apologie d'un Dieu personnel tout droit tiré de la bible .

samedi 1 janvier 2022

Afrique : de nouvelles prises de conscience

 

En ce jour de l'An 2022 il est rassurant d'entendre des dirigeants africains vouloir repartir sur une nouvelle base pour combattre le terrorisme notamment au Sahel (1800attaques en 2020 et 2000 victimes en 2021 selon les Nations Unies ) . Le discours tourne désormais non exclusivement sur la capacité d'action (ou de réaction) militaire mais sur le combat pour éradiquer la pauvreté et l'ignorance . Selon ces dirigeants (ou proches) du G5 ce serait l'absence d'horizon qui conduirait les "jeunes" à rejoindre les djihadistes . Non pas par conviction mais , en quelque sorte , par désespoir ...ou désespérance . 

Il semble bien qu'Emmanuel Macron (qui prend aujourd'hui la présidence tournante de l'Union ) ait bien entendu ce nouvel appel au secours en faisant de l'aide et de la coopération économique et éducative envers l'Afrique une des toutes premières priorités de son mandat . 

Il ne faudrait tout de même pas que cette coopération pour résoudre les "fractures sociales" empêche l'Union Africaine de se voiler la face s'agissant des problèmes internes de corruption , de réseaux de drogue , et aussi de lutte armée car il ne faut pas baisser les bras et proclamer que l'économie et l'éducation résolvent tout. Une part oui , mais seule une part .

vendredi 31 décembre 2021

Ukraine : pourquoi pas l'Union ?

 

On comprend aisément que Vladimir Poutine n'ait pas envie que l'Ukraine adhère à l'OTAN  . L'extension de l'OTAN vers l'Est (la moitié des pays membres en sont d'ex - républiques soviétiques) donne des sueurs froides au Kremlin . Par contre pourquoi ne pas ouvrir dès à présent des négociations en vue de l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne . Il serait probablement temps d'aller au-delà de l'accord d'association de 2014 , pourquoi hésite-t-on ?

La Russie considèrerait-elle que l'Union est une organisation militaire ? En tout cas - à la différence de l'OTAN - l'Union n'a pas la Russie "dans le collimateur" (cf. les accords de partenariat) . Il est vrai, le temps est bien loin où Gorbatchev évoquait - en 1989 - la "Maison Commune européenne " et croyait à une "même communauté de destinées"(1) . Tout comme Eltsine par la suite (et Poutine un moment en 2000-2001) évoquait une possible adhésion de la Russie à l'OTAN ...

Peut-être la Russie hésite-t-elle entre plusieurs doctrines : celle d'Alexandre Douguine qui n'exclut pas un rapprochement entre Moscou et l'Union et , de l'autre , celle de Primakov qui poussait à une alliance forte avec Pékin pour faire contrepoids à l'Occident ? Mais l'Occident existe-t-il encore ? n'est-il pas venu le moment de bâtir une "Maison Commune" européenne dont l'Ukraine serait , déjà , un pilier ...en attendant que la Russie vienne , à son tour, en conforter l'ossature ?

 A la veille du Nouvel An on peut toujours espérer...et ne pas souhaiter attendre trop longtemps .

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(1) intervention de Mikhail Gorbatchev devant le Conseil de l'Europe le 6 juillet 1989