samedi 26 décembre 2020

Affaire Navalny : la Russie est-elle fréquentable ?

 

C'est la question que l'on peut se poser : les méthodes russes (qu'elles viennent du Président ou qu'il s'agisse d'une initiative propre du FSB ) ne paraissent pas compatibles avec les valeurs démocratiques occidentales . Certes on dira que les Etats-Unis en ont fait autant jadis : Allende au Chili , Présidents de républiques à l'époque dénommées "bananières " (Guatemala , Nicaragua etc. ...), exfiltration de Mossadegh en Iran .

 Mais ce temps paraissait révolu comme le démontre la levée de boucliers partout dans le monde lors de l'assassinat au Consulat saoudien d'Istanbul de l'opposant Jamal Kashoggi . La Russie - en dépit des dénégations - paraît embarrassée car la tentative d'assassinat est , comme l'on dit , désormais "documentée " par l'hôpital de Berlin et confirmée par des entretiens téléphoniques soutirés "à de bonnes sources".

Peut-on , dans ce contexte , faire confiance à la Russie et - comme elle le souhaitait jadis - l'accompagner dans le camp occidental ? Ou bien doit-on considérer que , finalement, la Russie est plus asiatique qu'européenne ? Et qu'elle a davantage sa place dans le "gang" des démocratures ?  Il est encore trop tôt pour se prononcer sauf à considérer que la Russie se serait tirée volontairement une balle dans le pied ... 

jeudi 24 décembre 2020

Chine /Japon/Australie : recomposition économique

 

Il semble bien que des antagonismes anciens s'estompent : la nouvelle administration japonaise du Premier ministre Suga souscrit désormais à l'initiative chinoise "Route de la Soie" tout en maintenant des relations privilégiées avec les Etats-Unis . De la même manière l'Australie (pourtant l'un des "five eyes") voit tout l'intérêt qu'il y a à développer les échanges commerciaux avec la Chine , échanges profitables à son économie . 

D'ailleurs certains Etats australiens piaffent d'impatience : ainsi l'Etat du Victoria a signé , dès 2018 , un "mémorandum d'entente" avec la Chine et la Nouvelle Galles du Sud qui bénéficie de 50 % des investissements chinois en Australie ne devrait pas être en reste . Cela explique que le gouvernement fédéral australien semble "mettre de l'eau dans son vin" ...taxé par la Chine . Le Premier ministre Scott Morrison a , tout récemment , fait quelques ouvertures appréciées par Pékin . 

Ainsi des considérations économiques sont sur le point de l'emporter sur d'autres considérations géopolitiques . D. Trump se mord peut-être les doigts de s'être retiré du TPP (Trans Pacific Partnership ) âprement négocié par B. Obama . Désormais la balance économique penche sérieusement du côté de la Chine ... et sur l'autre plateau le Japon , la Corée du Sud , l'Australie semblent suivre le mouvement .

mardi 22 décembre 2020

Covid-19 : retards à l'allumage ...

 

Mon voisin Edouard (82 ans) me fait encore part de ses doléances et multiples interrogations . Il vient de consulter son médecin généraliste (visite de routine) . Il rentre "tout retourné " chez lui : le médecin n'a reçu aucune instruction , aucun protocole concernant les vaccinations qui débutent pourtant dans quelques jours , à partir du 27 décembre . Il ne sait si - au-delà des EPHAD - les vaccinations du "public " seront effectuées dans des centres ou bien , au cas par cas , par chacun des médecins " de famille". Il déplore ces retards à l'allumage  et il entend secouer son Agence Régionale de Santé . 

Edouard est tout de même satisfait : son généraliste l'a rassuré à propos de la mutation du virus . Il devrait dit-il perdre de sa virulence en proportion du long chemin  qu'il a fait depuis l'Afrique du Sud  (!) . Mais son médecin ne le lui a pas  juré sur Hippocrate et il n'est pas exclu que ce soit là une plaisanterie de mauvais goût .  

Cela , me dit Edouard , s'accorde à ce qu'il a constaté hier en faisant ses courses de Noël : une  hausse vertigineuse des prix dans un hypermarché (dont il tait le nom mais me dit que l'on y joue parfois à la roulette  ) . 

vendredi 18 décembre 2020

Yémen : le conflit oublié


On ne s'émeut guère du conflit au Yémen qui se traduit par un désastre humanitaire . D'un côté, les Houthis soutenus par l'Iran (1) de l'autre , le Gouvernement de Sanaa soutenu par une croisade que " prêche" l'Arabie Saoudite en compagnie des Emirats Arabes Unis . 

Alors que les morts se comptent par dizaine de milliers et que des enfants meurent de faim ou sous les bombes , les ventes d'armement viennent alimenter chaque camp . Parmi les exportateurs : les Etats-Unis, le Canada et ...la France . Les Etats-Unis (D. Trump) se sont désengagés en 2019 du Traité international sur le commerce des armes (TCA) mais la France est signataire et l'a ratifié . Elle est donc directement concernée .Or l'un des objectifs majeurs du TCA est d'interdire les ventes d'armes lorsque les Droits Humains sont menacés . A juste titre Amnesty International fait valoir que les massacres se poursuivent et que des dizaines de milliers d'enfants meurent de faim ou sous les bombes . L'Unicef ne cesse d'alerter le monde ...en vain ?

Est-ce une nouvelle " guerre du Biafra" puisque  comme jadis au Nigéria il y a le risque d'une sécession et , par ailleurs ,  les considérations stratégiques dominent (en l'occurrence accès à la Mer Rouge)  ? Qu'en pensent les Emirats Arabes Unis qui affichent une entente (de façade) avec l'Arabie Saoudite et qui encouragent une sécession ? l'histoire du Biafra au Nigéria comme celle du Soudan du Sud se répète ...dans une zone à forte odeur de pétrole .  

_________

(1) Les Houthis sont de confession musulmane chiite et sont en lutte contre le gouvernement dirigé par Mansour Hadi de confession sunnite .Les Houthis sont majoritairement au nord et progressivement étendent leur influence au sud du Yémen (jadis - avant 1990 - Sud-Yémen ) .

mercredi 16 décembre 2020

Liban / Constitution : A revoir ...

 

Le président Macron devrait se rendre à Beyrouth pour tenter d'aider à trouver une solution à l'impasse politique actuelle . Il aura assurément fort à faire tant l'émiettement des partis politiques , reflet des confessions religieuses , empêche un consensus . Certains se demandent s'il ne faudrait pas - préalablement à de nouvelles élections - modifier la Constitution (dont l'esprit sinon le texte remonte à l'époque du mandat français) à l'aide d'une loi organique .

En effet le préambule de la Constitution exprime sans détours la nécessité d'en finir avec le modèle religieux : "la suppression du confessionalisme politique constitue un but national essentiel ..." . Or l'article 24 précise "...les sièges parlementaires sont répartis conformément aux règles suivantes : a) à égalité entre chrétiens et musulmans b) proportionnellement  entre les communautés de chacune de ces deux catégories c) proportionnellement entre les régions . 

Certes , il est indiqué dans le préambule de la Constitution que l'abandon du confessionnalisme devra se faire par étape , il n'empêche : cela fera bientôt 100 ans (cf.1926)  que le texte a été adopté . Il est donc grand temps de laisser la place au Parlement à d'autres représentants que des chefs de clans . A défaut , la définition et la recherche de l'intérêt général ne seraient qu'une perspective lointaine  ...sauf à revenir sur le désormais fameux article 24 (!) .  

lundi 14 décembre 2020

Tous connectés , tous aliénés ?

 

Le philosophe et biologiste Henri Laborit analysait , dans les années soixante dix , le fonctionnement de nos sociétés en fonction d' un modèle dans lequel les hiérarchies seraient essentiellement fondées sur la capacité à intégrer ou non l'information et à s'en prévaloir . Celle-ci devenait l'axe central des structures sociales et était à la base des leaderships à l'intérieur des groupes , des partis , des pays .  

Si Laborit était encore parmi nous (1) il constaterait combien nous sommes aujourd'hui guidés - voire téléguidés - par les connexions d'où qu'elles viennent . Dans son ouvrage "La nouvelle grille"(1974 / Ed. Robert Laffont) Laborit mettait en garde à propos du risque d'aliénation résultant de cet excès .

Actuellement , notre société connectée transfère ses besoins et envies à des "horloges" qui vont évaluer , proposer , chronométrer ...et diffuser en permanence de l'information vrai ou fausse . A défaut d'en  connaître la source nos contemporains vont tourner en rond et danser sur la petite musique que les Gafsa ou d'autres sources distilleront ...Aliénés , nous risquons de l'être : mais de gré ou de force ?  

___________

(1) Henri Laborit (1914 -1995 ) chirurgien et philosophe , spécialisé en biologie comportementale .

samedi 12 décembre 2020

Climat / Cop 21 : rien ne va plus ...

 

En ce jour anniversaire de l'accord de Paris de décembre 2015 il faut bien admettre "que rien ne va plus ..." puisque l'objectif de limiter la hausse de température fin de siècle à + 1,5 à 2 degrés n'est plus (selon les experts du GIEC ) atteignable . Au rythme actuel d'émission du gaz à effet de serre , c'est une augmentation de + 3 degrés (au minimum) qui est probable . C'est dire qu'il faut que nos petits enfants s'attendent à voir inondées des îles et des franges de continent . Les îles du Pacifique (Micronésie en particulier) sont en première ligne ainsi que le craignait (cf. COP de Bonn ) le représentant des FIDJI

Certes la sensibilisation existe et le prochain retour des Etats-Unis dans l'accord va certainement renforcer cette sensibilisation . Il n'empêche que l'objectif de la COP 21 ne sera pas tenu ...à moins d'un revirement (trop tardif  ) lors de la COP 26 l'an prochain à Glasgow . Que faire ? Renforcer probablement le protocole de Kyoto en rendant obligatoires les notifications de réduction de gaz à effet de serre (qui , actuellement , ne concernent que les pays industrialisés parties à l'OCDE ) . 

Mais cela ne suffira pas . Faut-il finalement espérer que la Covid-19 soit un levier pour une nouvelle et forte prise de conscience ? A quelque chose malheur est bon dit l'adage ...qui sait ? 

jeudi 10 décembre 2020

France : Blues plutôt que Blitz

 

C'est une sorte de brouillard qui empêche les Français de bien voir . Cela concerne tant la situation politique (le "en même temps" est quelque peu dévalorisé ) qu'économique (les licenciements à venir vont être - pour certains - une tragédie et - pour d'autres - une aubaine en raison de son impact sur la productivité) . Le brouillard concerne évidemment la pandémie  : difficile - par exemple - de trancher entre la sincérité du ministre Olivier Veran et le regard acéré du professeur Eric Caumes qui émet quelques  réserves  .

Le gouvernement fait de son mieux mais il navigue à vue dans un contexte insaisissable qui trouble la "nation-disciple" de Descartes dans laquelle coule - tout de même - une pinte de sang de Robespierre-Mélenchon . Pour autant , il ne faut pas sombrer dans la vision apocalyptique du Time qui fait de 2020 une "annus horribilis " (1) . Mieux vaut avoir le Blues plutôt que d'avoir à subir un Blitz ...

_______________

(1) La "Une" du Time du 5 décembre fait de 2020 "la pire année de l'histoire" ...

mardi 8 décembre 2020

Chine / Australie : la guerre "en dentelle" ...

 

L'Australie est associée au vaste accord commercial (RCEP) négocié il y a quelques semaines par la Chine (avec plusieurs pays d'Asie dont le Japon ) et - dans le même temps - des représailles sont lancées depuis Pékin contre l'Australie . 

La raison ? Sa participation à la mi-novembre à des exercices navals en mer de Chine méridionale  (avec les USA , l'Inde  et le Japon ) . S'y ajoute l'attitude réservée de Canberra à propos de Huawei (risques d'espionnage ) . Ainsi Pékin menace de mettre fin aux importations de charbon australien et d'avoir "la dent dure" à l'égard de la viande australienne . 

En fait , il se joue actuellement une partie de "poker menteur" : d'une part , la Chine considère que l'Australie est le cheval de Troie des Etats-Unis (1) du fait de la participation à des manœuvres navales et - d'autre part  - on évalue les avantages économiques et le risque de désagréments politiques . Quelle option va l'emporter ? Dans un monde en recomposition stratégique ce duel (à fleuret moucheté) entre la Chine et l'Australie devient un cas d'école pour l'avenir : les avantages commerciaux primeront-t- ils ?

____________

(1) cf. lecourrieraustralien . com du 7 décembre 2020 publie l'image postée par le journal chinois "globaltimes. cn " : 'un kangourou dont le reflet est un aigle (cf. liens entre les USA et l'Australie ) .   

dimanche 6 décembre 2020

Iran / Israël : la confrontation ?

 

La tension est palpable et l'on s'interroge : l'Iran va -t-il réagir après l'assassinat de son "pilier" nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh  ? Une confrontation est certes possible mais elle s'insère dans un calendrier politique plus que resserré : les élections présidentielles en Iran et de probables législatives en Israël qui sonneront le départ de Benjamin Netanyahu . 

Plus important encore : l'investiture de Joe Biden en janvier . La question est , actuellement , celle des initiatives :  Les Etats-Unis vont-ils revenir de suite dans l'accord nucléaire (JCPOA) ou bien vont-ils attendre un signe concret de l'Iran ? Autre question (qui impacte la première ) : l'Iran aura-t-il la sagesse de ne pas mettre le "feu aux poudres" en voulant venger la mort de son "plus - qu'expert " ?

Sauf à vouloir qu'implose le Moyen-Orient  le vœu de Noël - ou de Nouvel An - est , bien entendu , que la sagesse l'emporte .

vendredi 4 décembre 2020

Venezuela : élections en trompe - l'oeil

 

Les élections législatives de dimanche (6 décembre) n'ouvrent guère de perspective puisque les partis d'opposition n'y participeront pas . Ces partis mettent en avant une possible fraude électorale et l'absence d'observateurs internationaux (pourquoi d'ailleurs ? ) . Ainsi l'opposition à Nicolas Maduro se retire sur son Aventin en appelant à un sursaut de la communauté internationale , à un soutien du parlement européen et des Etats qui ont jadis reconnu Juan Guaido , le président "autoproclamé " ...

Les élections , dans cette configuration , vont probablement tourner au plébiscite ; elles ne règleront cependant rien de la crise économique (3000 % d'inflation ) et de la crise humanitaire ( absence de produits alimentaires et de médicaments ) . 

Il faut bien le constater : le président Juan Guaido n'a pas un très large soutien (celui de Donald Trump est désormais démonétisé ) et l'armée reste largement fidèle à Nicolas Maduro . Politique et économie ne font  décidemment pas "bon ménage " ... pour le plus grand malheur du peuple vénézuélien .

mercredi 2 décembre 2020

Afghanistan : la poudrière

 

Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan décidé - avant son départ - par Donald Trump va laisser le champ libre aux talibans . La situation risque de se trouver , d'ici peu , totalement explosive (c'est un euphémisme) et l'incendie risque , si l'on y prend garde , de se propager au Pakistan . Dans cette zone qui a jadis vu naître Al-Qaïda les risques de propagation du djihadisme sont évidentes .

L'Inde , à proximité , surveille ; mais elle est plus souvent victime qu'acteur et gardien , plus souvent préoccupée du " marquage" des frontières contestées d'avec le Pakistan ou la Chine . Pékin - qui surveille par réciprocité l'Inde - est certainement plus attentive à la situation : la Chine craint que le nord-ouest ne s'enflamme par contagion . La Russie , toute proche , nourrit la même  crainte que certaines des anciennes républiques socialistes ne soient touchées , venant ainsi déstabiliser son " étranger proche " . 

Dans une région ultrasensible (cf. nucléaire ) chacun finalement s'observe pendant que bout la chaudière . La Chine ,  d'observateur ,  est-elle en passe de devenir acteur ... et prendre - à terme - la place des Etats-Unis ?

vendredi 27 novembre 2020

IRAN / USA : Une "fenêtre " pour des négociations sur le nucléaire

 

La nouvelle administration américaine souhaite probablement revenir dans l'accord nucléaire de 2015 que le Président Trump avait jeté aux orties en 2018 misant sur un embargo maximal sur Téhéran . Mais - en dépit de sanctions qui ont affaibli l'Iran et appauvri la population - le pays est debout et des échéances majeures approchent : les élections présidentielles auront lieu dans 7 mois en juin prochain . Il serait certainement dommage que le nouveau président soit un tenant de l'aile dure et rejette toute négociation .

On peut donc penser (et espérer) que le retour à la table de négociation intervienne dès février ou mars . Cette date - hasard des calendriers- coïncidera probablement aussi avec le démarrage des vaccinations contre la covid-19 qui a dramatiquement touché l'Iran . La France , comme l'Union, est certainement attentive à l'évolution de la situation et au "créneau " qui se présente ...à condition que de part et d'autre aucune initiative (1)  hasardeuse ne soit prise qui compromettrait les opportunités qui se présentent . 

__________

(1) Actualisation au 28 /11/ 2020 : il est clair que l'assassinat  le 27/11 du scientifique iranien spécialiste du nucléaire , Mohsen Fakhrizadeh , ne va pas dans le sens d'un apaisement . A juste titre le Conseil de Sécurité ONU est saisi .

mercredi 25 novembre 2020

Espagne / Canaries : un nouveau Lampedusa

 

Les migrants s'entassent sur l'ile de Grande Canarie  après une traversée périlleuse à bord de pirogues ou de gabares (1) . Le ministre de l'intérieur espagnol tente de trouver une solution auprès de son collègue marocain qui ne montre qu'un enthousiasme bien relatif : le Maroc est , en effet , aux prises avec les indépendantistes du Front Polisario dans l'ex-Sahara espagnol et recherche la caution de l'Union pour affirmer sa souveraineté sur la zone . Pression de la part du royaume chérifien ? 

Quoi qu'il en soit c'est plus de 15 000 migrants qui , depuis le début de l'année , sont arrivés en Grande Canarie venant du Maroc, de Côte d'Ivoire , de Mauritanie , du Sénégal et plus largement du Sahel . Les autorités espagnoles semblent divisées : faut-il les renvoyer au Maroc ou faut-il les accueillir en Europe ? Théoriquement le gouvernement penche pour la première solution mais le Maroc regimbe ...et l'extrême droite espagnole (Vox) pousse des hurlements . 

L'Union européenne se trouve ainsi face à un nouveau "Lampedusa" , situation qui devient ingérable : d'un côté les humanitaires , les ONG et , de l'autre , les trafiquants et les passeurs . Entre les deux des dizaine de milliers d'Africains à la recherche...d'un bouée de sauvetage et d'un mythique Eldorado . Triste situation .

__________

(1) Ce que les espagnols nomment "Pateras "  .

mercredi 18 novembre 2020

Enjeux économiques , enjeux sociaux

 

La reprise économique sera là en 2021 (+ 6 à 8 % de PIB) après le plongeon de 2020 (-10%) mais le tissu industriel doit faire l'objet de toutes les attentions au-delà de l'apport en fonds propres de 20 milliards  aux entreprises prévus par le plan de relance . Car du fait du plongeon des chiffres d'affaire dans la plupart des secteurs les capitaux propres des entreprises se sont taris et les investissements envisagés seront retardés d'autant  en dépit d'un rebond probable de la demande en 2021/22 : l'offre ne sera pas au rendez-vous et la demande risque de se reporter sur les produits importés (de Chine et d'ailleurs) . 

Si nous voulons que notre économie ne se heurte à un "plafond de verre" en raison des investissements différés , il serait utile de renforcer l'apport en fonds propres (aide directe ou bien prêts participatifs garantis par l'Etat ) . Les enjeux sociaux sont évidemment liés aux décisions des entreprises qui pourraient licencier pour maintenir un (faible ) niveau de productivité . Cela d'autant que le télétravail aura peut-être suscité des réactions de la part de certains entrepreneurs enclins à arbitrer parmi les taches confiées aux personnels . 

Un lien (à imaginer) entre aides , prêts garantis et absence de licenciement est bien sûr souhaitable si l'on ne veut pas être confronté à une crise sociale qui risque de prolonger la crise économique ... et de l'amplifier . 

mardi 17 novembre 2020

IRAN / TRUMP : la tentation du feu aux poudres

 

Selon le New York Times (1) Donald Trump aurait convoqué jeudi dernier une réunion de son état-major (avec le vice-président Pence et le secrétaire d'Etat Pompeo) afin d'évaluer l'option d'une frappe sur le site nucléaire iranien de Natanz (où les centrifugeuses enrichissent l'uranium) . 

Au-delà du paradoxe qu'une telle option ait pu intervenir en pleine période de transition il est clair qu'un bombardement de Natanz aurait immédiatement mis le "feu aux poudres" au Moyen-Orient (Israël , Arabie Saoudite) et plus largement dans le monde (Russie, Chine ) . Heureusement ses conseillers ont dissuadé le " Président - en- fonctions" d'allumer la mèche . Pour autant il ne faudrait pas timidement se "cacher derrière son petit doigt " : les stocks d'uranium enrichi augmentent (en volume et en qualité) ainsi que l'a constaté l'A.E.I.A. et l'Iran se trouve au bord de la falaise , à bout de souffle du fait de l'embargo américain . 

A quelques mois des élections présidentielles l'Iran a besoin d'une porte de sortie , celle qui a été violemment refermée par Donald Trump en se désengageant en 2018 de l'accord sur le nucléaire civil du 14 juillet 2015 . Il est grand temps que Joe Biden réintroduise les Etats-Unis dans l'accord de 2015 et négocie sans faiblir avec l'Iran . Dans une région incandescente ( crainte légitime d'Israël , volonté de leadership de l'Arabie Saoudite et de la Turquie , Iran exsangue ) il serait absurde que la seule voix à entendre soit celle des canons . A souhaiter que se fasse entendre la voix de l'Union européenne aussi .

_____________

(1) The New York Times du 16 novembre 2020  

lundi 16 novembre 2020

Asie : la Chine comble le vide

 

En janvier 2017 Donald Trump refusait d'entériner l'accord TPP (1) négocié par Barak Obama qui ambitionnait , face à la Chine, de créer une vaste zone de libre échange entre divers pays asiatiques (dont le Japon , le Vietnam , la Malaisie , Singapour , l'Australie et d'autre part le Chili , le Mexique , le Perou etc..) . Certains considéraient alors que les Etats-Unis avaient plus à perdre (financièrement) qu'à gagner et ils se désengagèrent en revenant sur l'accord négocié (mais non ratifié) .

Et voici que , devant le vide laissé par les Etats-Unis , la Chine vient d'annoncer aujourd'hui la conclusion d'un vaste accord de libre-échange entre les 10 pays de l'Asean et le Japon, la Corée du sud , l'Australie et la Nouvelle Zélande . Ce partenariat économique concerne 2 milliards d'habitants et 30 % du PIB mondial (2) . Qui plus est l'Inde envisage de rejoindre l'accord en faisant fi des dissensions existant avec Pékin . 

Leçon à tirer : lorsque les Etats-Unis se désengagent la Chine prend le relais selon le vieil et désuet adage "qui va à la chasse perd sa place etc..." . Qu'en sera-t-il pour le Moyen-Orient lorsque la Chine écartant le rideau décidera de sortir vraiment de l'ombre ... et qu'un vaste accord de libre-échange sera (éventuellement bien sûr) conclu avec l'Union européenne ?

___________

(1) accord commercial Trans Pacific Partnership négocié pendant plusieurs années par l'adminsitration Obama .

(2)  Quotidien en ligne Le Monde .fr du 16/11/20

Covid-19 : voyage en Absurdie


Mon voisin Edouard enrage : il me dit qu'il n'a pu se faire tester faute de symptômes de covid-19 ou de certificat médical . Il regrette que la mairie de son village n'ait pris aucune initiative alors que le gouvernement n'a eu de cesse de proclamer que l'épidémie devait être combattue grâce au couple "maire-préfet ". Il me dit que ce couple a dû probablement divorcer...

Edouard (jeune retraité) voulait , en courant , tenter de faire baisser sa grogne mais le bois où il se rend habituellement se trouve à 3 km de son domicile : il ne peut donc courir dans les sous-bois puisque - du fait du confinement - le rayon de sa liberté n'est que d'1 km . 

Il ne comprend pas que les parcs des grandes villes soient ouverts aux promeneurs et joggeurs (dans le rayon d'1 km) alors que les bois soient " enclos " s'ils sont - dans les bourgs - à 2 ou 3 km du domicile . Edouard me dit que , dans ces condition, il va tenter de faire son jogging sur l'autoroute proche ...tout en regrettant bien sûr de ne pouvoir cueillir des champignons sur les bas-côtés .

J'ai tenté de calmer Edouard en lui racontant comment l'ex-ministre Douste-Blazy s'était fait piéger par les réalisateurs du pseudo-documentaire complotiste "Hold-Up" . Il ne m'a pas cru lorsque je lui ai dit que le professeur Christian Péronne avait pourtant donné sa bénédiction : il attend - me dit-il - maintenant celle de Dieudonné ! 

mercredi 11 novembre 2020

Populismes : les extrêmes droites échaudées

 

Ce n'est pas une nouvelle que d'entendre Marine Le Pen apporter son soutien à Donald Trump et ne pas reconnaître sa défaite (1) . Ce n'est pas non plus une nouvelle que d'entendre le Premier ministre hongrois Viktor Orban vitupérer contre Biden et les démocrates qui voudraient instaurer - selon lui- un "impérialisme moral " . Ce n'est pas , aussi , une nouvelle que d'entendre le leader de l'extrême droite espagnole , Santiago Abascal (parti Vox) tenir le même langage . Il n'empêche ; cela amuse que d'entendre , en même temps , les leaders européens d'extrême droite chanter tous en cœur , avec tambours et trompettes , une ode à Trump . Cela , finalement, donne le ton . 

Il est cependant un dirigeant de par le monde qui ménage la chèvre et les choux (les sous ?) c'est Benjamin Netanyahou (3) : après avoir apporté un soutien sans ambages à Trump , voici qu'il affirme que "Biden est un grand ami d'Israël " . Il est vrai qu'il faut se prémunir contre un changement de stratégie des Etats- Unis au Moyen-Orient . 

Dans ce contexte où des chefs d'Etat observent et craignent de se mouiller , Trump est désormais à même de reconnaître les siens et de constater de quels côtés frétillent les extrêmes droites ...échaudées .

____________

(1) Le Figaro en ligne + AFP du 11/11/20

(2) El Pais du 22/10/20 "Abascal un candidato sin programa con la bandera de Trump " (un candidat sans programme avec le drapeau de Trump ) 

(3) Le Parisien + AFP du 8/11/ 20 : Netanyahou félicite Biden "le grand ami d'Israël ".


samedi 7 novembre 2020

Biden : vers un "New deal " au Moyen-Orient ?

 


Avec l'élection de Joe Biden les Etats-Unis vont pouvoir revenir sur la scène internationale en mettant fin à la déconcertante posture Trumpienne qui a donné , depuis 4 ans ,  une allure kafkaïenne à la politique extérieure américaine . Cela concerne tout particulièrement le Moyen-Orient . Certes il ne s'agira pas d'un revirement à 180 degrés mais d'une clarification que la France et l'Union attendent .

1-Ainsi le retour des Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015 devient désormais possible . On aurait cependant tort de prendre cela pour une marque de faiblesse car les américains n'accepteront jamais que l'Iran se dote d'une arme nucléaire . Par contre une négociation concernant les missiles semble possible si les iraniens "jouent le jeu " et donnent suffisamment de garanties concernant le nucléaire civil (verrouillage de l'enrichissement , limitation du nombre de centrifugeuses etc...) . 

2-Il faut s'attendre au Moyen-Orient à ce que les relations avec Israël soient moins complaisantes (cf. les colonies en Cisjordanie) . Cependant les Etats-Unis ne remettront pas en cause le transfert de l'ambassade à Jérusalem (Joe Biden ne peut se mettre à dos le courant évangéliste aux Etats-Unis ) . La reprise des négociations avec les Palestiniens est aussi une éventualité ...si l'Union européenne et la Russie soutiennent l'initiative et si -notamment - le Hamas reconnait l'Etat d'Israël et ne cherche pas à marginaliser les dirigeants du Fatah de Cisjordanie (qui parle au nom de la Palestine ? ) .

3-Il est par ailleurs douteux que les relations avec l'Arabie Saoudite changent non pas en raison de la seule préoccupation d'un approvisionnement en pétrole puisque les USA sont désormais autosuffisants mais  pour ne pas laisser la place , à terme,  à la Chine qui , mine de rien , avance ses pions au Moyen-Orient . 

4-On peut également espérer une clarification des relations avec la Turquie dans le cadre de l'OTAN , la position de Donald Trump ayant été jusqu'à présent des plus ambiguës , Washington donnant le sentiment d'encourager une renaissance d'un leadership ottoman .

                      Ces évolutions s'inscrivent dans le cadre d'un retour au multilatéralisme puisque les Etats-Unis auront besoin de tous leurs partenaires et , notamment , de l'Union Européenne qui doit évidemment être en capacité de répondre si Washington lui tend la main .