samedi 21 septembre 2013

Nucléaire iranien : tendre l'oreille ...




La tribune du Président Hassan Rohani parue hier dans le Washington Post a un accent de vérité. Certains (en Israël notamment) prétendent que l'Iran entend, de la sorte, endormir ses interlocuteurs. Certes, ce sont des mots que véhicule cette tribune mais ils ont une logique : je reste persuadé que l'Iran est en recherche d'une "reconnaissance'' après avoir été longtemps marginalisé et considéré comme "l'ennemi à abattre''.

Lorsque M. Rohani évoque une "quête pour le respect et la dignité avec pour enjeu notre place sur la scène internationale '', ses propos ne sonnent pas faux : ils rejoignent le point de vue de Francis Fukuyama (que je cite encore) selon laquelle le besoin de reconnaissance - tant individuel que pour un Etat - constitue la dynamique essentielle des relations (humaines, inter-Étatiques ...). L'Iran s'est- il imaginé un moment que la possession de l'arme nucléaire lui conférerait cette reconnaissance ?

 Mais il ne faut pas, non plus, se leurrer : derrière la probable sincérité des propos du Président Iranien, il y a aussi , implicitement, le combat pour le leadership du Moyen-Orient. Et là, on peut s'attendre à ce que ni l'Arabie Saoudite (1) ni le Qatar ne lui fassent de cadeau . Ni la Turquie ni l'Egypte d'ailleurs.

Ainsi, j'ai 2 réactions aux propos de M . Rohani:

1) la première est de considérer qu'il faut prendre acte de l'engagement de ne pas avoir d'arme nucléaire mais à la condition expresse que les actes suivent (en clair: pas d'enrichissement d'uranium au-delà de 4% c'est-à-dire la certitude d'un usage civil, neutralisation des quelques cent kilos d'uranium à 20 % encore détenus). Suspendre Fordo irait dans le même sens : Sans geste fort, les paroles ne restent que paroles...

2) la seconde est de constater que cette volonté de reconnaissance (ou de "puissance") suppose l'affirmation de l'Iran comme le ( ou l'un des ) leader(s) du Moyen-Orient. C'est là où le bât blesse car il ne s'agit pas de rapports de forces stratégiques ou politiques mais d'enjeux religieux /culturels . Tant que l'hostilité perdurera entre chiites et sunnites, je crains fort que le désir de "reconnaissance" de l'Iran ne soit pas totalement satisfait et ne l'amène à se doter, alors, des moyens de s'affirmer. Le débat portera, alors, sur la nature de ces moyens.

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(1) En 2011, l'Arabie Saoudite semblait être en relation - en vue d'une coopération nucléaire - avec le Pakistan, proliférateur notoire ...









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