jeudi 5 septembre 2013

Iran/Syrie : même combat ?




Sans aucun doute l'utilisation de gaz sarin dans la banlieue de Damas appelle une réaction. Mais cette réaction doit impérativement se garder de "mettre le feu aux poudres" et de porter - indirectement - Al Qaïda "sur les fonts baptismaux". Et, évidemment, de rajouter des morts aux morts ainsi que vient de le dire le Pape François.

Par ailleurs, je ne suis pas en accord avec ceux qui font l'amalgame entre Syrie et Iran . Ces bonnes âmes disent (ou pensent) qu'une frappe "ciblée" sur Damas serait un signal sans équivoque à destination de Téhéran et freinerait ainsi son programme nucléaire. 

Mais on ne peut mettre dans le "même sac" les 2 situations : du gaz sarin a été utilisé en Syrie, c'est une certitude. Par contre l'Iran (signataire du TNP) n'a aucunement procédé à un essai nucléaire et nous n'avons à ce jour - et depuis plus de 10 ans - aucune certitude concernant une éventuelle option nucléaire militaire . Les suspicions dont s'est fait l'écho l'A.I.E.A demeurent des suspicions. D'ailleurs , il n'y a pas si longtemps, la "communauté américaine du renseignement" (une vingtaine d'Agences) considérait que l'option du nucléaire militaire avait été abandonnée en 2003 à l'époque du Président Khatami. 
Qu'en est-il au juste ? Cela nous l'ignorons ...depuis plus de 10 ans .

Dans ce contexte de totale incertitude, il serait paradoxal qu'à travers la Syrie l'on cherche à déstabiliser l'Iran alors même que le Président Rohani s'engage dans de nouvelles négociations. A trop vouloir faire des amalgames et rechercher un effet "boule de billard" , les Etats qui tiennent ce discours risquent de perdre de leur crédibilité et , au contraire, radicaliser les positions. 

 Réagir à ce qui s'est passé en Syrie oui si la certitude est absolue sur l'origine du massacre chimique (d'où l'intérêt du rapport des experts o.n.u. qui peut permettre d'aller plus loin que l'on veut bien le dire)  . Vouloir  rechercher - par une frappe en Syrie - à déstabiliser l'Iran reviendrait à fausser et dévier cet objectif . La position occidentale ne peut être teintée de machiavélisme même si nous devons rester vigilants sur le programme iranien . Au demeurant, je ne pense pas que l'Occident ait un quelconque intérêt à la déstabilisation complète du Moyen-Orient et à l'arrivée au pouvoir de djihadistes sectateurs d' Al Qaïda. Ce point de vue , nous le partageons avec la Russie et très certainement avec la Chine.

 Nous devons réagir à l'emploi d'armes chimiques ; mais nous n'avons pas - pour l'heure - à rechercher un effet "coup de semonce" à l'Iran et à encourager ainsi les Etats qui souhaitent la disparition du régime chiite de Téhéran . Cela d'autant que des contacts sont à brève échéance prévus avec le groupe dit des "5 + 1" ainsi que vient de le confirmer la Haute Représentante de l'Union pour la PESC . En outre,la situation intérieure iranienne est telle que Téhéran a tout intérêt à dissiper les ambiguïtés et arrêter de finasser (Fordo, Arak ...) afin de limiter ou stopper les sanctions économiques . C'est en tout cas mon point de vue.

 Les Etats-Unis ont - ils déclenché le feu sur le Pakistan alors que l'on savait alors dans les années 80 - sans doute aucun - qu'Islamabad se dotait d'une arme nucléaire ?  Des "coups de semonce" , à cette époque, et en raison de faits (et non de présomptions) auraient été bienvenus...

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NB- L'Union européenne (ou plusieurs de ses Etats) - si peu consensuelle quant à l'attitude à adopter - devrait pouvoir demander au moins au Conseil de Sécurité de saisir la Cour Pénale Internationale . Difficile d'imaginer un veto d'un des membres (sauf à prouver sciemment qu'il ne tient pas à ce que toute la lumière soit faite).






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