vendredi 13 mars 2020

Macron l'a fait ...




Ce que Christine Lagarde n'a pas réussi hier après-midi à faire , Emmanuel Macron l'a  fait hier soir dans un discours presque "Churchillien" . Avec autorité et empathie il a pris toute la mesure des événements . 

Sans être un thuriféraire du Président , je reconnais que son intervention était à la hauteur des enjeux sanitaires et économiques. Cela démontre que l'Union a besoin d'une voix et d'un visage ...au-delà des compétences probables (ou certaines) de la Présidente de la B.C. E. 

Cela n'aura probablement pas d'impact sur les élections municipales mais , dans l'opinion , cela change la donne : dans la société nouvelle qui est à re-construire (relocalisations) , remise en cause de l'idéologie de mondialisation libérale à outrance , la voix du Président français se fera entendre : nouveau cap  ? Très certainement .

jeudi 12 mars 2020

Allô , l' Europe ?



L'Union européenne va-t-elle enfin sortir de son silence ? C'est pourtant l'occasion ou jamais de se faire entendre en faisant bloc face à une épidémie qui fera , sur le plan économique , plus de ravages que sur le plan sanitaire .

Face à des acteurs économiques fébriles, Bruxelles devra frapper un grand coup pour rassurer à la fois les opinions surchauffées et les marchés échaudés par les boomerangs médiatiques . Ce sera aussi l'occasion de se démarquer des Etats-Unis qui renouent avec un isolationnisme peureux . L'Europe doit briser sa coquille : c'est aujourd'hui , pour le moteur de l'Union , l'occasion de recharger ses batteries et de choisir sa route... qui ne traverse peut-être pas l'Atlantique .

Emmanuel Macron devra ce soir en dégager l'horizon et Bruxelles , nous confirmer sans trop tarder que cet horizon est bien dans notre visée . Il y a urgence ...et pas seulement sanitaire car , à défaut , les partis extrêmes feront une percée : En France, le Rassemblement national s'en frotte déjà les mains . Allô , l'Europe ?

mardi 10 mars 2020

Pétrole : Coup de Poker ?




Quelle peut être l'incidence à long terme de l'effondrement des cours actuels du pétrole suite à l'épidémie de coronavirus et à l'échec des négociations OPEP pour limiter la production ? L'échec des négociations se traduisant , paradoxalement, par une hausse de la production saoudienne fait partie d'une stratégie pour favoriser la conclusion d'un accord dont Moscou possède la clé . Il paraît,en effet, irréaliste que l'Arabie Saoudite (et Aramco) choisisse une stratégie à long terme pénalisante . Toutefois , dans le moyen terme ,  on peut en déduire deux ou trois conséquences dans l'hypothèse où l'OPEP ne parviendrait pas à un accord :

1-Baisse des investissements dans le secteurs du pétrole de schiste aux Etats-Unis : le pétrole issu de la fracturation hydraulique serait alors excessivement plus onéreux que le pétrole "conventionnel".
2-Ralentissement (en Chine) des programmes nucléaires si le pétrole était durablement bradé . 
3- Enfin, on peut se demander comment la Russie arriverait à "boucler" son budget largement arrimé au cours du baril de brent.

Finalement (et paradoxalement) la situation actuelle - si elle se prolongeait- se traduirait par des aléas dont certains considèrent qu'ils seraient bénéfiques : une épée de Damoclès venant désormais frapper  la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis . Issue heureuse ...à condition que le "charbon propre " cher à M. Donald Trump ne prenne pas la relève (!) .




lundi 9 mars 2020

Union européenne : retard à l'allumage...pour éteindre le feu .



La crise sanitaire actuelle est d'abord une crise de confiance : nos concitoyens doutent et , tout autant  que d'un thermomètre , ils ont besoin d'une boussole . Or, en ce moment,  l'Union européenne est d'une étrange discrétion : logiquement ce sont les Etats qui sont en première ligne et ils le sont . Toutefois, on aurait aimé voir un peu plus de coordination ; elle se fait probablement mais elle demeure dans l'ombre et l'ombre est propice à toutes les peurs et toutes les surenchères .

L'Union se prépare certainement dans les coulisses pour faire baisser la fièvre mais les signaux tardent . Or cela aurait pu être une occasion pour agir et se faire entendre . A défaut , quand bien même les Etats agissent , on a le sentiment de demeurer - comme au temps jadis - dans un espace clos : la solidarité européenne fait défaut et l'action paraît agitation .

Or dans ces moments d'incertitude , à défaut de prendre du recul (et de raison garder) on surréagit : notre société secrète ses propres angoisses au fil d'un sablier qui compte et décompte . Croyant bien faire on dévide le principe de précaution ...et on nous fait courir tous aux abris .

Dans ce tintamarre excessivement médiatisé le moteur européen serait-il à dessein silencieux ? Mais cela pourrait être interprété comme un surprenant retard à l'allumage ...pour éteindre le feu .

jeudi 5 mars 2020

L’Ère du soupçon



Au-delà de sa forme extrême qu'est le complotisme il faut bien admettre que nous vivons désormais dans "l’ Ère du soupçon " . Il n'est guère de jours qui se passent sans que l'on soupçonne les Gafsa d'exploiter nos messageries voire de vendre nos goûts tels qu'ils apparaissent lorsque nous surfons sur la toile . 

Il n'est guère de jours sans que l'on suspecte le gouvernement de nous mentir (sur le 49.3 ...ou sur le 37, 5 de température ! ) , la CIA d'être à l'origine de telle catastrophe ou tel geste , en apparence anodin , de révéler un comportement prédateur...ou bien Polanski d'avoir réalisé le remarquable "J'accuse" pour , inconsciemment, se racheter . 

l’Ère du soupçon ne se limite pas au triptyque ambigu entre romancier/personnages / lecteur tel que décrit jadis par Nathalie Sarraute : il concerne désormais la vie de tous les jours et est exploité sans vergogne tant par des partis politiques que par des médias . Il se répand , tel un virus informatique , sur le Net ...Il agrémente aussi les campagnes électorales : l'emportera celui qui soupçonne plus fort ?

lundi 2 mars 2020

USA / EUROPE / ASIE : nouveaux paradigmes de croissance , nouvel équilibre ?



L'épidémie de Covid-19 se traduira  - à moyen terme - par un rééquilibrage des échanges avec l'Asie  (Chine, Inde) . On peut espérer que d'ici quelques mois l'épidémie sera enrayée et que les marchés reprendront de leur couleur . Il en subsistera néanmoins des traces : sans qu'il y ait formellement un "avant" et un "après" , 2020 marquera un tournant dans la recherche d'un nouvel équilibre (A quelque chose malheur est bon dit-on) .

Certes, le tournant était déjà amorcé avec les épisodes climatiques (Brésil , Australie ...) mais la prise de conscience restait encore superficielle . En revanche les mois prochains pourraient marquer un retour à des "fondamentaux" : un train de vie plus économe , un ralentissement des "délestages" industriels vers l'Asie , des technologies de pointe recentrées sur l'humain en son premier degré et non recherche du surhomme bardé de puces électroniques issues des big data .

La progression de la Chine ne sera probablement plus guidée par le même esprit de conquête ...et , aux Etats-Unis , Bernie Sanders ou Joe Biden seront peut-être portés par un élan amenant l'un ou l'autre aux portes de la Maison Blanche ... Dans le même temps, l'Union européenne , après avoir résisté à un vent adverse, pourrait bénéficier d'un sursaut en resserrant ses rangs : réincorporation de secteurs industriels de pointe , pôles pharmaceutiques (de circonstance !) , budget de l'Union enfin ficelé autour des transitions énergétiques etc..

Entre temps la B.C.E. aura peut-être sorti certains Etats de l'ornière si - ici ou là - les taux d'intérêt faisaient mine de grimper en compromettant la croissance . Car il n'est évidemment pas question de renouer avec la "croissance zéro" telle que le souhaitait il y a 50 ans le Club de Rome .

Bien que les lunettes soient parfois exagérément grossissantes et de nature à amplifier les événements il se peut que 2020 voie probablement éclore de nouveaux paradigmes de croissance et aussi un nouvel équilibre politique . C'est en tout cas le vœu que l'on peut former... pour demain .

jeudi 27 février 2020

Crise sanitaire : Homo (non est) Deus ...



Homo Deus, tel était le titre du best seller de Yuval Noah Harari (1) retraçant le cheminement de Sapiens depuis le début de l'humanité . Selon l'auteur - qui constate sans approuver - ce chemin devait quasiment mener l'Homme à la porte des étoiles (Homo Deus) à grand renfort d'algorithmes , de big data , de séquençage d'ADN etc...Pour Harari , il s'agissait de passer à une autre étape : finies les thérapies "purement médicales " et droit devant vers la réalité augmentée , l'intelligence démultipliée ... and so on . 

Or la crise sanitaire mondiale actuelle montre , au contraire , qu'en dépit de nos connaissances du génome , de l'ADN , des progrès des biotechnologies nous continuons à tâtonner et que l'on ne peut instantanément "déminer " une épidémie en dépit des compétences mobilisées . Il existe, on s'en aperçoit, un "plafond de verre" qui montre que Sapiens n'est pas encore parvenu au stade de l'Homo Deus . Tel un albatros l'Homme ne sait encore que faire des ailes ... qu'il croyait avoir . 

Certains diront que cette crise - si elle est maîtrisée - sera salutaire : nous rééquilibrerons probablement nos échanges avec l'Asie , nous ne serons plus autant dépendants de "l'usine du monde " (60 à 80 % pour les médicaments et les micro-technologies ) . En attendant , nous espérons : Homo non est Deus .

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(1) Yuval Noah Harari :  Homo deus , une brève histoire du futur  (Albin Michel 2017 pour la traduction française)

lundi 24 février 2020

Chine : carambolage, sortie de route ...ou simple accident de parcours ?



Alors que la Chine s'apparentait sinon à un modèle politique du moins à un modèle économique la voici désormais brisée dans son élan . La "Route de la soie " véhicule toutes sortes de choses et les virus ne sont pas seulement informatiques . 

Sans dramatiser une situation qui vire parfois au fantasme il faut admettre que si la culture traditionnelle chinoise est une référence en revanche les pratiques comportementales (notamment alimentaires) semblent tout droit sortir du moyen-âge . Elles compromettent la santé de l'Empire du Milieu ...et au-delà .

2049 reste probablement - encore et toujours - un objectif mais de nombreux galets sont sur la route de la soie . Et tout le monde n'y roule pas à la même vitesse . Sans vouloir à tout prix jeter la première pierre n'admirons pas benoîtement celles de la Grande Muraille : saluons la  "bravitude"'(sic) chinoise sans tomber dans la béatitude  .


mercredi 19 février 2020

Climat : En attendant Glasgow ...



La COP 25 qui s'est tenue en décembre à Madrid a tourné en rond et , dans l'attente de la COP 26 à Glasgow , les participants ont "attendu Godot" : aucun engagement ferme n'a été pris - au-delà des déclarations d'intention - concernant la réduction de gaz à effet de serre . C'est d'ailleurs là tout le problème découlant du protocole de Kyoto (1997)  : seuls les pays "industrialisés" (membres OCDE) assument l'obligation de s'auto-réguler en matière d'émission de gaz à effet de serre (1).

En outre le marché des quotas de carbone , largement discuté , ne semble pas faire l'unanimité : pour certains , il s'agirait d'une passoire puisque les Etats qui ont dépassé leur quota d'émission peuvent échapper à des pénalités en achetant des "droits d'émission " aux pays moins pollueurs qui peuvent vendre les quotas ainsi "libérés". A Madrid ce point a été soulevé : l'échange de quotas ne se traduirait pas - du fait de la compensation - par une diminution nette de l'émission de carbone .

Les incendies au Brésil et en Australie, les cyclones, les inondations sont , en dépit des affirmations de Donald Trump , les signes avant-coureurs de ce qui attend la planète : les experts du GIEC considèrent probable une augmentation de la température fin de siècle de + 3 degrés , bien au-delà de la barre haute de + 2 degrés que prévoyait l'accord de Paris de 2015 . Dans cette situation des territoires entiers seraient submergés et non pas seulement dans les Etats insulaires .

A Madrid , la France a été bien discrète me dit-on . Les objectifs de la COP 21 ne seraient-ils plus prioritaires ? Qu'est devenu l'axe Paris-Pékin ?  Et qu'en est-il du Japon et des mines de charbon (28% du mix énergétique) qui ont la faveur du METI ? Donald Trump et son "charbon propre " serait-il passé par là ?

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(1) Les  37 pays dits de l'annexe 1 , seuls engagés sur les objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

mardi 11 février 2020

LINKY : La CNIL rejoint la Cour des Comptes



 La CNIL vient de formuler un avis assorti d'une mise en demeure concernant EDF et ENGIE pour non conformité avec les obligations découlant du règlement général sur la protection des données (RGPD) . En cela la CNIL rejoint les réserves déjà émises par la Cour des Comptes : dans son rapport du 14 Février 2018 elle pointait le risque d'exploitation des données personnelles , ce que relève à son tour la CNIL maintenant .

Au-delà de ces considérations - non négligeables du fait de la prochaine arrivée de la 5 G - la Cour  relevait que la pose des compteurs Linky procurait un avantage financier exorbitant à ENEDIS (10, 3 % de la valeur actualisée des actifs en raison des modalités de rémunération du différé tarifaire) . 

Dans ce contexte où la raison se heurte parfois aux fantasmes il serait bon de remonter aux sources : en particulier la directive européenne 2009/72/CE du 13 juillet 2009 . La Commission suggérait la pose (non obligatoire) de compteurs "intelligents" afin de favoriser la concurrence et donc un bénéfice - ou une économie - pour le consommateur final . Et la Cour concluait (p 263 du rapport annuel de février 2018 ) : "Les gains que les compteurs peuvent apporter aux consommateurs sont encore insuffisants . Ce sont pourtant eux qui justifient l'importance de l'investissement réalisé". 

L'augmentation de 8% (2018 -  2020) des tarifs d'électricité laisse désormais ouverte la question de la concurrence dont devait bénéficier le consommateur, concurrence dont les compteurs linky devaient être , pour la Commission européenne , les leviers "intelligents " . Par ailleurs  75 % de la production d'électricité étant , en France , d'origine nucléaire les coûts de production  devraient donc être "lissés" et les coûts d'acheminement limités puisque soumis à concurrence ...si tant est que la concurrence existe réellement .

dimanche 2 février 2020

Brexit : Et Lancaster House ?



Nos amis britanniques oublieraient-ils le traité de Lancaster House signé en novembre 2010 par Nicolas Sarkozy et David Cameron ? Ce traité prévoit une coopération étroite dans le domaine militaire entre le Royaume-Uni et la France (force expéditionnaire commune, Etat-major commun , coopération renforcée dans le domaine nucléaire militaire ...) .

Or, selon Le Figaro (1) , les diplomates britanniques viennent de recevoir pour instruction "de rompre avec leurs anciens alliés européens " . Il serait curieux - pour ne pas dire loufoque - que nos amis britanniques fassent siège à part en cas de coup dur relevant du traité de Lancaster House

C'est probablement une stratégie de Boris Johnson que de hisser les voiles et de sortir les canonnières afin de pousser l'Union à conclure avant décembre prochain dans le sens souhaité . Un coup de Trafalgar en somme . Mais n'est pas Nelson qui veut ... 

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(1) cf. lefigaro.fr du 2 février 2020 (article d'Arnaud de la Grange)

samedi 1 février 2020

ENA : l'Ecole " bouc émissaire " ne croit pas en sa disparition



A quelques jours de la remise du rapport de Frédéric Thiriez les anciens élèves (et les futurs candidats) s'interrogent : va-t-on supprimer l'ENA ? Tout comme Daniel Keller , le Président de l'association des anciens élèves , je ne le crois pas : sans être un modèle exclusif l'ENA est souvent considérée , à l'étranger , comme une référence . Je me souviens - il y a bien longtemps - comment en Tunisie on avait attaché d'importance à la création d'une ENA tunisienne , levier de l'émancipation que souhaitait , à l'époque , Habib Bourguiba . D'autres pays (l'Egypte tout récemment) ont entrepris de s'inspirer de ce "modèle ". 

Comme l'a souligné Daniel Keller lors de l'assemblée du 23 janvier dernier les critiques faites à l'Ecole relèvent du "bashing" car les arguments ne tiennent pas : la promotion actuelle est largement provinciale (55% des élèves) et toutes les catégories sociales sont représentées . Voudrait-on finalement supprimer le levier du mérite démocratique et faire retour aux concours particuliers ouvrant tout droit la boite à Pandore du népotisme ? La volonté de suppression de l'ENA ne serait-elle que la caisse de résonance des contestations tout comme celle des"Gilets Jaunes " ? Il est cependant bien difficile d'imaginer qu'Emmanuel Macron veuille tirer un trait sur ce qui a conduit Michel Debré au lendemain de la 2ème guerre et avec l'ardeur de la Résistance à privilégier le mérite plutôt que "l'entre-soi".

C'est pour cela que je ne crois pas à la suppression de l'ENA quand bien même Frédéric Thiriez envisagera probablement des améliorations : unification de certains concours , ouverture "technique" ( ingénieurs ) , montée en puissance du volet économique de l'enseignement (cf. MBA) . Par contre - et pour répondre à ceux qui crient "au loup" par dépit ou envie - l'esprit de Service Public qui est la raison d'être première de l'Ecole demeurera . Dès lors, on aurait tort , par anticipation , de "vendre la peau de l'ours". 

mardi 28 janvier 2020

USA/ISRAËL : Plan de paix ???




C'est avec une vision biblique partagée que Donald Trump et Benyamin Netanyahou ont évoqué ce que pourrait être un plan de paix avec la Palestine ...sauf que - contrairement aux accords d'Oslo - les palestiniens étaient absents . Le plan proposé reste , hélas , bilatéral : on peut se demander comment les Palestiniens vont accepter le démembrement de la Cisjordanie et l'annexion de la vallée du Jourdain tout comme celle du plateau du Golan .

Le plan a certes un côté pragmatique : 50 milliards de dollars d'investissement en Palestine ...mais cela reste des paroles . L'accès aux lieux saints est incontestablement important mais Jérusalem risque d'être considérée comme confisquée par l'une des parties .

Difficile dans ce contexte exclusivement bilatéral - et qui ne prend pas donc pas en compte plusieurs résolutions de l'ONU - de comparer ce jour à celui de la proclamation de l'Etat d’Israël le 14 Mai 1948 : Cette proclamation n'avait pas un caractère unilatéral puisque elle découlait directement du plan de partage de la Palestine adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies 6 mois plus tôt (le 29 Novembre 1947) . Gloria in excelsis Deo vel Gloria Trumpeio ?

vendredi 24 janvier 2020

Conspiracy Watch : Un site pour s'oxygéner



Notre société redoute aujourd'hui le coronavirus venant de Chine et se demande si la " Grande Muraille " saura lui faire barrage . Elle l'espère . Mais il existe - dans notre monde - une autre espèce de virus : celui du complotisme et du négationnisme . Ce virus est redoutable car il s'en prend prioritairement aux jeunes , notamment aux adeptes des réseaux sociaux . 

Ainsi à l'occasion d'une récente conférence (en Occitanie) du responsable du site web. Conspiracy Watch on apprend que 9 % des Français et 16 % des Américains sont tout à fait persuadés que la Terre est plate . Un score tout aussi invraisemblable concerne les créationnistes convaincus que Dieu a créé la Terre il y a 10 000 ans . Et 25 % environ des Français n'admettent pas que l'effondrement des Twin towers soit le fait d' Al Qaïda (1) .

Avec ce panorama tenant de la paranoïa comment nos concitoyens ne douteraient-ils pas de la parole publique ? D'autant qu'un sondage cité par le conférencier met en  relief une forte corrélation entre l'âge , le niveau des études (2) ... l'appartenance ou la sympathie pour les "Gilets Jaunes " (un des paramètres) ...et l'adhésion à des théories complotistes . Dans ce contexte de surchauffe et d'émission non maîtrisée de gaz de serre un peu d'oxygène fait du bien !

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(1) enquête IFOP réalisée pour le journal Sud-Ouest en décembre 2015 . Sur ce thème voir également l'excellent article de Sarah Diffalah dans l'OBS (en ligne) du 6 Septembre 2011 qui tord le cou aux théories conspirationnistes .

(2) enquête IFOP / Fondation Jean-Jaurès / Conspiracy Watch décembre 2018 : "28 % des 18-24 ans adhèrent à 5 théories complotistes ou plus contre 9 % des 65 ans et plus . 27% des personnes sans diplômes adhèrent à 5 théories ou plus , contre 8% des Bac + 2 ". 

jeudi 23 janvier 2020

IRAN: langage "Nord-Coréen" risqué



Téhéran vient d'indiquer que l'Iran pourrait sortir du Traité de Non Prolifération (TNP) si les occidentaux (F, GB, All.) poussaient à l'application de sanctions en raison des libertés prises par rapport à l'accord de juillet 2015 . 

Sans revenir sur les responsabilités américaines à propos de la remise en cause de l'accord de 2015 , il est paradoxal de voir l'Iran s'enliser dans une situation " à la Coréenne " : on sait que lorsque la Corée du Nord a menacé dès 1993 de se retirer du TNP elle se proposait de se doter de l'arme nucléaire (ce qu'elle a fait quelques années après) . 

Ainsi , par ses déclarations , Téhéran accrédite l'idée que l'Iran envisage bien de se doter de l'arme nucléaire . Evidemment cela fait partie (il faut le souhaiter) de la surenchère verbale . Il n'empêche : c'est un paradoxe de constater que l'Iran (qui maîtrise les techniques d'enrichissement de l'uranium ) met en avant une sortie du TNP  et donc la tentation du nucléaire militaire alors même que jusqu'à présent Téhéran se disait en faveur d'une Zone exempte d'arme nucléaire (ZEAN) au moyen-orient . 

C'est là un risque possible de dérapage ...tout comme celui des missiles échappant dramatiquement aux contrôles et aux procédures . 

vendredi 17 janvier 2020

Quand l'Eurasie s'éveillera



La Chine avance à grands pas et , d'ici 10 ans , elle sera à "armes égales " avec les Etats-Unis avant de les dépasser quelques années avant l'échéance historique et "fatidique " de 2049 (centenaire de la République Populaire de Chine ) . Il est difficile aujourd'hui d'augurer en bien ou en mal de cette perspective : risque d'affrontement avec les USA ou bien - seulement - concurrence pour une hégémonie écononomico-culturelle ? Bien malins les haruspices qui peuvent le dire ...

Il n'en reste pas moins qu'un seul ensemble est à même de tempérer (ou d'équilibrer) l'ardeur de la Chine : un sous-continent Eurasiatique regroupant l'Union européenne et la Russie (auquel pourraient s'ajouter d'anciennes républiques soviétiques se trouvant sur les limes de l'ex-empire) soit environ 700 millions d'habitants (plus de 2 fois les Etats-Unis) . L'Eurasie - comme la Chine désormais - se réveillera-t-elle ? Ce serait dans son intérêt et cela suppose évidemment que soient dépassés les "anciens" concepts d'Etats-nations , ce qui bien sûr prendra du temps  .

Mais c'est un nouvel horizon et une nouvelle carte à jouer au moment où les Etats-Unis , ancienne hyperpuissance ,  essayent de trouver au moyen-orient une "nouvelle donne" pour l'OTAN tout en paraissant négliger l'Union européenne . Certains diront que le train est déjà passé une fois lorsque , dans les années 1990 , nous n'avons pas voulu raccrocher le wagon russe qui , à l'époque , attendait  patiemment sur le quai . Mais peut-être ne faut-il pas se contenter d'attendre que le train siffle deux fois ? Car le TGV Chinois , plus silencieux ,  est à nos portes : Il est sans conducteur et va rouler à 350 Km/h ...

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NB - J'entends par Eurasie l'ensemble Union européenne + Russie (dont 3/4 du territoire est en Asie : depuis les monts Oural jusqu'à Vladivostok et à l' île Sakhaline)

jeudi 16 janvier 2020

La Chine va s'ancrer dans le Moyen-Orient



A la différence des Etats-Unis la Chine est loin d'être autosuffisante en énergie . Certes , les 50 réacteurs nucléaires qu'elle possède comblent une part de son déficit en ressources pétrolières mais elle ne saurait se passer de pétrole . Or à part quelques puits dans le Xinjiang la Chine ne dispose que de peu de ressources (tout comme l'Inde ou le Japon) . Mais à la différence de ces 2 pays , Pékin a des ambitions de puissance mondiale . Cette stratégie passe peut-être par un rapprochement - encore incertain - avec le Japon et l'Inde . 

Mais , au-delà du volet strictement politique, il y a le "volet économique ": cela va supposer , dans les années à venir , des relations de plus en plus étroites avec les pays pétroliers du Moyen-Orient ( Iran , Irak , Arabie Saoudite , Emirats) . On peut se demander si le fil qu'elle tisse va se faire en partenariat avec la Russie ou bien si la Chine fera "cavalier seul " . 

Pour l'heure la Russie est compagnon de route (la Chine compte aussi sur le pétrole russe et la Russie compte sur les Yuans chinois ) . Mais à terme , lorsque le PIB Chinois - d'ici 5 ans - égalera ou dépassera le PIB des Etats-Unis il n'est pas exclu que la Chine veuille voler de ses propres ailes . 

Dans ce contexte ses partenariats avec les pays du Moyen-Orient ne seront plus "sous la table " mais au grand jour . Cela aura probablement pour conséquence un ancrage - plus politique - de la Chine au Moyen-Orient , étape nécessaire dans son très probable cheminement vers l'Europe (cf.  Nouvelle Route de la Soie).

mardi 14 janvier 2020

Espagne / Pedro Sanchez : Un Gouvernement en "Contrat à Durée Déterminée " ?



C'est ce que m'ont dit , à Madrid, un certain nombre de personnes . Elles considèrent que le nouveau gouvernement de Pedro Sanchez ne "tiendra pas la route" avec , comme vice-président, Pablo Iglesias  favorable au mouvement indépendantiste catalan (dont l'abstention des députés a permis l'élection , à la majorité très relative , de Sanchez) . D'ailleurs Dimanche les madrilènes étaient dans la rue (tout au moins ceux , nombreux , qui ont soutenu le parti nationaliste VOX ) pour s'opposer aux séparatistes catalans avec lesquels Pedro Sanchez aurait négocié ...pour un plat de lentilles . 

On insiste sur le pari insensé - selon certains - qu'aurait fait Pedro Sanchez de s'allier avec l'extrême gauche de Pablo Iglesias plutôt qu'avec le parti centriste Ciudadanos de Albert Rivera , il est vrai en perte de vitesse mais auquel auraient pu se rallier - me dit-on - des députés du PP (droite) . 

S'agit-il (avec la nomination de Pablo Iglesias comme vice - président du gouvernement ) du mariage de la "carpe et du lapin "? On le dit et c'est pourquoi beaucoup de madrilènes pensent que le  nouveau gouvernement de Pedro Sanchez est en "Contrat à Durée Déterminée " .

Mais à Madrid les espagnols n'en sont pas devenus pleurnichards pour autant : ils demeurent ouverts , gais et décontractés . Tout le contraire de la France des grincheux et des hargneux ...

lundi 6 janvier 2020

"Spleen" français et "Temps du Rêve "



Alors que le monde paraît se craqueler la France s'endort (...) au rythme d'une réforme des retraites maladroitement  engagée . Certes , les lendemains de fêtes sont propices au spleen baudelairien . Mais il faut constater combien , en France , les médias tiennent en haleine avec un feuilleton qui , pour partie, échappe à nos concitoyens (sauf ceux qui restent en bout de quai ...) .

Alors que l'Australie , à défaut d'avions canadairs en est presque à solliciter les prières des aborigènes pour qu'il pleuve , alors que l'Espagne a été à la dérive sans gouvernement pendant 6 mois , alors que les populations d'Amérique latine s’éveillent, alors que le Moyen-Orient s'embrase , la France demeure "boulonnée " dans le "Temps du Rêve " (cf. celui des aborigènes australiens) qui est celui des retraites imaginées et rêvées . 

Mais ce spleen est peut-être le prélude indispensable , une fois la page "retraites" tournée , à un nouvel enthousiasme ...car le monde , lui , ne s'endort pas :  La Chine  se prépare à entrer , un jour prochain  , dans le moule occidental que nous lui aurons façonné en 3 D (et bientôt en 5 G ) .

vendredi 3 janvier 2020

USA/IRAN : La "ligne rouge" est désormais franchie



La décision prise par Donald Trump d'éliminer hier , dans un bombardement ciblé , le général Qassem Soleimani , met , pour les Iraniens , le feu aux poudres . Le chef des forces Al - Qods était en Iran une figure mythique , un héros " populaire " . Plus que le président de la République islamique Hassan Rohani, Qassem Soleimani était , de fait , le second personnage de l'Etat.

Les Etats-unis en franchissant cette "ligne rouge" - à mon sens- font un pas de plus vers la guerre et recherchent , quel qu'en soit le motif et le mobile (1)de leur point de vue , une épreuve de force .

On sait bien que l'Iran est , pour Donald Trump , la nouvelle incarnation du "mal" comme l'était jadis Saddam Hussein pour George Bush . Mais Hussein n'était pas perçu par les Irakiens comme un "héros" . Qassem Soleimani , issu du peuple , était - aux yeux des iraniens et au-delà de ce que l'on peut penser de l'homme - un "héros populaire" : une confrontation (de quelle nature ?)  paraît dès lors difficilement évitable .

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(1) Trump et Pompeo assurent que Soleimani , terroriste notoire selon eux , préparait des attentats contre les Etats-Unis : cela est possible mais pourquoi donc le Président des Etats-Unis ne donne-t-il pas plus d'explications et ne tient-il pas le Congrès informé ? J'imagine que la Maison Blanche aura à cœur de l'indiquer .