mercredi 25 janvier 2012

Espagne : une économie en crise et sans "langue de bois"

Je livre ici quelques impressions fruits de choses vues et de contacts à différents niveaux:

Première impression : rien ne semble avoir véritablement changé. Les magasins de Madrid regorgent de monde, les cafés et restaurants sont pleins. Les touristes - notamment chinois - sont présents dans les "hauts lieux" de la capitale : le musée du Prado,  la Plaza Mayor etc...De belles voitures (Jaguar, Bmw , Porsche..) sillonnent les artères de la rue de Alcala ou bien de Serrano. En apparence rien de nouveau sous le beau soleil de Madrid.

Deuxième impression : A la "Puerta del Sol " et tout autour des dizaines de personnes sont revêtues d'une tunique jaune sur laquelle est inscrite en gros caractères "nous achetons de l'or". Je n'en ai jamais vu autant! Les "Indignés" ont été chassés par la police et ont laissé leur place aux "chercheurs d'or": tout un symbole!

Troisième impression ( mais c'est une certitude et non pas seulement une impression ): les entreprises licencient à tout va. Je tiens de bonne source que le patron d'un grand magasin de luxe a convoqué il y a quelques jours deux de ses commerciaux pourtant performant en leur disant : "je ne remets pas en cause la qualité de votre travail mais je suis dans l'obligation de licencier ". Les deux salariés ont reçu leur chèque de départ et ont été "virés" du jour au lendemain...

Quatrième impression : le gouvernement espagnol sait qu'il est au pied du mur. D'ailleurs il ne s'en cache pas: la remarquable porte- parole (et vice-présidente) du gouvernement , Soraya de Santamaria l'a martelé. Lors de sa conférence de presse après le Conseil des ministres de vendredi dernier elle a dû (si j'ai bien compté) prononcer 6 ou 7 fois le mot "austérité". Ce mots n'est pas tabou comme en France l'est le mot de "rigueur"...Il est vrai que la situation économique est plus que délicate : le FMI et la Banque d'Espagne se rejoignent pour prévoir cette année une diminution du PIB de 1,2 à 1,5 % . Les projections concernant le taux de chômage sont dramatiques : environ 23% de chômeurs en fin d'année! A cela s'ajoute l'endettement des "Autonomies" ( c'est - à -dire les Provinces décentralisées). Certaines sont au bord de la banqueroute et des responsables politiques considèrent qu'il faut d'ores et déjà prévoir la responsabilité pénale de celles qui ont "failli". Car il n'existe pas en Espagne de contrôle budgétaire a posteriori tel qu'il existe en France où un préfet peut saisir la Chambre régionale des Comptes (pouvant décider la "mise en tutelle"). La décentralisation est si poussée en Espagne que les Régions Autonomes - dotées d'un gouvernement - ont quasiment les "pleins pouvoirs"!

Ma conclusion : l'Espagne,endettée et dont l'économie est insuffisamment diversifiée, a du "pain sur la planche" . Pourtant j'écrivais il y a peu " Non, l'Espagne (pays du Sud) n'a pas "perdu le Nord". Je persiste car je me rends compte que le gouvernement espagnol tient un langage de vérité et ne cache absolument pas la situation inquiétante du pays. Il joue la carte de la transparence et le mot "austérité" revient sans cesse. Il n'empêche que les Espagnols me paraissent -paradoxalement - moins inquiets que les Français. Peut-être simplement parce que rien ne leur est caché de la situation réelle de leur pays...






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