jeudi 13 mai 2021

Palestine / Israel : Respecter le droit international

 Alors que l'on évoque une guerre  la diplomatie ferait bien de se réveiller : il n'est pas question de soutenir ou de blâmer l'une ou l'autre des parties mais de considérer que la tentative Trumpiste (accords d'Abraham) a échoué sauf à distendre les liens entre la Palestine et d'autres pays arabes quelque peu déconnectés de la situation  . 

Evidemment Israel a droit à des "frontières sûres et reconnues " mais il en est de même pour la Palestine . Or Israel se gausse du droit international (territoires occupés en Cisjordanie , Plateau du Golan , menace d'annexion de la vallée du Jourdain etc...) . Sans légitimer la réaction des Palestiniens - d'ailleurs divisés entre le Hamas et le Fatah - on peut admettre que le refus de fait par Israel d'accepter la solution à 2 Etats accroit les rancœurs et les  frustrations tant chez les Palestiniens que dans une partie de la population israélienne sensible aux problèmes sociaux (dont aussi internes) engendrés . 

A moins que le conflit ne se traduise - ce qu'il ne faut pas espérer ou souhaiter - par la disparition d'un des deux Etats, la solution guerrière est sans issue . Seule une solution de nature politique s'inscrivant dans l'esprit des accords d'Oslo de 1993 est de nature à apaiser les parties . Le droit international ( cf. les décisions du Conseil de sécurité ONU de 1967 ) doit parler ... à condition qu'on le fasse entendre . 

mercredi 12 mai 2021

Djihadisme : mamelles pétrolières et gazières

 

Le djihadisme prospère grâce à la drogue mais aussi grâce à d'autres " carburants" : c'était grâce au pétrole du Kurdistan irakien que l'E.I. a tenté de submerger une partie du Moyen-Orient et c'est parce que la source s'est tarie que Daesh a pu , en partie, être neutralisé . Est-ce ensuite un hasard si les djihadistes ont reflué vers la Libye , autre eldorado pétrolier (avant que les installations ne se soient "rouillées" ) ?

C'est aussi la question que l'on se pose à propos du Mozambique : est-ce un hasard si les djihadistes se concentrent dans le nord-est du pays au large duquel (à Cabo largo) se trouve l'un des plus importants gisement de gaz off shore du monde ?  La situation au Soudan du Sud est à peu près identique sauf que les antagonismes ethniques masquent les poussées islamistes . Comme jadis au Nigeria (1) les gisements de pétrole attisent les convoitises et déstabilisent la région (Biafra) bien avant que l'on parle de djihadisme .

Un fait cependant : le croisement des conflits religieux et des zones " énergétiques " . Par un bref court-circuit de l'Histoire ce croisement renvoie à la période de la naissance du mythe de l'Eldorado lorsque les conquistadores espagnols (djihadistes de l'époque) s'en allaient répandre leur (mauvaise) foi en Amérique Latine , s'alimentant autant de filons d'or que de catéchisme (autre source d'énergie à l'époque).

Croisera-t-on un jour la carte des découvertes de gisements prouvés ou probables afin d'anticiper les zones de conflit possible ? Pourquoi pas ?

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(1) La "guerre du Biafra " (1966-1970) a opposé les ethnies chrétiennes du sud du Nigeria aux tribus musulmanes du centre et du nord . L'enjeu était le contrôle du pétrole au large du Biafra . Le conflit , indirectement , opposait aussi Britanniques et Français mus , eux aussi , par une odeur de pétrole . 

jeudi 6 mai 2021

Emmanuel Macron : l'ombre d'un doute

 

Le meurtre , hier, d'un policier à Avignon juste après l'assassinat d'une fonctionnaire de police égorgée à Rambouillet par un terroriste islamiste sera-t-il la "goutte d'eau" qui fait déborder le vase ? Les médias parlent d'un électrochoc de nature à éveiller les Français dont une nette majorité ne se sent plus en sécurité dans un pays qu'ils ne reconnaissent plus . Quand bien même le chef de l'Etat et le ministre de l'intérieur évoquent avec force et conviction une "guerre" contre le terrorisme islamiste ou contre les réseaux de vente de drogue les Français sont les spectateurs chaque semaine des violences démesurées que les médias relaient . L'ensauvagement de la France n'est plus un vain mot mais la réalité du quotidien .

 Les électeurs d'Emmanuel Macron seraient-ils pris d'un doute ? au-delà du brillant Président , au-delà de l'homme politique "nouveau" , Emmanuel Macron n'est-il pas en train de se heurter à un mur masquant les réformes entreprises? Nos concitoyens voyant l'autorité bafouée (Gilets jaunes , attaques de commissariats, terrorisme , Justice équivoque etc...) se posent aujourd'hui la question : le Président serait-il désormais lâché par les "dieux" (...) ou aurait-il les mains liées par des considérations  électorales prenant le pas sur le quotidien et l'attachement des Français  à des valeurs républicaines jugées insuffisamment défendues ? 

"E pur si mueve ! " disait Galilée en parlant de la Terre . Puisse Emmanuel Macron entendre et agir (1) en prenant conscience de ce que notre environnement bouge désormais dangereusement en tournant à l'envers  . A défaut de remettre tout cela à l'endroit les drames auxquels on assiste seront récupérés et risquent de légitimer l'arrivée sur l'avant scène de partis extrêmes apparaissant comme l'ultime recours . Il ne peut l'ignorer .

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(1) La sécurité relève certes davantage du ministre de l'intérieur et du chef du gouvernement mais , de fait , elle reste de l'initiative du chef de l'Etat qui - à juste titre - est souvent descendu dans l'arène (cf Covid) . En tout cas elle figurera en positif ou négatif dans son bilan de mandat présidentiel .

mercredi 5 mai 2021

Espagne / élections : la gauche sur un strapontin à Madrid

 

L'Espagne ( ou du moins la Communauté de Madrid ) bascule à droite : Isabel Diaz Ayuso (Partido Popular , droite)  est confirmée - après une dissolution - à la tête de la Communauté de Madrid  . En revanche Pablo Iglesias (Podemos extrême gauche et ancien premier vice-président du gouvernement) perd le sien et décide , aujourd'hui d'abandonner la vie politique . Le parti socialiste (PSOE) qui a fait une campagne "à l'ancienne" est défait et se trouve à égalité de sièges (24) avec le parti Mas Madrid issu d'une scission avec Podemos . 

Ces élections sont une déconvenue pour le Président du gouvernement Pedro Sanchez et le résultat d'une stratégie gagnante de Mme Diaz Ayuso qui avait provoqué la dissolution de l'assemblée communautaire . Elles marquent aussi la fin de l'illusion centriste puisque le parti Ciudadanos est éliminé n'ayant pu atteindre 5 % des voix . 

Mme Diaz Ayuso à qui il ne manque que quelques sièges pour avoir la majorité absolue se dit prête à des alliances ponctuelles avec le parti Vox (extrême droite) . Une recomposition politique est en marche ...On peut s'interroger : assistera-t-on au même glissement en France avec une gauche qui - comme en Espagne - prend l'eau et attend - en vain - son salut dans de nouvelles noces de Cana ?

samedi 1 mai 2021

USA / Joe Biden : America is back ?

 

Alors que les nouvelles ne sont pas toujours bonnes (insécurité, violences , pandémie) voilà un signal fort qui nous vient des Etats-Unis : America is back . Ce n'est pas là un simple slogan mais un constat . Au-delà de l'audacieux plan de relance , au-delà du discours intransigeant à l'égard de Pékin , au-delà des "mots doux "concernant Vladimir Poutine , il y a la reconnaissance du génocide arménien , ce qu'aucun président américain n'avait eu jusqu'à présent l'honnêteté ou le courage de faire par crainte de déplaire à la Turquie , pays membre de l'Otan .

Bravo donc ! Mais l'on ne doit pas pour autant s'en tenir à un discours thuriféraire : il y faut un brin de réalisme géopolitique . Ce blog n'apporte évidemment pas de recette miracle mais il peut (éventuellement) donner à réfléchir : si l'Occident ne veut un jour être "mangé tout cru " par la Chine il lui faut trouver, ailleurs, des points d'appui . Or la Russie - tout comme l'Inde - peuvent être ces relais . Le premier parce qu'il ne voudra pas être totalement absorbé par la Chine (comme commencent à l'être les républiques pétrolières du Caucase/Asie Centrale ) la seconde parce qu'elle a tout à craindre d'un conflit avec la Chine lorsque , elle aussi , s'éveillera  .

Le Président Biden saura-t-il ménager la "chèvre et le choux" c.-à-d. faire du "en même temps " avec la Russie sans pour autant perdre de sa crédibilité et tout en faisant front face aux risques de manipulation venant du Kremlin  ? Wait and see ...

jeudi 29 avril 2021

France : La démocratie en résistance

 

Ce sera le thème majeur de la campagne présidentielle . Une majorité de Français admet que notre démocratie - celle des valeurs républicaines - est en train de se déliter , terme qui n'est pas infondé . Les attaques au mortier - presque hebdomadaires - de commissariats ne sont plus un jeu de "jeunes" mais un pied-de-nez à notre démocratie . A défaut d'autorité nos concitoyens s'interrogent sur les mérites de notre modèle de société quotidiennement bafoué .

Dans ce contexte , la "tribune" de 20 généraux en retraite (1) publiée par l'hebdomadaire Valeurs actuelles est un signal . Il comporte certes des relents politiques d'extrême droite mais il n'est pas à prendre à la légère : le gouvernement ferait bien d'y apporter quelque attention au-delà de sanctions auxquelles ces officiers à la retraite se sont exposés .

Mais rien ne serait pire que de renvoyer à des fantasmes et à de soi-disant charentaises la réaction des signataires de cette tribune : c'est un signal fort qu'il ne faut pas traiter par le mépris . Ce serait une faute de considérer qu'il s'agit là de ratiocinations de "vieillards cacochymes" comme l'a prétendu récemment le philosophe Raphaël Enthoven .

Nombre de Français ne souhaitent pas que Marine Le Pen accède à la Présidence de la République et doutent de ses compétences . Mais beaucoup s'interrogent . En raison de cette épée de Damoclès  notre démocratie doit "entrer en résistance " ...pour préserver notre République . 

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(1) Sondage LCI : 58 % des Français considèrent légitimes les mises en garde des officiers retraités (cf. hebdomadaire "Valeurs actuelles" le 21 Avril 2021 ) .

mardi 27 avril 2021

Terrorisme et islamisme : la question d'Hortense

 

Ma voisine Hortense m'a entretenu de ses réflexions à la suite de l'attentat terroriste de Rambouillet . Elle me dit que c'est évidemment un raccourci que de faire un lien entre terrorisme et immigration : ses  parents , Polonais, sont venus en France dans les années 1950 et , née sur notre sol , le terrorisme n'a jamais été le "plat du jour" pour elle ni pour  sa communauté . Alors , certes , admet-elle ,  l'immigration venant du "sud" n'a plus les mêmes composantes sociologiques et les mêmes valeurs .Pour autant - me dit Hortense du haut de ses 78 ans - elle se refuse à introduire un lien qui fracture la Nation . 

Mais quelque chose la travaille et c'est une question ,me dit-elle, que l'on n'ose poser : elle me dit qu'il n'y a pas de lien (en tout cas de nos jours ) entre catholicisme et terrorisme . Même chose pour les évangélistes, les bouddhistes , les confucianistes  . Or me demande-t-elle "pourquoi y a-t-il un lien entre islamisme et terrorisme ? ".

Je lui ai dit qu'il ne fallait pas confondre l'islamisme et la pratique de l'islam par des musulmans qui n'aspiraient qu'à vivre en paix dans un pays dans lequel la laïcité était un pilier de la société . Mais Hortense n'en a pas démordu : "il y a donc bien un lien entre islamisme et terrorisme ? " 'Oui, Hortense" lui ai-je répondu à court d'arguments tout en soulignant que l'islamisme n'était pas une religion mais un dévoiement de religion  . 

A moitié rassurée Hortense est retournée dans son jardin ...  

lundi 26 avril 2021

Macron " des villes" , Bertrand " des champs "

 

La comparaison est hardie mais la physionomie et l'expression des 2 futurs candidats à la présidentielle sont tout en contrastes : le premier est vif, agile, brillant et courageux mais avec un côté "virevoltant" qui donne l'impression de ne pas faire pleinement corps avec le quotidien . L'autre - quand bien même il est aussi élu de zones urbaines  - parait mieux s'ancrer dans la terre et prendre à bras le corps les problèmes de sécurité (qui vont être le déterminant des futures élections présidentielles ).

Bertrand "des champs" serait peut-être moins percutant dans l'enceinte des Nations-Unies mais , à la différence de Macron "des villes" il est homme à ne pas lâcher prise sur les problèmes de sécurité , de terrorisme islamique ou de communautarisme / séparatisme .

Pour sûr , il est bien trop tôt pour porter un jugement définitif , Emmanuel Macron ayant été desservi par les circonstances . C'est en fait une simple impression dans une France en ce moment bien impressionniste , spectatrice d'un délitement et sujette au va-et-vient d'émotions (attentats, ensauvagement , Justice quelque peu déconnectée , pandémie ...and so on ) .

mercredi 21 avril 2021

Covid : "agent double" de la mondialisation

 

Ce virus a un effet majeur (en dehors de son côté dévastateur) : celui de nous faire toucher du doigt notre interdépendance dans un monde plus que jamais globalisé . Son origine d'abord : le virus nous vient de Chine et , peu à peu, il s'est transmis à l'Europe , aux Etats-Unis , à l'Afrique , à l'Amérique latine etc...Et seules (ou à peu près) l' Australie et la Nouvelle -Zélande auront été épargnées . 

Alors que les frontières ne font pas vraiment obstacle puisque ce virus est "passe-partout " , les vaccins montrent à quel point (en dépit d'égoïsmes ponctuels)  nous sommes interdépendants ...des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne , de la Russie ...et peut-être de la Chine . Rarement (pas même à l'époque du choléra) il y aura eu une vision aussi "horizontale" d'une pandémie . 

Au-delà de la contagion qui bouscule les continents , les pays riches autant que les pays pauvres ,la pandémie aura (tout comme l'urgence climatique) démontré notre interdépendance ...et nous aura amené à réviser notre géographie tout comme - si cela existait - une sorte de GoogleHealth .

Nucléaire iranien : un accord en vue ?

 

Différentes sources font état de progrès notables dans les négociations de Vienne . Contrairement à ce que prévoyait Israel en bombardant le site de Natanz , les iraniens , poussés à la faute , ne sont pas tombés dans le piège des représailles qui auraient pu torpiller les négociations en cours . 

Il est grand temps - estime-t-on - qu'un accord soit trouvé gelant l'enrichissement de l'uranium (cf .le seuil risqué de 60 %) : les élections présidentielles iraniennes vont se tenir dans 2 mois et , à défaut d'accord, les "Gardiens de la évolution" pourraient accéder à la présidence . 

Et , par ailleurs , dans le cas de maintien des sanctions économiques du fait de l'absence d'accord , la porte de l'Iran serait grande ouverte à la Chine (Pékin vient de conclure avec Téhéran un accord de partenariat stratégique sur 25 ans) . Personne n'a d'intérêt - du moins en Occident - au basculement de  l'Iran dans le camp asiatique (ou chinois) . D'où , probablement , les signaux qui apparaissent ça et là indiquant qu'un accord est - presque - "sur la table" ...à condition que des initiatives intempestives - comme à Natanz -  ne viennent soudainement renverser les  quilles .

dimanche 18 avril 2021

La société fracturée

 

 Les Français sont à la recherche de "projets de société " et finalement ils n' ont droit qu' à un kaléidoscope dans lequel chacun prêche pour sa paroisse . La société devient un puzzle et on aurait beau chercher : nous sommes bien loin de ce que Renan jadis considérait comme un "vouloir vivre ensemble ", expression de la Nation . Il n'est guère de réunions  au cours desquelles - outre le covid - on n'évoque les méfaits du  racialisme, de l'islamisme, du complotisme, du multiculturalisme, du négationnisme  etc... 

Afin de maintenir la cohésion d'une Nation il faut un minimum d'autorité et c'est bien là que le bât blesse : nos démocraties sont devenues des sortes de phalanstères où chacun détient sa part de vérité et cherche à l'imposer . Et - face à ce scepticisme généralisé - nos démocraties ont le sentiment que l'on ne peut atteindre le point d'équilibre qui éviterait de sombrer dans une dictature . 

C'est là un évident challenge pour notre société dans son ensemble et - plus singulièrement - pour la France : 2022 est un horizon proche . Le danger demeure dans le "quitte ou double" d'une société fracturée qui peut être tentée de jouer à la roulette russe ...

vendredi 16 avril 2021

Yémen : Joe Biden flanche-t-il ?

 

Il semble bien que les Etats-Unis qui avaient décidé un moratoire concernant les ventes d'armes aux Emirats Arabes Unis - engagés contre le Yémen- soient revenus sur leur décision (1) . La situation n'est toutefois pas aussi simple . La vente d'avions de combat F-35 à Abu-Dhabi semble bien être une des conditions des accords dits "Abraham" passés par l'administration Trump pour favoriser la reconnaissance d'Israel par cet Etat (en même temps que le Barhein , le Soudan , le Maroc) . Il s'agissait en quelque sorte d'une "monnaie d'échange" . 

Le contrat a été maintenu et il est peu probable que les F35 (avions furtifs ultrasophistiqués) soient utilisés contre des populations yéménites . Il en va autrement des missiles ou roquettes (voire d'hélicoptères) si leur vente était envisagée . Certes, officiellement les Emirats n'interviennent plus aux côtés de l'Arabie Saoudite contre les Houthis du Yémen ... mais les contournement (cf. les réexportations) sont toujours possibles . 

D'où l'importance de "faire mentir" l'article de l'hebdomadaire cité si toutes les garanties ont été prises pour éviter des livraisons d'armement pouvant être utilisés - comme il y a peu - pour bombarder le Yémen et massacrer ainsi des milliers d'enfants comme le rappelait l' ONG "Save the Children" en mars dernier .

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(1) Hebdomadaire Le Point en ligne du 16 avril 2021 article " Ventes d'armes au Moyen-Orient : Joe Biden rattrapé par la realpolitik ". 

 

jeudi 15 avril 2021

Novorossia : jusqu'où ?

 

Le concept de Novorossia fleure bon l'empire tsariste ...ou l'URSS (dont l'effondrement , en 1991, est pour Vladimir Poutine , "la plus grande catastrophe du 20 siècle" ) . On ne peut en vouloir au Président actuel de regretter l'affaiblissement d'un Etat qui était l'autre plateau de la balance à l'époque du "monde bipolaire". Dans cette tentative de rétablir un nouvel ordre mondial où la Russie serait l'un des pivots il ne faut pas passer sous silence le risque - probablement pris en compte par V. Poutine - d'être aspiré (voire digéré) par la Chine (dont le PIB est près de 7 fois supérieur à celui de la Russie et la population 10 fois plus importante) . Il existe donc une autre alternative .

Cependant une poussée vers l'Ouest n'est pas évidemment l'autre terme de l'alternative : A juste titre dans cette volonté de reconquête de positions anciennes par Moscou , il nous faut être vigilant et l'OTAN a raison de mettre en garde (1) . Si le concept de Novorossia venait à déstabiliser l'Europe centrale et les Balkans , l'Occident devrait faire face . 

Pour autant et sans que l'on puisse à nouveau croire que la Russie (comme l'URSS d'Eltsine avant 1991) nous  "tend la main" , il y a probablement un autre fer à avoir au feu : celui d'un vrai partenariat (2) avec la Russie permettant de renforcer le pôle européen ...si tant est que Vladimir Poutine ne cherche pas , en sourdine, à remettre sur pied la Novorossia impériale ...Mais en a-t-il les moyens ?

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(1) cf. les réflexions "OTAN 2030 " (document largement publié et accessible ).

(2) Encore faudrait-il que cessent les manœuvres de conflit "de 4 ème génération" (attaques internet , manipulations , désinformation etc...) décrites dans l'excellent ouvrage d'Isabelle Mandraud " Poutine, la stratégie du désordre " (Editions Taillandier 02/21) ;

samedi 10 avril 2021

Europe : Le "cul ...entre deux chaises "

 

La construction européenne est œuvre de longue haleine : tout comme Mme von der Leyen , l'Union se trouve le "cul...entre 2 chaises " . Apparemment la récente affaire d'Ankara découle d' un problème de coordination entre deux services du protocole (de Bruxelles) qui "se sont tirés dans les pattes" sur fond de rivalité (ou de tension ) entre le Président du Conseil européen , Charles Michel, et la Présidente de la Commission . Il n'empêche : Erdogan a - opportunément - surfé sur ces dissensions et les a exploitées en faisant un "pied de nez" à l'Institution européenne . 

Et cela en dit long sur l'état de l'Union : l' inconséquence des "services " révèle le long travail à faire pour que l'Union soit crédible sur la scène internationale (au Moyen-Orient notamment ). Car l'Europe est, aussi , entre deux chaises : l'une est avancée par la  Chine , l'autre par les Etats-Unis . Question : l'Union a-t-elle sa chaise ? La Russie attend-elle sur le canapé qu'on lui fasse signe ?

A trop hésiter à bâtir (enfin) les Etats-Unis d'Europe nous risquons - dans 20 ou 30 ans - de connaître les mêmes mésaventures que Mme Von der Leyen et de rester sur le banc de touche . Et Erdogan (ou ses successeurs) ne nous appelleront probablement pas au milieu du terrain .

vendredi 9 avril 2021

ENA : "Haro ! " sur le baudet ...

 

Emmanuel Macron a décidemment des doutes quant à sa réélection l'an prochain . L'ENA semble être la victime sacrificielle offerte aux "Gilets Jaunes" . Mais , tout comme je doute que l'ENA soit supprimée , tout autant je doute de l'effet politique recherché . 

La France a - comme tous les pays - besoin de hauts fonctionnaires et il est normal qu'ils passent par le tamis et soient filtrés . La question essentielle est de s'assurer que les modalités de tamisage sont "républicaines" et sans favoritisme . Pour le reste , l'éducation demeure un débat de société : tout le monde ne peut-être logé à la même enseigne et les milieux , les facteurs sociaux sont évidemment des déterminants . 

A moins de mettre en place une politique de quotas (par territoires , par universités , par genres , par profession des parents etc...) je ne vois pas comment éliminer a priori  des inégalités qui supposent une réforme en profondeur de l'éducation , de l'urbanisme , de la sociologie - voire du climat (!) -...et non un simple changement de "marque" .

Emmanuel Macron qui n'est pas un oiseau tombé du nid devrait le comprendre . A coup sûr il le comprend mais peut-être se sent-t-il  "le dos au mur " et prêt à faire flèche de tout bois  ?

mardi 6 avril 2021

Eurasisme : point d'équilibre Occident/Orient ?

 

Dans la situation actuelle prévaut la méfiance : tant à l'égard de la Russie (dont le leader pourrait être reconduit jusqu'en 2036) que de la Chine (soupçonnée d'espionnite aigue et d'une stratégie de conquête à long terme) ou d'un Moyen-Orient en ébullition et - encore - d'un continent Africain "incontrôlable" et ouvert à tous les vents . Dans ce scénario sans complaisance l'Occident se cherche et , craignant les orages et les giboulées , tente de se mettre à l'abri. L'Union européenne donne un peu l'impression (pandémie aidant ) de ne savoir ou donner de la tête .

Et des idées refont surface bien que parfois non exprimées afin (dans le cadre de l'OTAN notamment) de ne pas se faire rabrouer (1) : l'une d'entre elles est celle d'un Eurasisme qui aurait pour ambition d'attirer la Russie vers l'Occident en "contrant" un autre Eurasisme qui , repoussant la Russie , l'amènerait dans le giron chinois . Certains diront que c'est là pure utopie ou bien qu'il est trop tard , et que nous avons repoussé les avances russes des années 1990 . 

Mais il peut ne pas être tard : tout en ne baissant pas la garde (car la Russie probablement hésite en ce moment entre l'Orient et l'Occident) on doit pouvoir avancer cette carte et démontrer que tous les dés ne sont pas pipés ...si l'équilibre que l'on souhaite permet d'éviter le "choc des civilisations " redouté .  

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(1) Il ne s'agit pas de remettre en question la solidarité des membres de l'OTAN et leur adhésion à des valeurs communes .

lundi 5 avril 2021

Pâques 2021 : le Monde "sous cloche " ...

 

En ce lendemain de Pâques , la scène nationale et la scène internationale bruissent différemment sur fond de pandémie : en dépit des ravages du Covid en Iran les négociations vont bon train  : Washington et Téhéran - après avoir "dansé l'arlésienne" - vont rentrer dans le rang de l'accord nucléaire de juillet 2015 moyennant quelques accommodements . La Chine (qui a su maîtriser le virus ) déploie ses charmes auprès de l'Iran en bouclant des négociations commerciales de plusieurs centaines de milliards de dollars . Moscou montre ses muscles à proximité de l' Ukraine en même temps que la Russie flirte - fort de son penchant asiate - avec le monde musulman . Le Myanmar se déchire et l'on ne sait si la "Dame de Rangoon " actuellement retenue a (ou non ) pendant un temps soufflé sur les braises ou trop ménagé les généraux birmans . 

Pendant donc que le monde bruisse la France retient son souffle : la vaccination va-t-elle permettre de tenir en échec le virus ? Les capacités de réanimation sont-elles suffisantes ? AstraZeneca est-il fiable ? La justice va-t-elle sanctionner les "dîners de cons" organisés en cachette dans les "beaux quartiers" du 16 ème arrondissement de Paris par des restaurateurs insoumis ? En ce lendemain de Pâques , les cloches tintent différemment à Rome, Paris ou Moscou . En revanche les carillons de Pékin - sur la place Tian'anmen - sont forcément plus discrets ...en apparence . 

Hier, face à la place Saint-Pierre quasi déserte ,   le Pape François délivrait  , urbi et orbi , un  message de paix appelant à faire "cesser le fracas des armes " et exhortant à un "internationalisme " des vaccins . Puisse Dieu l'entendre ...

mardi 30 mars 2021

L 'Occident du "Mea Culpa " : le virus gagne l'Université d'Oxford

 

Ce n'est plus la peine de craindre d'être submergé par la Chine et la civilisation confucéenne : l'Occident se remet en question et jette aux orties culture et racines . Nous savions que le mouvement "anticolonialiste" venait des Etats- Unis (Etat jadis esclavagiste sur son sol) mais , désormais , la fièvre vient d'une "citadelle" qui paraissait jusqu'ici imprenable : l'université d' Oxford .

Or , le journal The Telegraph rapporte dans son édition du 29 Mars (1) que des professeurs envisagent de remplacer des cours de musique jugés "colonialistes" (Schubert , Guillaume de Machaut ...) par des cours de musique " africaine ou populaire ". 

Faut-il dire : "tirez les premiers MM. les anglais  " en attendant notre tour ou bien baisser la garde puisque ce virus américain - autre pandémie - se répand déjà en Europe ? 

Pendant ce temps "oncle Xi " et Poutine rient sous cape en nous voyant - comme à l'accoutumée - battre notre coulpe .

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(1) The Telegraph en ligne du 29 Mars (par Craig Simpson )

samedi 27 mars 2021

Elections 2022 : Pour conjurer le (mauvais) sort

 

                                              FICTION AVRIL - JUIN 2022

                                                                            ***

1- Mercredi 20 avril 2022 /23 H :

Le débat d'entre-deux-tours vient de s'achever . Emmanuel Macron a été à son habitude brillant et à l'aise . J'ai eu quelque peu l'impression d'assister au grand oral de l'ENA . Macron a surfé , évoquant la situation économique qui se redresse , le dernier Conseil européen et les relations avec la Chine . Sur la gestion de la pandémie il a quelque peu "taclé " l'Union , reconnaissant son manque d'imprévoyance quant aux vaccins . Marine Le Pen n'a cessé de lui faire endosser la responsabilité des 200 000 morts que compte notre pays ainsi que des milliers de défaillance de petites entreprises qui ne sont pas au Cac 40  . Elle a attaqué , bille en tête , sur les problèmes de sécurité et les voiles dont se pare l'UNEF et aussi une part de l'Université . Elle ne s'est finalement pas mal sortie d'une question sur l'endettement quand bien même sa réponse est apparue un peu scolaire . Impression générale : Macron 55 % , Le Pen 45  %

2- Vendredi 22 avril 2022, 17 H

Une station de TV Belge diffuse - à mots couverts - les résultats d'un sondage : Macron 51 % , Le Pen 49 % . C'est pire que ce que j'imaginais . Emmanuel Macron avait pourtant , au premier tour, sanctuarisé son socle de 24 % et Marine Le Pen s'était maintenue à 22% . Xavier Bertrand avait réussi à se positionner juste après à 21% alors que Jean-Luc Mélenchon "prenait l'eau "avec à peine 12 % . Je vais à tout hasard sur la chaîne du Qatar , généralement bien informée : on reprend le même écho que celui de la TV Belge : 51-49 . Les réseaux sociaux lancent la même information . Je vais mal dormir cette nuit !

3- Dimanche 24 avril 2022 / Résultat des élections présidentielles :

18 H -

Sur le plateau de LCI les journalistes sont renfrognés . David Pujadas a perdu son sourire un peu moqueur et Amélie Carrouer habituellement sereine fait grise mine . Les commentateurs habituels pianotent sans cesse sur leur portable . Agitation et perplexité . On zoome sur le siège de "En Marche ! " . Atmosphère bizarre . Tristes figures . Autre zoom au siège du "Rassemblement National" . Une cinquantaine - au pif - de TV sont présentes . La rue est barrée . Certains chantent la carmagnole . A contre-courant ! Bardella est porté sur une sorte de bouclier de Brennus . D'où vient-t-il ? . Collard est assiégé . Il en pleure . Tout est dit : c'est Marine Le Pen qui est en tête ! 

20H

 6, 5 ,4 , 3, 2, 1---0 : Le visage de Marine Le Pen apparaît sur l'écran . IPSOS indique 53 % pour Marine Le Pen 47 % pour Emmanuel Macron . C'est plié ! . L'écart de 6 points ne peut être comblé . Les analystes vont tenter d'expliquer.  BFM et LCI disent la même chose sur la base des projections des instituts de sondage : les électeurs de l' extrême gauche mélenchonienne ont massivement voté pour l'extrême droite , à environ 35 % , probablement déçus par le score de Mélenchon au premier tour . Plus qu'on ne le prévoyait les électeurs républicains - environ 20 % - se sont reportés sur Marine Le Pen .

4- Dimanche 19 juin 2022 /Résultat des élections législatives : la France ingouvernable ...

La France est ingouvernable ! Que va faire Marine Le Pen ? le "Rassemblement National" atteint à peine 10 % de suffrages exprimés et n'emporterait - selon IPSOS - que , tout au plus , 40 sièges sur les 577 . Comment gouverner ? Certes la Présidente de la République avait appelé à un "gouvernement d'Union nationale " mais - sauf quelques débauchages chez L.R. - aucun parti n'a voulu se mouiller . Europe Ecologie a été particulièrement ferme et , de son côté Xavier Bertrand a repoussé toute compromission en dépit de quelques mains tendues dans son camp . Evidemment Emmanuel Macron a rejeté toute alliance avec le "Rassemblement " . D'ailleurs les marchés financiers ont ressenti comme une claque l'élection de Marine Le Pen . Le Cac 40 était en dégringolade après l'élection du 24 avril . Et - au sein de l'Union européenne - on a assisté à un concert de cris et de chuchotements : la France est malade ! la France rejoint Orban ! Les américains sont sidérés sauf les Trumpistes qui jouent de la cornemuse ...ce que n'osent faire les Ecossais . Collard et Bardella ont beau se démener ...et appeler Steve Banon à la rescousse . Mais rien n'y fait . Les commentateurs prédisent une dissolution de l'Assemblée (il faut que je vérifie si la Constitution le permet dans l'immédiat ) . D'autres - sur la base de confidences d'Eric Ciotti - annoncent la probable démission de Marine Le Pen ...

L'été 2022 s'annonce automnal : la France va-t-elle se ressaisir ou bien bloquer - comme à Suez aujourd'hui - le chenal de la démocratie ? 



jeudi 25 mars 2021

Zone Euro : sortie du tunnel et incertitudes politiques

 

Les indices économiques - en mars -  vont dans le même sens : qu'il s'agisse de l'indice PMI flash composite ou celui PMI "industrie manufacturière" le rebond est là et il se situe au-dessus de ce que le "consensus" attendait . Le secteur industriel repart fortement quand bien même ce rebond profite davantage à l'Allemagne , plus industrialisée , qu'à la France , plus dépendante du secteur des services . 

Certains économistes craignent toutefois une poussée inflationniste : l'augmentation de la demande dans le secteur manufacturier entrainerait une hausse des coûts d'approvisionnement des chaines de production . A voir ...Quoi qu'il en soit , l'économie repart dans un monde à 2 vitesses : l'un repart en flèche et l'autre va supporter encore longtemps les failles et défaillances dans le secteur social . Un paradoxe toutefois : ces 2 mondes se recoupent et , dans un même pays , croissance et pauvreté peuvent aller ensemble .

L'impact politique  est plus difficile à cerner : la situation sanitaire dégradée et la gestion - quelque peu erratique - de la crise Covid auront plus d'effet que le rebond de tel ou tel indice . Même s'il  grimpait, à la veille de Pâques, ...jusqu'au Ciel !