mardi 29 octobre 2019

SNCF: En attendant la concurrence



En ces jours de Toussaint les grèves inopinées prennent de court les voyageurs pris au piège et qui se désespèrent aux guichets . En réalité les revendications s'apparentent à un alignement de perles maintes fois égrenées (conditions de travail , inconfort des trains , salaires , paiement des jours de grève etc..et défense du Service public) .

La presse se fait l'écho de ces mouvements : il s'agirait , pour les cheminots ,  de se "vacciner" - avant l'hiver -  pour se prémunir du risque de grippage des régimes de retraite . C'est oublier - tout aussi important - que se jouent en ce moment les conditions pratiques de l'ouverture européenne à la concurrence (étapes de fin 2019 et de 2021) . 

Les syndicats paraissent débordés et surpris par des initiatives de la base . Mais est-ce vraiment une surprise ou - dans le cadre des négociations encore en cours de la Convention Collectives Nationale (CCN) -  un mouvement bien orchestré dont les usagers font les frais en attendant de faire demain usage des nouveaux droits de la concurrence ?

vendredi 25 octobre 2019

Russie / Chine : La "Sainte - Alliance"



Il faut probablement regretter qu'après la chute de l'URSS nous n'ayons pas accueilli la Russie dans le giron occidental comme le souhaitaient à l'époque (décennie 1990) Eltsine ou Gorbatchev . Au lieu de cela l'OTAN s'est complu à grignoter les pays d'Europe centrale , ex-républiques soviétiques . 

Désormais tout porte à croire que la Russie a franchi un nouveau Rubicon et se tourne vers l'Asie ...et singulièrement vers la Chine.  Car la Russie a besoin de la Chine pour soutenir son développement (le PIB de la Russie est au niveau de l'Italie alors que celui de la Chine sera d'ici 3 ou 4 ans du même ordre que celui des Etats-Unis) . De la même manière la Chine a besoin de la Russie pour l'aider à franchir les nombreux "cols" de la Nouvelle Route de la Soie

Plusieurs analystes soulignent la dimension "impériale" du comportement de la Russie au Moyen-Orient (relations avec la Turquie , l'Iran ... notamment) . Cette "marche en avant" russe (dans la tradition tsariste) ne peut s'entendre que si , bien que non explicitement visible et affiché, on intègre le fait que la Chine est en appui .

Est-il désormais trop tard pour faire basculer la Russie vers l'Occident et singulièrement vers l'Europe ? Peut-être . A moins que l'Union européenne se démarquant de sa pulsion atlantiste ne redevienne un vrai pôle d'attraction économique ...et politique . Qui sait ?

dimanche 20 octobre 2019

Assurances et harcèlement


Une histoire (presque) vraie  :

Ma voisine Thérèse est dans tous ses états : les assurances qu'elle a contractées avoisinent les 200 euros par mois (hors habitation et voiture) . Elle me dit qu'elle les a souscrites à la suite de multiples relances: fuite sur les canalisations d'eau extérieures , sur les canalisations intérieures , les robinets , pour le chauffe-eau , les radiateurs électriques ... et pour l'éventuelle disparition de son chat ajoute-t-elle en riant ...

Elle me dit qu'il s'agit de harcèlement tant ces assurances (courriers et relances téléphoniques) jouent sur la fragilité des personnes âgées . Thérèse n'en dort pas , la preuve : elle a souscrit une "assurances obsèques" et voilà que , désormais , on veut lui vendre une "assurance longue vie " ! Elle en perd le latin qu'il lui reste .

A 82 ans elle estime avoir encore quelques années devant elle et elle désespère en imaginant les cauchemars des nuits à venir : le dernier courrier reçu la met en garde à propos d'une inondation venant de la chasse d'eau et/ou de la cuvette des w-c .

Thérèse , à toutes fins utiles  , m'a demandé de lui confirmer le numéro des pompiers ...ainsi que celui du Samu (!) .

samedi 19 octobre 2019

Grève SNCF : le mal français



L'accident ferroviaire à l'origine de la grève (pardon : du droit de retrait) est le symptôme du blocage de notre société : le "mal français" écrivait jadis François de Closets . Il est aberrant que , face à un problème réel de sécurité , les syndicats soient obligés de prendre les Français en otage le jour d'un départ massif  .

Il est tout aussi aberrant qu'une réunion "au sommet" n'ait pas eu lieu aussitôt après l'accident au passage à niveau de Saint-Pierre-sur-Vence le 16 octobre . On n'en peut nier la gravité et donc l'émotion du personnel SNCF .

Pour autant, fallait-il , pour sensibiliser le gouvernement et l'opinion , faire jouer la procédure du "droit de retrait " en actionnant un marteau - pilon . Un technocrate (inspection des finances ? ) est-il à l'origine de ce texte ? Pourquoi ne pas prévoir , en de telles situations, un "signal d'alerte" que les syndicats auraient pu actionner et entraînant aussitôt une réunion d'urgence SNCF/ Ministre des transports  / Syndicats ? 

Avec cette grève "inopinée " les syndicats - qu'ils le veuillent ou non - se tirent une balle dans le pied car l'opinion imagine d'autres motifs : prochaines élections syndicales , réforme des statuts mal digérée etc...Bref, tout un chapelet de prétextes illustrant les fantasmes du "mal français" .

lundi 14 octobre 2019

Espagne / élections : balle au centre ?


Les prochaines élections législatives espagnoles du 10 Novembre laissent la porte ouverte à plusieurs combinaisons et feront , de toute manière , pencher plus ou moins la balance à droite ou à gauche  : le Parti socialiste (PSOE) peut choisir de s'allier à l'extrême gauche (Podemos) et - tout aussi bien - de s'allier au parti centriste ciudadanos ( celui-là même qui a ouvert ses bras à Manuel Valls ) .Un accord avec Podemos demeure contre nature et une alliance"objective " avec Ciudadanos reste possible à condition que Albert Rivera ne fasse pas trop monter les enchères .

De son côté, le parti de droite (PP) peut également rechercher les voix de ce même ciudadanos ou bien - plus dangereusement - tenter un "appel du pied" auprès de l'extrême -droite (Vox) .

Ainsi le prochain parlement espagnol pourrait s'apparenter à une salade russe . D'autant plus que ni le parti socialiste (130 sièges escomptés) ni le parti de droite PP (100 sièges espérés) ne recueillent la majorité absolue au Congrès (176 sièges) les jeux sont donc largement ouverts bien qu'ils apparaissent plus largement favorables au parti de gauche PSOE .

L'ambiance de la campagne électorale sera chaude : l'actualité espagnole est , en ce moment , marquée par la condamnation d'anciens leaders sécessionnistes de Catalogne à de fortes peines (9 à 13 ans) et par la décision de la Cour suprême espagnole de faire droit à la décision du gouvernement de transférer ailleurs la sépulture de l'ancien dictateur Franco c'est-à -dire hors du mausolée du valle de los caidos . Ces deux thèmes alimentent les conversations tant à Madrid qu'à Barcelone ...où les folles espérances d'indépendance de la Catalogne sont désormais retombées comme un soufflet trop tôt sorti du four ...

jeudi 10 octobre 2019

Turquie : sortir de l'OTAN ou "feu vert" américain ?



L'acquisition de missiles russes sophistiqués S 400 par la Turquie était déjà un indice du champ qu'Ankara voulait désormais prendre par rapport à l'Alliance atlantique . Aujourd'hui le coup de force de la Turquie en Syrie sur les zones kurdes est un nouveau signal . Mais un signal difficile à décrypter lorsque l'on connaît la position inquiète de Moscou . 

Faut-il croire que le Président Erdogan ait agi sur la base d'une seule "fenêtre de tir " à lui ouverte par le Président Américain ? Ou bien la Turquie teste-t-elle la position de ses partenaires européens de l'OTAN ...et du Conseil de l'Europe dont elle est membre ? 

En tout état de cause le bombardement des Kurdes , nos alliés dans la lutte contre le pseudo "E.I " est inacceptable ...et je n'entends rien à des commentaires de la Maison Blanche (Donald Trump) selon lesquels les Kurdes n'auraient pas aidé les Alliés lors du débarquement en Normandie de 1944 . Absurde et piètre raisonnement .

samedi 5 octobre 2019

Islamisme : En Marche ?



C'est un sujet difficile et partiellement tabou à propos duquel on ne peut pas dire n'importe quoi et - surtout - s'aligner sur le Rassemblement National et "faire Front" avec lui . Mais il est vrai que le sentiment national se délite et que la France apparaît rongée de l'intérieur ... ainsi que cela est apparu clairement ces jours derniers à la Préfecture de Police lors de l'assassinat de 4 policiers par un islamiste déguisé en loup blanc ou en loup solitaire . 

La France est évidemment un Etat de Droit et il n'existe pas de délit d'opinion greffé sur des convictions religieuses . Il n'empêche : le salafisme n'est pas n'importe quel courant du Coran : il véhicule un esprit de conquête et de domination (cf. les deux acceptions du mot "djihad ") . 

Au demeurant l'usage de la taqîya (dissimulation "tactique" d'une finalité subversive et/ou meurtrière) dénoncé - notamment - par le juge antiterroriste Marc Trévidic ou l'ancien procureur Molins rend difficile le décryptage des comportements et rend nécessaire la vigilance . 

Il convient cependant de raison garder et de ne pas souhaiter que se mette en place un Etat policier qui fraterniserait avec George Orwell . Car la religion musulmane a - aussi - une dimension spirituelle et mystique (soufisme par exemple ) que l'on ne peut nier (cf. les penseurs et philosophes + scientifiques du moyen-âge) . Mais , pour cela , il faut faire tomber le voile (et pas seulement celui qui relègue la femme dans une position d'infériorité) .

Soyons-en convaincus :  le mouvement salafiste représente un danger véritable que l'on ne saurait longtemps masquer  . L'islamisme radical ( litote) n'est pas acceptable : il n'est pas besoin de s'appeler Zemmour, Houellebecq...ou Le Pen pour le combattre et le dénoncer .

Dans ce contexte , et au-delà du "compassionnel" de Christophe Castaner, il paraît urgent que  le Président Emmanuel Macron s'exprime ...et agisse . Il est juste temps .

vendredi 4 octobre 2019

OMC : sous influence ?



Ainsi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) a fait droit à la demande des Etats-Unis de taxer des importations européennes (avions et différents produits agricoles et industriels) arguant des aides accordées par l'Union européenne à Airbus . L'on sait que l'OMC est a priori indépendante et dispose d'un "Organe de Règlement des Différents " d'une évidente neutralité . Pourtant on ne peut s'empêcher de se poser une question : pour quelles raisons les Etats-Unis qui subventionnent largement Boeing n'ont-ils pas encore été condamnés  ? 

Cela me rappelle une vieille histoire des années 1980 : les Etats-Unis avaient tenté de mettre "à genoux" les sidérurgistes européens et les gouvernements (guerre dite de l'acier) sous le prétexte que des subventions étaient accordées à des aciéries ( en France Usinor, Sacilor ) . Alors que les Etats-Unis agitaient de sérieuses menaces nous sûmes qu'ils faisaient de même avec certaines de leurs aciéries . Finalement cela se termina par un accord . Match nul .

L' OMC est-elle, dans le match en cours, un arbitre exemplaire qui surveille aussi les vestiaires et banc de touche ...où attend Boeing ? A voir .

vendredi 27 septembre 2019

Chirac : Requiem pour un " homme bien "



Comme d'autres sans doute , je veux apporter ma (petite) pierre aux hommages qui pleuvent en ce moment sur le Président Chirac . Au delà de la nostalgie et des affinités politiques il y a - cela a été dit et redit - l'homme . 

A titre d'exemple (un parmi d'autres) je me souviens de l'appel téléphonique de Jacques Chirac alors que j'étais en poste en 1995 à la préfecture de région du Limousin  .  Le Président , inquiet , appelait depuis l'avion qui le ramenait à Paris : il voulait s'enquérir de l'état de santé du fils de l'un des membres de son cabinet qui venait d'avoir un grave accident de circulation . Il a demandé qu'on le tienne personnellement au courant et a , lui-même , téléphoné à deux reprises .

Certains de ses proches ( ceux du "petit cercle " autour de son ex-directeur de cabinet à l'Elysée) ont brossé avec discrétion son caractère . Je retiens pour ma part son regard capté à 2 ou 3 reprises : un mélange de hardiesse, de curiosité et - paradoxalement - d'une pointe d'inquiétude   .

C'était Jacques Chirac ...

mardi 24 septembre 2019

Greta Thunberg en "surchauffe" ...



La jeune Greta a interpellé , au siège de l'ONU , les dirigeants politiques mais elle a dérapé en opposant préoccupations environnementales et développement économique : c'était là une reprise du  langage utopique du Club de Rome en 1970 , celui du souhait d'une croissance zéro à l'époque où la croissance dépassait les 6 % . 

Tel n'est plus le cas aujourd'hui puisque la croissance mondiale n’excédera pas 3 % . D'ailleurs , à défaut de croissance , les plans de lutte contre la pauvreté demeureraient des coups d'épée dans l'eau  . D'où le concept de "développement durable " qui , depuis la fin des années 1980 (1) , associe développement économique et respect de l'environnement . 

Comme l'a souligné Emmanuel Macron il faut se méfier des positions par trop radicales et trop bien "mises en image " ...et "en émotion" .

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(1) cf . le rapport Brundtland (ONU 1987)

dimanche 22 septembre 2019

Climat : l'ONU sur le pied de guerre



Le Secrétaire Général de l'ONU , Antonio Guterres a bien raison de vouloir "secouer" les chefs d'Etat lors de l'Assemblée Générale qui s'ouvre demain . Le GIEC et nombre d'experts sont , plus que jamais , pessimistes : au rythme actuel d'émission de CO2 , la température en 2100 serait de + 3 degrés par rapport à ce que l'on dénomme " l' ère pré-industrielle"(1850 - 1900 ) . Alors même que la COP 21 s'était fixée un objectif de + 2 degrés à ne pas dépasser et la COP 22 , un objectif de +1, 5 sous peine de dérèglement climatique majeur. 

Certains experts considèrent même que les émissions de gaz à effet de serre actuelles se traduiront par une augmentation de + 5 degrés d'ici la fin du siècle . Cela ne signifie peut-être pas grand chose pour les "profanes" mais cela implique la disparition d'Etats insulaires (du Pacifique et des Caraïbes) dont les populations frapperont à nos portes . 

Parmi les points à résoudre ou sur lesquels s'interroger :

1- Quelle peut-être la place du nucléaire (1) dans le monde (les centrales n'émettent pas de CO 2 ) sachant que les énergies renouvelables (éoliennes , photovoltaïque) ne sont pas à même de prendre encore la place du pétrole ou du charbon ? 

2- Comment rendre obligatoire , pour tous les Etats , l'obligation de notifier leur programme de diminution de gaz de serre et de s'en tenir à leurs engagements (2) ?

L'ONU (sous la pression du GIEC notamment ) a sensibilisé les opinions . Depuis le Sommet de la Terre (Rio, 1992) nous savons que la "Maison brûle" (Jacques Chirac l'avait dit au sommet de Johannesburg en 2002) . Désormais il appartient à M. Guterres de veiller à ce que l'on ne noie pas le poisson dans l'eau des voeux pieux . Dernière chance ?

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(1) Alors que la France va réduire le nombre de ses centrales nucléaires , celles-ci vont augmenter dans le monde (passant de 400 environ actuellement à 700 d'ci 2050 )

(2) Le protocole de Kyoto (1997) qui prévoit l'obligation, pour les Etats signataires, de diminuer leur émission de gaz à effet de serre ne concerne en fait que les pays dits industrialisés . 

jeudi 19 septembre 2019

USA / Arabie Saoudite : le Quincy ne répond plus ...



Le " Pacte du Quincy " est tombé dans les oubliettes ou a sombré dans le lac Amer : quand bien même les historiens s'interrogent encore sur l'existence d'un "Pacte" en bonne et due forme , il est probable que Roosevelt, en février 1945 et à bord du navire Quincy, a donné au roi Ibn Saoud des assurances quant au soutien des Etats-Unis en cas d'attaque visant l'Arabie Saoudite : les "majors " américaines avaient négocié cela en amont de la rencontre .

Ce soutien était - il va de soi à l'époque - lié à une garantie d’approvisionnement en pétrole . C'est sur la base de ces considérations que les USA intervinrent lors de la guerre du Golfe : l'Irak ayant envahi le Koweit menaçait l'Arabie Saoudite . 

Ce n'est plus -  après les récents tirs de missiles sur les installations pétrolières de Riyad -  l'heure de discours et actes belliqueux et l'on doit se féliciter que la diplomatie l'emporte : le Président Trump fait-il preuve de sagesse ou bien considère-t-il que la campagne électorale 2020 , désormais ouverte , ne peut prendre le risque d'un enlisement (en Iran ) ? Difficile de faire la part des considérations politiques (élection présidentielle) et économiques (exploitation du pétrole de schiste américain et moindre dépendance à l'égard du Moyen-Orient) .

Il n'empêche , le constat est là : les Etats-unis , au-delà des sanctions économiques , entament peut-être un désengagement du Moyen-Orient . Laisseront-ils pour autant la porte ouverte à une avancée Russe via la Syrie et l'Iran et ouvriront-ils la route (de la Soie ... ) à la Chine ? Trop tôt pour répondre mais pas trop tard pour s'interroger .

jeudi 12 septembre 2019

USA / ISRAËL: chaud et froid ou simple pirouette ?



Le limogeage de John Bolton , conseiller spécial de Donald Trump , jusqu’au-boutiste notoire et proche des milieux évangélistes , pourrait signifier que M. Trump met désormais "de l'eau dans son vin " s'agissant de sa conception binaire du moyen-orient . 

Mais , apparemment , le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ne l'entend pas de cette oreille : son engagement , à l'avant-veille des élections législatives, d'annexer une part de la Cisjordanie (vallée du Jourdain) est un propos belliqueux qui tranche avec le renvoi dans les coulisses de John Bolton . Or il est peu probable que le Premier ministre israélien ait fait cette annonce sans tâter le pouls de la Maison Blanche . 

Cela accrédite l'idée que les Etats-Unis fonctionnent en ce moment (en politique étrangère tout au moins ) selon le régime de la douche écossaise : tout et son contraire .

Certains analystes "complotistes" évoquaient , jadis, la théorie du chaos à propos de la recomposition du moyen-orient : auraient-ils finalement raison ou n'est-ce qu'une pirouette de plus du Président américain ?

jeudi 5 septembre 2019

Nucléaire/Moyen-Orient : bombes à retardement ?



Alors que l'Iran , sous le coup des sanctions américaines, persiste à s'affranchir de l'accord sur le nucléaire de juillet 2015 en matière d'enrichissement d'uranium c'est , désormais, la Turquie (1)qui déplore que le Traité de Non Prolifération l'empêche de se doter d'un armement nucléaire . 

On serait tenté, dans les 2 cas, de parler de "bluff " : Pour l'Iran , faire monter les enchères avant une nouvelle (re)négociation (si les sanctions américaines sont levées) et pour la Turquie , réaction "épidermique" après son exclusion, par les Etats-Unis, du programme de l'avion de chasse F 35 (2). 

Mais - au-delà des apparences - il n'est pas besoin d'être grand clerc pour s'interroger sur une possible prolifération nucléaire au moyen-orient lorsque , par ailleurs, on constate que l'Arabie Saoudite affiche d'égales ambitions en se dotant d'un premier réacteur nucléaire . Ce réacteur serait certes civil mais il pourrait être l'amorce d'un programme militaire si , comme l'a dit le Prince héritier Ben Salmane , l'Iran poursuivait une "marche en avant " nucléaire . 

Dans ce contexte de risques de prolifération il est urgent lors de la prochaine conférence d'examen du TNP (en 2020)  de prévoir, au moyen-orient, une zone exempte d'arme nucléaire (ZEAN ) comme cela est envisagé depuis plusieurs années mais à chaque fois reporté à la demande des Etats-Unis .

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(1) discours du Président Erdogan à Sivas le 4 septembre 2019
(2) possible mesure de rétorsion après l'acquisition de missiles S 400 par la Turquie auprès de la Russie .

lundi 2 septembre 2019

Pari pour Paris ( élections 2020)



Des amis me disent qu'en dépit des sondages qui lui sont favorables ils hésitent à "parier" pour Benjamin Griveaux aux prochaines élections à Paris : non pas qu'il n'ait pas l'étoffe mais , au delà de la couleur de l'étoffe, il y a les accrocs :  l'habit fait peut-être le moine mais rarement le pape ... et le mépris affiché par l'ancien ministre à l'égard d'autres candidats  demeure un lourd handicap .

Comme on le sait,  la "guerre " avec Cédric Villani est désormais déclarée et le médaillé "Fields" n'emploiera pas des fleurets mouchetés pour résoudre l'équation à plusieurs inconnues qu'il garde cachée sous sa lavallière .

La droite n'ayant pas de candidat adoubé (et suffisamment auréolé) , Anne Hidalgo , l'actuelle maire PS ne devrait pas - me dit-on - avoir de grand souci à se faire ...sauf , bien sûr,  en cas de candidature d'Edouard Philippe .




lundi 26 août 2019

G 7 : renouveau du multilatéralisme ?



Alors que certains , de tous bords , en faisaient  leur "gorge chaude " avant qu'il ne débute , le G7 de Biarritz a  montré que "l'Occident" est à la recherche de cohérence au moment où le multilatéralisme semblait battre de l'aile  : 

Certes , il y a eu beaucoup de bilatéral dans ce multilatéral mais l'Union européenne a parlé d'une seule voix (1) et un équilibre Etats-Unis / Europe est ainsi apparu : aucun tweet rageur du Président américain Donald Trump n'a d'ailleurs assombri l'atmosphère . Intelligemment, Emmanuel Macron a écarté les manœuvres provocatrices du Président brésilien Bolsonaro qui auraient pu transformer le G7 en coulisses d'un journal à sensation (match de ping pong sur invectives) .

1-La piste iranienne est en partie ouverte (intégration des missiles balistiques dans l'accord nucléaire et , en échange , levée des sanctions économiques américaines) . Quand bien même le risque de conflit demeure (si, par exemple,  le ministre iranien des affaires étrangères venait à être désavoué par les "durs" du régime) . Il reste à savoir s'il s'agirait d'un "nouvel accord" ou bien d'un amendement à l'accord de juillet 2015 . Cette distinction est majeure .

2- De même, la guerre commerciale avec la Chine devrait diminuer d'intensité à la mesure du temps qui s'écoule avant l'élection présidentielle américaine ...et l'on sait que Donald Trump pose souvent son regard sur sa montre de campagne . Or une guerre économique à outrance compromettrait très certainement sa réélection .

3-Pour la forêt amazonienne , Emmanuel Macron a fait , opportunément , retentir les tambours et sonner les trompettes . Au delà de la grossièreté de Jair Bolsonaro (2) , c'est , en effet , ce que l'on retiendra : comme le disait jadis Jacques Chirac , il est impératif de réagir sans attendre lorsque la maison brûle...

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(1) Il est vrai que seuls 4 pays de l'Union étaient présents (F, A, I, RU) et trois d'entre eux peu enclins à se mettre en avant .

(2) Des amis lusitanophones me disent - après les saillies de Bolsonaro - que " le Rio " est ainsi , et bien malgré eux , passé de l'état de rivière à celui de ruisseau .

mercredi 21 août 2019

Trump, marchand de "bien(s) "



Au départ on pouvait croire à une plaisanterie lorsque on prétendait que Donald Trump voulait acheter le Groenland . Une Fake-News de plus ? Et bien , non ! M. Trump a voulu bel et bien acheter le Groenland comme jadis les Etats-Unis ont voulu acheter une part du Mexique dans la première moitié du 19 ème siècle ...avant de conquérir par les armes ces territoires (Californie, Nouveau-Mexique...) à l'occasion du conflit  de 1846 .

Il est à souhaiter que les mesures de rétorsion à l'encontre du Danemark n'aillent pas jusque là et se limitent à l'annulation du voyage que devait effectuer, à Copenhague ,  le Président des Etats-Unis ! 

Méfions-nous tout de même d'un Président "marchand de biens" : il pourrait , au G7, proposer à la France de lui céder la Guyane ou la Martinique ...comme jadis la Louisiane .

jeudi 15 août 2019

USA/CHINE : l'heure de la confrontation n'est pas venue...




Y a-t-il du bruit pour rien ? Certainement pas mais il ne faut pas confondre tension et confrontation : Ni Donald Trump ni Xi Jinping n'ont - pour l'heure - aucun intérêt à ce que les tensions actuelles dégénèrent . Le premier , parce que sa réélection en 2020 serait compromise en cas de crise économique aiguë, le second, parce que la Chine n'a pas encore achevé son "programme 2049 " (son horizon de moyen / long terme) . 

On assiste, c'est vrai , à une partie de "bras de fer " mais aucun des deux protagonistes n'a (pour l'instant) d'intérêt à faire plier son adversaire . Ainsi la guerre commerciale enclenchée devra , d'une manière ou d'une autre , se traduire par un armistice qui ne signifie pas une paix pour autant . La paix demeurera "armée" et le stock de missiles de portée intermédiaire, de part et d'autre , ne fondra certainement pas .

Mais l'heure de la confrontation n'est (heureusement) pas encore venue et il est probable que l'Amérique de Trump aura vu - d'ici là - passer beaucoup d'eau sous les ponts du Potomac .

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NB - Ainsi la situation au Moyen-Orient paraît nettement plus préoccupante : une confrontation avec l'Iran (directement ou par Israël interposé) est plus probable dans le court terme qu'une confrontation avec la Chine . 

vendredi 9 août 2019

Situation internationale : carambolages d'été



Un de mes amis , quelque peu anxieux , me demande ce que je pense de la situation internationale en ce mois d’août où "Bison futé " voit souvent rouge . Je ne suis ni grand expert ni prophète mais , pour autant , on peut mettre en évidence quelques signaux forts par delà les "courants faibles ".

1-Le Moyen-orient est dominé par le contentieux iranien et la crainte d'un embrasement . Le messianisme américain fait , aux côtés d’Israël , alliance avec l'Arabie saoudite et le cercle des faucons veut en finir avec les chiites iraniens et le Hezbollah . Le détroit d'Ormuz peut être l'occasion d'en découdre ...sachant que Pékin et Moscou ne seront pas aussi immobiles que les colosses de Memnon .

2-Tout aussi sensible paraît être la situation en Asie : Les tensions à Hong Kong peuvent inciter la Chine à intervenir bien plus directement pour resserrer les liens et montrer que l'enclave politico-juridique n'est que provisoire . Par ailleurs la situation au Cachemire pourrait , après le coup de force de Delhi , dégénérer . C'est aussi un baromètre pour vérifier si , par-delà les solidarités anciennes , il y a une vraie alliance entre Moscou et Pékin quelles qu'aient été les affinités de la Chine et de la Russie avec le Pakistan pour l'une , avec l'Inde pour l'autre.

3-Enfin le pétard allumé en Italie fait quelque bruit : Salvini prend l'initiative de faire exploser la coalition extrême droite / extrême gauche . A vrai dire cette fausse entente aurait déjà dû imploser . 
Cela aura tout de même pour mérite qu'ailleurs en Europe (France , Espagne...) l'entente de la carpe et du lapin n’apparaîtra que provisoire et restera du domaine du faux semblant . 

4- Pendant ce temps l'Union européenne semble dormir . A souhaiter qu'il ne s'agisse que d'une impression : l'Union a , notamment , pour vocation d'être - entre l'Asie et l'Occident américanisé - un balancier encore porteur de "l'Esprit des Lumières " . Esprit es-tu bien là !

jeudi 1 août 2019

Russie : médiatrice ou "tête de pont " de l'Asie ?



Dans 10 ou 20 ans il est possible que la rivalité Etats-Unis / Chine  - qui demeure actuellement sur le terrain économique - ne se traduise sinon par un conflit armé du moins par une tension de tous les instants . 

Cela amène à s'interroger sur la stratégie à moyen-long terme de la Russie : constituera-t-elle un relais pour la Chine ou bien se verra-t-elle progressivement amarrée à l'Europe ?

Il est bien difficile (sinon ridicule) de tenter de prophétiser à cette échelle de temps . Cependant si l'on compare les PIB ( 1700 milliards d'euros pour la Russie et 13000 milliards pour la Chine ) on se rend compte de ce que la Russie se trouve dans une situation de dépendance à l'égard de la Chine . 

La Chine , au-delà des convergences (alliances?) constatées au Conseil de Sécurité ONU,  prend notamment pied dans l'espace Russe (Sibérie) ou dans son "étranger proche" (Nouvelle "Route de la Soie " traversant le Kazakhstan par exemple) . 

C'est un vieux débat qui date des années d'après-guerre au cours desquelles certains voyaient dans la Russie soviétique "l'avant-garde de l' Asie " (1) mais la question se trouve désormais et plus que jamais au cœur non de l'actualité immédiate mais des réflexions sur le (finalement) pas si long terme .

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(1) Voir notamment Henri Massis dans son " Défense de l'Occident " (Plon éditeur, 1956) .