mercredi 7 août 2013

Nucléaire : faut-il revoir le Traité de Non-Prolifération ?





Au moment où le Président iranien Rohani se dit prêt à négocier "sérieusement" à propos du nucléaire, on ne peut manquer de s'interroger sur le devenir du Traité de non-prolifération tant il a été mis à mal depuis son entrée en vigueur (1970). 

Israël possède - depuis longtemps - l'arme nucléaire . Tel est le cas de l'Inde, du Pakistan ( ces 3 Etats ont refusé de signer le Traité) et - plus récemment - de la Corée du Nord (qui s'est retirée du Traité en 2003 après l'avoir signé sans que l'ONU et/ou les Grandes Puissances ne "pipent mot" au moment de ce retrait évidemment significatif). Dans l'ombre, l'Afrique du Sud de l'apartheid (avec des coopérations surprenantes) se dotait d'un arsenal nucléaire (et procédait très probablement à un essai  en 1979). Depuis ce stock a été détruit.

 Il semble bien - ces exemples le montrent- que des stratégies politiques aient pris le dessus sur les dispositions du Traité (peu de réactions lorsque le Pakistan s'est doté de l'arme nucléaire après que Abdul Qadeer Khan ait dérobé à Urenco la technologie des centrifugeuses). De même s'est-on ému lorsque la Corée du Nord procédait à la '' mise sur pied" de son programme nucléaire et se dotait de missiles balistiques?

 Je constate qu'en raison de la crainte qu'éprouve Israël (et je comprends cette crainte) tous nos yeux sont braqués sur l'Iran où l'on ''tourne en rond '' depuis au moins 12 ans ...sans que l'on sache vraiment les intentions réelles de Téhéran (probablement devenir , comme l'on dit, un pays "du seuil " c'est à dire un pays en capacité de se doter rapidement d'un engin nucléaire en fonction des circonstances). Et ces circonstances sont nombreuses : lorsque en 1987 l'Iran achetait à Abdul Qadeer Khan la technologie nucléaire avec très probablement ses composantes militaires les dirigeants devaient estimer que le sanglant conflit (1980-88) avec l'Irak (1 M de morts) n'aurait pas eu lieu si -comme Israël - l'Iran était doté d'une force de dissuasion. De la même manière , les dirigeants doivent imaginer que les Etats sunnites qui souhaitent (pour la plupart et sans le clamer urbi et orbi) la disparition de l'Etat chiite mettraient -si je puis dire- de "l'eau dans leur vin''...

Si l'on reste dans une telle équivoque cela tient (à mon sens) aux dispositions contradictoires du Traité : à la fois interdiction (en dehors des 5 EDAN, tous membres permanents du Conseil de Sécurité) de se doter de l'arme nucléaire et - en même temps - encouragement à de doter de nucléaire civil  (vielle idée de ''Atoms for Peace'' déjà formulée par le Président Eisenhower en 1953 ''). Or le Traité n'avait probablement pas anticipé les progrès techniques qui permettraient aux Etats d'avoir un programme "à deux faces'' , les technologies étant identiques (enrichissement par centrifugation , réacteurs "de recherche" produisant du plutonium etc...).

 Le constat est donc le suivant : il n'existe aucune "barrière" technologique aucun verrou empêchant un Etat (se sentant menacé et voulant se sanctuariser) de se doter d'une arme nucléaire. De la même manière le scénario selon lequel un groupe terroriste ou "jusqu’au-boutiste " pourrait s'emparer de matières fissiles, voire d'une bombe miniaturisée détenue par un Etat "faible" (dépourvu d'instruments et de procédures de contrôle ) n'est pas un scénario de cinéma.

  Que faire dans cette situation?

Sans qu'il y ait de remède miracle il faut renforcer les pouvoirs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (et se demander pourquoi tel ou tel Etat refuse par exemple de signer le "protocole additionnel au TNP ''), prévoir la saisine immédiate du Conseil de Sécurité dès qu'un doute apparaît (Comme cela aurait dû être fait à l'époque pour le Pakistan ou la Corée du Nord).

 Au-delà -et là aussi avec l'appui du Conseil de Sécurité - définir des ZEAN (Zones exemptes de l'arme nucléaire). Tel avait été le souhait de l'Assemblée Générale de l'ONU en 2010 à propos du Moyen-Orient. Mais la Conférence qui aurait dû se tenir à Helsinki fin 2012 a été reportée sine die à la demande - ou par l'intermédiaire - des Etats-Unis en raison "de la situation au Moyen-Orient"...Preuve s'il en est que des considérations politiques peuvent conduire à imbiber de chloroforme un Traité dont la finalité est essentielle dans un monde où l'on ne sait plus au juste où sont les leviers et qui les tient .








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